jueves, 5 de julio de 2012

Déclaration de la Rencontre sur la mémoire de l’Histoire: des alternatives contre la violence de l’Etat


Déclaration de la Rencontre sur la mémoire de l’Histoire: des alternatives contre la violence de l’Etat

Nous appelons à la conscience d’une lutte mondiale, de l’échelle locale à l’internationale, qui se propage au-delà des frontières, en faveur d’alternatives permettant de contrer la violence de l’Etat et les autres types de violence qui lui sont liés…

Source : Cencos
Les 28 et 29 février 2012, réunis dans le Centre indigène de Formation intégrale de l’Université de la Terre (Cideci-Unitierra) à San Cristobal de Las Casas, Chiapas, devant l’urgence de la situation que nous vivons et la conjoncture que nous traversons à l’échelle mondiale, régionale et locale, nous avons éprouvé la nécessité de nous rencontrer afin d’échanger et de partager nos expériences et nos savoirs, en tant qu’acteurs de notre propre vie et de notre histoire, en tant qu’acteurs et actrices de changement, et nous avons décidé de sceller notre enga
gement en construisant des alternatives, qui sont des alternatives en mouvement, visant à contrecarrer et à transformer les conditions structurelles systémiques ayant déclenché la violence de l’Etat, ce pourquoi nous proclamons la présente Déclaration :
1.- Nous appelons à la conscience d’une lutte mondiale, de l’échelle locale à l’internationale, qui se propage au-delà des frontières, en faveur d’alternatives permettant de contrer la violence de l’Etat et les autres types de violence qui lui sont liés, tels que :
a).- La violence structurelle (pauvreté, faim, maladies, exclusion, marginalisation, discrimination, déplacements forcés, migrations forcées et assassinats, entre autres);
b).- La violence basée sur le genre (misogynie, discrimination, racisme, harcèlement sexuel, torture, féminicides, viols, traite des personnes, disparitions forcées, entre autres) ;
c).- La violence systémique (exploitation au travail, travail forcé, dépossession territoriale et dévastation écologique, conditionnement à la participation politique, entre autres) ;
2.- Nous nous prononçons contre la militarisation, le paramilitarisme, la guerre de faible intensité, la contre-insurrection et la subordination aux soi-disant impératifs de “sécurité nationale”, de “libre échange” et de “néolibéralisme” (tels que l’ALENA, l’ALEAC, le PSP, le PPP aujourd’hui appelé Projet Mésoamérique, l’Initiative de Mérida, le Plan Colombie et ses équivalents), les luttes « antiterroristes », « antidrogues », et leurs effets qui ont pour objet le contrôle des territoires et des populations.
3.- Nous revendiquons le droit à une vie digne et juste, comme axe central dans le quotidien des peuples et des communautés, pour une construction basée sur une autre justice, un autre droit, une autre conception des droits de l’Homme et de leur origine.
4.- Nous aspirons à une justice et un droit critiques, contre-hégémoniques, alternatifs, populaires, communautaires, participatifs, collectifs, comme éléments à part entière de la lutte pour la construction d’une autre société, d’un autre monde.
5.- Nous reconnaissons la courageuse lutte des étudiants et des enseignants des écoles normales rurales comme une alternative libératrice de l’éducation officielle.
6.- Nous reconnaissons la lutte pour la mémoire de l’Histoire, pour la vérité et la justice envers les femmes ayant survécu à la violence sexuelle lors de conflits armés internes. Les femmes du Collectif des Actrices du Changement au Guatemala sont un exemple de transformation positive, leur douleur les a menées à agir en faveur d’un changement réel et possible : passer de la souffrance individuelle à l’espoir collectif, au quotidien.
7.- Nous nous engageons également auprès de la lutte de l’organisation de la société civile Les Abeilles d’Acteal, pour la vérité, la justice, le dédommagement, pour l’arrêt des violences, et contre l’impunité démesurée et incessante qui caractérise notre actualité, comme l’illustre la récente libération de six auteurs matériels du Massacre d’Acteal, et l’absence de procès de ses cerveaux, à l’origine du cynisme d’Ernesto Zedillo sur la scène internationale, tout cela avec la complicité de la protection à outrance du gouvernement de Calderon et de toutes ses institutions, y compris la Cour suprême de Justice de la Nation.
8.- Nous dénonçons également toutes les formes silencieuses de violence d’Etat et de propagation de la peur et de la terreur, telles que l’éducation, la culture officielle, les moyens de communication de masse, et les autres expressions de violence psychologique de ce type, qui visent à contrôler et contenir nos méthodes légitimes de résistance.
9.- Nous misons sur la défense du territoire et de la vie contre les projets gigantesques, la dépossession territoriale et tout autre acte porté par les gouvernements ou par des intérêts nationaux et internationaux susceptible d’offenser la Terre Mère, tels que ceux menés à Centla, Tabasco ; au village de Cerro de la Tortuga, dans la commune de Zcatepec, Morelos, qui implique la destruction de la faune et de la flore et de l’écologie de ce territoire ; mais aussi à Tila, à San Sebastian Bachajon, dans les communautés de Montes Azules et dans tant d’autres villages où l’on cherche à déposséder la population de ses terres légitimes.
10.- Nous insistons sur la lutte pour l’autonomie et la justice communautaire des habitants de Cheran ; pour la démocratie participative et directe, non partisane ; pour la sécurité, la reconstruction territoriale contre la violence d’Etat et la mise en pratique des Accords de San Andrés Sakamch’en de los Pobres, 16 ans après la signature de cette loi en vigueur, en faveur des peuples qui luttent. Nous félicitons les Bases de soutien de l’Armée zapatiste de libération nationale pour leur exemplarité dans l’exercice du droit à la résistance et à l’autonomie dans laquelle ils vivent et ils continuent de construire.
11.- Nous nous positionnons contre les disparitions forcées et leurs conséquences à Coahuila et dans le reste du pays, produits de la guerre “anti-narco” déclarée par le gouvernement fédéral, qui a provoqué la militarisation de tout le territoire national et causé la mort de 60 000 personnes. C’est pourquoi nous reconnaissons la dignité de la lutte des proches et des membres des Forces Unies pour les Disparus de Coahuila et de Mexico (FUNDEC et FUNDEAM) et du Mouvement pour la Paix, la Justice et la Dignité (MPJD).
12.- Nous exigeons l’exécution immédiate du jugement de la Cour Interaméricaine des Droits de l’Homme dans l’affaire des champs de coton, concernant les assassinats de femmes à Ciudad Juarez et le lien entre ce crime de lèse-humanité et les effets de l’ALENA et de la militarisation.
13.- Nous revendiquons la défense et l’exercice des droits à la libre circulation (droit à migrer, à ne pas migrer, et à ne pas être déplacé(e) de façon arbitraire ou forcée), à l’hospitalité, au refuge, à l’asile, au sanctuaire et à l’aide humanitaire pour les migrants. Il n’existe pas de garantie pour les droits des migrants et migrantes, et nous regrettons que la reconnaissance des droits recule, comme le montrent les nouvelles lois sur la migration, le refuge, la traite des personnes ainsi que leurs règlements et que la nouvelle Loi pour la prévention et la protection de la population victime de déplacements internes dans l’Etat du Chiapas.
14.- Nous manifestons également notre inquiétude vis-à-vis de la destruction du tissu communautaire provoquant la migration et le déplacement forcé, qui font de ces procédés une forme supplémentaire de violence, traduite notamment dans le Massacre de San Fernando (Tamaulipas) et les fosses communes.
15.- Nous saluons le processus du Tribunal Permanent des Peuples (TPP) et d’autres tribunaux de conscience, qui sont l’expression et la concrétisation des aspirations de justice, de vérité, d’adoption de mesures contre l’arrêt des violences, afin de colmater la brèche existant entre légalité et légitimité qui caractérise notre société. C’est ainsi que  l’impunité promue par les institutions gouvernementales se verra malmenée lors de la présentation de différentes affaires auprès du TPP, notamment l’audience préliminaire de l’axe sur la migration, le refuge et les déplacements forcés qui aura lieu en avril 2012 ; la première pré-audience de l’axe sur les féminicides, la violence basée sur le genre et la marche de San Cristobal, qui se déroulera les 7 et 8 mars prochains, tout comme d’autres audiences qui jugeront des affaires emblématiques du Massacre de San Fernando et d’Acteal, entre autres.


16.- Enfin, nous affirmons la nécessité de nous organiser en réponse aux demandes des peuples qui luttent, de diffuser et de promouvoir toutes les formes de résistance effective, telles que :
·         La mise en place d’un réseau de mesures alternatives consacrées à la résistance contre la violence d’Etat, structurelle et systémique ;
·         Les manifestations publiques à travers des marches, notamment ;
·         La diffusion massive des actions des peuples, des communautés, des organisations qui luttent pour le changement social ;
·         La mise en application de l’autonomie à travers les Accords de San Andrés, comme le font actuellement les peuples zapatistes et la communauté de Cheran notamment ;
·         La promotion de l’art et de la culture comme l’expression des peuples dans leur construction plus sensible à l’humanité et pour un changement radical vers un autre monde ;
·         La mise en place de projets communautaires autosuffisants et anticapitalistes ;
·         L’approfondissement de la spiritualité des peuples, à travers des cérémonies ancestrales visant à renforcer les alternatives en mouvement ;
·         La valorisation de la mémoire de nos anciens, qui sont les piliers de notre histoire en tant que peuples, telle une rivière qui coule pour alimenter nos résistances ;
·         L’amour comme fondement de la passion, de notre engagement à nous investir sans relâche dans notre lutte ;
·         L’urgence de travailler notre for intérieur, afin d’offrir à l’extérieur notre force et notre espoir ;
·         La reconnaissance des apports de luttes et d’espaces spécifiques comme des exemples d’alternatives et d’espoirs concrets, qui puissent nous inspirer et nous éclairer ;
·         La création de mécanismes d’échange pour la production communautaire qui permettent la souveraineté alimentaire, et d’échange de savoirs à travers le troc ou toute autre forme qui contribue à briser l’économie de marché et l’exploitation ;
·         La nécessité d’impulser la pensée critique chez les enfants et les jeunes, en les impliquant dans les luttes grâce à des activités culturelles de théâtre, de danse, de peinture, de graffiti, de création littéraire, entre autres formes artistiques, afin de renforcer la mémoire d’un peuple qui avance vers une nouvelle société ouverte à tous et à toutes ;
·         Les mots qui, unis les uns aux autres, deviennent des verbes, des vers, des actes poétiques, une poésie qui illumine notre âme à travers le chant et la danse des alternatives en mouvement vers la liberté.

Frente Sindical Campesino de Tabasco / Front Syndical Paysan de Tabasco
Amnistía Internacional grupo Chiapas (AI-Chiapas) / Amnesty International groupe Chiapas
Centro de Derechos de la Mujer de Chiapas (CDMCH) /  Centre des Droits des Femmes du Chiapas
Centro de Derechos Humanos Fray Bartolomé de Las Casas / Centre des Droits de l’Homme Frère Bartolomé de las Casas
Comité de Defensa de la Libertad Indígena, Xinich (CDLI-Xinich) / Comité de Défense de la Liberté Indigène, Xinich
Colectiva Actoras de Cambio, Guatemala / Collectif Actrices du Changement
Colectivo Ik / Collectif Ik
Colectivo Koman Ilel / Collectif Koman Ilel
Colectivo Utopía / Collectif Utopie
Comité de Derechos Humanos j´Canan Lum, Teopisca / Comité des Droits de l’Homme j’Canan Lum, Teopisca
Comité Oralia Morales
Comunicación e Información de la Mujer (CIMAC) / Communication et Information des Femmes
Comunidad Cherán / Communauté Cheran
Comunidad Cuauhtémoc Cárdenas, Palenque / Communauté Cuauhtémoc Cardenas, Palenque
Comunidad El Pozo / Communauté El Pozo
Comunidad La Grandeza / Communauté La Grandeza
Comunidad Napité / Communauté Napité
Comunidad Sakanchel / Communauté Sakanchel
Coordinadora de grupos culturales indígenas y populares / Coordination des groupes culturels indigènes et populaires
Escuela Normal Rural Vasco de Quiroga / Ecole normale rurale Vasco de Quiroga
Familias Unidas por los Desaparecidos de México / Familles unies pour les disparus du Mexique
Fuerza Unidas por Nuestros Desaparecidos en Coahuila y México (Fundec, Fundem) / Forces unies pour nos disparus à Coahuila et Mexico
Fundación Para la Justicia / Fondation pour la Justice

Indignación / Indignation
Iniciativa / Initiative
Iniciativa para la identidad y la Inclusión (Inicia) / Initiative pour l’identité et l’inclusion
Jaguar de Madera
La Otra Campaña del ejido Jotolá
La Otra Campaña del ejido Tila
La Otra Campaña de San Sebastián Bachajón
Maderas del Pueblo del Sureste
Misión Guadalupe / Mission Guadalupe
Movimiento por la Paz con Justicia y Dignidad (MPJD) / Mouvement pour la Paix, la Justice et la Dignité
Nodo Solidale, Italia
Red Solidaridad con Chiapas / Rosario, Argentina / Réseau de Solidarité avec le Chiapas
Refugio la 72/Centro de Derechos Humanos Usumacinta / Centre des Droits de l’Homme Usumacinta
Servicio Internacional Para la Paz (S!paz) / Service International pour la Paix
Servicio y Asesoría Para la Paz (Serapaz) / Service et Conseil pour la Paix
Sociedad Civil de Las Abejas de Acteal / Société civile des Abeilles d’Acteal
Tribunal Permanente de los Pueblos (TPP-Capitulo México) / Tribunal Permanent des Peuples 
Voluntariado Nataté / Volontariat Natate

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