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miércoles, 2 de enero de 2013

3* Séminaire international: Mouvements Antisystémiques


3* SEMINAIRE INTERNATIONAL DE RÉFLEXION ET D'ANALYSE:

Planète Terre: Mouvements Antisystémiques
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Alors que l'EZLN a fait sa réapparition très remarquée dans plus de 5 municipalités du Chiapas, à la date symbolique du 21 décembre 2012, que ces derniers ont envoyé à la veille de 2013 un communiqué plein d'espoir et annonçant ses prochains pas, nombres d'intellectuels se sont rejoint dans la ville de San Cristobal de Las Casas dans les installations du CIDECI (Université de la terre, université autonome et alternative du Chiapas) pour le 3* Séminaire International de Réfléxion et d'analyse "Planète Terre: Mouvements Antisystémiques".

Vous trouverez ci dessous, les réflexions en Français autour de ce séminaire ainsi que de brefs résumés des journées et des interventions.

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Deux des intellectuels les plus importants du Mexique et d’Amérique Latine, Luis Villoro et Pablo Gonzalez Casanova, interviendront au troisième Séminaire International de Réflexion et d’analyse “Planète Terre: Mouvements Antisystémiques”, qui débutera le 30 décembre 2012 et prendra fin le 2 janvier 2013 dans la ville de San Cristobal de Las Casas, Chiapas.


Les séminaires de 2010 et 2011, également organisés par le CIDECI- Université de la Terre, n’ont pas seulement attiré l’attention de la société civile organisée du Mexique et du monde; mais aussi la participation d’exposants qui ont su générer de profondes et importantes analyses des dynamiques et de l’avenir des mouvements antisystémiques. Comme par exemple Boaventura de Sousa Santos, Fernanda Navarro -qui sera de nouveau présent, tout comme Mercedes Oliveira-, Salvador Campanur de la communauté de Cherán, Carlos Manso, Xóchitl Leyva, entre autres.

Cette troisième rencontre a pour antécédent la mobilisation publique la plus importante à ce jour de l’Armée Zapatiste de Libération National (EZLN), mobilisation réalisée il y a neuf jours à peine dans les municipalité d’Ocosingo, Las Margaritas, Altamirano, Palenque et San Cristobal de Las Casas. Ainsi que le communiqué de la Commandance Générale. Cette rencontre coïncidera avec le 19ème anniversaire du soulèvement armé zapatiste et est marquée par la récente libération, grâce à la mobilisation sociale, des derniers prisonniers politiques du 1 décembre 2012 (1DMX).



Des mouvements sociaux d’Amérique, d’Asie et d’Europe, des chercheurs, des féministes et activistes de différentes organisations seront présents lors de cette édition. Tout comme Javier Sicilia, précurseur du Mouvement pour la paix avec Justice et Dignité, qui fera sa réapparition après son retrait du mouvement; Felix Diaz, autorité respectée de la communauté qom en Argentine, qui a récemment souffert d’un attentat; les intellectuels François Houtart et Jérôme Baschet; Severino Sharupi, de la confédération de Nationalités Indigènes de l’Équateur; Gustavo Esteva et Silvia Ribeiro; des représentants du peuples Mapuche, ainsi que des intégrants de divers mouvements sociaux et indigènes.



Les mouvements sociaux du Mexique et du monde ont été très actifs durant l’année 2012, depuis le Mexique jusqu’en Espagne, en Bolivie et aux États-Unis, des étudiants aux travailleurs, des yaquis aux pays arabes et, bien sûr, avec l’appui de médias indépendants, tels que Koman Ilel et Radio Pozol au Chiapas.




Bref résumé du 1er jour 30 décembre 2012



3EME SEMINAIRE INTERNATIONAL DE REFLEXION ET D’ANALYSE: “… PLANETE TERRE ET MOUVEMENTS ANTISYSTEMIQUES…”


Ce qui fut le jour était en fait la nuit. La pleine lune du 30 décembre est apparue au moment où ont été publiés les communiqués de l’EZLN que l’on connaît tous maintenant et qui nous donnent un nouveau souffle d’espoir. Leur lecture au CIDECI est venue clore (ou au contraire ouvrir) avec intensité la réflexion menée tout au long de cette journée du 3eme séminaire à partir des interventions et de l’action quotidienne: la lutte des peuples pour leur dignité est plus vivante que jamais. Le silence n’est pas une absence, sinon un “autre” message, un signal qui rompt avec les cris, le matraquage publicitaire et le spectacle. Un signal qui en impose par son incroyable sérénité silencieuse, un processus qui est en marche depuis longtemps parce qu’il vise la profondeur et la durée.

ARGENTINE: 

Mouvement Paysan Santiago del Estero, 
"les capitalistes ont acheté le gouvernement, mais ils ne peuvent pas nous acheter"


Maria-Helena Revello & Mitra Coronel (MOCASE-VC/MNCI-Argentina) Maria-Helena Revello et Mitra Coronel ont présenté la lutte qu’elles mènent dans la région de Santiago del Estero, au centre-ouest d’Argentine, une province où l’idéologie du progrès a pénétré en 1980 avec la culture du coton. Maria-Helena a parlé la première. 8 ans après l’introduction du coton, il est devenu évident que le progrès était en fait synonyme de spoliation et la population s’est alors mise à réfléchir et à chercher dans ses lois et son histoire, des ressources pour résister. Le mouvement a commencé à partir d’une question simple : A-t-on le droit de lutter pour garder nos terres ? On a commencé avec peu de monde, mais la dynamique a pris, de sorte qu’en 1990 on était suffisamment nombreux pour créer le Mouvement paysan de Santiago del Estero, avec 5 centrales, équivalent de ce que les zapatistes nomment les “Caracoles”. L’une des premières victoires de l’organisation a été de faire tomber le Gouverneur qui a impulsé cette dynamique de spoliation et qui dirigeait d’ailleurs la province depuis 50 ans. 

“Aujourd’hui, plus de 9000 familles paysannes luttent ensemble. Des compañeros ont été assassinés, d’autres sont en prison, mais on se mobilise pour les défendre et les faire sortir. On ne demande rien au gouvernement, on en fait que réclamer l’effectivité de nos droits”. Les compañer@s soulignent qu’il existe une spoliation sélective, qui se matérialise par des attaques politiques et paramilitaires contre les populations isolées. Des mères sont même jetées en prison du fait de lutte contre les expulsion. A Santiago del Estero, il y a au moins une chose qui est très claire pour les gens : « Les capitalistes ont achetés le gouvernement, mais nous, ils ne peuvent pas nous acheter. Nos terres, on les défend parce qu’elles sont rouges du sang de nos compañeros. Pour nous, chaque compañero qui tombe est comme une graine qui est plantée. » De son côté, Mirta précise qu’en 2005, ils se sont rendus compte que d’autres provinces faisaient face à des problématiques similaires, raison pour laquelle s’est créé le Mouvement National Paysan Indien. Pour lutter contre l’exode rural des jeunes qui vont chercher une vie qu’ils imaginent meilleure en ville, le mouvement a développé une expérience éducative et en 2007, une école d’agroécologie a vu le jour. Depuis cette date, entre 50 et 70 jeunes se forment et sortent avec un diplôme. C’est une sorte d’université paysanne. Une université qui n’est en rien traditionnelle, car basée sur l’expérience des jeunes producteurs de la région et sur une conscience politique de la nécessité de lutter contre les agrotoxiques et de garder/récupérer la terre. Le mouvement compte sur 4 transmetteurs radio, rendus nécessaires par les distances de plus de 100 km qui existent entre les diverses centrales. Pour finir, les compañeras nous ont invité à “globaliser les luttes pour globaliser l’espoir”.
Arturo Anguiano

Auparavant, Arturo Anguiano, qui se définit lui-même comme un “citoyen marginal”, a fait un exposé mordant et corrosif de l’actualité politique institutionnelle du pays et a planté le cadre des antagonismes politiques entre ceux d’en-haut et ceux-d’en bas. Un en-haut politique qui vit dans l’illusion de son reflet, de ses mensonges où il existe une liberté de vote, une alternance politique, de nouveaux riches… Et un en-bas politique qui subit l’appropriation privative, l’exploitation, l’exclusion, l’abandon… et qui vit la politique d’État comme un cauchemar et une persécution. Les actuelles politiques de la peur (guerre contre le narcotrafic) ont détruit le tissu social et en même temps que la crise de l’État s’aggrave, on renoue avec les formes autoritaires de pouvoir. « On est les spectateurs du pouvoir. Quand on décide de vivre de manière autonome, on nous criminalise. Il n’y a pas d’alternatives possibles dans la voie électorale et les partis et ce constat nous amène à nous détourner de l’État. » Les résistances quotidiennes en sont jamais totalement contenues et la révolte au jour le jour continue. Il faut faire en sorte que celles-ci prennent de la force, s’étendent et pour ça il faut leur donner de la visibilité et les articuler. Face au recyclage des vices du pouvoir, il y a l’EZLN de l’autre côté du spectre, qui récupère des formes ancestrales d’autogouvernement et d’organisation. “La lutte d’aujourd’hui est celle de l’utopie égalitaire et démocratique”.

Félix Diaz
Communauté Qom,

La séssion vespertina à débuté avec Félix Diaz, originaire de la communauté Qom de la province de Formosa, au nord-est d’Argentine et qui a présenté son expérience de lutte. “Je suis ici pour la confiance que ma communauté m’a donné”. Il nous a apprit que l’état a créé une loi qui légifère la propriété des terres, pour toujours et quand la communauté s’organisera comme association civile, qui doit accomplir avec les protocoles bureaucratique de fait, comme le paiement de taxes et de logiques, qui n’ont rien à voir avec la dynamique interne d’une communauté. Une clause de cette loi disait que si l’association civile n’avait pas de registre d’activité depuis vingt ans, le territoire devenait propriété de l’Etat. Plusieurs années durant, cette dynamique perverse a permit à l’Etat des expropriations jusqu’à ce que la communauté ait dit “assez!”, comme en 2010 lorsqu’ils provoquèrent des barrages routiers.
Félix nous expose sa vie de persécution, la sienne et celle de sa famille. La manière avec laquelle le gouvernement à contracté des tueurs à gages pour l’assassiner mais que la solidarité est toujours présente. Il nous a aussi commenté le cas d’autres compañeros, morts pour défendre leurs territoire, comme le compañero Roberto Lopez assassiné par des francs-tireurs durant une action dans sa communauté, fait qui a provoqué de nombreuses mobilisations. Félix et son épouse qui a, avec son fils, subit des attaques physiques par le gouvernement, ils ont su continuer la lutte pour la justice à l’intérieur de la communauté.

Comme nous le commente Félix, le paradoxe est qu’en Argentine il existe une loi appelée 26.160, qui reconnait le droit des peuples indigènes à récupérer les terres des communautés qui ont été exproprié par le mensonge et la violence. Cependant l’idée de la personnalisation juridique de la communauté comme association civile, jusqu’aujourd’hui, s’inscrit comme une dynamique perverse qui permet à l’état de faire croire en une chose et en exécuter une autre.

Félix nous informe que la province de Formosa subit le même gouverneur depuis 1983 et que lui et sa communauté savent que le gouvernement ne résoudra pas les terres expropriés, malgré ça il n’oublierons pas que ces terres sont les leurs. Ils ne l’oublie pas car leurs vies, leurs esprits et leur culture dépend de ce territoire pour être, pour exister. “Notre lutte est pour ceux qui ont un coeur de chair, non pas d’argent et de pierre”.

Séssion matutina

Jérôme Baschet
France

Jérôme a partagé une réflexion sur l’insustentabilité du capitalisme. Le débat ouvert à l’assemblée s’est orienté vers la vie quotidienne comme l’espace temps dans lesquels se produisent et se reproduisent cette réalité systémique. Faire revivre le sentiment de la proportion, habiliter la centralité de la fraternité, l’amitié et toutes ces formes non capitalistes qui depuis toujours nous met en relation, comme possibilité de continuer à construire ici et maintenant un autre monde possible. Avec une ambiance clairement du type d’Ivan Illich, les pensés de Jérôme nous rapellent que les questions super-structurelles ne dépendent que de nous, de ce que nous faisons au quotidien comme société. Des brèches  les résistances et les luttes sont ces brèches que nous devons motiver pour sauver la Madre Tierra (Mère Terre) et l’humanité, récupérer notre horizontalité comme possibilité de construction d’un autre type de relations sociales.

Xochitl Leyva
Chiapas

Xochitl s’est demandé comment la politique de la “multiculturalité” a été capable de changer un évènement aussi transcendant pour les communautés mayas, comme l’aboutissement d’un cycle temporel, en une marchandise, dans un discours profondément politique et social. Elle nous a permit de voir comment des créations théoriques sont capables de fétichiser des processus historiques et comment, l’état contemporain, se lie à ce fétichisme comme un promoteur de plans touristiques et rien de plus. Cela génère une forme de rideau qui couvre les processus vivants de lutte, de signification, de cosmovision et que ces dynamiques ne sont pas sans rapports. Elle fait partie d’une politique d’invisibilité de la lutte, de la banalisation de l’histoire. Xochitl nous propose de ne pas seulement nous connaitre, sinon de nous cosmo-connaitre. Dans un dialogue ouvert avec l’assistance, Xochitl a insisté sur la nécessité de doter notre vision de la réalité d’un esprit critique, d’une précision analytique qui nous permettent d’aller au-delà de la démagogie et la simple position planflétaire, et nous permette d’avancer à la transformation de la réalité, là où nous nous sommes arrêté, là où notre vie quotidienne se développe.

Mercedes Olivera

Mercedes nous a présenté un spectre intense d’actions collectives qui, vue avec la perspective des communiqués du commandemant zapatiste lue la nuit passé, nous explique que le silence est une action continue pour celui qui lutte, non pas une immobilité. Elle a insisté sur des questions de propriété de la terre non pas depuis la logique capitaliste, étatique, masculine, sinon qu’il est important de repenser la relation avec la terre. Pour commencer, depuis la perspective féminine, la femme comme propriétaire direct de la terre face au logique de monopole masculine qui laise la femme du migrant, de l’endetté, dans une position de déposséssion absolue et de dépendence totale au volonté de l’homme. La problématique n’est pas simple, incluant le litige de primogéniture contre la mère pour la possession de la terre qui rend évident que la figure masculine monopolise la représentativité valide face au pouvoir dans beaucoup d’endroit, par rapport à la propriété. Dans un débat avec l’assistance du séminaire, il a été question de l’idée même de propriété “il ne s’agit pas que l’homme ou la femme soit propriétaire, le problème est la propriété privée”. Ce point est clairement important, mais d’une forme abstraite et générale. Cependant, dans un sens concret et particulier, ici et maintenant, nous avons un problème de discrimination, de ségrégation de la femme face à la propriété, a conclut Mercedes.



La 2eme journée du Séminaire International de Réflexion et d’Analyse “…Planète Terre et mouvements antisystémiques…” a débuté dans une ambiance d’excitation et de joie parmi l’assistance. Le communiqué et les lettres publiées par le CCRI-EZLN qui ont été lues publiquement la veille au soir ont confirmé tout l’intéret de ces rencontres et des analyses engagées qui y ont été faites.

Les compañeros Emory Douglas, ex- Black Panther étasunien et Juan, du Movimiento por Justicia del Barrio de New York, ont présenté leurs luttes dans les quartiers marginalisés des États-Unis. Leurs expériences ont été mises en contrepoint de l’analyse théorique du belge François Houtart, fondateur du Centre Tricontinental (CETRI)

Ce dernier a exposé à grand renfort de données et de cartes les multiples facettes de la crise actuelle du capitalisme et a mis en avant quelques pistes pour la construction d’alternatives. Selon Houtart, la crise du capitalisme est multiple et se retrouve dans les domaines tant financier, qu’alimentaire ou encore climatiques et militaires. La crise financière qui a débuté en 2008 est due aux spéculateurs qui cherchent des profits immédiats déconnectés de l’économie réelle, c’est-à-dire productive. Alors que l’économie productive mondiale diminue depuis les années 1970, l’économie financière augmente de manière exponentielle depuis 2000. Ces spéculations sont l’une des causes de la crise alimentaire globale. Le prix des denrées alimentaires ont augmenté ces dernières années, non pas du fait de la pénurie mais davantage pour des questions liées à l’organisation du marché mondial. La crise alimentaire s’accélère compte tenu de la multiplication des cultures dédiées aux agrocarburants. Cette dernière vise à satisfaire 20% des besoins énergétiques démesurés des pays du Nord. Pour ce faire, plus de 60 millions de paysans seront spoliés et expulsés de leurs terres (pour plus d’informations: http://rebelion.org/noticia.php?id=91244). Si l’on persiste sur cette voie – celle du gâchis des énergies renouvelables – la crise climatique va empirer.


Suite à ce diagnostic de la crise du système actuel, Houtart propose 4 idées-clé pour construire des paradigmes alternatifs: 
1. Transformer la relation entre notre société et la nature ainsi que passer de son exploitation au respect; 
2. Reconstruire une économie sociale en lien avec les réelles besoins de la société; 
3. Généraliser une vrais démocratie à partir de l’organisation de la vie collective; 
4. Modifier la réalité en valorisant l’interculturalité et en l’orientant vers une perspective étique et politique qui se construit à partir de la diversité. 

Le Movimiento por Justicia del Barrio de New York est une organisation de migrants mexicain, adhérent à la Otra Campaña et qui lutte contre les délogements dans l’Est d’Harlem, son quartier. Son expérience s’inscrit à partir de la promotion du mode de lutte zapatiste dans un processus urbain. Sa lutte se définie aussi à travers de l’émancipation des lesbiennes, des migrants, des femmes, de la multiculturalité et de tous les genres marginalisés. (Plus d’information sur: http://bit.ly/UF1ezf).




Plus d'infos sur:





cideci - l'université autonome du Chiapas -


MEXIQUE - L’Université de la terre à San Cristóbal de Las Casas (Chiapas)

Christine Lapostolle
vendredi 2 novembre 2012, mis en ligne par Dial
Ce texte a été rédigé par Christine Lapostolle à partir d’un échange avec Jérôme Baschet, maître de conférences à l’École des hautes études en sciences sociales (Paris) enseignant depuis 1997 à l’Université de la terre. Il a été publié sur le site La voie du jaguar le 10 octobre 2012. L’article nous donne l’occasion de prolonger la réflexion sur les enjeux et les modalités du partage des savoirs entamée notamment avec la publication, en juin 2010, du texte sur l’école Creciendo Juntos en Argentine [1]. Il complète aussi deux autres textes rapportant les actions réalisées en la matière par le Mouvement des sans-terre (MST) au Brésil [2]

Pendant quelques heures, j’ai discuté avec Jérôme Baschet au sujet de l’Université de la terre à San Cristóbal de Las Casas, au Mexique, et des écoles mises en place par les communautés autonomes zapatistes du Chiapas.

L’Université de la terre (aussi appelée CIDECI : Centre indien de formation intégrale) naît dans la mouvance de l’action de l’ancien évêque du Chiapas, Samuel Ruiz. Samuel Ruiz a été l’un des défenseurs de la théologie de la libération qui s’est propagée dans plusieurs pays d’Amérique latine à partir des années 1960. La théologie de la libération a été très importante dans l’expérience des communautés indiennes qui ont ensuite formé l’Armée zapatiste de libération nationale (EZLN), notamment l’idée de l’auto-organisation des opprimés, l’idée qu’il s’agit moins de porter la bonne parole que de demander et d’écouter, selon la méthode dite du tijwanel (faire sortir ce qu’il y a dans le cœur de l’autre) – il s’agit de promouvoir une circulation horizontale de la parole dans des assemblées, de recueillir la parole présente dans le peuple pour la rassembler et la redistribuer. Tu retrouves cela chez les zapatistes : ne plus être assisté parce qu’on est pauvre, organiser sa vie à partir de ses richesses propres, aussi minimes soient-elles en termes d’argent, à partir de l’expérience qu’on a et des ressources de la communauté.

Concrètement, l’Université de la terre est implantée à l’extérieur de San Cristóbal de Las Casas, à quelques kilomètres, au pied des montagnes. C’est un lieu magnifique. C’est la première chose qui frappe. La beauté du lieu. Tu arrives, tu vois ce site, ces bâtiments au milieu de la végétation. C’est plein de verdure, entretenue avec soin. Des fleurs partout, des peintures murales...

Les bâtiments ont été construits par ceux qui travaillent là, progressivement, au fil des années, avec les moyens du bord, avec des dons, de l’argent gagné, notamment celui des cultures au milieu desquelles se trouve l’Université.

À l’Université de la terre sont surtout organisés des apprentissages pratiques : agriculture, électricité, informatique, mécanique... Il y a aussi la fabrication (relativement artisanale) de livres. On cherche des façons de faire adaptées à une économie locale ; il s’est par exemple développé ces derniers temps une unité de recyclage des carapaces de crevettes : la crevette est pêchée en abondance sur la côte Pacifique, à partir des carapaces de crevettes on obtient un matériau qui peut servir à toutes sortes usages – mais je ne connais pas bien la question !


L’Université de la terre est ouverte à tous ceux qui veulent apprendre, sans exigence de diplôme ou de niveau. Tout le monde a le niveau ! Elle sert aux jeunes Indiens des communautés zapatistes – elle est d’abord conçue comme un soutien aux zapatistes, mais il y a aussi des jeunes d’autres communautés indiennes. Et il y a des gens de San Cristóbal qui viennent. Tu viens là parce que tu veux te former dans tel ou tel domaine. Il n’y a pas de durée établie, les étudiants habitent sur place, il n’y a pas d’examens, de diplômes, c’est à chacun de savoir quand il a acquis ce qu’il était venu chercher. On peut repartir et revenir autant de fois qu’on en sent le besoin. La formation est à la fois libre et personnalisée. Il y a des formateurs, mais les gens s’entraident et avancent aussi comme ça. L’idée est celle d’une « communauté ouverte d’apprentissage » : même si certains ont plus d’expérience dans tel ou tel domaine, on construit ensemble des apprentissages, ce qui diffère de la conception d’une éducation dispensée par certains à d’autres qui la reçoivent.

Il n’y a pas d’enseignement théorique à proprement parler, mais beaucoup de rencontres sont proposées et tout le monde est convié. Les zapatistes y ont organisé plusieurs grands rassemblements ces dernières années, avec des gens qui venaient de tous les coins du monde : la rencontre organisée en 2007 après la mort de l’historien André Aubry a eu lieu là ; cinq mille personnes se sont retrouvées pour le Festival de la digne rage en janvier 2009... L’Université de la terre se définit comme un « espace autonome », en rébellion contre les structures de l’État. Et lors d’une des rencontres organisées par l’EZLN, Marcos l’a déclarée « territoire zapatiste » (ce qui devrait constituer une protection vis-à-vis des possibles attaques gouvernementales).

C’est une sorte d’interface entre les communautés zapatistes et le reste du monde. Elle n’est bien sûr pas reconnue par le gouvernement mexicain. Elle n’a pas fait l’objet d’attaques frontales, mais elle subit pas mal de harcèlement, notamment via la Commission fédérale d’électricité, qui veut intenter un procès pour des dettes supposées alors que l’Université de la terre est maintenant équipée de son propre générateur d’électricité. Les étudiants doivent se relayer jour et nuit pour des tours de garde à l’entrée. Récemment, des camions de l’armée fédérale sont venus patrouiller aux abords de l’Université de la terre ; les soldats sont même descendus à pied avec leurs armes à la main, ce qui a suscité beaucoup d’inquiétude.

Je le redis, un des points importants est la beauté des lieux, une beauté simple, liée à la nature, au site et à la végétation, et à la gentillesse des gens, au sens communautaire. Tout le monde est frappé par l’accueil qu’on y reçoit. Évidemment en France quand tu dis « communauté » cela évoque tout de suite de vieilles images post-soixante-huitardes. Mais là, la référence, c’est la communauté indienne, avec le sens du collectif et de l’entraide qui la caractérise.

En dehors des grandes rencontres, tu as deux types de séminaires fréquentés à la fois par les étudiants, et aussi par des gens de la ville, par des sympathisants venant d’autres parties du Mexique et d’autres pays – tous ceux qui le souhaitent peuvent venir.
En outre il y a très souvent des invités de passage qui font des conférences ou exposent leur expérience de lutte dans leur pays. Les étudiants préparent et commentent après coup, ce qui est une occasion d’apprentissage sur telle partie du monde, sur certains problèmes qui nous concernent tous...

Le premier type de séminaire a lieu une fois par semaine. C’est le jeudi soir, ça commence à cinq heures, le temps qu’on se dise bonjour, qu’on prenne un premier café, ça fait plutôt six heures et là on discute parfois jusqu’à onze heures du soir. L’objet de ces séminaires, c’est l’actualité politique, chiapanèque, mexicaine et internationale, la lecture de la presse. Chaque semaine on distribue à tout le monde un stock d’articles, une cinquantaine de pages, les gens lisent, et on discute des articles la semaine suivante. Ce n’est pas l’actualité au sens Twitter, il y a un petit décalage avec le présent immédiat, en plus les articles au moment où on les distribue datent en général de quelques jours... Mais ça n’a aucune importance. L’actualité dans la minute, dans ce contexte, ça n’a pas de sens.

La séance commence par un compte rendu des lectures de la semaine en trois langues : en espagnol d’abord, trois quarts d’heure à peu près. Tout le monde en principe comprend l’espagnol, mais il y a des gens qui sont plus à l’aise en tsotsil ou en tseltal, alors il y a aussi des comptes rendus en tsotsil et en tseltal. Cela demande beaucoup de temps. Il faut beaucoup de patience. Ces conférences sont une vraie mise à l’épreuve de la patience pour un Occidental. Tout le monde écoute, écoute longtemps, et tout le monde parle, il n’y a pas de temps de parole, on laisse parler tous ceux qui veulent aussi longtemps qu’ils le veulent. Jamais on ne va couper la parole à quelqu’un. On le laisse parler, on le laisse aller au bout de ce qu’il a à dire. Et après, s’il y a lieu, on va formuler un autre point de vue en prenant autant de temps que nécessaire. Tous ceux qui parlent ne sont pas des habitués de la rhétorique, parfois il faut à quelqu’un très longtemps pour parvenir à exprimer ce qu’il veut dire. Tant pis, on ne s’énerve pas, on l’écoute. Ce respect de la parole est assez rare en Occident, je crois. Tu n’as pas besoin de savoir bien parler pour t’exprimer. Si tu as quelque chose à dire, tu le dis avec tes mots, tu cherches tes mots, on t’écoutera. Tout le monde écoute tout le monde, c’est un principe de base, c’est une sorte d’apprentissage de la parole en groupe...



Il y en a qui se taisent : il y a des étudiants qui ne disent rien. Mais tu as aussi des gens qui viennent ponctuellement, des gens de la ville, qui viennent avec leurs questions, leurs problèmes particuliers. Et comme c’est entièrement ouvert, tu as des gens qui ignorent ce qui s’est dit la fois précédente. Par exemple, il y a souvent des discussions autour de la question des terres : tu as beaucoup de gens, dans la périphérie de San Cristóbal qui se sont installés, ils ont construit sur des terres qui appartiennent officiellement à l’État. Ils fondent un quartier et puis au bout de quelques années la question de la propriété du sol se pose. En principe au Mexique, État ou gros propriétaire, si tu ne fais rien de tes terres pendant plusieurs années, elles peuvent passer aux mains de ceux qui les occupent et en font quelque chose. Mais cela donne lieu à des conflits. L’État joue de cela, sans forcément intervenir directement, il fait pression, il va faire des incursions au moment où on ne s’y attend pas, laisser planer la menace...

Ceux qui participent aux séminaires viennent d’horizons divers : des étudiants, des universitaires, des gens de différentes trajectoires politiques, anciens trotskistes, libertaires... Il y aussi des gens qui appartiennent ou ont appartenu aux structures de l’évêché. Parfois, il y a des nouveaux qui débarquent et qui t’expliquent ce qu’il faudrait faire comme si tu n’y avais jamais réfléchi... Ou quelqu’un qui se met à t’expliquer en long et en large quelque chose qui a déjà été discuté la semaine précédente où il n’était pas là. Tant pis, on écoute, on laisse parler. C’est la même chose dans les communautés. Toutes les décisions sont discutées autant que nécessaire, même s’il faut parler très longtemps. On ne prend la décision que quand tout le monde est d’accord. Et personne ne s’énerve. Je vois mal ce genre de chose ici en France. J’ai un ami qui ne supporte pas ! Il vient mais ça l’exaspère qu’on ne puisse pas se contredire, il ne supporte pas que les gens parlent sans limite de temps...
On est une quarantaine de personnes. Autour d’une grande table. Il y a le café, les petits pains, ça rentre, ça sort...

Un samedi matin par mois, c’est le second type de séminaire, on se réunit pour discuter autour d’un livre. Là on est moins nombreux, tous les étudiants ne sont pas présents. On choisit un livre et on l’étudie ensemble. Selon les mêmes principes de parole que ceux que je viens d’évoquer. Ces derniers temps on s’est penchés sur les écrits d’Ivan Illich. Avant, pendant trois ans, tous les samedis on a lu les livres d’Immanuel Wallerstein – sa critique du capitalisme mondialisé, la théorie des systèmes-monde – sa pensée compte beaucoup à l’Université de la terre. Avec Ivan Illich, on est au cœur de la réflexion sur l’éducation. Illich a vécu au Mexique, son Centre pour la formation interculturelle (le CIDOC) était implanté à Cuernavaca. Dans les dernières rencontres internationales
organisées par l’EZLN ou autour des anniversaires du 1er janvier 1994, la pensée d’Illich a été assez présente. À plus forte raison depuis le rapprochement avec Javier Sicilia, le poète dont le fils a été assassiné en 2011 : les zapatistes ont organisé une grande mobilisation pour soutenir la Marche pour la paix qu’il a engagée pour dénoncer le crime organisé. Javier Sicilia est un disciple d’Ivan Illich.

Une des idées principales d’Illich en matière d’éducation et d’apprentissage, c’est d’en finir avec l’école-institution. Repenser la question de l’enseignement, de la transmission, en dehors du rapport d’autorité et de normalisation qu’instaure l’école comme institution qui s’arroge le monopole du savoir légitime. Illich dénonce aussi le caractère contre-productif de l’école (comme d’autres institutions : l’hôpital, les transports, etc.) qui en délégitimant de nombreux savoirs et de nombreuses pratiques, produit un mode de savoir et des pratiques standardisés, abstraits, coupés de la vie. Lorsqu’il parle d’une société sans école, ce n’est pas forcément qu’aurait été aboli tout lieu spécifique voué aux apprentissages, mais il conteste le fait de réduire à l’école le périmètre de l’apprentissage. Chacun doit pouvoir accéder aux connaissances dont il a le désir et tout le monde peut apprendre à tout le monde. Chacun sait des choses qu’il peut transmettre si on établit les conditions qui le permettent. On a beaucoup moins souvent qu’on ne le croit besoin de maîtres, on a besoin d’une pratique des savoirs, d’une circulation, d’un échange ininterrompu. Il s’agit de valoriser les apprentissages liés à l’expérience, à la vie réelle, l’auto-apprentissage, l’inter-apprentissage, non pas l’éducation a priori mais les apprentissages en fonction des besoins effectifs, des situations, etc. Illich prône la déspécialisation, il s’oppose à la délégation de l’enseignement à des spécialistes autorisés. Tout le monde sait, dit-il, et a des capacités à transmettre.

Reste que tout dépend de la question suivante : apprendre pour quoi ? Pour vivre dans quel monde, dans quelle réalité sociale ?

Les écoles des communautés

Promotores, le mot n’est pas terrible en français où le promoteur évoque surtout l’immobilier ! Mais en espagnol, dans le contexte dont je parle, il faut l’entendre au sens premier : celui qui promeut, fait aller en avant, qui suscite l’élan...

Dans les communautés, ceux qui enseignent aux enfants dans les écoles primaires sont appelés promotores. Trois cents écoles primaires existent aujourd’hui dans la seule zone des Altos (Hautes Terres), l’une des cinq zones gouvernées par les autorités autonomes zapatistes. Les promotores ont été formés pour leur tâche mais ils ne sont pas payés. Ils ne gagnent pas d’argent, ils reçoivent seulement une aide en produits alimentaires de la communauté où ils enseignent ; ils continuent aussi à participer à la production agricole de leur famille, à la récolte du café, leur activité ne se limite pas à l’enseignement. Au moment de la récolte du café, l’école s’arrête, tout le monde s’y met, les enfants aussi. À la fois les promotores ont été formés pour faire l’école, mais ils participent aux autres activités quand c’est nécessaire.

Souvent ils manquent de pas mal de choses... ils n’ont pas forcément de quoi acheter le matériel scolaire ou les livres dont ils auraient besoin, et pas même de quoi s’acheter un nouveau pantalon ! De toute façon le principe c’est : on a une petite salle pour faire la classe, tant mieux, mais si on ne l’avait plus, on ferait la classe sous un arbre.

Au premier abord, l’organisation générale se présente un peu comme ici. C’est très structuré. Il y a six années. On acquiert des connaissances. Tu fais ton cursus. Là, ils ont un peu calqué sur le système officiel. Ça ressemble à l’idée qu’on a de l’école. On peut se dire, c’est un peu dommage. Mais là où ça change, c’est dans le statut même du promoteur et dans la manière de concevoir l’éducation – comment on apprend. Il n’y a pas de compétition, il n’y a pas d’échec ou de réussite. Tu as des savoirs à acquérir et on t’explique jusqu’à ce que ce soit acquis. Ceux qui ont compris plus vite aident les autres. Et on ne passe à autre chose que quand tout le monde a compris.

L’école n’est pas organisée de façon identique partout. Il y a cinq zones entre lesquelles se répartissent les communautés, et dans chaque zone, même si les principes généraux sont les mêmes, il y a des variations importantes.

Dans l’école secondaire, tout le monde est capable d’enseigner tout. La non-spécialisation, cela veut dire que les promotores doivent se débrouiller avec la situation telle qu’elle se présente. Quelqu’un commence à être bien formé dans une discipline, mais s’il y a un manque dans une autre discipline qu’il n’a pas encore enseignée il faut qu’il s’y mette : quelqu’un part et il faut tout réorganiser... Souvent, dans les communautés, les gens jeunes éprouvent le besoin de partir un an ou deux dans le nord du Mexique ou aux États-Unis, c’est un peu le voyage obligé : même si les conditions de vie sont très dures, les gens partent, puis en général reviennent dans la communauté. Si quelqu’un s’arrête, on prend son travail en charge. Même si a priori on ne sait pas faire ce qu’il faisait – on apprend, on trouve. Il faut faire avec ce qu’on a, apprendre sur le tas. Il faut se débrouiller. Ce n’est pas un principe, ce n’est pas systématique, mais quand il faut résoudre un problème d’organisation on change la répartition des rôles. Tu enseignais l’histoire, et tu vas faire les sciences naturelles...
Les élèves habitent sur place. Garçons et filles bien sûr. Qui va dans les écoles secondaires ? Ce sont les intéressés eux-mêmes qui décident, il n’y a pas l’idée de repérer les meilleurs ou ce genre de chose. On va à l’école secondaire si on a envie d’aller à l’école secondaire et de faire quelque chose d’utile pour la communauté, c’est tout.

Les matières, ce ne sont pas exactement des matières au sens où on l’entend ici, ce sont des aires de connaissances : communication et langages, mathématiques, sciences sociales, sciences de la vie, humanisme, production.

Comment former les formateurs ? Il ne s’agissait pas de passer par l’enseignement classique mexicain. Il a fallu tout faire. La mise au point a pris plusieurs années. Ça a donné lieu à des discussions interminables. Entre les gens des communautés, qui savaient ce qu’ils voulaient, et des invités extérieurs, des sympathisants zapatistes, des gens qui, soit avaient une pratique d’enseignement, soit avaient envie de réfléchir à cette question en étant déjà sensibles aux enjeux des communautés autonomes. Il n’en est pas sorti des manuels, mais des textes, oui.

Les savoirs sont vus dans la perspective zapatiste, forcément. Dans la perspective des gens qui luttent. Dans les communautés, comme à l’Université de la terre, la conception de l’éducation est sous-tendue par un projet politique, qui met l’autonomie au cœur des enjeux. Les communautés, l’Université de la terre, sont conçus comme des espaces autonomes et le but est que l’autonomie gagne du terrain.

Le risque d’endoctrinement, il n’est certainement pas plus grand que dans l’école des sociétés capitalistes ! Il faut faire attention, certainement, mais le danger d’endoctrinement est assez faible car les zapatistes n’ont jamais été partisans d’une ligne politique rigide, ils ne pratiquent guère ce qu’on appelait, en d’autres temps, le travail de « formation politique ». Il y a des convictions partagées – la volonté d’autonomie dans tous les domaines, le rejet du capitalisme, l’égalité, l’idée de prendre en compte la réflexion, le point de vue de chacun : les décisions ne se prennent jamais à la majorité, il n’y a pas de spécialiste de ceci ou cela qui aurait plus voix au chapitre que les autres, on discute jusqu’à ce que tout le monde soit d’accord et on agit ensuite.

L’une des idées majeures dans l’enseignement des écoles, et ça vaut pour toutes les matières, c’est que pour aller vers le plus lointain, on part du plus proche. Et on s’appuie toujours sur du concret. En histoire par exemple, on va commencer par apprendre l’histoire de la communauté, puis celle du Chiapas, puis du Mexique, puis du monde... En science tu vas commencer par travailler à partir de ce que tu as autour de toi, tu observes, les plantes, les animaux qui sont là, en maths tu vas partir des problèmes à résoudre dans la vie quotidienne...

Partir de soi, partir du concret, rendre tout concret. Cela veut dire aussi une implication du corps, des gestes. Le mouvement plutôt que la quasi-immobilité où le maître est debout et parle à des élèves assis qui écoutent en silence. Je prends un exemple. Tu expliques la densité de la population. Tu dis « densité de population », pour la plupart des élèves cela n’évoque rien. Alors tu vas faire une démonstration, plutôt que de t’en tenir aux mots, tu te lèves, tu vas au milieu de la pièce, tu fais venir des élèves, tu les répartis dans l’espace pour illustrer ce que tu veux montrer – quinze personnes par ici, trois par là, trois autres... tu fais une petite mise en scène. Et tout le monde est dix fois plus impliqué.

Il y a aussi des livres, bien sûr. Chaque école a une bonne bibliothèque. Et pour celui qui veut approfondir une question, il y a les livres, il y a Internet...

Il ne faut pas oublier qu’en ce qui concerne les zapatistes, si les Accords de San Andrés [3] sur les droits indigènes ont été signés par le gouvernement fédéral et l’EZLN, le gouvernement a ensuite refusé les modifications de la Constitution qui devaient en découler [4]. On est dans une sorte de no man’s land, l’armée, ou les forces paramilitaires, ne sont jamais très loin, l’État trouve régulièrement des moyens, même sourds, pour inquiéter les gens dans les communautés. C’est une sorte de harcèlement lent, insidieux.

Il s’agit, à l’Université de la terre, dans les écoles zapatistes, mais plus largement aussi, de créer des pratiques différentes, des relations différentes entre nous tous ; il s’agit bien d’un projet politique, en rupture avec les formes de vie et d’expérience propres au système institutionnel et à la société capitaliste. Un autre monde dans ce monde-ci, pas pour des lendemains qui chantent et déchantent, mais tout de suite, avec ce qu’on a à portée de main, avec les limites que cela suppose. Des énergies qui se mobilisent pour construire collectivement, sans trop savoir comment, sans plan global préalable, un flux. Le chemin n’est pas tracé, il faut l’inventer, pas après pas, sans certitude.

- Dial – Diffusion de l’information sur l’Amérique latine – D 3215.
- Source (français) : La voie du jaguar, 10 octobre 2012.
En cas de reproduction, mentionner au moins l’autrice, la source originale (La voie du jaguar - www.lavoiedujaguar.net) et l’une des adresses internet de l’article.
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lunes, 31 de diciembre de 2012

Comunicado EZLN 31.12.2012

COMUNICADO DEL COMITÉ CLANDESTINO REVOLUCIONARIO INDÍGENA-COMANDANCIA GENERAL DEL EJÉRCITO ZAPATISTA DE LIBERACIÓN NACIONAL.
MÉXICO.



30 DE DICIEMBRE DEL 2012.

AL PUEBLO DE MÉXICO:
A LOS PUEBLOS Y GOBIERNOS DEL MUNDO:
HERMANOS Y HERMANAS:
COMPAÑEROS Y COMPAÑERAS:


EL PASADO 21 DE DICIEMBRE DEL 2012, EN HORAS DE LA MADRUGADA, DECENAS DE MILES DE INDÍGENAS ZAPATISTAS NOS MOVILIZAMOS Y TOMAMOS, PACÍFICAMENTE Y EN SILENCIO, 5 CABECERAS MUNICIPALES EN EL SURORIENTAL ESTADO MEXICANO DE CHIAPAS.

EN LAS CIUDADES DE PALENQUE, ALTAMIRANO, LAS MARGARITAS, OCOSINGO Y SAN CRISTÓBAL DE LAS CASAS, LOS MIRAMOS Y NOS MIRAMOS A NOSOTROS MISMOS EN SILENCIO.


NO ES EL NUESTRO UN MENSAJE DE RESIGNACIÓN.
NO LO ES DE GUERRA, DE MUERTE Y DESTRUCCIÓN.
NUESTRO MENSAJE ES DE LUCHA Y RESISTENCIA.


DESPUÉS DEL GOLPE DE ESTADO MEDIÁTICO QUE ENCUMBRÓ EN EL PODER EJECUTIVO FEDERAL A LA IGNORANCIA MAL DISIMULADA Y PEOR MAQUILLADA, NOS HICIMOS PRESENTES PARA HACERLES SABER QUE SI ELLOS NUNCA SE FUERON, TAMPOCO NOSOTROS.

HACE 6 AÑOS, UN SEGMENTO DE LA CLASE POLÍTICA E INTELECTUAL SALIÓ A BUSCAR UN RESPONSABLE PARA SU DERROTA. EN AQUEL TIEMPO NOSOTROS ESTÁBAMOS, EN CIUDADES Y COMUNIDADES, LUCHANDO POR JUSTICIA PARA UN ATENCO QUE NO ESTABA ENTONCES DE MODA.

EN ESE AYER NOS CALUMNIARON PRIMERO Y QUISIERON ACALLARNOS DESPUÉS.

INCAPACES Y DESHONESTOS PARA VER QUE EN SÍ MISMOS TENÍAN Y TIENEN LA LEVADURA DE SU RUINA, PRETENDIERON DESAPARECERNOS CON LA MENTIRA Y EL SILENCIO CÓMPLICE.

SEIS AÑOS DESPUÉS, DOS COSAS QUEDAN CLARAS:

ELLOS NO NOS NECESITAN PARA FRACASAR.
NOSOTROS NO LOS NECESITAMOS A ELLOS PARA SOBREVIVIR.


NOSOTROS, QUE NUNCA NOS FUIMOS AUNQUE ASÍ SE HAYAN EMPEÑADO EN HACERLES CREER LOS MEDIOS DE TODO EL ESPECTRO, RESURGIMOS COMO INDÍGENAS ZAPATISTAS QUE SOMOS Y SEREMOS.

EN ESTOS AÑOS NOS HEMOS FORTALECIDO Y HEMOS MEJORADO SIGNIFICATIVAMENTE NUESTRAS CONDICIONES DE VIDA. NUESTRO NIVEL DE VIDA ES SUPERIOR AL DE LAS COMUNIDADES INDÍGENAS AFINES A LOS GOBIERNOS EN TURNO, QUE RECIBEN LAS LIMOSNAS Y LAS DERROCHAN EN ALCOHOL Y ARTÍCULOS INÚTILES.

NUESTRAS VIVIENDAS SE MEJORAN SIN LASTIMAR A LA NATURALEZA IMPONIÉNDOLE CAMINOS QUE LE SON AJENOS.

EN NUESTROS PUEBLOS, LA TIERRA QUE ANTES ERA PARA ENGORDAR EL GANADO DE FINQUEROS Y TERRATENIENTES, AHORA ES PARA EL MAÍZ, EL FRIJOL Y LAS VERDURAS QUE ILUMINAN NUESTRAS MESAS.

NUESTRO TRABAJO RECIBE LA SATISFACCIÓN DOBLE DE PROVEERNOS DE LO NECESARIO PARA VIVIR HONRADAMENTE, Y DE CONTRIBUIR EN EL CRECIMIENTO COLECTIVO DE NUESTRAS COMUNIDADES.

NUESTROS NIÑOS Y NIÑAS VAN A UNA ESCUELA QUE LES ENSEÑA SU PROPIA HISTORIA, LA DE SU PATRIA Y LA DEL MUNDO, ASÍ COMO LAS CIENCIAS Y LAS TÉCNICAS NECESARIAS PARA ENGRANDECERSE SIN DEJAR DE SER INDÍGENAS.

LAS MUJERES INDÍGENAS ZAPATISTAS NO SON VENDIDAS COMO MERCANCÍAS.

LOS INDÍGENAS PRIÍSTAS VAN A NUESTROS HOSPITALES, CLÍNICAS Y LABORATORIOS PORQUE EN LOS DEL GOBIERNO NO HAY MEDICINAS, NI APARATOS, NI DOCTORES NI PERSONAL CALIFICADO.

NUESTRA CULTURA FLORECE, NO AISLADA SINO ENRIQUECIDA POR EL CONTACTO CON LAS CULTURAS DE OTROS PUEBLOS DE MÉXICO Y DEL MUNDO.


GOBERNAMOS Y NOS GOBERNAMOS NOSOTROS MISMOS, BUSCANDO SIEMPRE PRIMERO EL ACUERDO ANTES QUE LA CONFRONTACIÓN.

TODO ESTO SE HA CONSEGUIDO NO SÓLO SIN EL GOBIERNO, LA CLASE POLÍTICA Y MEDIOS QUE LOS ACOMPAÑAN, TAMBIÉN RESISTIENDO SUS ATAQUES DE TODO TIPO.

HEMOS DEMOSTRADO, UNA VEZ MÁS, QUE SOMOS QUIENES SOMOS.

CON NUESTRO SILENCIO NOS HICIMOS PRESENTES.

AHORA CON NUESTRA PALABRA ANUNCIAMOS QUE:

PRIMERO.- REAFIRMAREMOS Y CONSOLIDAREMOS NUESTRA PERTENENCIA AL CONGRESO NACIONAL INDÍGENA, ESPACIO DE ENCUENTRO CON LOS PUEBLOS ORIGINARIOS DE NUESTRO PAÍS.

SEGUNDO.- RETOMAREMOS EL CONTACTO CON NUESTROS COMPAÑEROS Y COMPAÑERAS ADHERENTES A LA SEXTA DECLARACIÓN DE LA SELVA LACANDONA EN MÉXICO Y EN EL MUNDO.

TERCERO.- INTENTAREMOS CONSTRUIR LOS PUENTES NECESARIOS HACIA LOS MOVIMIENTOS SOCIALES QUE HAN SURGIDO Y SURGIRÁN, NO PARA DIRIGIR O SUPLANTAR, SINO PARA APRENDER DE ELLOS, DE SU HISTORIA, DE SUS CAMINOS Y DESTINOS.

PARA ESTO HEMOS LOGRADO EL APOYO DE INDIVIDUOS Y GRUPOS EN DIFERENTES PARTES DE MÉXICO, CONFORMADOS COMO EQUIPOS DE APOYO DE LAS COMISIONES SEXTA EINTERNAZIONAL DEL EZLN, DE MODO QUE SE CONVIERTAN EN CORREAS DE COMUNICACIÓN ENTRE LAS BASES DE APOYO ZAPATISTAS Y LOS INDIVIDUOS, GRUPOS Y COLECTIVOS ADHERENTES A LA SEXTA DECLARACIÓN, EN MÉXICO Y EN EL MUNDO, QUE AÚN MANTIENEN SU CONVICCIÓN Y COMPROMISO CON LA CONSTRUCCIÓN DE UNA ALTERNATIVA NO INSTITUCIONAL DE IZQUIERDA.

CUARTO.- SEGUIRÁ NUESTRA DISTANCIA CRÍTICA FRENTE A LA CLASE POLÍTICA MEXICANA QUE, EN SU CONJUNTO, NO HA HECHO SINO MEDRAR A COSTA DE LAS NECESIDADES Y LAS ESPERANZAS DE LA GENTE HUMILDE Y SENCILLA.

QUINTO.- RESPECTO A LOS MALOS GOBIERNOS FEDERALES, ESTATALES Y MUNICIPALES, EJECUTIVOS, LEGISLATIVOS Y JUDICIALES, Y MEDIOS QUE LOS ACOMPAÑAN DECIMOS LO SIGUIENTE:

LOS MALOS GOBIERNOS DE TODO EL ESPECTRO POLÍTICO, SIN EXCEPCIÓN ALGUNA, HAN HECHO TODO LO POSIBLE POR DESTRUIRNOS, POR COMPRARNOS, POR RENDIRNOS. PRI, PAN, PRD, PVEM, PT, CC Y EL FUTURO PARTIDO DE RN, NOS HAN ATACADO MILITAR, POLÍTICA, SOCIAL E IDEOLÓGICAMENTE.

LOS GRANDES MEDIOS DE COMUNICACIÓN INTENTARON DESAPARECERNOS, CON LA CALUMNIA SERVIL Y OPORTUNISTA PRIMERO, CON EL SILENCIO TAIMADO Y CÓMPLICE DESPUÉS. A QUIENES SIRVIERON Y DE CUYOS DINEROS SE AMAMANTARON YA NO ESTÁN. Y QUIENES AHORA LOS RELEVAN NO DURARÁN MÁS QUE SUS ANTECESORES.

COMO HA SIDO EVIDENTE EL 21 DE DICIEMBRE DEL 2012, TODOS HAN FRACASADO.

QUEDA ENTONCES AL GOBIERNO FEDERAL, EJECUTIVO, LEGISLATIVO Y JUDICIAL, DECIDIR SI REINCIDE EN LA POLÍTICA CONTRAINSURGENTE QUE SÓLO HA CONSEGUIDO UNA ENDEBLE SIMULACIÓN TORPEMENTE SUSTENTADA EN EL MANEJO MEDIÁTICO, O RECONOCE Y CUMPLE SUS COMPROMISOS ELEVANDO A RANGO CONSTITUCIONAL LOS DERECHOS Y LA CULTURA INDÍGENAS, TAL Y COMO LO ESTABLECEN LOS LLAMADOS “ACUERDOS DE SAN ANDRÉS”, FIRMADOS POR EL GOBIERNO FEDERAL EN 1996, ENCABEZADO ENTONCES POR EL MISMO PARTIDO AHORA EN EL EJECUTIVO.

QUEDA AL GOBIERNO ESTATAL DECIDIR SI CONTINÚA LA ESTRATEGIA DESHONESTA Y RUIN DE SU ANTECESOR, QUE ADEMÁS DE CORRUPTO Y MENTIROSO, OCUPÓ DINEROS DEL PUEBLO DE CHIAPAS EN EL ENRIQUECIMIENTO PROPIO Y DE SUS CÓMPLICES, Y SE DEDICÓ A LA COMPRA DESCARADA DE VOCES Y PLUMAS EN LOS MEDIOS, MIENTRAS SUMÍA AL PUEBLO DE CHIAPAS EN LA MISERIA, AL MISMO TIEMPO QUE HACÍA USO DE POLICÍAS Y PARAMILITARES PARA TRATAR DE FRENAR EL AVANCE ORGANIZATIVO DE LOS PUEBLOS ZAPATISTAS; O, EN CAMBIO, CON VERDAD Y JUSTICIA, ACEPTA Y RESPETA NUESTRA EXISTENCIA Y SE HACE A LA IDEA DE QUE FLORECE UNA NUEVA FORMA DE VIDA SOCIAL EN TERRITORIO ZAPATISTA, CHIAPAS, MÉXICO. FLORECIMIENTO QUE ATRAE LA ATENCIÓN DE PERSONAS HONESTAS EN TODO EL PLANETA.


QUEDA A LOS GOBIERNOS MUNICIPALES DECIDIR SI SE SIGUEN TRAGANDO LAS RUEDAS DE MOLINO CON LAS QUE LAS ORGANIZACIONES ANTIZAPATISTAS O SUPUESTAMENTE “ZAPATISTAS” LOS EXTORSIONAN PARA AGREDIR A NUESTRAS COMUNIDADES; O MEJOR USAN ESOS DINEROS PARA MEJORAR LAS CONDICIONES DE VIDA DE SUS GOBERNADOS.

QUEDA AL PUEBLO DE MÉXICO QUE SE ORGANIZA EN FORMAS DE LUCHA ELECTORAL Y RESISTE, DECIDIR SI SIGUE VIENDO EN NOSOTROS A LOS ENEMIGOS O RIVALES EN QUIENES DESCARGAR SU FRUSTRACIÓN POR LOS FRAUDES Y AGRESIONES QUE, AL FINAL, TODOS PADECEMOS, Y SI EN SU LUCHA POR EL PODER CONTINÚAN ALIÁNDOSE CON NUESTROS PERSEGUIDORES; O RECONOCEN AL FIN EN NOSOTROS OTRA FORMA DE HACER POLÍTICA.

SEXTO.- EN LOS PRÓXIMOS DÍAS EL EZLN, A TRAVÉS DE SUS COMISIONES SEXTA EINTERNAZIONAL, DARÁ A CONOCER UNA SERIE DE INICIATIVAS, DE CARÁCTER CIVIL Y PACÍFICO, PARA SEGUIR CAMINANDO JUNTO A LOS OTROS PUEBLOS ORIGINARIOS DE MÉXICO Y DE TODO EL CONTINENTE, Y JUNTO A QUIENES, EN MÉXICO Y EN EL MUNDO ENTERO, RESISTEN Y LUCHAN ABAJO Y A LA IZQUIERDA.

HERMANOS Y HERMANAS:
COMPAÑEROS Y COMPAÑERAS:

ANTES TUVIMOS LA BUENAVENTURA DE UNA ATENCIÓN HONESTA Y NOBLE DE DISTINTOS MEDIOS DE COMUNICACIÓN. LO AGRADECIMOS ENTONCES. PERO ESO FUE COMPLETAMENTE BORRADO CON SU ACTITUD POSTERIOR.

QUIENES APOSTARON A QUE SÓLO EXISTÍAMOS MEDIÁTICAMENTE Y QUE, CON EL CERCO DE MENTIRAS Y SILENCIO, DESAPARECERÍAMOS, SE EQUIVOCARON.

CUANDO NO HABÍAN CÁMARAS, MICRÓFONOS, PLUMAS, OÍDOS Y MIRADAS, EXISTÍAMOS.

CUANDO NOS CALUMNIARON, EXISTÍAMOS.

CUANDO NOS SILENCIARON, EXISTÍAMOS.

Y AQUÍ ESTAMOS, EXISTIENDO.

NUESTRO ANDAR, COMO HA QUEDADO DEMOSTRADO, NO DEPENDE DEL IMPACTO MEDIÁTICO, SINO DE LA COMPRENSIÓN DEL MUNDO Y DE SUS PARTES, DE LA SABIDURÍA INDÍGENA QUE RIGE NUESTROS PASOS, DE LA DECISIÓN INQUEBRANTABLE QUE DA LA DIGNIDAD DE ABAJO Y A LA IZQUIERDA.

A PARTIR DE AHORA, NUESTRA PALABRA EMPEZARÁ A SER SELECTIVA EN SU DESTINATARIO Y, SALVO EN CONTADAS OCASIONES, SÓLO PODRÁ SER COMPRENDIDA POR QUIENES CON NOSOTROS HAN CAMINADO Y CAMINAN, SIN RENDIRSE A LAS MODAS MEDIÁTICAS Y COYUNTURALES.

ACÁ, CON NO POCOS ERRORES Y MUCHAS DIFICULTADES, ES YA UNA REALIDAD OTRA FORMA DE HACER POLÍTICA.
POCOS, MUY POCOS, TENDRÁN EL PRIVILEGIO DE CONOCERLA Y APRENDER DE ELLA DIRECTAMENTE.

HACE 19 AÑOS LOS SORPRENDIMOS TOMANDO CON FUEGO Y SANGRE SUS CIUDADES. AHORA LO HEMOS HECHO DE NUEVO, SIN ARMAS, SIN MUERTE, SIN DESTRUCCIÓN.

NOS DIFERENCIAMOS ASÍ DE QUIENES, DURANTE SUS GOBIERNOS, REPARTIERON Y REPARTEN LA MUERTE ENTRE SUS GOBERNADOS.

SOMOS LOS MISMOS DE HACE 500 AÑOS, DE HACE 44 AÑOS, DE HACE 30 AÑOS, DE HACE 20 AÑOS, DE HACE APENAS UNOS DÍAS.

SOMOS LOS ZAPATISTAS, LOS MÁS PEQUEÑOS, LOS QUE VIVEN, LUCHAN Y MUEREN EN EL ÚLTIMO RINCÓN DE LA PATRIA, LOS QUE NO CLAUDICAN, LOS QUE NO SE VENDEN, LOS QUE NO SE RINDEN.

HERMANOS Y HERMANAS:
COMPAÑERAS Y COMPAÑEROS:

SOMOS L@S ZAPATISTAS, RECIBAN NUESTRO ABRAZO.

¡DEMOCRACIA!



¡LIBERTAD!

¡JUSTICIA!

Desde las montañas del Sureste Mexicano.
Por el Comité Clandestino Revolucionario Indígena – Comandancia General del
Ejército Zapatista de Liberación Nacional.

Subcomandante Insurgente Marcos.
México. Diciembre del 2012 – Enero del 2013.

Communiqué EZLN 31122012


COMMUNIQUE DU COMITE CLANDESTIN REVOLUTIONNAIRE INDIGENE, COMMANDANCE GENERALE DE L'ARMEE ZAPATISTE DE LIBERATION NATIONAL EZLN
MEXIQUE

30 décembre 2012,



Au peuple du Mexique,
Aux peuples et gouvernements du Monde,
Frères et Sœurs,
Compagnons et compagnes,

Le 21 décembre 2012, aux heures matinales, des dizaines de milliers d'indigènes zapatistes, se sont mobilisés et ont pris, pacifiquement et en silence 5 municipalités dans le sud-est de l'état mexicain du Chiapas. 

Dans les villes de Palenque, Altamirano, Las Margaritas, Ocosingo, et San Cristobal de las Casas, nous vous avons regardé et vous nous avez regardé en silence.

Ce n'est pas un message de résignation
Ce n'est pas non plus un message de guerre, de mort et de destruction
Notre message est de lutte et résistance.

Depuis le coup d'état médiatique, qui a couvert le pouvoir exécutif fédéral l'ignorance mal dissimulée, et pire encore, maquillée, nous nous sommes faits présent pour vous faire savoir que si vous n'êtes jamais partis, nous non plus.

Cela fait 6 ans, un segment de la classe politique et intellectuelle est sorti chercher un responsable à leur déroute, en ce temps nous étions dans les villes et les communautés luttaient pour la justice pour Atenco qui n'était pas encore à la mode

Dans cet hier, ils nous ont calomnié et ont voulu nous faire taire après.
Incapable et malhonnête pour voir qu'en eux-mêmes ils avaient et ont la levure de leur ruine, ils ont prétendu nous avoir fait disparaitre par le mensonge et le silence complice

6 ans après, deux choses restent claires:

Ils n'ont pas besoin de nous pour échouer
Nous n'avons pas besoin d'eux pour survivre


 

Nous ne sommes jamais partis, bien qu'ils aient tout fait pour le faire croire dans les medias de tout le spectre, nous resurgissons comme indigènes zapatistes que nous sommes et que nous serons.

Dans ces années nous nous sommes renforcés, et nous avons significativement amélioré nos conditions de vie, notre niveau de vie est supérieur à celui de communautés indigènes affiliés au gouvernement en place, qui reçoivent l'aumône qu'ils gaspillent en alcool et articles de lois inutiles.

Nos maisons s'améliorent sans abimer la nature, imposant des chemins qui lui sont étranger,

Dans nos villages, la terre qui, avant servait à faire grossir les bovins des grands propriétaires terriens ou de fincas, maintenant sert pour le maïs, les fayots et les végétaux qui illuminent nos tables.

Notre travail reçoit la double satisfaction de recevoir nos besoins et de vivre humblement, de contribuer à la croissance collective de nos communautés.

Nos filles et garçons vont à l'école qui leur apprend leur propre histoire, celle de la patrie et celle du monde, tout comme les sciences, et les techniques nécessaires pour grandir sans arrêter d'être indigène.

Les femmes indigènes zapatistes ne sont pas vendues comme des marchandises.

Les indigènes PRIISTE viennent dans nos hôpitaux, cliniques et laboratoires, parce que dans ceux du gouvernement, il n'y a pas de médicaments, ni d'appareils, ni de docteurs et de personnels qualifiés.

Notre culture fleurit, elle ne nous isole pas mais s'enrichit avec le contact avec les autres cultures des autres peuples du Mexique et du monde
 
Nous gouvernons et nous nous gouvernons nous-même, cherchant toujours en premier l'accord avant la confrontation.

Tout cela s'est trouvé non seulement sans le gouvernement, la classe politique et les moyens qui les accompagnent mais aussi en résistants à leurs attaques de tout type.

Nous avons démontré une fois de plus qui nous sommes
Avec notre silence nous nous sommes faits présents
Maintenant avec notre parole nous annonçons que:
PREMIEREMENT: Nous réaffirmons et consolidons notre appartenance au Congrès National Indigène, espace de rencontre entre les peuples originaires de notre pays

DEUXIEMEMENT Nous reprendrons contact avec nos compagnons et compagnes adhérents à la sixième déclaration de la forêt lacandon, au Mexique et dans le monde

TROISIEMEMENT: Nous essayerons de construire les ponts nécessaires à tous les mouvements sociaux qui ont surgit et surgiront, non pas pour diriger ou supplanter mais pour apprendre d'eux, de leur histoire de leurs chemins de leurs destins.

Pour cela nous avons obtenu le soutien d'individu, et de groupes dans différentes partis du Mexique, qui se sont conformés comme équipe d'appui, des sixièmes commissions  et internazionales de l'ezln, afin qu'il se convertissent en réseau de communication entre les bases d'appui zapatistes et les individus, groupes et collectifs adhérents à la Sixième Déclaration, au Mexique et dans le monde, qui malgré tout, maintiennent leur conviction et leur compromis dans la construction d'une alternative non institutionnelle de gauche.

QUATRIEMEMENT: notre distance critique face à la classe politique mexicaine continuera, qui dans son ensemble prospère au détriment des besoins et attentes des gens humbles et simples

CINQUIEMEMENT; Aux mauvais gouvernements fédéral, de l'état et municipaux, exécutifs, législatifs et judicaires, et aux moyens qui les accompagnes, nous leur disons ce qui suit:

Les mauvais gouvernement de tout le spectre politique, sans aucune exception, ont fait tout leur possible pour nous détruire, pour nous acheter, pour nous faire rendre. PRI, PAN, PRD, PVEM, PT, CC et le futur parti de RN nous ont attaqués militairement, politiquement socialement et idéologiquement.

Les grands moyens de communication ont essayé de nous faire disparaitre, avec la servile calomnie et opportunité, avec le silence sournois et complice après. A ceux qui se sont servis de notre argent qui les alimentait et qui ne sont pas là, et à ceux, maintenant, qui prennent la relève et qui ne dureront pas longtemps :

Comme ce fut évident le 21 décembre 2012, vous avez tous échoué!

Il reste alors, au gouvernement fédéral, exécutif, législatif et judiciaire de décider s'ils relancent leur politique de contre insurrection qui a seulement trouvé une fragile et maladroite simulation soutenu par les médias, ou s'il reconnait et tient ses promesses élevant les droits constitutionnels et la culture indigènes, tout comme ce fut établi par les dits "accords de San Andrés", signés par le gouvernement fédéral de 1996, dirigé alors par le même parti qui est aujourd'hui à l'exécutif

Il reste alors au gouvernement de l'état de décider s'ils continue sa stratégie malhonnête et ruineuse de leur prédécesseur, qui en plus d'être corrompu et menteur, a pris l'argent du peuple du chiapas pour leur propre enrichissement et celui de leur complices, et s'est dédié à l'achat effronté de voie et de plumes dans les médias, alors que le peuple du Chiapas tombait dans la misère, en même temps qu'il usait la police, les paramilitaires pour essayer de freiner l'avancée organisatrice des peuples zapatistes, ou sinon, avec vérité et justice, accepter et respecter notre existence et se faire à l'idée que fleurit une nouvelle forme de vie sociale dans les territoires zapatistes, chiapas, Mexique. Un fleurissement qui attire l'attention de personnes honnêtes de toute la planète.
 
Il reste aux gouvernements municipaux de décider s'ils continuent d'alimenter les roues du moulin, avec leurs organisations antizapatistes ou supposées zapatistes qu'ils extorquent pour menacer nos communautés, ou alors s’ils usent cet argent pour améliorer les conditions de vie de leurs gouvernés.

Il reste au peuple du Mexique de s'organiser en forme de lutte électoral et résister, décider s’ils continuent à voir en nous, leurs ennemis ou rivaux auprès de qui on peut décharger nos frustrations pour les fraudes et agressions dont nous souffrons tous, et si dans leur lutte pour le pouvoir vous continuer à vous allier avec nos persécuteurs ou si vous reconnaissez en nous une autre forme de faire de la politique

SIXIEMEMENT: Dans les prochains jours, l'ezln, à travers ses sixièmes commissions et l'internazional, fera connaitre une série d'initiatives, de caractère civil et pacifique pour continuer à avancer, ensemble, avec les autres peuples originaires du Mexique et de tout le continent et ensemble avec tous ceux qui luttent et résistent, en bas à gauche, au Mexique et dans le monde entier

Frères et Soeurs,
Compagnes et Compagnons,

Avant nous avions la chance d'avoir une attention honnête et noble de divers médias de communication, nous les avions remercié, mais ceci a été complètement annulé avec leur attitude postérieure

A tous ceux qui avaient parié que nous n'existions que médiatiquement, et qu'avec le cercle de mensonge et de silence nous disparaissons, se sont trompés

Quand il n'y avait pas de caméras de microphones, de plumes d'oreilles ou de regards nous avons existés.
Quand ils nous ont calomniés, nous existions
Quand ils nous ont fait taire, Nous existions
Et nous sommes ici, existants!

Notre chemin, comme cela a été démontré, ne dépend pas de l'impact médiatique, mais de la compréhension du monde et de ses parties, du savoir indigènes qui règle nos pas, de la décision inébranlable qui donne la dignité en bas à gauche
 

A partir de maintenant nos paroles commenceront à être sélective dans leur destination, et sortira en quelques occasions, et ne pourront être comprises que par ceux qui ont marché et marcheront sans se rendre aux modes médiatiques et conjoncturelles

Ici, avec pas mal d'erreurs et beaucoup de difficultés il y a une réalité, une autre forme de faire de la politique

Peu, très peu auront la chance de la connaitre et apprendre directement d'elle

Cela fait 19 ans, nous vous surprenions en prenant avec feu et sang vos villes. Aujourd’hui nous le faisons de nouveau, sans armes, sans morts, sans destructions.

Nous nous différencions ainsi, de ceux qui durant leur gouvernement, donnaient et donnent la mort entre eux.

Nous sommes les mêmes d'il y a 500 ans, d'il y a 44 ans d'il y a 30 ans d'il y a 200, d'il y a à peine quelques jours.

Nous sommes les zapatistes, les plus petits, ceux qui vivent luttent et meure, dans le dernier recoin de la patrie, ce qui n'abandonnent pas, ceux qui ne se vendent pas, ce qui ne se rendent pas,

Frères et Soeurs,
Compagnons et compagnes,

NOUS SOMMES LES ZAPATSITES, recevez une accolade

democratie!!
liberté!!
justice!!

Desde las montañas del Sureste Mexicano.
Por el Comité Clandestino Revolucionario Indígena – Comandancia General del
Ejército Zapatista de Liberación Nacional.


Subcomandante Insurgente Marcos.
México. Diciembre del 2012 – Enero del 2013.


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