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sábado, 10 de agosto de 2013

Las Abejas convocan a conferencia de prensa


12 de agosto 2013


La Organización Pacifista de la Sociedad Civil “Las Abejas” con sede en la Tierra Sagrada de Los Mártires de Acteal, Ch’enalvo’, Chiapas. México. A 4 años de la primera liberación 20 de los paramilitares por la Suprema Corte de Injusticia de la Nación, nuestra memoria vive, exigiendo castigo a los responsables materiales e intelectuarles del crimen de lesa humanidad.



CONVOCA A:

Una conferencia de Prensa para el día lunes 12 de agosto de 2013 a las 11:00 horas de la mañana en las oficinas del Centro de Derechos Humanos Fray Bartolomé de Las Casas A. C., ubicada en la calle Brasil número 14, Barrio de Mexicanos, San Cristóbal de Las Casas, Chiapas, Mexico. Invitamos todos los medios de comunicación y a todas las organizaciones solidarias, asiste para escuchar la palabra de los sobrevivientes de la Masacre de Acteal.





ATENTAMENTE



La Organización Sociedad Civil “Las Abejas”

Por la Mesa Directiva:







Rosendo Gómez Hernández

Elías Gómez Pérez

Lorenzo Pérez Ruiz


jueves, 8 de agosto de 2013

Chiapas: La résistance Caracol II Oventik

Chiapas, la résistance

Nous sommes en plein été et l’aube et le crépuscule sur Oventik est baigné d’une froide et épaisse brume qui recouvre complètement le Caracol II de la zone de Los Altos. Un lieu de zapatistes tsotsiles. Région rebelle de marginalisation et de pauvreté extrême. La plus visitée de tout le territoire zapatiste par les gens du monde entier. Durant la seule première année de gouvernement autonome, quatre mille quatre cent cinquante-huit hommes et femmes arrivèrent jusqu’ici, provenant de France, d’Argentine, de Grèce, des États-Unis, du Japon, d’Australie, de Slovénie et du Mexique, entre autres pays des cinq continents.

Ce n’est pas par hasard que le Caracol Resistencia y rebeldia por la humanidad ("Résistance et rébellion pour l’humanité") ait le plus grand nombre de visites. C’est le plus proche de la ville de San Cristóbal de las Casas et on y arrive par une route goudronnée en à peu près une heure. Mais ce n’est pas seulement la proximité qui attire ici la société civile nationale et internationale. C’est aussi le mysticisme que l’on rencontre dans cette zone, une présence indigène particulière, une rébellion qui apparaît sur chaque visage tsotsil...

Ce Caracol est celui qui a le plus grand nombre de constructions, sans doute est-ce le plus grand des cinq zones zapatistes. Il a une longue rue centrale où apparaissent de plus en plus de nouvelles constructions (coopératives, bureaux des communes autonomes et du conseil de bon gouvernement, clinique, auditorium, et dortoirs). La rue se termine par une esplanade plus vaste et circulaire où se trouvent le terrain de basket-ball et le premier collège d’enseignement secondaire de tous les peuples zapatistes, faisant partie de l’interminable dénomination de Système éducatif rebelle autonome zapatiste de libération nationale (SERAZLN).

Le premier collège d’enseignement secondaire zapatiste

Josué et Ofelia sont diplômés du SERAZLN et actuellement membres de sa coordination générale. Ils nous expliquent que l’éducation est une des demandes de l’Armée zapatiste de libération nationale (EZLN) et c’est pourquoi dès 1994 "on a recherché la manière de l’organiser dans nos villages". Au début, signalent-ils, "nous convoquions les enseignants et enseignantes qui travaillaient dans les écoles officielles, dans le but des les inviter à participer avec nous à un autre type d’éducation. Plus de cent enseignants vinrent lors d’une réunion que nous avons tenue, mais on se rendit compte qu’il était difficile d’organiser le travail avec eux, non parce qu’ils ne voulaient pas participer, mais parce qu’ils étaient habitués à recevoir un salaire."

  


"Devant ce problème", continue Josué, "on a pensé à convoquer les jeunes garçons et filles de la zone qui arrivèrent un 12 décembre 1998, ici, à Oventik. C’était des étudiants et ils n’avaient pas encore l’habitude du travail salarié. Ils furent à peine dix-neuf garçons et filles à se réunir, et convaincus de la nécessité de l’éducation, ils se préparèrent durant deux ans avant de rentrer au collège."

"Finalement, en septembre 2000, les premiers cours d’enseignement secondaire autonome zapatiste commencèrent. Des hommes et des femmes de la société civile, que l’on nomme dans cette zone, des "accompagnateurs", ont soutenu le bon déroulement des cours. L’organisation des cours fut un travail collectif. Il y eut d’interminables réunions dans lesquelles participèrent des commissions de tous les villages qui analysèrent les besoins des communautés pour, à partir de là, organiser les cours et les programmes d’études.

Au collège d’enseignement secondaire zapatiste de Los Altos on étudie langage et communication, mathématiques, sciences sociales, sciences naturelles, humanisme, langue maternelle (tsotsil) et production. "Le cours d’humanisme", explique Josué, "traite de la philosophie zapatiste. C’est là que se déroule la réflexion sur la lutte, car l’objectif principal que nous nous fixons est que les jeunes qui achèvent leurs études aient une vision différente de la vie. Pour qu’ils n’aient pas une vie individualiste, mais qu’ils travaillent en faveur du peuple et du collectif. Pour que les jeunes comprennent mieux notre lutte, pour qu’ils sachent qui nous domine et qui nous exploite."

"Après trois années d’études", nous expliquent les coordinateurs d’éducation, "nous avons constaté une meilleure compréhension de la réalité dans laquelle nous vivons, et qu’une conscience se crée, que les étudiants sortent avec une mentalité différente. Il ne s’agit pas ici de convaincre du bien-fondé de la lutte, ce qui se passe, c’est qu’ici ils acquièrent plus d’éléments et d’outils pour connaître leurs droits et se défendre. L’éducation, sans aucun doute, nous motive pour la lutte et fortifie l’autonomie de nos peuples. L’Église nous dit que nous sommes pauvres parce que Dieu nous a créés ainsi. L’éducation officielle nous dit que s’il y a des riches et des pauvres, nous, nous avons reçu la pauvreté. Mais ce n’est pas ainsi, et pour le comprendre, l’éducation est utile", affirme catégorique Josué. Josué et Ofelia reconnaissent que malgré tous leurs efforts, ils n’ont pas assez de moyens pour que tous les peuples aient accès à l’éducation, "mais le rêve, expliquent-ils, c’est que tous les peuples aient la possibilité d’étudier, les indigènes et les non-indigènes, les zapatistes et les non-zapatistes. Nous avons tous droit à l’éducation."


Dans la zone zapatiste de Los Altos, quand les élèves terminent les cours d’enseignement secondaire, on leur demande, ce qui fait partie de leur diplôme, qu’ils décident comment ils peuvent aider leur village. Ils et elles choisissent de réaliser des tâches d’agriculture écologique, d’éducation primaire, de soutien aux centres de commercialisation, de travail dans les pharmacies, etc. Ils ont tous l’obligation et l’engagement de "partager avec le peuple ce qu’ils ont appris, sinon, la préparation n’a aucun intérêt".

Avec ces données, voilà deux générations qui sont diplômées. La première avec vingt et un élèves, parmi lesquels seulement trois femmes ; et la deuxième avec dix-neuf élèves et seulement cinq femmes. Très peu de femmes en somme, mais même ainsi "c’est une petite avancée pour ces peuples pour lesquels la femme n’a pas eu le droit à l’éducation".

"Certains villages pensent encore que la femme n’est bonne qu’à se marier et nourrir les enfants. Qu’elle ne peut pas étudier ni travailler hors de la maison. C’est ainsi, mais peu à peu la femme se réveille et nous voyons que nous avons le droit de partager d’autres expériences", affirme Ofelia, coordinatrice actuelle du SERAZLN.

Et c’est bien avec l’éducation que les femmes tsotsiles s’ouvrent des espaces. Dans la matière humanisme, explique Ofelia, "nous voyons le droit des femmes et la nécessité d’en changer certaines coutumes. Ainsi, l’éducation sert aussi bien pour que les hommes et les femmes prennent conscience de l’importance du travail de la femme. Ceci n’est pas facile, car il faut changer beaucoup de choses que nous avons à l’esprit, mais c’est un début."

L’éducation autonome, poursuit-elle, "est à la base de la connaissance chez nos peuples, et c’est à partir d’elle que nous pouvons faire changer la situation de la femme indigène, qui est capable d’accomplir n’importe quelle tâche et non plus seulement d’être maman et faire de l’artisanat". Cette zone est la seule des cinq zones zapatistes qui a commencé à organiser l’éducation au niveau secondaire (les quatre autres ont commencé par le primaire). L’explication est donnée par Josué : "D’abord, nous devions former les promoteurs et les maîtres de primaire. Maintenant, ce sont certains des diplômés du secondaire qui font les classes de primaire récemment créées."

Durant toutes ces années, les communes autonomes qui dessinent la zona de Los Altos (San Andrés Sacamch’en de los Pobres, San Juan de la Libertad, San Pedro Polhó, Santa Catarina, Magdalena de la Paz y San Juan Apóstol Cancuc) organisèrent l’éducation primaire de manière indépendante et avec différents projets. Depuis un an, à partir de la création du conseil de bon gouvernement Corazon centrico de los zapatistas delante del mundo ("Cœur central des zapatistes devant le monde"), les communes organisèrent un seul système éducatif dans toute la zone. Aujourd’hui, plus de cent promoteurs et promoteures donnent des cours dans autant de villages.

Le problème des écoles dans ces localités est différent de celui des autres zones, car ici beaucoup d’enseignants officiels ont abandonné les écoles et celles-ci furent remises en fonctionnement par les autorités autonomes. Bien d’autres ont été construites entre-temps et d’autres sont en attente de construction.

L’école secondaire a été construite grâce au projet nord-américain Des écoles pour le Chiapas, dirigé par Peter Brown. C’est un projet aux nombreux défis qui n’est pas exempt de problèmes car, par exemple, l’école fonctionnant en internat, il faut subvenir aux besoins alimentaires des élèves et il n’y a pas de moyens, pas plus que pour le matériel didactique, ou pour les équipements. Pour réduire ces carences, l’école secondaire dispose d’un Institut de langues et idiomes mayas, où l’on donne des cours de tsotsil en faisant payer aux étrangers une petite cotisation qui est utilisée pour l’alimentation des élèves, qui en plus coopèrent en versant cinq pesos (environ 0,40 euro) par mois et un kilo de haricots secs tous les quinze jours.

Nombreux sont les problèmes auxquels s’affronte un nouveau système éducatif, mais nombreuses aussi sont les satisfactions et "joies" qu’il donne. "Nous sommes très contents car la formation des étudiants des classes secondaires porte déjà ses fruits dans les primaires, où ils enseignent, car l’éducation autonome zapatiste commence depuis en bas, car c’est pour tous nos peuples et parce que la situation n’est plus la même qu’avant", nous signalent Josué et Ofelia. Et ils vont plus loin : "L’éducation autonome doit être pour tous, pas seulement pour les indigènes et pas seulement pour les zapatistes." Et pas non plus seulement pour les enfants. C’est pour cela que, dans cette zone, opère déjà un système éducatif pour adultes.

L’objectif, expliquent-ils, "c’est de changer notre situation. L’obligation des peuples est de lutter pour changer, car nous ne pouvons pas attendre que quelqu’un vienne nous prendre en charge, et dans ce sens, l’éducation est l’arme la plus puissante des peuples." Et la santé ne l’est pas moins.

Plus de cent consultations journalières à La Guadalupana

Anastasio, un vieux zapatiste tsotsil, est le coordinateur général de la santé à la clinique centrale La Guadalupana, une des premières organisées par l’EZLN, avant même le soulèvement armé. Anastasio garde en mémoire la date exacte du début de fonctionnement : 28 février 1992, avec huit promoteurs de santé.

Anastasio a tout juste le niveau de deuxième année d’école primaire et nous raconte que depuis plus de douze ans, le village l’a nommé pour se préparer au travail dans la santé. "Moi, dit-il, j’ai accepté pour la lutte, pour le peuple, donc." Aujourd’hui, il coordonne un des projets de santé les plus ambitieux de tout le territoire zapatiste.

Il ne reste rien de la petite clinique qui soignait les insurgés et les miliciens blessés durant la guerre. Au même endroit et utilisant l’édifice antérieur, se dresse une clinique-hôpital avec bloc opératoire, cabinet dentaire, laboratoire d’analyses médicales, un service d’ophtalmologie et un autre de gynécologie, un laboratoire d’herboristerie, une pharmacie, et des chambres d’hospitalisation. Tout cela aux soins des villages.

À La Guadalupana et dans deux autres centres de formation, un situé à Magdalena et l’autre à Polhó, on forme plus de deux cents promoteurs de santé qui s’occupent de leurs communautés. Ni eux ni elles, comme tous les promoteurs zapatistes ne reçoivent aucune sorte de salaire, le village les aide pour leur alimentation et le prix du billet pour aller prendre des cours. Les promoteurs se forment en anatomie, physiologie, symptomatologie, diagnostic et traitement et, surtout, en médecine préventive, hygiène personnelle et collective et stages de vaccination. Dans les hôpitaux du gouvernement aux alentours, nous raconte Anastasio, "ils ne reçoivent pas les malades graves, ils préfèrent qu’ils aillent mourir ailleurs. Nous, oui, nous les recevons, qu’ils soient zapatistes ou pas, et ce n’est que lorsque nous voyons que nous ne pouvons plus rien faire que nous les transportons où l’on peut s’occuper d’eux. Pour cela, il nous manque une ambulance.."

La clinique est appuyée par des médecins et des auxiliaires qui les aident en chirurgie et dans la formation de promoteurs. Mais "quand personne ne vient nous aider, eh bien, il faut s’occuper des patients de toute façon.
The hospital adminit=strator 
C’est pour cela que nous étudions les manuels et les livres de médecine, ceux que l’on trouve", dit Lucio, promoteur de santé qui, depuis huit ans, a laissé sa communauté, sa famille et sa terre pour travailler à temps complet à la clinique.

"Avant, continue-t-il, nous n’avions rien et il y avait beaucoup de décès, la plupart à cause de maladies que l’on peut soigner si on les prend à temps. Beaucoup d’enfants mouraient, et c’est pour cela que nous avons commencé à organiser nous-mêmes la santé, car nous n’espérons pas que le gouvernement nous aide de lui-même."

Aujourd’hui, il y a une clinique dans chacune des huit communes autonomes de Los Altos, ainsi que plus de trois cents maisons de santé communautaires qui disposent d’une pharmacie de médicaments de base. La consultation est gratuite pour toutes les bases d’appuis de l’EZLN, et on demande une petite coopération à ceux qui viennent d’autres organisations. Anastasio raconte que, malheureusement, on ne peut faire que de la petite chirurgie, car il manque le matériel pour faire des interventions importantes. "Nous étudions comment résoudre ce problème, car nous manquons du strict nécessaire. Mais avec ce que nous avons, nous faisons ce que nous pouvons, il n’est pas question de ne rien faire parce que nous n’avons rien", dit-il.

Cette clinique, malgré ses carences, est une des mieux organisées et des mieux équipées de tout le territoire, et c’est ainsi que nous pouvons nous occuper des bases d’appui d’autres régions, soit de la forêt, soit du nord du Chiapas.

Des projets gouvernementaux de santé ont tenté de contrarier l’organisation de la santé autonome. C’est ainsi que là où apparaît une clinique zapatiste, peu de temps après il en apparaît une du gouvernement. Anastasio explique : "Ils font cela pour faire pression pour que les gens aillent avec eux, mais les gens n’y vont pas car dans leurs cliniques, on les traite mal, on ne les respecte pas et on ne leur donne pas de médicaments, de plus, ils construisent les cliniques mais elles sont toujours fermées. Nous, par contre, nous travaillons vingt-quatre heures sur vingt-quatre et nous nous occupons de tous avec la même attention."

La tuberculose, les problèmes respiratoires, les rhumatismes, les infections de la peau, le paludisme et la typhoïde sont certaines des maladies de la pauvreté qui ravagent ces terres où les femmes souffrent encore d’avortement à cause de la malnutrition et du manque de contrôle prénatal. Même ainsi, explique le promoteur Lucio, "maintenant, les gens ne meurent pas si facilement. Nous avons sauvé beaucoup de vies, nous hospitalisons les malades graves, nous développons des campagnes de vaccination, nous formons nos promoteurs et ainsi, petit à petit, nous avançons".

Café, miel, artisanat : commercialisation dans la résistance
 
Zone productrice de café, les communautés zapatistes de Los Altos ont organisé la commercialisation au travers de coopératives autonomes : Mut Vitz ("Montagne de l’oiseau", en tsotsil) et Ya’chil Xojobal Chu’lcha’n ("La nouvelle lumière du ciel").

Mut Vitz fonctionne depuis 1997 et compte 694 associés, tous bases d’appui des sept communes autonomes de la zone. La coopérative possède un certificat de café organique et des permis légaux pour l’exportation, ainsi transporte-t-elle le produit jusqu’au port de Veracruz et de là, il part pour l’Allemagne, les États-Unis, la France, l’Espagne, la Suisse et l’Italie.

Malheureusement, expliquent les responsables, ils n’ont pu pénétrer le marché mexicain sauf l’État de Puebla. Ils n’ont pas de machines pour moudre ou torréfier le café et ils exportent le grain sans écorce.

La coopérative Ya’chil Xojobal Chu’lcha’n compte environs 900 associés (desquels 600 viennent de Polhó). Ils ont à peine commencé l’exportation du café et ils s’attachent à ouvrir leur marché.

Les femmes travaillent également collectivement. Réputées dans le monde de la broderie et de l’artisanat, les femmes zapatistes tsotsiles qui avant la guerre proposaient leur marchandises dans les rues racistes de San Cristóbal de las Casas, aujourd’hui sont organisées en coopératives au travers desquelles elles produisent et commercialisent leurs produits. Les coopératives Xulum’ Chon et Mujeres pour la dignidad ("Femmes pour la dignité") proposent leurs broderies à un prix équitable, obtenant une part importante des revenus de l’économie familiale.

Polhó : sept années hors de chez soi, ravagés par la violence
 
C’est dans cette zone que se trouve le centre de déplacés de Polhó, où plus de neuf mille personnes qui fuirent la violence paramilitaire, survivent sans terre à cultiver, toujours insuffisamment fournis en médicaments et en nourriture. La Croix-Rouge internationale s’est retirée de cette zone, "car ici il n’y a pas de guerre et qu’en Irak il y a beaucoup de travail". Ici, le déplacement des populations a créé de nouvelles formes de résistance et d’autonomie. L’éducation et la santé s’organisent dans des situations spéciales tandis qu’apparaissent des coopératives et d’autres moyens pour subvenir aux nécessités.

Durant la première année de gouvernement, les autorités autonomes de cette zone employèrent deux millions et demi de pesos pour l’alimentation des déplacés de Polhó, somme non négligeable, mais encore insuffisante pour subvenir aux besoins des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants qui depuis sept ans rêvent des conditions de sécurité qui permettraient leur retour.

Il n’est pas facile d’organiser l’autonomie, et encore moins dans les conditions de Polhó, affirme le conseil de bon gouvernement interviewé quelques jours après son premier anniversaire.

Nous n’avons pas fait de campagne

Après un an de travail, affirment les membres du conseil, "nous voyons que nous avons les moyens de gouverner, de travailler, de voir et de connaître les problèmes. Nous avons appris à ne pas répondre aux provocations, ni à celles du gouvernement, ni à celles des partis. L’expérience nous apprend que celui qui lève le premier la main perd par la voie politique. Nous avons l’idée de résister par la voie pacifique, mais nous savons aussi nous défendre."

Durant toute cette année, expliquent-ils, "ce que nous avons appris le plus, c’est à négocier, nous avons appris à coordonner le travail du conseil avec les communes autonomes. Nous reconnaissons que nous ne pourrions agir seuls, sans l’appui de la société civile nationale et internationale. Nous travaillons du lundi au dimanche durant les vingt-quatre heures de la journée et même ainsi, nous n’arrivons pas à nous occuper de tout, mais petit à petit nous apprenons. Obéissant et accomplissant. Ce n’est pas facile. Pas du tout facile.


Et ils ajoutent : "Nous n’avons pas fait de campagne ni de propagande pour être conseil de bon gouvernement. Le peuple nous a élus comme des personnes honnêtes et maintenant nous avons l’engagement de remplir nos fonctions. Nous n’avons pas de mandat fixe, c’est-à-dire que si le peuple dit que nous ne sommes pas efficaces, eh bien, ils nous virent et ils en mettent d’autres à notre place. Nous rêvons qu’un jour on reconnaisse notre droit, qu’il y ait un changement total, non pas seulement avec les indigènes, mais pour tous les pauvres du monde. Ceci n’est pas terminé. De-ci de-là, naissent d’autres hommes et femmes qui ne demandent pas la permission pour construire leur propre voie. C’est cela dont nous rêvons."

Traduit par le CSCPL
Les traductions ont été faites par Martine, Chantal, Christine, Antoine, Michelle et Julio ; la relecture par Éva. Le CSPCL les remercie chaleureusement.

miércoles, 7 de agosto de 2013

Chiapas La résistance, Caracol I la realidad

Chiapas, la résistance

Caracol I La Realidad

Gloria Muñoz Ramirez
lundi 8 novembre 2004.

Ce texte est la première partie de la traduction française de l’enquête de Gloria Muñoz Ramirez après une année d’existence des conseils de bon gouvernement dans les cinq Caracoles. "Chiapas, la resistancia" est paru dans le supplément de La Jornada du 19 septembre 2004 et a été publié par la suite dans le numéro 23 (de septembre) de Rebeldía.

Chiapas, la résistance 
Caracol I La Realidad

Le Caracol de La Realidad, le premier espace construit par les zapatistes afin d’organiser leur autonomie, fête déjà son premier anniversaire. Les pluies sont à leur apogée, la boue commence à envahir les chemins, la saison des elotes est terminée et les indigènes ont déjà procédé au pliage du maïs. Sans doute que la faim n’est pas moins présente qu’auparavant, la situation est difficile sur ces terres de la forêt, mais un tour de reconnaissance dans cette zone permet de voir et de sentir quelque chose qui, il y a dix ans, lorsque nous, reporters, pénétrâmes pour la première fois dans ce territoire, n’existait tout simplement pas.


Dès l’entrée dans ce lieu emblématique qui héberge le conseil de bon gouvernement de Hacia la esperanza ("Vers l’espérance"), il y a une petite clinique de bois peinte en vert, qu’entourent des dizaines de personnes rassemblées à l’extérieur. Des pancartes blanches annoncent, en plus des différentes méthodes anticonceptionnelles, une campagne de vaccination destinée aux enfants et aux adultes. "Nous sommes en train de combattre la diphtérie et le tétanos", dit avec orgueil le responsable en charge de la santé, un indigène d’âge moyen qui porte le dossier de chaque personne soignée. Dans la file d’attente, les mères ont à la main la carte de vaccination autonome de leurs enfants.

"Même avant notre soulèvement, affirme lors d’une interview Doroteo, membre du conseil de bon gouvernement, nous, les villages zapatistes, avions commencé à prendre en charge notre santé, parce que la santé est une des principales quêtes de notre lutte, parce qu’elle est nécessaire pour vivre que notre lutte est pour la vie."
Ici, dans le Caracol Madre de los caracoles del mar de nuestros sueños ("Mère des escargots de la mer de nos rêves"), célèbre dans le monde de la résistance parce que, en 1996, la lutte antimondialisation connut en ce lieu un de ses moments fondamentaux, la réussite la plus récente en matière de santé est la mise en marche d’une salle de chirurgie. Ils la possédaient depuis trois ans sans l’utiliser en raison de l’absence de médecins et, ils le reconnaissent, à cause d’un manque d’organisation des quatre communes de la région : San Pedro de Michoacán, General Emiliano Zapata, Libertad de los Pueblos Mayas et Tierra y Libertad.

"Nous venons d’opérer deux hommes, un d’une hernie et l’autre d’une tumeur, et nous avons ôté un kyste à une femme. Ce qui revient à dire que l’on est aptes pour pratiquer des opérations dans cette zone zapatiste", affirme Doroteo, alors que la femme indigène récemment opérée, de visite au Caracol, se rétablit visiblement bien. Combien de femmes indigènes ayant un kyste attendent dans cette zone une opération ? La réponse est certainement préoccupante, mais, comme on dit par ici : "Ça y est, c’est bien parti !"


La santé est l’un des domaines dont les avancées sont les plus palpables sur le territoire zapatiste. Dans cette zone forestière frontalière avec le Guatemala, non dépourvue de problèmes et d’obstacles, les uns internes et les autres externes, se multiplient les campagnes de médecine préventive. Le nettoyage des latrines à la chaux, par exemple, est contrôlé hebdomadairement par une commission de santé dans beaucoup de communautés, bien que, ils le reconnaissent, il y en ait d’autres qui "ne comprennent toujours pas l’importance de la propreté, il faut expliquer que la santé est le plus grand bien que la lutte puisse te donner, le plus précieux, enfin".
Cette zone compte un des plus grands hôpitaux autonomes existant sur l’ensemble du territoire rebelle. Il s’agit de l’hôpital La Primera Esperanza de los sin rostro de Pedro ("La première espérance des sans-visage de Pedro"), en l’honneur du sous-commandant Pedro, mort au combat le 1er janvier 1994, responsable au commandement et compañero des habitants de ces villages.

Dans la communauté de San José del Rio, séparé du village par un pont et au milieu d’une végétation luxuriante, apparaît l’hôpital qui dessert quatre communes autonomes mais qui, comme chaque projet en résistance, a causé plus d’un souci aux communautés zapatistes. Ils racontent qu’organiser les équipes de milliers d’indigènes servant de bases d’appui qui participèrent à sa construction durant trois années demanda beaucoup d’efforts. Ils reconnaissent qu’ils ont été confrontés à de nombreux problèmes pour parvenir à le faire fonctionner ; qu’ils n’ont pas ni n’ont eu de médecins permanents ; qu’ils viennent à peine d’inaugurer la zone de chirurgie ; qu’une fois ils ont dû la fermer tout un mois, qu’on a dépensé beaucoup d’argent pour la formation des promoteurs et un long etcetera d’obstacles prédits et de problèmes inimaginables.

L’hôpital existe et, qui l’aurait dit, concurrence à présent le grand hôpital gouvernemental de Guadalupe Tepeyac, inauguré en 1993, juste avant le soulèvement, par l’encore président Carlos Salinas de Gortari. Ce pompeux éléphant blanc fut administré temporairement par la Croix-Rouge internationale, jusqu’à ce que, le 9 février 1995, il soit scandaleusement pris d’assaut par l’armée mexicaine (sans que l’institution de Genève fasse quoi que ce soit), pour être plus tard livré au secteur officiel de la santé.

À l’hôpital de Guadalupe Tepeyac, racontent les bases d’appui, "quelques fois on ne veut pas nous soigner si nous disons que nous sommes zapatistes, ou ils nous posent beaucoup de questions pour savoir quelque chose sur notre organisation, ou ils nous traitent comme nous traite le gouvernement, c’est-à-dire avec mépris, comme ils traitent les indigènes en général. À cause de cela, nous ne voulons pas y aller et à présent même les priistes préfèrent aller à notre hôpital ou dans nos microcliniques, parce que là-bas on s’occupe de tout le monde, zapatistes ou non, et on les traite avec respect, enfin comme des êtres humains".
Il est fréquent de rencontrer des priistes ou des membres d’autres organisations à l’hôpital autonome. Ils ont cessé d’aller à l’énorme hôpital de Guadalupe Tepeyac, parce que "en tant qu’indigènes eux aussi ils les traitent très mal ou bien on leur dit qu’il n’y a pas de médicaments". Dans les cliniques autonomes, ceux qui ne sont pas zapatistes paient seulement 10 pesos la consultation, et "si nous avons des médicaments que l’on nous a donnés, alors nous leur offrons, et si nous avons seulement des médicaments que nous avons payés, alors ils paient le prix. Nous ne faisons pas de commerce avec la santé", affirme Doroteo.

Le défi de gérer la santé, non seulement des bases d’appui mais de tous les habitants des régions où elles sont présentes, est de proportions gigantesques. Les membres du conseil affirment : "Il y a beaucoup de travail parce que le besoin est très grand, parfois on a l’impression qu’il faut beaucoup plus, on sent qu’il faudrait le double, mais d’autres fois on sent que là on avance." L’hôpital de San José est aussi une école de promoteurs de la santé. Il a été construit grâce à l’appui d’une organisation italienne et compte aussi des cabinets de consultation dentaire et d’herboristerie, un laboratoire clinique et même une turbine électrique. De plus, il existe trois cliniques communales, une dans la commune autonome Tierra y Libertad, une dans celle de Libertad de los Pueblos Mayas et une encore à San Pedro de Michoacán.


Dans toute cette zone, il y a actuellement 118 promoteurs de la santé s’occupant des maladies courantes dans le même nombre de maisons de santé communautaires. Tant à l’hôpital central La Primera Esperanza de los sin rostros de Pedro que dans les trois cliniques municipales et plus de cent maisons de santé, il est offert des consultations gratuites aux bases d’appui et, lorsqu’il y en a, des médicaments gratuits. "Il y a encore quelques mois, expliquent les responsables en charge de la santé, l’hôpital fonctionnait avec des promoteurs de la santé des villages, qui recevaient une aide économique des quatre communes autonomes. On les aidait avec 800 pesos par mois chacun pour qu’ils restent à temps complet à l’hôpital. Au total, on a dépensé plus de cent mille pesos pour ces appuis durant trois années. L’argent provenait d’un projet d’entrepôts de ravitaillement que nous avions dans la zone. Mais, à présent, avec le conseil, nous avons décidé de lancer un appel aux villages afin de recruter des volontaires qui prennent soin à temps complet, à l’hôpital, de la santé des villageois. Ont répondu à l’appel trois hommes et trois femmes, qui ont laissé leurs villages et leurs familles et qui déjà travaillent comme internes. Le conseil leur fournit leur nourriture, leur transport, les chaussures et les vêtements. On leur achète leurs tee-shirts et ce qui leur faut mais on ne leur donne aucun salaire ni aucun appui économique. Ces hommes et ces femmes sont conscients qu’ils travaillent pour leur peuple et profitent de cette opportunité pour se former et apprendre beaucoup de choses en matière de santé."

Sages-femmes, rebouteuses et herboristes renforcent la médecine traditionnelle

Dans un coin du Caracol de La Realidad on est en droit d’apprécier la construction presque terminée d’un nouvel espace. Il s’agit d’un laboratoire d’herboristerie et d’une maison de conservation des aliments, qui s’unissent à un projet de santé qui est l’orgueil de cette zone : la formation de plus de 300 femmes herboristes, rebouteuses et sages-femmes.

"Ce rêve, expliquent-ils, naquit lorsque nous nous rendîmes compte que se perdait le savoir de nos anciens et anciennes. Ils savent guérir les os ou les entorses, connaissent l’usage des herbes, savent aider les femmes à accoucher, mais toute cette tradition se perdait avec l’usage des médicaments pharmaceutiques. Alors, nous avons conclu un accord entre les villages et lancé un appel à tous les hommes et toutes les femmes qui connaissaient la médecine traditionnelle. Cette convocation ne fut pas aisée. Beaucoup de compañeros et de compañeras, au début, ne voulaient pas partager leurs connaissances, ils disaient que c’était un don qui ne pouvait pas se transmettre parce que c’est quelque chose que l’on porte en soi. Ensuite, il y eut une prise de conscience dans les villages, les conversations avec nos responsables de la santé et on parvint à ce que beaucoup d’entre eux changent de comportement et se décident à participer aux cours. Ils furent une vingtaine d’hommes et de femmes, personnes âgées de nos villages, qui se décidèrent à être professeurs de médecine traditionnelle et ils furent 350 élèves à se faire inscrire, des femmes en grande majorité. Maintenant se sont multipliées les sages-femmes, les rebouteuses et les herboristes dans nos villages."

Le nouveau laboratoire d’herboristerie a lui aussi une histoire : "Il arriva qu’un footballeur italien décédé laissât un héritage pour que soit construit un terrain de football dans un village zapatiste. De ce terrain, seul allait en bénéficier le village de Guadalupe Tepeyac, aussi avons-nous parlé avec tout le village et leur avons expliqué qu’il y avait d’autres besoins plus urgents pour le bénéfice de tous les villages, comme, par exemple, un espace pour que puissent travailler les compañeras qui se vouent à la médecine traditionnelle. Le peuple comprit et dit que c’était bien, qu’il était juste de destiner cet argent à la santé de tous  ; le second pas fut de parler avec les donateurs et, eux, au début, ne voulaient pas que l’on utilise l’argent pour autre chose, mais ensuite ils dirent que c’était bien."

Plus de 300 promoteurs d’éducation donnent des cours dans leurs villages

Un autre domaine où l’on travaille contre vents et marées pour vaincre les inerties internes et les campagnes gouvernementales de contre-insurrection, est celui de l’éducation. "Pour nous, l’éducation de nos enfants est la base de notre résistance. Cela a beaucoup servi dans nos villages et l’idée est née parce que la majorité d’entre nous n’a pas eu d’éducation ou, si nous en avons eu, elle fut très mauvaise, dispensée à l’école officielle. Il n’y avait pas d’écoles dans les communautés et lorsque nous en avions une, il n’y avait pas de professeur, et s’il y en avait il ne se présentait pas à son poste et alors il n’y avait pas de cours. C’était ainsi, avant", expliquent les autorités autonomes de cette région.

En 1997, on a commencé à élaborer des plans et programmes d’études, et sept années plus tard on compte déjà trois générations de promoteurs d’éducation ayant les certificats d’aptitude pour donner des cours dans leurs villages. "Dans nos écoles on enseigne l’histoire du Mexique, mais l’histoire réelle, ce qui s’est passé avec les combattants de ce pays. On enseigne aussi aux enfants l’histoire de notre lutte zapatiste, qui est la lutte du peuple", affirme Fidel, promoteur d’éducation.

"La majorité des villages ont déjà leurs promoteurs d’éducation, ils nous manque seulement trente communautés et les villages des quatre communes seront au complet", signale pour sa part le conseil de bon gouvernement.

Dans cette région, exactement ici à La Realidad, s’organisa pour la première fois l’éducation autonome zapatiste, en 1997. En 1999 et en 2001, on remit des certificats d’aptitude à deux autres groupes de promoteurs, capables de préparer 300 indigènes pour qu’ils donnent des cours dans leurs villages. Cependant, commentent les représentants du conseil, "nous avons ce problème que quelques promoteurs célibataires se découragent lorsqu’ils se marient, ou parce que leur village ne les soutient pas beaucoup, ou bien il y en a certains qui partent travailler aux États-Unis. À cela, nous essayons de voir comment y remédier parce que, de fait, existe la désertion de promoteurs".

En ce moment, pendant que se déroule l’entrevue avec le conseil, est mené à son terme à La Realidad un cours de mise à niveau avec plus de 70 promoteurs, hommes et femmes. "Ceux que tu vois en ce moment qui marchent dans le Caracol sont en train de suivre un cours qui leur est nécessaire pour que se nivellent les connaissances, qu’elles se mélangent ainsi, pour ensuite pouvoir passer à un deuxième niveau du certificat d’aptitude, quelque chose comme l’enseignement secondaire, mais ici nous n’allons pas l’appeler ainsi", explique Doroteo.

Dans les quatre communes rebelles de la zone forestière frontalière, il existe 42 nouvelles écoles communautaires : 10 dans la commune Libertad de los Pueblos Mayas ; 4 dans General Emiliano Zapata ; 20 à San Pedro de Michoacán et 8 à Tierra y Libertad. Les écoles ont un sol en ciment, un toit en tôle et des murs en bois. Toutes possèdent leur tableau noir, des pupitres d’écolier, le drapeau du Mexique et, bien sûr, le drapeau zapatiste, et il y en a quelques-unes qui possèdent des magnétophones et autres matériels didactiques.

Pour s’occuper de l’éducation dans les trente communautés qui manquent de promoteurs, le conseil de bon gouvernement donnera prochainement rendez-vous aux responsables "pour leur faire prendre conscience de l’importance de ce travail. Nous n’obligeons personne, il s’agit de faire comprendre aux peuples combien c’est important et qu’ils agissent en ce sens dans leurs villages parce qu’ils sont convaincus que cela est utile". La majeure partie des communautés de cette région possèdent deux écoles : une officielle et une autre, autonome. Et les zapatistes affirment que dans leurs écoles "nos enfants apprennent à lire et à écrire les premiers, et ils sont plus conscients. Nous ne rendons pas responsables de cela les maîtres de l’école officielle, mais c’est un fait qu’ils délaissent beaucoup leurs classes parce qu’ils ont souvent des réunions, et nos promoteurs, eux, n’ont pas de congés et ne reçoivent pas de salaires".

Le gouvernement autonome compte seulement une femme

Le conseil de bon gouvernement Hacia la esperanza est composé de sept hommes et de seulement une femme. Trois des quatre conseils autonomes ne comptent aucune femme et seule la commune autonome Tierra y Libertad a une intégrante. D’autre part, sur plus de 100 promoteurs d’éducation, seules 6 sont des femmes (5 de la commune autonome Tierra y Libertad et 1 de San Pedro de Michoacán). Les deux autres communes de cette région, General Emiliano Zapata et Libertad de los Pueblos Mayas, n’ont pas une seule femme responsable de l’éducation.

Sur le terrain de la santé, la chance ne sourit pas plus aux femmes. Il existe uniquement 7 promotrices dans les quatre communes, 5 de Libertad de los Pueblos Mayas et 2 de Tierra y Libertad.

"Nous sommes conscients, reconnaît le conseil, qu’en cette zone la participation des femmes est encore faible, mais nous voyons aussi un petit progrès, car avant on ne pouvait même pas seulement imaginer qu’une femme puisse participer. Il y a encore beaucoup à faire mais le changement doit commencer au sein de la cellule familiale.
Nous-mêmes, affirment-ils, comme conseil de bon gouvernement, devons faire plus de travail politique dans les villages, avec les familles de noscompañeras. Malheureusement, il est encore trop ancré dans la tête de beaucoup que leurs filles, si elles sortent de leurs villages, prennent le risque de mal tourner. Cela existe encore. C’est pour cela qu’il est nécessaire de renforcer la discussion et le travail. Nous autres, ici, au sein du conseil, nous avons une compañera et elle va avec nous partout et jamais nous n’avons eu de problème, parce que nous la respectons et elle nous respecte. Beaucoup d’hommes des villages pensent encore que les femmes peuvent se créer des problèmes si elles vont travailler avec des hommes, mais ce n’est pas comme cela. Alors, donc, il faut encore plus faire prendre conscience aux époux et aux pères de ce fait, ils doivent se mettre dans la tête que nous tous, hommes et femmes, avons les mêmes droits."

Combattre le coyotage, autre défi

Dans la communauté Veracruz, les zapatistes se servent d’un entrepôt d’approvisionnement pour livrer des centaines de petites boutiques communautaires, zapatistes et non-zapatistes. L’entrepôt Para todos todo est utile pour que les responsables des boutiques des villages économisent le voyage pour s’approvisionner à Margaritas ou à Comitán. Au vu du succès commercial du local, un autre entrepôt de ravitaillement s’est créé dans le village de Betania et un autre dans celui de Playa Azul. Ces entrepôts fournissent toute la zone et commercialisent huile, jambon, sel, sucre et aussi haricots, maïs et café des villages.

Durant trois ans et demi, les gains de l’entrepôt de Veracruz ont été utilisés pour appuyer économiquement les promoteurs de la santé qui travaillent à l’hôpital central. 100 641 pesos furent attribués à cette tâche. Les gains, explique le conseil, servirent aussi à payer les voyages des conseils autonomes et d’autres déplacements de l’organisation. Au total, furent dépensés 116 614 pesos en aides diverses.

Dans ces mêmes entrepôts est commercialisé le maïs qu’achète le conseil de bon gouvernement, dans le cadre d’un projet qui prit corps afin de combattre les intermédiaires (coyotes), qui achètent le maïs à bas prix et le vendent ensuite plus cher. Le produit de la vente est pour le travail du conseil et des quatre communes autonomes de la région.

"Cette première année, nous avons acheté plus de 500 sacs de maïs, quelque chose comme 44 tonnes. Nous en avons vendu la moitié, et le reste, nous le conservons entreposé et nous le commercialisons, y compris jusqu’à la côte", signale Doroteo.

Dans l’espace du Caracol, juste en face du bureau du conseil, une grosse semi-remorque rouge attend, en stationnement. Il s’agit du "Chompiras", un camion, récente acquisition que le conseil utilise pour la commercialisation de ses produits. Le Chompiras parcourt la forêt et voyage jusqu’à la côte et les Altos afin de distribuer les marchandises. Ils ont aussi un petit bus de voyageurs qui fait le trajet de Margaritas à San Quintin, dont les premiers gains furent investis dans la création d’une boutique épicerie-bazar régionale.

"Les difficultés n’en finissent pas, c’est comme si nous n’y arrivions jamais... Bon mais à présent nous avons même Internet et déjà nous avons appris à l’utiliser pour pouvoir gérer directement notre communication. Ce que nous ressentons, surtout, c’est que nous avons une grande responsabilité. Parfois, nous avons l’impression que le monde va nous tomber dessus, parce que gouverner est difficile, surtout si on commande en obéissant, et nous n’avons pas de recours. Quelquefois, nous pensons que nous sommes comme drogués aux problèmes, il semblerait qu’ils nous aient pris en affection, mais ici nous allons apprendre à les résoudre", concluent les trois membres du conseil de bon gouvernement interviewés.

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Traduit par le CSCPL
Les traductions ont été faites par Martine, Chantal, Christine, Antoine, Michelle et Julio ; la relecture par Éva. Le CSPCL les remercie chaleureusement.

A qqles jours des festivités zapatistes...

A l´occasion de l´anniversaire des caracoles, des 10 ans de l´autonomie zapatiste, de la Escuelita convoquée par les Zapatistes, et de la Catédra, le 17 et 18, les zapatistes marquent concretement la fin d´années de silence. Gloria Muñoz  Ramirrez nous propose de revenir sur une série d´article de 2004.
"L´autonomie est un processus qui, ont-ils expliqué "vient de notre histoire de nos propres coutumes de notre système de justice, de notre agriculture... "

Aout est le mois des célébrations et anniversaires zapatistes. Pour celui-ci les communautés en résistance célèbrent la première décennie de la formalisation de leur autonomie et de l´installation des juntas de buen gobierno, bien que le processus n´ait pas commencé en 2003, ni le 19 décembre 1994 lorsque qu´ils ont fait connaitre la nouvelle démarcation municipale des territoires dans lesquels ils ont présence, sinon les années antérieures à la guerre, avec la mise en service des cliniques de santé et espace éducatifs dans les communautés ou les peuples reçurent leurs premiers guérilleros de l´Armée Zapatiste de Libération Nationale. EZLN.


Les difficultés ne s´arrêtent pas, tant que ne nous arrêtons pas.... ce que nous sentons le plus c´est que nous avons beaucoup de responsabilité. Parfois nous sentons que le monde nous tombe sur la tête, car c´est difficile de gouverner, surtout si on dirige en obéissant, et que nous n´avons pas de ressources. Parfois nous pensons que nous sommes addicts aux problèmes, c´est à dire que nous les aimons, mais nous apprenons a les résoudre" ont signalé il y a neuf ans les premiers intégrants de la junta de buen gobierno de la realidad.

Et surement ils continuent à le sentir, que le monde leur tombe sur la tête. Les problèmes ne se terminent pas lorsque l´on construit rien de plus qu´une autre forme de vie, de voir le monde, de se mettre en relation avec les autres dedans comme dehors. Lorsque l´on soulève pierre par pierre une expérience d´auto gouvernabilité sans précédents dans le monde, anticapitaliste, ou le monde du marché n´a pas de sens, mais celui des relations collectives et communautaires, si.

A la fin de leur première année de travail, été 2004, les autorités autonomes du caracol d´oventik ont dit " nous voyons que nous avons la capacité pour gouverner, pour travailler, voir et connaitre les problèmes. Nous avons appris à ne pas tomber dans les provocations du gouvernement et des partis politiques. L´expérience nous apprend que celui qui lève le premier la main, perd par la voix politique. Nous avons l´idée de résister par la voie pacifique, bien que nous sachions aussi nous défendre."

Durant toute cette année, ils ont expliqué "ce que nous avons le plus appris, ça a été de négocier, nous avons appris à coordonner le travail de la junta avec les municipalités autonomes. Nous reconnaissons que nous ne pourrions pas seul, sans le soutien de la société civil nationale et internationale. Nous travaillons du lundi au dimanche les 24heures de la journée, et ça ne nous suffit pas pour tout faire, mais nous apprenons. Obéissants et réussissant. Ce n´est pas facile. Rien n´est facile. »

La reconnaissance des difficultés est très zapatiste. Il ne s’agit pas que cela paraisse simple de décider de son propre destin, sinon de réussir des réalisations et les défis de manière simple et honnête. Les charges, très différentes de celles institutionnelles, sont une responsabilité, et non pas la réussite d´un fonctionnaire qui a été élu comme s´il gagnait la loterie. " Le peuple nous élit comme personnes honnêtes, et maintenant nous sommes compromis. Nous n´avons pas de période fixée, c´est à dire que quand le peuple dit que nous ne servons plus, bien il nous sort, et en met d´autres. Nous rêvons qu´un jour on reconnaisse nos droits, qu´il y ait un changement total, non seulement pour les indigènes mais avec tous les pauvres du monde. Ça ne se termine pas. C´est par là que naissent d´autres qui ne demandent pas non plus la permission de construire leur chemin. C´est de cela dont nous révons"

L´autonomie est un processus qui, ont-ils expliqué "vient de notre histoire de nos propres coutumes de notre système de justice, de notre agriculture... Un processus qui est comme un simple chemin. Nous, si nous savons marcher, bien que nous pouvons faire des erreurs, mais ce sont nos erreurs, et pas d´autres personnes qui nous les imposent."

 
C´est ça la fête de cette semaine. 10 ans de la formalisation d´un travail qui a plus de 20 ans. La célébration d´un des apports les plus forts de l´ezln au monde de la résistance, ou " les peuples apprennent à diriger et à surveiller notre travail et nous apprenons à obéir. C´est ainsi que nous travaillons" ont expliqué les autorités autonomes du Caracol de Morelia dans le reportage Chiapas la résistance publié dans la jornada à l´occasion de leur premier anniversaire.

Le travail ne s´arrête pas "il manque beaucoup, et parfois il semblerait qu´encore plus qu´au début, mais nous sommes content tant que nous avons la vie. Rien n´est pareil qu´avant" ont dit fièrement.


On retrouvera ci-dessous la série de reportages Chiapas la résistance publié le 19 septembre 2004 à l´occasion du premier anniversaire des Juntas de Buen Gobierno. Les textes ont été traduit a l´époque par le CSPCL


Chiapas la Résistance: CARACOL I, La Realidad

Chiapas la Résistance: CARACOL II Oventik

Chiapas La Résistance: CARACOL III La Garrucha
Bientot...

Chiapas La Résistance CARACOL IV Morelia
Bientot...

 

martes, 6 de agosto de 2013

Mois décisif pour Alberto Patishtan

A QUELQUES JOURS DE LA POSSIBLE LIBERATION D´ALBERTO PATISHTAN
ACTION MONDIALE POUR LE 21 AOUT 

C´est ce mois- ci que sera la toute dernière ligne droite dans le processus juridique autour du professeur Alberto Patishtan, prisonnier politique du Chiapas, qui devient le symbole et l´icône de l´injustice au Mexique.


Depuis près de 2 ans, la pression monte pour le faire libérer au niveau du Chiapas, du Mexique et International.


Ces derniers mois furent libérés les compagn-e-on-s prisonniers injustes qui avec lui avaient formé l´organisation la Voz del Amate, adhérents a la Sexta, de l´EZLN.

Des prisonniers injustes, qui étaient en prison depuis des années et qui, semblait-il, n´avaient plus trop d´espoir de voir le jour, ont enfin retrouver la liberté grâce à leur lutte et soutien solidaire national et international.

Rosario Díaz Méndez, Pedro López Jiménez, Juan Collazo Jiménez, Juan Díaz López, Rosa López Díaz, Alfredo López Jiménez, Juan López González, Benjamín López Díaz et Enrique Gómez Hernández ont pendant des années lutter pour la défense des droits des prisonniers par différentes actions comme les grèves de la faim, le jeune, et des manifestations.

Leur libération laisse Alberto seul en prison avec Alejandro, autre prisonnier injuste du Chiapas. 2 autres restent également prisonniers injuste au Chiapas. Mais les prisonniers libérés ont juré de continuer à lutter et s´organiser, même libres.

 

Les actions pour la liberté du professeur se sont multipliées ces derniers mois et devraient culminer le 21 aout après la double convocation du professeur Alberto Patishtan, et de Mouvement du Bosque, Las Abejas Acteal, et d´autres collectifs adhérents à la Sixième de l´EZLN.


Vous pourrez retrouver ici les Cartes d´Alberto Patishtan

Celle du 29 juillet

Celle du 4 aout ou Alberto convoque a une aciton mondiale pour la liberté des prisonniers injustes du Chiapas

Ici vous trouverez les photos et vidéos de la libérations des 9 prisonniers du Chiapas

Ici vous trouverez la convocation des Abejas, du mouvement du Bosque pour l´action mondiale du 21 aout

Convocation pour Action Mondiale pour la Justice et la Liberté d´Alberto Patishtan

CONVOCATION POUR LA JUSTICE ET LA LIBERTE D´ALBERTO PATISHTAN

Compagnons et compagnes, frères et sœurs:

Nous voyons la situation de répression, militarisation et criminalisation contre chaque tentative de libre organisation et de protestation que existe aujourd´hui dans notre pays, exemplifié par la violence qui s´est déchainée a Acteal  il y a 15 ans et qui aujourd´hui menace de revenir dans la communauté de Puebla a Chenalho tout comme dans d´autres villages en résistance, zapatistes et d´autres organisations. Tout comme conséquence du mauvais agissement de la classe politique mexicaine dont le gouvernement répond seulement aux intérêts des grands riches et des entreprises nationales et étrangères. C´est un fait, celui qui s´organise et proteste contre l´état actuel des choses, reçoit les tromperies, la répression, les disparitions la prison ou la tombe comme réponse de ce mauvais gouvernement.

Autre exemple de l´injustice et résistance c´est le cas de notre frère Alberto Patishtan Gomez qui est détenu depuis 13 ans pour organiser son peuple de El Bosque contre la corruption de la présidence municipale. Pour eux, et par vengeance des autorités ils ont fabriqué un délit fédéral et l´ont condamné injustement a 60 ans de prison. Malgré son emprisonnement Alberto  Patishtan à continuer sa lutte depuis la prison et cela a servi pour qu´a travers de l´organisation soient libérés beaucoup d´innocents des prisons.

C´est pour cette raison que nous voulons vous inviter le mercredi 21 aout de cette année, a une action mondiale pour la Justice et la Liberté d´Alberto Patisthan, en réalisant des actions pacifiques dans chacun de vos lieux.

Dans la ville de Tuxtla Gutiérrez, Chiapas, nous vous invitons à un pèlerinage à partir de 8 heure du matin, concentrant les véhicules dans le centre commercial, pour ensuite nous rendre, de manière organisée jusqu´au lieu qu´occupe la fontaine Mactumatza, qui est aujourd´hui un pont piétonnier, lieu où on commencera le pèlerinage jusqu´au Palais de Justice Fédéral (boulevard Angel Albino Corzo 2641) et où nous continuerons d´autres activités.



AU CHIAPAS ILS NOUS EN MANQUE QUATRE
LIBERTE POUR ALBERTO PATISHTAN GOMEZ
LIBERTA POUR ALEJANDRO DIAZ SANTIZ
LIBERTE POUR ANTONIO ESTRADA ESTRADA
LIBERTE POUR MIGUEL DEMEZA JIMENEZ

Premiers convoquant:
Mouvement du Peuple du Bosque
Société Civil Las Abejas de Acteal

Collectifs et Adhérents à la Sexta