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viernes, 6 de julio de 2012

Las Abejas (fr)



L'organisation de la Société Civile "Las Abejas" (les abeilles), est un groupe organisé qui lutte pacifiquement pour revendiquer ses droits, et pour défendre ses terres et territoires. Ses forces se soutiennent sur trois grandes racines: la culture, la parole de dieu et les droits écrits. Elle est née à partir d'un petit groupe et n'a cessé de grandir, elle comprend maintenant 6 municipalités des Hauteurs du Chiapas, la majorité parlant la langue maternelle Tsotsil et une partie Tseltal, tous descendants des mayas. Durant sa route, ils ont donné des témoignages de paix, de justice, de liberté, mais aussi des dénonciations et des protestations. Ils ont été présents dans différents lieux du pays et à l'étranger, cherchant à ce que leur action apporte quelque chose à la cause des autres peuples organisés et aussi dans le but d'articuler des efforts pour un objectif commun: La construction du bon vivre.







Histoire de "Las Abejas", les abeilles

Société Civiles Las Abejas
Un mouvement social, pacifiste pour le respect des droits indigènes.

En 1992, trois frères et sœurs Agustin, Catarina et Maria Hernandez Lopez, héritent, de leur père récemment décédé, d'un terrain de 120 hectares dans la communauté de Tsajal Chen, municipalité de Chenalhó, Hauteurs du Chiapas. Contexte dans lequel la coutume sociale ne permettait pas aux femmes, d'être propriétaire de terres, Agustin chercha à exiger l'exclusivité de la propriété et ainsi ignorer le droit de ses sœurs à recevoir l'héritage.
Rapidement ce petit conflit familial prend des proportions politiques alors que déjà divers groupes idéologiques et organisations civiles s'impliquaient dans les luttes pour le droit agraire des femmes. Cette situation provoqua la violence d'Agustin qui tira sur trois hommes qui soutenaient les résolutions en faveur des sœurs: Lorenzo, Nicolas et Vicente Hernandez Lopez, blessant les deux premiers et tuant le dernier. 






Sans assumer sa responsabilité directe dans ces actes de violence, Agustin se présenta au juge municipal et dénonça la culpabilité du conflit sur 5 individus: Mariano Perez Vazquez, Sebastian Perez Vazquez, Felipe Hernandez Perez, Antonio Perez Gutierrez et Manuel Perez Gutierrez, tous de la communauté de Tsajal Chen, situation qui provoqua l'arrestation illégale de ces 5 personnes qui furent envoyées au CERESO n°5 à San Cristobal de las Casas. Suite à cela, 400 hommes et femmes tsotsils, catholiques et presbytériens de différentes communautés de San Pedro de Chenalhó, organisèrent des marches pour exiger la libération des prisonniers.



Se rendant compte qu' organisés, ils pouvaient faire face communément aux injustices dont ils étaient victimes, en décembre 1992, ils décidèrent de se regrouper en société civile sous le nom de Las Abejas, organisation formée au début par 200 personnes de 8 communautés, toutes de Chenalho.




Le massacre d'Acteal

Le 1er janvier 1994 a commencé de manière explicite le conflit au Chiapas avec le soulèvement armé de l'ejercito Zapatista de Liberacion Nacional (EZLN, L'Armée Zapatiste de Libération Nationale). Ce mouvement cherche la reconnaissance et le respect des droits indigènes, et depuis ses débuts la Société Civile Las Abejas s'est montrée sympathisante avec ces demandes mais ne retient pas les moyens que l'EZLN proposait pour la gagner, c'est à dire la lutte armée. C'est ainsi que s'expose l'approche de Las Abejas avec le Zapatisme, comme un mouvement parallèle qui impulse une lutte pacifique.
La guerre ouverte dure peu de jours face à la pression de la société civile nationale et internationale et le 10 janvier 1994, se signe un pacte de non-agression entre l'État Mexicain et le groupe insurgé. Quelques mois après, commencent les dialogues qui cherchaient un dénouement définitif entre les parties opposées, premièrement à San Miguel Ocosingo et à San Cristobal de Las Casas en 1994 et postérieurement à San Andres Larrainzar à partir de 1995.
Dans ce processus qui tentait de donner une solution au conflit, Las Abejas participent activement à l'intérieur des ceintures de paix qui cherchaient à offrir un soutien à la sécurité du commandement de l'EZLN tout comme à l'intérieur des discussions qui offraient des propositions sur les tables d'échange.
Selon Pablo Romo, ex-directeur du Centre de Droit de l'Homme Fray Bartolomé de Las Casas (CDHFBLC), pendant que les représentants du gouvernement mexicain s'essayaient à dialoguer à la recherche de la paix, l'armée mexicaine commençait à implanter, par ordre de l'exécutif fédéral, une stratégie de contre-insurrection décrite comme "guerre de basse intensité". La stratégie se pose sur l'entrainement de groupes armés à l'intérieur des communautés qui feraient le "sale travail" pour arriver à faire passer les attaques comme conflits intra et inter communautaires ainsi qu'un développement propagandiste qui a comme objectif de discréditer l'information qui incrimine les actions gouvernementales.
Avec l'intention de "tuer le poisson en lui quittant l'eau" et en interprétant que tous ceux qui ne collaborent pas avec le gouvernement sont contre le gouvernement, à partir de 1995 l'État mexicain impulse la création de groupes paramilitaires qui continuellement harcèlent les membres des différents groupes politiques sympathisants avec le Zapatisme. Dans un premier temps,la stratégie à été implémentée dans le nord de l'état, principalement dans les municipalités de Palenque, Catazaja, Tila, Sabanilla, Yajalon et Chilon, servant comme une espèce de "laboratoire d'opérations" comme le rapporte Blanca Martinez, actuelle directrice du CDHFBLC. C'est à partir de 1996, dû entre autre choses à la création de la municipalité autonome de Polho et à l'augmentation des rangs zapatistes dans la zone, que la guerre de basse intensité arrive dans les Hauteurs du Chiapas.
Au début de l'année 1997 le conflit politique dans la zone commence à se compliquer et les groupes paramilitaires agissent de manière constante, faisant de nombreux actes de représailles contre ceux qui n'acceptent pas de les rejoindre. Postérieurement, les luttes entre zapatistes et priistes pour le droit d'exploitation d'une mine d'extraction de sable dans la communauté de Majomut deviendra une excuse utilisée par les paramilitaires pour augmenter leurs actions violentes.

La vague de peur qui s'est déchainée comme conséquence du continuel harcèlement des habitants des communautés de la part des groupes paramilitaires, amena le déplacement 
d'environ 9.000 personnes dans la zone qui ont durent être replacées dans des communautés sympathisantes qui servirent de campements de déplacés. Tout comme le déplacement massif de la population signifiait de nombreuses menaces et la présence de plusieurs cartels militaires à l'entrée des communautés, qui sont pour la plupart toujours présentes.
La montée du conflit engendra le 22 décembre 1997 où un groupe de tsotsils équipé d'armes de gros calibres tuèrent 45 personnes Abejas (118 femmes adultes, 5 d'entre elles enceintes jusqu'à 7 mois; 7 hommes adultes; 16 femmes mineures,âgées entre 8 mois et 17 ans; 4 enfants entre 2 et 15 ans) et blessèrent 26 autres, dans leur majorité mineurs, plusieurs d entre eux eurent des lésions permanentes.
Les personnes attaquées se trouvèrent réfugiées dans la communauté d'Acteal à cause du continuel harcèlement de groupes armés qui brulaient maisons et cultures, et leur volaient leurs biens. Ils étaient complètement désarmés, réalisant une journée de jeûne et de prière dans la chapelle de la communauté d'Acteal pour demander la paix dans la région. L'attaque a été perpétrée par environ 90 personnes, selon les témoignages des témoins oculaires. Le fait qu' un poste d'opération mixte (force militaire, judiciaire et de sécurité publique) se situait à 200 mètres, a servi pour justifier les opinions qui pointent vers une responsabilité directe de l'état mexicain.
Cet acte violent eut des conséquences politiques immédiates avec la démission du Secrétaire du gouvernement Emilio Chuayffet et du Gouverneur du Chiapas Julio Cesar Ruiz Ferro, ainsi que l'appréhension de Jacinto Arias Cruz, président municipal de Chenalhó pour être suspecté d'avoir offert l'armement nécessaire à la réalisation de cette action. Cependant, le fait qu'il n'y eut d'enquête sur aucun fonctionnaires de haut rang, comme l'ex président de la république Ernesto Zedillo ou dirigeants militaires, laisse penser, aux communautés abejas, que l'acte reste impuni.
D'un autre coté Las Abejas se réfèrent au fait que des actions comme le massacre d'Acteal, ou des cas 
comme ceux de Aguas Blancas en 1995 ou Oaxaca et San Salvador Atenco en 2006 se maintiennent impunis, reflètent les intentions qu'a l'État mexicain de détruire à tout prix, sans importer le cout des vies humaines, les mouvements qui cherchent à projeter un changement social.
A plus de 10 ans après le massacre qui modifia catégoriquement les dynamiques sociales des communautés Abejas, Acteal se présente comme un point depuis lequel s'émet une déclaration de rejet face aux relations asymétriques qu'expose le gouvernement mexicain contre les communautés indigènes.


Nom et age des victimes du massacre

María Pérez Oyalte, 43 ans,
Martha Capote Pérez, 12 ans,
Rosa Vázquez Luna, 24 ans, 
Marcela Capote Ruiz, 29 ans ,
Marcela Pucuj Luna, 67 ans, 
Loida Ruiz Gómez, 6 ans
,Catalina Luna Pérez, 21 ans,
 Manuela Pérez Moreno, 50 ans, 
Manuel Santiz Culebra, 57 ans, 
Margarita Méndez Paciencia, 23 ans,
 Marcela Luna Ruiz, 35 ans,
 Micaela Vázquez Pérez, 9 ans, 
Josefa Vázquez Pérez, 5 ans, 
Daniel Gómez Pérez, 24 ans, 
Sebastián Gómez Pérez, 9 ans, 
Juana Pérez Pérez,33 ans, 
María Gómez Ruiz, 23 ans, 
Victorio Vázquez Gómez, 2 ans, 
Verónica Vázquez Luna, 22 ans, 
Paulina Hernández Vázquez, 22 ans, 
Juana Pérez Luna, 9 ans, 
Roselina Gómez Hernández (?), 
Lucía Méndez Capote, 7 ans, 
Graciela Gómez Hernández, 3 ans, 
Marcela Capote Vázquez, 15 ans, 
Miguel Pérez Jiménez, 40 ans, 
Susana Jiménez Luna, 17 ans, 
Rosa Pérez Pérez, 33 ans, 
Ignacio Pucuj Luna, 62 ans, 
María Luna Méndez, 44 ans, 
Alonso Vázquez Gómez, 46 ans, 
Lorenzo Gómez Pérez, 46 ans, 
María Capote Pérez, 16 ans, 
Antonio Vázquez Luna, 17 ans,
 Antonia Vázquez Pérez, 21 ans,
 Marcela Vázquez Pérez, 30 ans, 
Silvia Pérez Luna, 6 ans, 
Vicente Méndez Capote, 5 ans, 
Guadalupe Gómez Hernandez, 2 ans,
 Micaela Vázquez Luna, 3 ans, 
Juana Vázquez Luna, 1 ans, 
Alejandro Pérez Luna, 15 ans, 
Juana Luna Vázquez, 45 ans, 
Juana Gómez Pérez, 51






Acteal 10 ans d´impunité et combien de plus? from Koman Ilel on Vimeo.

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