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miércoles, 12 de diciembre de 2012

Las Abejas

La Sociedad Civil "Las Abejas"

Histoire


L’histoire de «Las Abejas» a commencé en 1992, quand un conflit de terres entre membres d’une même famille a eu lieu dans la communauté de Tzanembolom, municipalité de Chenalhó. Un lot de terre reçu en héritage devait être partagé entre un frère et ses deux sœurs. Le frère n’a pas voulu partager avec ses sœurs pour être des femmes et il a voulu que celles-ci renoncent à leur droit héréditaire sur cette terre. Comme c’est la coutume, la communauté a réalisé une assemblée et a pris la décision de répartir la terre en trois parties égales. Le frère n’était pas d’accord avec la décision et il a promis une partie de la propriété à certains de ses amis (y compris d’autres communautés) s’ils l’aidaient. Ce groupe a commencé à menacer violemment le reste de la communauté.

En réponse, les habitants de Tzanembolom ont pris l’initiative de visiter les communautés voisines pour leur proposer de former une organisation qui leur donnerait la possibilité de se défendre en cas de possibles attaques. Le 9 décembre 1992, des représentants de 22 communautés se sont réunis à Tzajalchen pour former l’organisation «Las Abejas». Après la réunion, trois personnes furent attaquées par des hommes armés. L’une d’entre elles mourut et les deux autres furent gravement blessées. Au lieu d’arrêter les agresseurs présumés (le frère non conforme et ses amis), les autorités arrêtèrent cinq personnes qui avaient participé à la réunion sans mandat d’arrestation, les accusant d’être les responsables de la violence dans la région. Les prisonniers furent conduits à San Cristóbal de las Casas.
«Las Abejas» organisèrent alors un pèlerinage jusqu’à San Cristóbal où ils réalisèrent un sit-in sur la Place Cathédrale. «Pendant cinq jours, nous nous sommes rendus jusqu’à l’endroit où les prisonniers se trouvaient entre prières et musique autochtone. Après, cela d’autres frères et sœurs de Simojovel, San Andrés, Chalchihuitán et Pantelhó se sont joints à nous». Finalement, le bureau du Procureur de la Justice de l’état s’est vu dans l’obligation de relâcher les détenus pour faute de preuves.


«Las Abejas» expliquent leur nom de cette façon : «nous nous sommes unis en 1992 parce que nous sommes une multitude et que nous voulons construire notre organisation comme les abeilles construisent leur ruche, une organisation où nous travaillons tous, en collectif, et nous sommes contents des mêmes résultats, produire du miel pour tous. Tout comme les Abeilles, nous marchons unis, nous ne nous divisons pas et nous suivons notre reine qui est le Règne de Dieu. Nous savions depuis le départ que le travail allait être lent mais sur.»
Il existe également une autre interprétation quant à ce symbole de l’abeille «C’est un petit animal qui pique. Notre lutte est une lutte de piqûres pacifiques».
Depuis leur premier succès, «las Abejas» continuent à s’organiser. Elles sont désormais présentes dans 25 communautés de Chenalhó et ont 4000 membres, la grande majorité, des catholiques. Durant ces cinq années d’existence, «las Abejas» ont renforcé d’autres organisations dans la région : comités de santé, de droits humains, d’alternative pour la commercialisation et le stockage du café, des groupes de femmes et des groupes musicaux. D’un autre côté, «las Abejas» se maintiennent en résistance civile : ils ne payent pas l’électricité, ni l’impôt foncier, et ils ont décidé de ne recevoir aucun appui de la part du gouvernement tant que les Accords de San Andrés ne seront pas respectés et qu’il n’y aura pas une paix avec justice et dignité au Chiapas : «nous n’obéissons pas non plus aux gouvernements municipal et de l’état parce que nous ne les avons pas élu et qu’ils ne rendent pas la justice».




Las Abejas et les Zapatistes


Après le soulèvement zapatiste de 1994, «las Abejas» ont pris part aux Ceinturons de Paix (protection désarmée offerte par des civils) lors des négociations entre le gouvernement et l’EZLN. Mais «las Abejas» ne sont pas pour autant devenues zapatistes et elles ont décidé de rester un mouvement civil : «De la même façon que notre corps a deux yeux, deux mains et deux jambes, la société doit avoir ses deux jambes. L’EZLN en est une et nous comme civils, sommes l’autre. Nous ne sommes pas de l’EZLN parce que nous ne répondons pas à ses ordres. Nous devons continuer la lutte pacifiquement et non pas avec les armes.»

Les zapatistes respectent le chemin emprunté par «las Abejas» parce que pour eux, «la participation de la société civile est très importante». «Las Abejas» ont décidé de faire partie du Front Zapatiste de Libération Nationale (FZLN) en tant que Société Civile «Las Abejas». Les zapatistes et «las Abejas» partagent les mêmes objectifs, mais «notre forme est différente. Nous croyons en la Bible. Nous savons la lire : nous nous devons d’aimer nos ennemis, nous ne pouvons pas tuer. Et puis surtout, nous sommes tous des paysans pauvres, des frères et des sœurs .» Dans le cadre de conflits, «las Abejas» recherchent le dialogue : «Nous parlons la même langue et pour cela, nous pouvons parler pour résoudre nos conflits». Ils savent bien les risques qu’ils courent parce que, comme ils disent : «nous sommes le tampon entre le gouvernement et les zapatistes..., si ce tampon se rompt, il est plus facile pour le gouvernement d’attaquer nos frères zapatistes».


Une violence incessante

Au cours de l’escalade de violence qui a caractérisé la municipalité de Chenalhó au cours des derniers mois de 1997, «las Abejas» ont peint sur leurs murs : «société civile, zone neutre». Pour eux, le mot neutre signifie qu’ils ne veulent pas faire partie de la violence entre ceux du PRI et les zapatistes. Ils ont agi ainsi parce que «nous ne voulons pas de problèmes, nous ne savons pas porter des armes, nous voulons dialoguer. Nous connaissons d’autres façons de lutter. Mais ceux du PRI ne nous ont pas respecté. Ils ont brûlé nos maisons et détruit notre récolte».

La majorité des membres de «las Abejas» ont du abandonner leurs foyers et leurs communautés du fait des menaces, harcèlements et agressions de la part des paramilitaires. Ils vivent désormais dans les campements de déplacés d’Acteal, X’oyep, Tzajalchen et de San Cristóbal de las Casas. Ils refusent l’aide humanitaire offerte par le gouvernement. Ils affirment qu’ils veulent que les auteurs du massacre soient d’abord punis.


Les martyres d'Actéals



Toutes les victimes du massacre d’Acteal étaient de «las Abejas». Selon elles, ceux qui ont attaqué l’ont fait parce qu’ils savaient que «nous n’avions pas d’armes pour nous défendre. Suite aux attaques antérieures de ceux du PRI contre les zapatistes, certains PRIistes ont été tués eux aussi». Les victimes savaient qu’elles allaient être attaquées, parce qu’elles avaient reçu des avertissements depuis la veille. «Mais nous avons décidé d’avoir confiance en Dieu et nous avons commencé à prier dans l’église. Nous savons désormais que ceux qui sont morts étaient des martyrs. Nous allons construire un sanctuaire pour eux à Acteal. Nous savons que Dieu a reçu les 45 qui sont morts et qu’il se prépare à nous recevoir. Parce que la lutte continue. Nous n’avons pas peur de mourir. Nous sommes prêts à mourir mais pas à tuer. Si Dieu nous permet de vivre quelques jours de plus, c’est bien. Si non, c’est bien aussi».

«Las Abejas» ne sont pas un groupe faible et sans défense, comme certaines personnes le disent et comme les paramilitaires assassins ont pu le voir. Au contraire, dans un scénario dominé de manière croissante par la violence, «las Abejas» se sont transformées en un acteur dangereux et menaçant, «armé de l’amour de Dieu» qui rompt la logique de «oeil pour oeil». Avec leur attitude, elles laissent à découvert la violence illégitime du pouvoir auquel elles font face : «Certains d’entre nous sont morts, en semant les graines de paix pour d’autres. Nous savons que la lutte continue en nos enfants. Maintenant tout le monde nous connaît et nous comprend. En dépit de ce qui s’est passé à Acteal, nous croyons toujours en notre cause.»

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