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miércoles, 12 de diciembre de 2012

Michel Chanteau: Le Massacre d'Acteal


 

Le massacre d’acteal
Extrait du livre du Père Michel Chanteau



"Il s’est dit et il s’est écrit beaucoup de chose sur le massacre d’Actéal. J’aimerais seulement vous raconter comment j'ai vécu ces tristes jours.

Le 22 décembre, mon ami le cinéaste belge, Thierry, vint me voir avec son épouse Véronica, bien qu’Andrés Aubry à San Cristobal leur avait dit - je ne crois pas que ce serait bien ni pour vous ni pour Michel d’aller à Chenalho. Mais Veronica avait très envie de me connaître et de voir le peuple où Thierry avait filmé durant plus de 10 ans. Vers midi, Thierry me dit : -Michel, si tu n’as pas de temps pour écrire a ton frère je vais prendre un vidéo pour lui. Nous prenons l’apéritif et sortons pour manger au restaurant de l’autre coté du zocalo. A 5h de l’après midi Thierry et Véronica partirent mais a l’entrée de la CAVECRA des agents de la migration leur confisquèrent leur visas et leur donnèrent 48 heure pour sortir du pays. C’était un délit de parler au curé de Chenalho

En soirée, dans le village, certains commentaires faisaient référence à un problème qui aurait lieu à Acteal durant la journée. Je n’y était pas allé sinon jusqu’au jour suivant, à l’heure du premier bulletin de presse de la radio à 5h du matin, qui m’informa du massacre d’Actéal : 45 indigènes assassinés par leur frère de peau : les paramilitaires

Cela faisait déjà un certain temps, qu’Actéal fut détruit par les paramilitaires, excepté l’ermitage qui se trouvait plus loin. C’était là que les Abejas (les membres de la société civile) avaient trouvés refuge. Le catéchiste Chef de Zone, Alonso Vasquez Gomez, a invité ses fidèles à célébrer les trois jours de jeûne et de prière pour demander à Dieu le retour de la paix « avec justice et dignité », mais aussi la réconciliation avec leurs ennemis. C’est pour cela que le 22 décembre une grande partie de la communauté se trouvait dans l’ermitage

Depuis très tôt, un groupe d’au moins 70 paramilitaires habillés d’uniformes de police, ont entouré le campement de réfugiés et ont commencer a tirer des rafales d’armes automatiques. Se fut la débandade, mais très rapidement quelques corps restèrent gisants sur le sol. Vers les 10h du matin, le vicaire général, le père Gonzalo Ituarte, Secrétaire de la CONAI su ce qu’il s’était passé. J’appelais alors par téléphone les autorités gouvernementales de Tuxtla Gutiérrez, lesquelles se mirent en contact radio avec le Général responsable du secteur d’Actéal. Ce dernier répondit : Rien à signaler. Bien que la police était à 200 mettre de lieu de la tragédie, et l’armée à 15 minutes. La boucherie dura de nombreuses heures, laissant pour solde, 30 blessés, et 45 morts. Parmi eux 15 enfants et 21 femmes, quatre d’entre elles enceintes furent étripées.

Après avoir accomplit cette dégoûtante tâche, les paramilitaires se retirèrent sans être déranger par les policiers. Ils brûlèrent leurs uniformes et cachèrent leurs armes. Bientôt, l’armée établit un cordon sanitaire pour empêcher les curieux, et par-dessus tout les journalistes, de s’approcher alors que les policiers essayer d’effacer toutes preuves d’une agression, amenant les blessés à Tuxtla et entassant les cadavres avec l’ordre de les brûler. C’est ce que me disait le président municipal, Jacinto Arias, mais ceci n’était pas possible à cause de la présence des journalistes. Donc, malgré les protestations des familles les cadavres furent amenés à Tuxtla sous prétexte de pratiquer une autopsie
Le 23 décembre, après avoir appris cette macabre nouvelle je fut à San Cristobal pour consulter Samuel Ruiz qui me dit : - Michel, je te demande (…) de ne pas célébrer la messe de noël à Chenalho. Je retournais au village pour prévenir Moises de la décision de l’évêque, la célébration allait se réaliser dans sa maison (…) Je prévins également don Abel (celui qui se charge de mes conseillers lorsque je suis sur San Cristobal). Sa femme, Anita s’exclama :
« Comment c’est possible que nous restions sans faire de messe de noël ? »
Abel rajouta : « Qu’est ce qu’on a voir avec ces abrutis d’indigènes »
A l’écoute de cette réflexion, le sang bouilla en moi, et je m’énervai en criant :
- Tu prétends être chrétien et catholique, mais tu ne comprends rien ! On vient juste de tuer 21 femmes et 15 enfants et cela ne t’importe pas car ce sont des indigènes, mais si on maltraite un chien alors tu t’énerves !
Il faut expliquer que Abel sortait tout juste de 6 mois de prison, accusé dans le massacre de 6 jeunes indigènes (…).

Le 24 décembre, j’étais aller accompagné Don Samuel pour la messe de noël à la cathédrale de San Cristobal. Nous étions tous les deux en larmes. (…)

Le gouvernement avait ramené les corps sans indiquer les noms de ceux-ci. Les familles devaient alors ouvrir les cercueils pour reconnaître les leurs, il y avait déjà une odeur pestilentielle. Il était alors passé trois jours depuis le massacre et les corps mutilés avait été amené sans aucun soin à Tuxtla en camion où il fait une chaleur exponentielle.

Le noël le plus triste de ma vie dira Don Samuel Ruiz

Le 31 décembre je fus à Actéal pour la messe du nouvel an. Malgré 32 ans de présence je commis une erreur en demandant où était la fosse commune. Les catéchistes me répondirent « il n’y a pas de fausses commune sinon une fausse communautaire. (…).


A la fin de la messe je dirigeais ma parole à toute l’assemblée.
« Regarder, cela fait 39 ans de sacerdote et c’est seulement aujourd’hui que je comprend le drame du calvaire. En effet : que s’est il passé ce jour ? La vierge marie a souffert du même drame que vous, mes frères avec Jésus crucifié. (…) Rappelons nous aussi du cri de jésus, « Père pardonne les car ils ne savent pas ce qu’ils font. Frères et sœurs, ceci est l’exemple que nous ont laissé jésus et marie


Dans l’après midi de ce même jour, je fut témoin une autre fois de la foi et de l’espérance inébranlables de mes frères indigènes. Les catéchistes m’avaient appelé pour me dire : « Michel, demain c’est le premier jour de janvier. Demain commence une nouvelle année, une nouvelle étape. Nous voulons que le sang de nos frère et sœurs, n’ait pas coulé en vian. Donc demain tôt, tu vas nous célébrer une messe de la résurrection.

A la fin de la messe je dis : « Frères et sœurs, nous pensons être comme le Peuple de Dieu, en direction de la terre promise. Pour nous se serait être en marche jusqu’à un lieu où il y aurait suffisamment de terres pour donner à manger à nos familles et de fait nous passons de l’exode à l’exil. Mais rappeler vous que durant l’exil, Dieu avait demander à des prophètes de soutenir l’espoir de son peuple qu’un jour il retournerait à leur patrie. Donc je vous le demande, frère et sœur catholiques, être aujourd’hui les prophètes de votre peuple, soutenir l’espoir qu’un jour vous aussi retournerez vivre en paix chez vous. « Dans la justice et la paix »."


Le 26 février 1998, 4 jours après sa deuxième messe de commémoration du massacre d’Actéal, le curé de Chenalho fut expulsé. (ndlr)
"Las Andanzas de Miguel Chanteau"
Par Michel Chanteau
Traduit par Espoir Chiapas

  
A LIRE:
La Société Civile Las Abejas
Les Paramilitaires
Le Massacre d'Acteal
Le racisme à Chenalho
Tatic Samuel
Le Congrès Indigène
La fête des morts dans les communautés 

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