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sábado, 16 de febrero de 2013

Sous Commandant Pedro


Le Sous-Commandant Pedro ou La Larga Vispera

"J'allume ma pipe et de la main je fais signe vers les lointains. Pedro regarde dans la même direction, se lève et dit, se dit, nous dit: -Oui, on commence à voir l'horizon."
Sous-Commandant Marcos
26 octobre 2003


Le Sub l'appelle Mon Frère. En 2003, les femmes de La Realidad ne peuvent l'évoquer, dix ans après son décès, sans que des larmes viennent leur troubler la vue, les insurgés du 1er janvier 1994 parlent de lui avec un respect et une tendresse non dissimulée. Les communiqués zapatistes lui rendent régulièrement hommage.

Le calendrier et la géographie

Mort le 1er janvier 1994 lors du soulèvement zapatiste, il est l'un des six fondateurs de l'EZLN, le 8 novembre 1983.

Héctor Ochoa, alias Sous-Commandant Pedro, est né un 26 octobre (dixit le Sub), au DF. Sans doute en 1963. Ou en 1962. Mais bon, il y a calendrier et calendrier, géographie et géographie…
Alors qu'il travaille pour la Pemex, la compagnie des pétroles mexicains, à Macuspana, dans le Tabasco, il intègre le FLN (Frente de Liberación Nacional). C'est là sans doute qu'il se forme aux mouvements de masse et aux tactiques de la guérilla.

Lors de la "Larga Vispera" cette longue veille zapatiste qui s'étendit sur les dix années précédant le soulèvement, et durant laquelle des hommes et des femmes se sont organisés et ont lutté pour que le monde entende enfin ce qu'ils avaient à lui dire, Héctor Ochoa, alias Sous-Commandant Pedro, concentre ses efforts sur le territoire tojolabale, dans la région de Las Margaritas.

Désigné Chef de l'Etat-Major et Commandant en Second lors de la rébellion, il a pour mission de prendre le chef-lieu de Las Margaritas, puis de poursuivre par l'attaque de la caserne de Comitán, à vingt kilomètres de là.

Alors que ses troupes ont pénétré dans Las Margaritas, et que tout est calme sur la place centrale de la ville, il sort, accompagné de deux hommes. Atteint par une balle tirée par un homme embusqué, il ne survivra pas à ses blessures. La piqûre d'adrénaline du lieutenant de santé Gabriela ne sera d'aucun secours contre la gravité de l'impact.

Sous le passe-montagne
 Enterré dans la communauté zapatiste de La Realidad, le Sous-Commandant Pedro est une légende. Décrit comme grand fumeur de Alas et amateur inconditionnel de café, il aimait jouer au football avec les gamins des villages, leur apprenait le jeu d'échecs, portait une attention respectueuse aux anciens.



Ceux qui l'ont connu évoquent sa gaîté, son enthousiasme, la force qu'il était capable de leur communiquer, et affirment qu'il adorait danser, notamment sur les notes du "Cheval Blanc".
Les insurgés disent qu'il aimait marcher, (mais mieux vaut aimer cela quand on est guérillero zapatiste !) qu'il leur apprenait à se déplacer, la nuit, sans lumière, et qu'il était d'une grande patience quand il s'agissait de donner des explications. Mais aussi, clandestinité oblige, d'une sévère intransigeance sur la sécurité et la discrétion lorsqu'il fallait aller d'un camp à un autre, ou parler dans les villages.

On commence à voir l'horizon

"Qu'importe où nous surprendra la mort, disait le Che. Qu'elle soit la bienvenue, pourvu que notre cri de guerre soit entendu, qu'une autre main se tende pour empoigner nos armes, et que d'autres hommes se lèvent." C'est fait, Pedro. Viva Marcos ! Viva Moise ! Les compañeros et compañeras n'ont jamais posé les armes. Et, chose inattendue, des hommes se sont levés partout dans le monde, pour entendre la parole zapatiste, la soutenir et lutter en apprenant d'elle. La Otra est vivante dans ceux qui y adhèrent.
Marcos dit de Pedro qu'il aimait regarder les cartes; et si c'était pour préparer le soulèvement, ouvrir des voies dans la Lacandone ou les Altos, sans doute s'y penchait-il aussi comme on se penche sur les possibles d'un Autre Monde.
Oui, on commence à voir l'horizon. Et même très clairement. Jamais on ne l'avait vu aussi distinctement. La grande machine du néo-libéralisme se fissure de tous côtés, la brute craque; elle va bien finir par crever sous le poids de son orgueil dément.




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