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martes, 8 de marzo de 2016

8 mars au Chiapas: Avancées et autonomies chez les femmes de la Société Civile des Abejas

Les femmes organisées de l'Organisation de la Société civile des Abejas d'Acteal ont annoncé la semaine dernière une marche pour la journée du 8 mars, journée internationale pour le droit des Femmes.


Chaque année les compañeras luttent pour organiser cet événement pour revendiquer leur droit mais aussi pour raconter les avancées qu'elles ont effectuées pour s'émanciper du machisme qui reste particulièrement présent dans ces zones.


Cette année, elles ont annoncé une marche depuis une communauté des Hauteurs de la municipalité indigène de Chenalho, pour arriver ensuite massivement dans cette même municipalité. Non seulement marcheront les femmes, non seulement marcheront les Abejas, mais cet évènement est ouvert, et rassemblera des compañeras et compañeros de divers municipalités, organisations, ou collectifs du Chiapas.

 

Le slogan qu'elles ont proposé pour convoquer cette marche pour 2016, était d'unir leurs forces et "pour défendre notre Terre Mère, nos Racines, comme peuple originaire, comme organisations, et comme Société Civile".


Chaque année, les actions du 8 mars, rassemblent de plus en plus de personnes qui sortent pour manifester dans les rues, pour informer d'autres femmes et pour leur permettre d'ouvrir les yeux et les coeurs sur la situation de la femme. Ces actions permettent aussi de sensibiliser et d'ouvrir le débat sur le machisme au sein de l'organisation. Les hommes d'ailleurs, participent toujours aux marches et crient avec les compañeras les mêmes slogans avec le même entrain "Ca Se Voit, Ca se Sent, Les femmes sont Présentes!" "Les femmes qui se taisent, Jamais ne seront écoutées"...

Après des années de lutte, les premiers résultats commencent à se voir. Les femmes participent de plus en plus dans les différentes aires de travail de leur organisation. La Coopérative artisanale Jolob Luch Maya, qui rassemble près de 70 compañeras, et l'ouverture de leur boutique dans la ville de San Cristobal de Las Casas, leur a permis d'obtenir une source de revenu et ainsi une participation à l'économie familiale, mais il faut aussi signaler les efforts depuis plus de 5 ans des femmes pour s'organiser et créer une caisse solidaire d'épargne. Plus de cent femmes participent à ce projet, qui permet la gestion de projet collectifs (épicerie solidaire, achat de bovins...), de prêt à taux très avantageux, voir même sans intérêt pour tous les problèmes de santé, pour partager l'actualité, et leurs avancées comme femmes...

Ces marches et le travail des compañeras ont permis la participation des femmes dans d'autres aires autonomes de l'organisation, comme c'est le cas dans l'aire de santé, qui compte depuis dorénavant deux années sur la présence de nouvelles promotrices de santé.

Les choses changent et de nombreux compañeros admettent que les compañeras sont les plus avancées, ce qui coïncide avec le communiqué des Sous Commandant Galeano et Moisés: "Et les Communautés Zapatistes?" "celles qui sont le plus avancées dans les collectifs de production et de commerce, ce sont les compañeras"

Mais il manque encore beaucoup à faire. Si la participation des compañeras dans les aires se fait petit à petit, si les compañeras commencent à pouvoir sortir de leur maison pour participer aux réunions ou ateliers, si de plus en plus de compañeras administrent des projets, le chemin est encore long pour généraliser leur participation, et elles ne peuvent toujours pas accéder au charges d'autorités, ou de représentantes. Il reste encore beaucoup à faire, cela prendra son temps, et les compañeras le savent.

Leurs droits, comme n'importe quelles femmes indigènes sont en effet très limités. L'alccol, le pox (eau de vie), continuent d'être un grand problème dans les communautés, et ce sont les femmes les premières à souffrir de cela, la violence contre elles n'est toujours pas éradiquée. De nombreux hommes ne laissent pas leur femmes sortir de la maison ou de leur communauté pour participer dans les différentes aires ou travaux de l'organisation. La sécurité des compañeras n'est pas toujours garantie et les alcooliques, tout comme les paramilitaires restent une menace permanente pour elles.

 

Ce 8 mars, la marche se fera dans la municipalité de Chenalho, c'est la première fois qu'elles sortent des montagnes pour arriver en ville, et probablement, ainsi, connaitre de nouvelles problématiques

En 2012 les compañeras avaient occupé le camp militaire de Majomut, et sans peur, elles avaient expliqué aux soldats qu'elles ne les voulaient plus dans leurs communautés et sur leurs terres, et les avaient alors invité à partir.

En 2013, les compañeras de l'organisation des Abejas avaient effectué un pélérinage de plusieurs heures jusqu'à arriver dans la terre sacrée d'Acteal et lire leur communiqué:
"Nous les femmes de Chenalho, nous invitons les compañeras: n'ayez pas peur à dire la vérité, à dénoncer la maltraitance du gouvernement qui créér plus d'aide assistencialistes dans les communautés qui rendent aveugles les gens avec leur mensonge et termine avec nos forces pour éviter des manifestations contre les mauvais actes du gouvernement".

 

En 2014, les femmes avaient dénoncé: "historiquement les femmes, nous avons été traité comme des objets, comme inférieures. Cette mentalité discriminante et machiste, nous a dévié de nos vrais droits comme femmes. L'un des droits qui nous a été refusé, c'est le droit à la terre. Aujourd'hui nous disons qu'il faut changer cette vieille coutume, que seul l'homme peut hériter des terres. Aux papas et hommes, reconnaissez aux femmes leurs droit à la terre et que nous sommes égales que vous."


En 2015, les Compañeras courageuses, après avoir été rassemblées dans la municipalité autonome de Polho, sont arrivées dans le camp militaire de Majomut pour dresser le drapeau blanc de la Paix, avec la motivation des cris de leurs compañeros et compañeras!


"Travailler comme soldat, ce n'est pas bien, vous ne faites que violenter les femmes et la nature, en plus il y a certaines femmes qui ont des enfants avec vous, si vous voulez vraiment vivre et partager avec vos enfants, vous pouvez chercher un autre travail, où la violence ou la mort n'est pas requise".

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