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lunes, 28 de marzo de 2016

Brochure du Communiqué de l'ezln: "Et pendant ce temps dans... les communautés des partis politiques"


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"ET PENDANT CE TEMPS DANS …les communautés des partis politiques."

 ARMÉE ZAPATISTE DE LIBÉRATION NATIONALE.
Mexique.
Février 2016
Aux Compañer@s de la Sexta, A qui de droit,
Compas et non compas :
Ce que nous vous racontons provient de la propre voix d’indigènes des partis politiques (les partidistes) qui vivent dans les différentes zones de l’État du sud-est mexicain du Chiapas. Bien qu’ils militent, sympathisent ou collaborent dans différents partis politiques institutionnels (PRI, PAN, PRD, PVEM, PMRN, PANAL, PT, PES, PFH... plus ceux qui se rajouteront d’ici 2018), ils ont en commun le fait d’avoir reçu les projets assistencialistes du mauvais gouvernement et de constituer du bétail humain pour les votes et les acheminements terrestres et célestes, en plus, bien sûr, d’être indigènes et mexicain.e.s.
  Ce que vous allez lire maintenant, non seulement n’est pas apparu, ni n’apparaît, ni n’apparaîtra dans la presse commerciale locale, nationale et internationale ; mais elle contredit aussi ponctuellement la propagande gouvernementale et les louanges que ces médias chantent (très mal, d’ailleurs).
Pour synthétiser , ce sont des manifestations d’un crime : la spoliation « légale » des terres, de l’histoire et de la culture de communautés indigènes qui ont cru que les mauvais gouvernement et les organisations partidaires étaient là pour les aider. Nous avons omis les noms réels des communautés et des personnes concernées sur demande express de celles et ceux qui ont parlé et qui, dans certains cas, ont peur des représailles ; dans d’autres, à cause de la honte et de la moquerie qu’ils endurent à cause de l’offense qui leur a été faite.
Les protagonistes sont seulement une part minime des victimes d’une guerre, la plus brutale, terrible sanglante et destructrice de l’histoire mondiale : une guerre contre l’Humanité.
  Nous vous mettons seulement quelques exemples car il y en a beaucoup, bien que le mensonge et la souffrance les rendent tous également frères et soeurs. Donc allons-y :
  Ce qu’on écrit est ce qu’il se passe dans les communautés des partis politiques.   Au début on n’y croit pas, mais ce que nous vous racontons est arrivé comme nous le racontent et nous le disent les compañer@s bases d’appui, et comme le racontent aussi ceux qui ne sont pas zapatistes dans les communautés sur ce que les gens endurent déjà dans leurs villages. Cela, sans compter ce qu’endurent les autres peuples des compañeros et compañeras du Congrès National Indigène dans notre pays, dont on n’est pas trop au courant parce qu’aucun média ne publie l’information, car la majorité des médias existants sont des médias commerciaux.   Cela, ce que nous vous écrivons, ça date de moins d’un an.   Voyons comme si nous étions dans un Dronesouterrain, pour voir comment vont les partidistes d’en-bas, loin des statistiques gouvernementales et des encarts payés dans les médias.
  Du côté de La Realidad, dans une communauté - bon, ça restera une communauté s’ils cherchent à se défendre, parce que vous allez voir ce qui s’y est passé-. Ce ne sont pas des zapatistes, mais des gens des partis politiques, des partidistes.
  Et donc est arrivé le projet de bétail du mauvais gouvernement. Il a offert du bétail à tous ceux qui sont ejidatarios, qui sont membres des terres collectives. Pas en commun, mais de manière individuelle. A chacun ses vaches, son cheval, sa monture, son enclos, ses barbelés pour l’enclos, pour le sel, et ce qu’ils leur ont donné en commun, cest un kit pharmaceutique de vétérinaire.
  Et donc les gens tout contents. Ils avaient même leurs panneaux et leur tee-shirt comme quoi le gouvernement réalise ce qu’il dit. Et les gouvernants se sont pris en photo et ont payé les médias commerciaux pour qu’ils mettent la nouvelle en grand : "les communautés des partis politiques avancent, alors que les zapatistes sont pareils, si ce n’est pire qu’en 1994". Les fonctionnaires ont noté dans leur livret de comptes qu’ils ont dépensé beaucoup pour cacher ce qu’ils avaient volé : une partie pour eux, une autre pour les gouvernants et encore une autre pour les médias commerciaux.
  Mais il se trouve que les nouvelles se déplacent comme une poule aveugle qui ne sait pas vers où aller : que ça y est, le Chapo s’est échappé une seconde fois, que ça y est, ils l’ont attrapé pour la troisième fois, que ça y est le Pape est arrivé, que ça y est, le Pape est parti, et pendant ce temps, dans n’importe quel recoin du Mexique, ou bien du monde, ils ont frappé-violé-enfermé-assassiné-fait disparaître-n’importe-qui. Et donc l’actalité fait partie du système, c’est-à-dire que l’actualité aussi, c’est une marchandise. Qui fait des ventes aussi bien si on en parle, que si on n’en parle pas. Du coup, les médias reçoivent un chèque plus important pour parler.... et un chèque encore plus imporant pour se taire.
  Mais peu de temps plus tard, à l’un de ces ejidatarios du village qui reçoit des aides du gouvernement, la nécessité lui est tombé dessus, et il a vendu une vache. Quand on parle de "nécessité", ça veut dire qu’il a eu une urgence, par exemple une maladie grave. Et alors l’inspecteur du projet est arrivé, et il a commencé à compter une par une les vaches qu’il leur avait donné, et du coup, il manquait une vache de l’un d’entre eux, d’un ejidatario. Et alors l’inspecteur a demandé où se trouvait la vache manquante, et le monsieur a répondu : "je l’ai vendu par nécessité". Et l’inspecteur lui dit : "tu ne peux pas vendre. Pourquoi tu n’as pas demandé la permission ? Tu dois en racheter une à la place, et qu’elle soit de la même taille et de la même race". Et le monsieur ejidatario, il lui dit à l’inspecteur : "mais comment monsieur ? Si j’ai dépensé l’argent par nécessité, où est-ce que je vais trouver l’argent pour en acheter une autre ?" et l’inspecteur de répondre : "ça, ce n’est pas mon problème, c’est ton problème ; achètes-en une autre, c’est tout, et si non, et bien on va t’enlever toutes les autres".
Le mois ne s’était pas écoulé que le maudit inspecteur revient et qu’il réunit les ejidatarios. Et c’est là qu’il leur dit à tous... il sort une montagne de papiers, il les montrent aux gens et il leur dit, c’est-à-dire que l’inspecteur, il dit aux gens : "tous ces papiers, c’est la liste, les reçus, les factures de tout ce que vous avez déjà reçu du gouvernement, c’est pour ça que maintenant, la terre n’est plus à vous, vous devez partir, et il vaut mieux que cela se passe sans problème, sinon ça sera de force. Si vous choisissez de partir tranquillement, l’endroit oú vous allez partir pour vivre est déjà prêt : à Escarcega, c’est-à-dire dans l’état de Campeche, ou sinon, dans les Chimalapas".
C’est-à-dire que durant tout ce temps où il étaient satisfaits du soutien du mauvais gouvernement, en réalité, ils étaient en train de s’occuper du bétail qui n’était pas le leur, comme des ouvriers agricoles. Et tous les papiers qu’ils ont signé, avec leur preuves d’appartenance à l’ejido et leurs cartes d’électeurs, en fait, c’est qu’ils étaient en train de vendre bien mal leur terre, sans le savoir.
  Et voilà, c’est tout , les sourires ont disparu, et la peine, la tristesse, la douleur et la rage sont arrivées.
  Parce que là, dans ce lieu, c’est une zone touristique. C’est là oú le fleuveJataté laisse des petites îles, qui sont très belles. C’est cela, ce que veulent ces messieurs les arnaqueurs qui vivent des billets et de la monnaie. C’est ce qui se passe dans la communauté de X, municipalité officielle de Maravilla Tenejapa, à la frontière avec le Guatemala.
Savez-vous où se trouve les Chimalapas ? Oui, à la frontière avec l’Etat de Oaxaca. Savez-vous que fréquemment, il y a des conflits par là-bas, pour des problèmes de terre, entre paysans de Oaxaca et paysans du Chiapas ? Bon, et bien il va y en avoir plus. Le gouvernement fédéral et le gouvernement du Chiapas sont en train d’utiliser ce lieu pour reloger ceux qui sont spoliés de leurs terres. C’est cela, ce que fait le populisme gouvernemental : il ne résout pas les problèmes, ils les rend encore plus grands et les transfert à d’autres géographies pour qu’ils éclatent dans d’autres calendriers.
  Les mauvais gouvernements et les partidistes d’en haut, ils s’en moquent des besoins des gens. Toutes leurs campagnes et leurs programmes sociaux ne sont rien d’autre qu’un grand mensonge et une source d’argent pour s’enrichir. C’est aussi un moyen pour la spoliation.
  Mais continuons d’écouter et de regarder les partidistes :
  Dans la zone du caracol de la Garrucha (mais aussi dans d’autres zones), il s’est passé ce qu’on vous raconte : dans les communautés de W, X et Y, ils ont reçu les projets "Pro Arból" [Pro Arbre]. Il y a plus de villages concernés, mais eux ne nous en ont a pas parlé. Ceux qui en ont parlé, ce sont ces trois communautés, c’est pour cela que nous vous le racontons. Tous sont des partidistes de la municipalité officielle d’Ocosingo, Chiapas.
Á tous ces villages, le gouvernement leur a interdit de couper des arbres pour leurs besoins, par exemple le bois pour cuisiner ou le bois pour la construction de leurs maisons. Et déjà les gens disent qu’ils ont peur de ce qui va leur arriver, qu’ils leur ont juste donné un bout de terre pour leur champ de maïs en bas de la montagne, et que s’ils défrichent plus haut, ils ont une amende. Donc, s’ils ont besoin de changer une planche de leur cabane, ils doivent acheter la planche dans les scieries. Les scieries ce sont de grandes entreprises, et eux si, ils peuvent couper les arbres, tous ceux qu’ils veulent, là oú les paysans ne peuvent pas les couper. S’ils ont besoin de bois pour cuisiner, et bien les paysans doivent en acheter ailleurs, et porter les billes de bois pour les ramener jusqu’à leurs maisons, et c’est ainsi qu’ils s’en vont avec leur chargement, marchant via les mêmes routes où circulent les grands camions avec de gigantesques troncs d’arbres coupés sur les terres de la communauté où les habitants ne peuvent plus couper de bois "pour protéger l’écologie".
  D’où le paysan sort l’argent pour acheter ces planches dont il a besoin pour sa maison, ou ce bois pour cuisiner ? Et bien des programmes gouvernementaux. Que faut-il pour recevoir les aumônes du gouvernement ? Et bien présenter l’acte de l’assemblée, sa carte d’identité, le « CURP », et tous ces papiers qui marquent les personnes, tout comme on marque les bovins et les arbres. Des marques qui soi-disant, servent à donner une identité aux personnes, et ce qu’ils font, c’est la leur quitter : ce n’est plus tel ou telle, mais le numéro tel.
Et pourquoi les mauvais gouvernement veulent ces papiers ? Et bien pour démontrer que les paysans ont vendu leurs terres légalement, et pouvoir les expulser légalement, et légalement les déplacer, sur d’autres terres envahies illégalement. Et ainsi de suite.
  Mais les femmes dans les familles des partis politiques, comment vont-elles ? Et bien nous allons vous raconter ce que disent ces mêmes gens des partis :
  Dans 2 communautés, X et Y, les femmes sont sorties recevoir leurs projets, mais le gouvernement leur a dit que les jeunes filles devaient aussi venir, et que le rendez-vous était à Tuxtla Gutiérrez, la capitale de l’État mexicain du Chiapas, où vivent le gouverneur et ses fonctionnaires. Et bien, il s’avère qu’en arrivant à Tuxtla, ils ont emmené les jeunes filles d’un côté et laissé les dames ailleurs. Mais il se trouve que parmi les jeunes filles qu’ils ont emmené, se trouvait aussi une dame par erreur. Et c’est elle qui appelé son mari et qui lui a dit qu’elles se sont retrouvées enfermées dans une maison durant 3 heures. Et les jeunes filles racontent qu’ils les avaient obligées à avoir des relations sexuelles. Et maintenant ce qui se raconte dans la communauté c’est ce que font vraiment les fonctionnaires : qu’en échange de l’accès au projet, ils obligent les jeunes femmes à avoir des relations sexuelles. Par exemple une jeune fille était dans le pétrin, car ils l’avaient obligée à avoir une relation sexuelle, et elle a demandé à sa maman si c’est comme ça la première fois, si ça fait mal d’avoir une relation sexuelle. Et sa maman a demandé à sa fille :"pourquoi ma fille ? qu’est ce qu’il y a ? pourquoi tu me demandes ça ?" lui a dit sa mère. Et la jeune fille dû lui raconter ce qui s’était passé à Tuxtla.
  C’est à dire que, dans les communautés des partis politiques, le mauvais gouvernement est en train de réimposer le droit de cuissage (quand une femme allait se marier, le gérant de la finca ou de l’hacienda - la grande exploitation -, avait le droit de violer la femme). Et il est vrai qu’ils gouvernent et qu’ils s’habillent comme les gens des fincas et des haciendas d’autrefois. Et, comme autrefois, ils reçoivent les bénédictions du Haut Clergé qui leur ouvre les portes des cathédrales, pour que, via contribution monétaire, ils reçoivent les sacrements, expient leurs crimes et leurs viols, et retournent ensuite poser purs et souriants sur les photos de la presse commerciale et à la télévision. C’est ça, ce que font les gouvernants et les fonctionnaires qui prient avec dévotion et sont en première file pour recevoir les bénédictions ecclésiastiques.
  C’est ainsi qu’ont bénit l’enfer sur terre.
  Et les jeunes qui sont avec les partis politiques ?
  Ce que nous vous racontons maintenant, on ne peut pas dire de quel ou de quels villages il s’agit ; mais il se trouve qu’il y a 2 hommes métisses qui sont arrivés, en disant qu’ils travaillaient avec des entrepreneurs et qu’ils cherchaient des travailleurs, et qu’ils savaient qu’il y a des gens qui veulent partir travailler dans le nord, mais que c’est difficile d’y aller ; mais que eux étaient prêts à les emmener, et hop, direct au travail. Il s’avère que 9 jeunes ont été recrutés par ces deux-là. Des mois après, l’un d’eux parvient à communiquer avec sa famille, et c’est là où il leur dit qu’il est blessé par balle parce qu’il est parti en s’enfuyant du lieu où ils ont été enfermés, que le travail consiste à semer de la marijuana et du pavot, qu’ils ne les laissent plus sortir, qu’on leur a clairement dit : "vous ne sortez plus de là", et que du coup qui sait si les autres vont réussir à sortir, mais que leurs familles sachent que c’est comme ça, là oú ils les ont emmenés.   Et dans un autre village de gens des partis politiques : une famille qui a passé des accords avec les narcos. Il s’est passé un truc, car le papa a reçu comme message : "si tu ne paies pas, c’est ta famille qui paie", c’est ce qu’ils lui ont dit. Et qu’effectivement, il a reçu un téléphone portable avec l’image de comment ils lui avaient coupé la tête à sa fille, et que, s’il voulait l’enterrer, qu’il se rende à tel endroit, que c’est là qu’elle se trouve. Que ce sont d’autres personnes de la famille qui sont partis récupérer le corps de la jeune fille. Mais, avant cette disgrâce, elle était bien contente la famille, de gagner beaucoup d’argent sans travailler beaucoup.
  Et dans un autre village, dans la zone nord du Chiapas, des gens du gouvernement sont venus offrir des projets de café, de culture de maïs, l’école, la clinique, l’église et la route avec, et les gens ont accepté. Et tous les gens bien contents de vivre bien. Et après, les fonctionnaires du gouvernement sont revenus pour leur dire qu’ils devaient partir parce qu’à cet endroit il y a de l’uranium, et qu’ils allaient l’extraire et que c’est très toxique, et que du coup il fallait qu’ils partent de gré ou de force. Que s’ils partent de leur plein gré, ils pouvaient aller à Escarcegas ou dans les Chimalapas.   Et ils leur ont montré les factures et les reçus de tous les dépenses qu’ils avaient reçus du projet du gouvernement. Et dessus il y a leurs noms, leurs photos, les actes de leurs assemblées d’ejido... tout ce qui démontre que légalement, ce n’est pas qu’ils recevaient des aides, mais qu’ils vendaient leur terre.
  Dans une autre zone, dans un village de la municipalité de Simojovel, là où il y a de l’ambre et où les gens de par là-bas travaillent pour extraire de l’ambre pour survivre. Bon et bien voyez-vous, il y a eu la privatisation des terres communales, et quelques villages sont effectivement tombés dans le piège. Et il se trouve que celui qui était propriétaire de la terre s’est retrouvé à vendre par bouts, c’est à dire mètre par mètre, et les gens de là-bas l’ont acheté pour voir s’il y avait de l’ambre et s’ils pouvaient en extraire quelque chose, mais un jour ils ont été mis dehors car un entrepreneur chinois est arrivé pour extraire l’ambre. Le capitaliste étranger avait toute la paperasserie légale, qu’il avait obtenu grâce aux papiers que les gens signaient pour recevoir les projets et les aides gouvernementales.
  Dans d’autres villages de gens de partis politiques des gens bizarres sont apparus et ils s’en sont emparés, et ils leur font payer une amende pour le fait d’entrer sans autorisation sur leurs terres. Dans une communauté ils ont fait payer 300 000 pesos et les étrangers ont payé, ils leur ont même donnés un peu plus. Et ils ont dit : "on vient pour la première étape, il va y avoir une seconde étape puis une troisième, et vous allez avoir beaucoup de travail, c’est-à-dire que vous allez avoir un bon emploi avec le nouveau propriétaire de la terre". Dans une autre communauté pareil, ils ont attrapé les étrangers qui étaient arrivés en barque et leur ont fait payer 100 000 pesos et les étrangers ont payé, en disant qu’ils venaient pour fouiller le lieu parce qu’entre autres il y a des mines de souffre, et que là aussi c’est une première étape, qu’il va y en avoir une seconde et une troisième.   Dans une autre communauté du coté de la lagune de Miramar , un partidiste originaire de là-bas commentait que la quantité qu’ils ont reçue des programmes gouvernementaux début décembre (2015) était la dernière car c’était le dernier versement pour l’achat du terrain, que le propriétaire de la colline allait occuper son terrain, et que le propriétaire de la colline, c’est un japonais. Le truc c’est que dans cette communauté ils vivent avec tout le nécessaire pour vivre, on s’occupe bien d’eux, ils ont même un incubateur de poulet. Ils ont reçu toutes les aides gouvernementales et il se trouve que, sans le savoir, ils ont vendu leurs terres à un étranger.
  Un autre programme gouvernemental, c’est le PROSPERA, qui avant s’appelait Oportunidades. Dans ce programme, les femmes qui en font partie reçoivent des aides pour leurs enfants qui sont à l’école. Mais ce programme a ses conditions. Ce que l’on sait des conditions, c’est qu’on oblige les femmes à consulter fréquemment un docteur et devoir faire de force un frottis vaginal, et si elles ne le font pas, on leur retire leurs aides. Il leur a aussi été interdit comme communauté de recourir à certains services de santé communale qui se font traditionnellement dans les communautés, comme l’usage de la sage-femme. Maintenant les femmes doivent se rendre jusqu’à la ville pour accoucher dans les hôpitaux. Si on veut bien les recevoir, évidemment.
  Une autre chose encore, c’est le truc de la télévision digitale. Le gouvernement fait parvenir des télévisions à tous les gens des partis politiques. Les 22 et 23 décembre 2015, les personnes de toutes les communautés de la municipalité de Las Margaritas se sont rassemblées au complexe sportif de Comitán. Dès minuit les gens faisaient la queue pour recevoir leur télévision, et il se trouve que plein de gens se sont rassemblés. Ce qu’il s’est passé là-bas, c’est que 2 personnes sont mortes, un enfant et une femme : l’enfant est mort à cause des bousculades des gens, il a été écrasé sans que la mère puisse le défendre ; la femme a été assassinée lorsqu’elle est arrivée chez elle, et que le mari a sorti son pistolet et l’a tuée pour ne pas avoir pris soin de son fils. C’est un partidiste qui nous a commenté ça.
  Quelques jours après les avoir reçues, les femmes des partis politiques commentaient que beaucoup de télévisions sont arrivées cassées ; et que beaucoup, une fois connectées, ont eu un court-circuit et ont pris feu ; que d’autres, en les allumant rien n’apparaissait ; maintenant elles doivent acheter un appareil pour qu’elles puissent voir quelque chose, et les gens des partis politiques disent que c’est un business de Peña Nieto avec une entreprise japonaise.

_*_


Bon, et bien ces cas ce n’est que quelques exemples. Il y en a beaucoup plus, qui sont tout autant voir plus effrayants et indignants encore que ceux dont on vous parle.
  Nous ne sommes pas en train de mentir, ni d’inventer.
  C’est la parole-même des gens des partis, qui, dans leur peine et dans leur colère, se sont approchés de nous, les femmes et les hommes zapatistes, pour nous demander conseil ou chercher du soutien.
  Nous, les hommes, les femmes zapatistes, nous écoutons avec respect.
  Nous ne leur reprochons pas leurs trahisons, leurs attaques et leurs calomnies.
  Nous ne leur reprochons pas d’avoir aider auparavant nos persécuteurs, et que souvent ils se sont joints à ceux d’en haut pour nous attaquer.
  Nous ne nous moquons pas de leur disgrâce et de leur peine.
  Nous ne nous réjouissons pas de leurs douleurs.
  Nous ne leur disons pas non plus qu’ils nous rejoignent pour devenir zapatistes, car on sait bien que c’est très difficile d’être zapatistes.
  Ainsi a été, ainsi est et ainsi sera notre vie et notre mort : zapatiste.
  Voici ce que nous leur avons dit :
"Nous, femmes, hommes zapatistes, nous n’avons rien à offrir, ni projets, ni argent, ni promesses, qu’elles soient terrestres ou célestes. Nous n’avons à offrir que notre exemple. Organisez-vous vous-mêmes, que personne ne vous dise quoi faire, ni comment, ni quand. Défendez ce qui vous appartient. Résistez, luttez, vivez".
  Maintenant demandez-vous peut-être ce que font certains partidistes face à ces agressions, ces spoliations et ces impositions.
  Et bien la réponse est très simple : ils se font passer pour des zapatistes.
Selon un partidiste : "C’est qu’il n’y a que comme ça qu’ils nous respectent. Du coup nous cachons nos papiers et nous changeons de nom. Nous autres, à cause de l’ignorance dans laquelle nous mettent les gouvernements, nous pensions que les zapatistes, ce sont des criminels. Mais en fin de compte on voit bien que ce n’est pas vrai.
  J’espère qu’on ne sera pas à nouveau comme cela, que nous ne soyions plus ni des espions ni des traitres. On s’en ait rendu compte, que celui qui trahit se retrouve trahi.
  Et puis en vérité, nous avons beaucoup de peine et de colère parce qu’ils se sont moqué de nous, comme toujours.
On pensait qu’on allait bien, et voilà que le mal est venu.
  On croyait avoir plein de choses, et maintenant on n’a plus rien.
  On était aveugles, et maintenant ont est tous nus.
  Nous autres on se moquait de vous et on vous traitait "d’indiens de merde", et en fin de compte vous allez mieux que nous, car vous avez votre organisation qui ne vous abandonne pas, qui ne dévie pas de son bon chemin, qui ne se vend pas, qui ne se rend pas".
  C’est ce qu’il nous a dit.
  La zapatiste, le zapatiste qui écoutait le partidiste lui a répondu :


"Dévier de chemin, se vendre, se rendre ? Ça, jamais"

 .
  Depuis les montagnes du Sud-est mexicain.
  Sous-commandant Insurgé Moisés
  Sous-commandant Insurgé Galeano
  Mexique, Février 2016.
    AVIS Á DESTINATION DE LA SEXTA ET DU CONGRÈS NATIONAL INDIGÈNE : Durant les prochains jours nous convoquerons à une série d’activités. Soyez attentifs.
  Note : le présent texte a été réalisé dans sa totalité avec un processeur de textes de logiciel libre à code ouvert, avec un système de fonctionnement GNU/Linux, sous distro UBUNTU 14.04 LTS"UBUNTU" , en langue Zulu, signifie : "une personne est une personne en raison des autres personnes". Dites "OUI" au logiciel libre.

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