Páginas

miércoles, 22 de marzo de 2017

Le Congrès National Indigène dénonce la guerre contre les peuples d'Oaxaca, Michoacan et Querétaro

CNI : la guerre contre les peuples continue à Oaxaca, au Michoacán et au Querétaro

Communiqué du Congrès National Indigène
9 mars 2017
A la sexta nationale et internationale
Aux médias libres
A la société civile en général
Compañeros, compañeras, alors que nos peuples, chacun suivant ses formes et ses modalités, continuent à s’organiser, analyser et passer des accords collectifs afin de former un Conseil Indigène de Gouvernement, la guerre contre nos peuples ne s’arrête pas ; la spoliation et la répression exercée par les mauvais gouvernements au niveau local, étatique et fédéral continue à avoir cours contre notre terre-mère, nos peuples et nos organisations autonomes.


Dans l’Etat de Oaxaca

C’est avec indignation que nous dénonçons et condamnons ce qui s’est passé dans la communauté de San Francisco del Mar, région de l’Isthme de Tehuantepec, Oaxaca, où ont été suscités des actes de violences allant jusqu’à l’usage d’armes à feu afin d’imposer l’approbation de projets éoliens qui déposséderaient cette communauté d’une partie importante de terres d’usage collectif et affecteraient gravement son riche et délicat écosystème.
Les faits se sont déroulés durant l’assemblée de la commission des biens communaux de San Francisco del Mar, laquelle a été convoquée afin de statuer sur l’autorisation de l’usage de plus de 15 000 hectares pour des projets de production industrielle de crevettes à Pueblo Viejo [« le vieux village »], dans la zone appelée « bocabarra » [« la langue de terre »]. Plusieurs orateurs ont fait part de leur rejet de la mise à disposition des terres, et ont mis en lumière le fait qu’en réalité, il s’agit de projets éoliens ; il a notamment été dit que la bocabarra est un endroit vital pour des milliers de pêcheurs, et que si ce projet était approuvé cela signifierait que leur serait ôté leur droit à disposer de leur source de vie et d’alimentation ; et qu’en plus de cela une décision de cette importance requiert la participation et la décision de toute la population.
La bocabarra fait partie du système lagunaire de l’Isthme et est un lieu de la plus haute importance car c’est la principale zone de pêche et s’y trouvent des lieux sacrés qui ont une forte valeur spirituelle. Dans cette partie de la région, la pêche apporte la plus grande partie des ressources économiques et est la source d’alimentation de toute la population. C’est aussi un lieu très convoité par les entreprises éoliennes à cause de ses vents puissants. Il y a déjà eu une tentative de construire le parc éolien Mareña Renovables sur la barre de Santa Teresa, ce qui avait provoqué de grandes mobilisations de rejet de toutes les villages des alentours [1].
Il est nécessaire de comprendre que ce qui se passe à San Francisco del Mar n’est pas un fait isolé. Il s’agit d’un plan intégral de spoliation des territoires des communautés de l’Isthme, afin de mettre en place les mégaprojets qui prétendent être imposés dans la région par le biais de la dite « Zone Economique Spéciale de l’Isthme de Tehuantepec (ZEE) », qui vient alimenter la deuxième phase de développement [dans la région] de l’énergie éolienne.

Dans l’Etat du Michoacán

Dans la communauté de Calzonzin, le 24 février dernier le mauvais gouvernement de l’Etat du Michoacán, en bisbille avec le Gouvernement Fédéral, ont sauvagement réprimé le village p´urhépecha de Caltzontzin, qui manifestaient pour défendre leur droit légitime à la restitution du territoire communal.
Ce jour-là, les forces répressives de l’État mexicain ont fait le siège de toute la communauté de Caltzontzin sans permettre l’accès ou la sortie de quiconque avant de jeter depuis un hélicoptère des bombes de gaz lacrymogène sur toute la communauté, de pénétrer sur le territoire de la communauté et d’y arrêter arbitrairement 17 comuneros, dont 13 sont toujours détenus et dont un n’a pas toutes ses facultés mentales. Ils ont en parallèle pénétré dans différents foyers de la communauté sans aucun ordre de perquisition, en provoquant des destructions et en violant les droits humains, cela afin de défendre les intérêts de l’entreprise transnationale de chemins de fer Kansas City Southern [2].
Nous nous prononçons pour la libération immédiate des prisonniers politiques des peuples originaires du Michoacán, et en particulier des 13 comuneros détenus à Caltzontzin dont le seul délit a consisté à défendre la terre communale, la dignité et la vie pour leurs peuples et les générations futures.
Sur la Côte du Michoacán, la communauté nahua de Santa María Ostula subit l’agression de groupes du crime organisé qui ont pénétré le territoire au sud-est de la municipalité d’Aquila et qui, par la mort et la saccage, cherchent à désarticuler l’organisation autonome de la sécurité communautaire afin de réinstaller la terreur et le saccage des ressources naturelles et des terres communales.
Le 5 février de cette année au sud de la municipalité d’Aquila, 5 policiers communautaires de San Pedro Naranjestil enregistrés comme membres de la police municipale ont été séquestrés par des agents du ministère de la Marine, qui les ont ensuite livrés à des groupes criminels dirigés par Jesús Cruz Virrueta (alias Chuy Playas), Fernando Cruz Mendoza (alias El Tena), José María Cruz (alias el Tunco), Federico González Medina (alias Lico) et Mario Álvarez López (alias El Chacal), cela suivi de l’entravement des opérations mises en œuvre par les groupes d’auto-défense des municipalités d’Aquila, Chinicuila et Coahuayana pour arrêter les groupes criminels [3].
Ce qui est mentionné antérieurement vient s’ajouter aux nombreux épisodes où les forces armées du mauvais gouvernement ont agi à l’unisson avec les bandes criminelles contre la communauté indigène de Santa María Ostula, ce qui a contribué au deuil collectif et à l’exigence qu’il y ait justice pour les 34 comuneros qui ont été assassinés et pour les 5 qui sont toujours portés disparus.

Dans l’Etat de Querétaro

Le mauvais gouvernement maintient injustement prisonnier le compañero indigène ñhañhú Raymundo Pascual García, originaire de San Ildefonso, Amealco, Quérétaro. Lequel a été détenu pour avoir participé avec sa communauté aux mobilisations contre la hausse des prix de l’essence [le « gazolinazo »] aux côtés d’autres compañeros [4]. Nous dénonçons également le fait que persiste la spoliation des terres du Fonds Légal des communautés de Galeras et de La Peñuela dans la municipalité de Colón, par le biais des actes de corruption des mauvais gouvernements et de leurs partis politiques [5].
JPEG - 449.8 ko
fete traditionnelle de San Ildefonso Amealco
  • -
En conséquence, les peuples, nations et tribus qui sommes le Congrès National Indigène déclarons :
1. Que nous rendons responsables des actes violents survenus dans le territoire Ikoot et de la tentative de spoliation des terres, le président municipal et le commissaire des biens communaux de San Francisco del Mar, et que nous dénonçons la complicité de politiciens connus et d’autorités étatiques et fédérales qui travaillent pour eux. Nous exigeons que les faits soient éclaircis et que soient punis les responsables des coups de feu qui ont lieu durant l’assemblée, et que soit respecté le droit légitime du village de San Francisco del Mar à décider du sort de ses terres et ses biens naturels.
2. Que nous nous prononçons pour le respect total de l’organisation communautaire et autonome de Santa María Ostula, pour la détention de Jesús Cruz Virrueta (alias Chuy Playas), Fernando Cruz Mendoza (alias El Tena), José María Cruz (alias el Tunco), Federico González Medina (alias Lico) et Mario Álvarez López (alias El Chacal), la désarticulation des structures économiques et politiques qui les soutiennent, la punition des militaires et des politiciens responsables de l’assassinat de l’enfant Hidelberto Reyes García et de tous les comuneros assassinés, l’annulation des ordres d’arrestation prononcés contre des commandants [de la police communautaire] d’Ostula et de la région Costa-Sierra [Côte et Montagne], la présentation en vie des disparus, et le respect absolu du territoire communal d’Ostula.
3. Que nous exigeons la libération absolue et immédiate du compañero Raymundo Pascual García originaire de San Ildefonso, Amealco, Quérétaro, lequel a été détenu pour avoir participé aux côtés de sa communauté à la lutte contre la hausse du prix de l’essence imposé par le mauvais gouvernement ; que cesse la spoliation des terres des communautés de Galeras et La Peñuela dans la municipalité de Colón, Querétaro, et la punition des responsables de l’incarcération injuste durant plus de 3 ans des compañeras indigènes Ñhañhu originaires d’Amealco, Querétaro : Jacinta Francisco Marcial, Alberta Alcántara Juan et Teresa González [6].
A nos frères et sœurs des peuples Ikoot, P´urhépecha, Nahua et Ñhañu de ces régions et du reste du pays dont la lutte alimente chaque jour notre espérance, notre rébellion et notre dignité, nous leur faisons savoir qu’ils ne sont pas seuls, que nous sommes vous, nous les couleurs, les langues et les géographies qui formons le CNI, que votre désir de justice est nôtre, que votre douleur nous fait mal, et que votre exigence qui fait fleurir la naissance d’un nouveau monde est notre cœur et notre certitude sans renonciation possible.
Jusqu’à ce que la dignité se fasse coutume
Liberté pour tous les prisonniers politiques
Présentation en vie des disparus
Justice pour San Francisco del Mar
Justice pour Calzonzin
Justice pour Santa María Ostula
Justice pour le peuple Ñhañu de Querétaro
Bien à vous.

Pour la reconstitution intégrale de nos peuples.
Jamais plus un Mexique sans Nous.
Mars 2017
Congrès National Indigène


[1voir à ce sujet le documentaire d’Alessi dell’umbria Istmeño, le vent de la révolte et "Somos viento". De nombreux textes de Georges Lapierre et d’Alessi dell’umbria reviennent également en détail sur les enjeux de ce conflit entre communautés indiennes et entreprises éoliennes venus s’installer sur place
[2Depuis plusieurs mois, les habitants de la communauté de Kumbutzio Caltzontzin, relogés sur des terrains d’une ancienne hacidenda à l’entrée de la ville d’Uruapan suite à la naissance et l’éruption du volcan Paricutín qui a totalement détruit leur village en 1943, protestent contre la . municipalité d’Uruapan qui tente désormais de les spolier de 943 hectares des terres qui leur furent concédées alors. Les habitants de la communauté avaient à plusieurs reprises bloqué les voies de chemin de fer passant à l’entrée du village, où transitent des trains de marchandises. Suite à la plainte déposée par Kansas City Southern, propriétaire des voies ferrées, une action policière de grande envergure a été déployée contre le village le 24 février 2017 dernier. Lire un article en espagnol à ce sujet.
[4En janvier 2017 une vague de soulèvements et d’occupation de stations-services s’est propagée au Mexique suite à la hausse de près de 20% du prix de l’essence. Dans la municipalité d’Amealco où stations services et routes étaient bloquées, Raymundo Pascual García et des habitants de San Ildefonso furent accusés d’avoir capturé une patrouille de police et d’avoir voulu occuper la palais municipal. Accusé de sédition, Raymundo Pascual García risque entre 2 et 12 ans de prison
[5Fin février 2017, plusieurs terrains de l’association "Fundo legal" où vivaient des familles des communautés de Galeras et de La Peñuela, municipalité de Colon, étaient expulsées par des policiers encagoulés au profit d’entreprises privées. Voir ici et 
[6Le 3 août 2006, Jacinta Francisco Marcial, vendeuse de glaces et de boissons fraîches sur le marché de Santiago Mexquititlán, Amealco ainsi que deux autres femmes du village, Teresa González et Alberta Alcántara, étaient arrêtées et accusées d’avoir pris en otage 6 agents de la police fédérale intervenus en mars 2006 sur ce marché. Au terme d’une longue bataille judiciaire manée entre autres par Amnisty International, les trois femmes otomies avaient finalement été libérées 3 ans après. Plus de détail ici

No hay comentarios.:

Publicar un comentario