Páginas

lunes, 20 de noviembre de 2017

Lettre des femmes du #CIG #CNI au Mouvement de Femmes du #Kurdistan Komalên Jinên (KJK)




Publié le 18 Novembre 2017 Trad   @Carolita

https://static.mediapart.fr/etmagine/default/files/2017/06/26/rojava.jpg?width=138&height=92&width_format=pixel&height_format=pixel
Lettre des femmes du CIG et CNI au Mouvement de Femmes du Kurdistan Komalên Jinên Kurdistan (KJK)
San Cristóbal de las Casas, CIDECI-UNITIERRA,
Chiapas, Mexique, octobre 2017

Au Mouvement des Femmes du Kurdistan Komalên Jinên, Kurdistan (KJK)
Compañeras et soeurs,
Nous, femmes déléguées indigènes originaires du Mexique, conseillères et la porte-parole du Conseil Indigène de gouvernement, des peuples autochtones amuzgo, tojolabal, ñahñu/ñatho, nahua, wixárika, tzeltal, maya, tohono odham, totonaco, binniza, tzotzil, guarijio, kumiai, chol, purépecha, mayo, rarámuri, tepehuano, me´phaa, popoluca, zoque, cochimi, coca, cora, yaqui, mam, mazahua, tenek, chinanteco, na savi, cuicateco, mixe, triqui, ikoots, chichimeca et mazateco,  réunies dans l'assemblée du Congrès National Indigène, un espace qui relie depuis 21 ans les peuples indigènes du Mexique, nous vous adressons un salut fraternel et vous remercions de tout notre cœur pour la lettre que vous nous avez envoyée en juin dernier, avec l'embrassade, la solidarité et le soutien révolutionnaire que nous manifestent les femmes indigènes, les peuples du Congrès national indigène.
Nous avons lu cette lettre dans plusieurs de nos assemblées communautaires, nous l'avons partagée avec de nombreuses compañeras et des compañeros, et nous voulons vous dire que le fait de connaître votre digne lutte et votre solidarité nous a permis de réfléchir sur vous et nous a fortifiés. Nous sommes loin en distance, mais si proches de nos idéaux et de nos pratiques libertaires. Ensemble avec vous, nous disons que dans cette guerre contre l'humanité, nous, les femmes des peuples originaires, élevons la voix, nous organisons et marchons pour la libération de nos peuples et nous, les femmes qui sommes la moitié de la communauté humaine.
Nous reconnaissons et valorisons votre lutte parce que toute lutte de n'importe quelle femme, où qu'elle se trouve dans le monde et à n'importe quel moment de l'histoire, qui lutte, se rebelle et propose de construire de nouveaux modes de vie devant ce monstre patriarcal capitaliste qui nous opprime, est une lutte digne de ce nom qui doit nous unir. Nous croyons fermement en l"idée de récupérer l'importance de nous arrêter, nous les femmes depuis notre communauté, non pas pour nous battre, mais pour nous organiser avec nos frères et nos peuples.
Ce système capitaliste patriarcal de mort nous met les femmes dans le pire lieu, les plus mal à l'aise, les plus oubliées et les plus réprimées et non seulement nous blesse, mais blesse aussi nos frères et sœurs; et si la communauté va mal, c'est pire pour nous les femmes.
Au Mexique, nous, les femmes du Congrès National Indigène, nous vivons un triple mépris d'être des femmes, d'être indigènes et d'être pauvres; c'est pourquoi nous disons que nous sommes les plus méprisées et c'est pour cela que nous aussi nous pouvons faire exploser, unies entre nous tous au Mexique et dans le monde, la fin de ce système qui nous afflige et la construction d'un nouveau système, enraciné dans nos cultures ancestrales et regardant vers l'avenir avec justice et respect.
Nous vivons dans un monde où l'existence individuelle triomphe ainsi qu' une privatisation extrêmement menaçante de nos territoires, où les pensées nous colonisent et nous vendent l'idée de vies inaccessibles. Ce système qui progresse peu à peu nous a imprégnés, nous enlève peu à peu notre identité communautaire et populaire, mais nous, les femmes et les hommes indigènes du Mexique, intégrés dans le Congrès National Indigène, disons que Ya Basta! ça suffit! que notre voix ne soit pas prise en compte, que nous retournons à l'oubli après le réveil généré par nos compañeras et compañeros zapatistes il y a plus de 20 ans. Maintenant, nous disons qu'il est temps pour les peuples de fleurir et qu'il est temps pour la dignité des femmes de redonner la parole à nos luttes et que nous continuer à leur donner. Face à l'assaut du système capitaliste qui veut nous exterminer, nous, les femmes indigènes, nous disons que nous n'allons pas partir et que nous allons nous battre; que nous allons nous organiser avec nos révoltes et nos résistances; que nous allons affronter ce système qui veut nous voir disparaître, et nous continuons à dire que nous ne le permettrons pas.
Votre peuple et le nôtre ne font qu'un. Depuis la guerre de conquête que la couronne espagnole a menée sur nos terres, nos peuples ont résisté comme le vôtre, pour survivre en tant que peuples, nations ou tribus avec nos territoires, nos langues, nos vêtements, nos cultures et nos propres gouvernements; c'est pourquoi nous disons que cela fait plus de cinq cents ans que nos peuples se sont battus contre tous les mauvais gouvernements qui ont cherché à nous exterminer.
Nous voulons vous dire qu'écouter votre parole et connaître votre lutte nous permet de comprendre que les problèmes qui nous affligent se reflètent dans d'autres géographies; il est très clair que ce système de mort qui domine le monde frappe toutes les personnes, organisations et peuples à qui est nié le droit de marcher; mais il est aussi très clair, par votre exemple et vos encouragements, que ce n'est qu'en unissant les luttes anti-capitalistes et anti-patriarcales du monde entier, votre lutte et la nôtre, et celle de milliers et de milliers de femmes et d'hommes, des travailleuses et des travailleurs, des syndicats, des jeunes et des peuples indigènes, que nous pourrons vaincre notre ennemi commun, cet hydre à mille têtes du système capitaliste, patriarcal, raciste et colonial, en nous organisant et en nous articulant.
Les compañeras et compañeros zapatistes ont prévenu que la tempête approche; nous croyons que nous y sommes déjà; nous vivons dans un pays où gouvernent les capitaux étrangers et le crime organisé; d'une manière différente de la vôtre, nous vivons aussi la guerre chaque jour avec des dizaines de milliers de personnes assassinées, en particulier des féminicides et des meurtres de femmes combattantes et de combattants sociaux, des journalistes engagées et engagés, des défenseurs des droits de l'homme, des dizaines de milliers de personnes disparues, des milliers de prisonnières et de prisonniers politiques, la dépossession de nos territoires, avec l'exploitation et l'esclavage de nos frères et sœurs, la destruction de nos terres, la destruction de notre terre mère. Face à ce scénario et alors que nos frères et sœurs zapatistes nous invitent sans faille depuis 20 ans, nous croyons que la meilleure façon de nous défendre et de passer à l'offensive, c'est avec l'organisation d'en bas, de nous-mêmes femmes et hommes, des peuples indigènes, des peuples de la campagne et de la ville que nous avons déjà réveillés, que nous laissions de côté la peur et l'apathie, que nous nous rebellions, que nous nous organisions et agissions en communauté, essayant et construisant des espaces de société non capitaliste et non patriarcale.
Nous disons que le temps des peuples est venu, c'est le temps des femmes qui profitent de cette conjoncture électorale de 2018, mais bien au-delà; c'est le temps où, suivant l'exemple de nos frères et sœurs zapatistes et d'autres peuples, de vous, nous faisons resurgir d'en bas des processus organisationnels autonomes, des gouvernements autonomes qui obéissent aux peuples organisés en communautés, comme c'est le cas du Conseil Indigène de Gouvernement qui articule nos luttes vers la construction d'un monde où tous les mondes s'adaptent et sont respectés, qui nous permet d'être ce que nous sommes et voulons être, sans exploitation et sans aucune discrimination, où les femmes sont respectées, valorisées et incluses, de construire ensemble avec nos compagnons, des relations de liberté et de coexistence harmonieuse entre nous, entre nos peuples et avec notre terre mère.
Avec la mémoire vivante de nos frères et sœurs qui ont donné leur vie dans la construction de nos rêves et qui continuent à nous accompagner, nous vous saluons, nous vous embrassons et vous disons merci, sœurs du peuple des montagnes, lointaines en distance et proches dans nos cœurs, que nous savons vivre, organiser, combattre et mourir pour la libération de toutes les femmes et de tous les peuples du monde.
Vive les peuples originaires du monde!
Vive la fraternité des peuples!
Vive la digne lutte de libération des femmes Kurdes!
Plus jamais un Mexique sans nous!
Plus jamais un monde sans nous!
Les Conseillères et la porte-parole du Conseil Indigène de Gouvernement / Congrès National Indigène.
traduction carolita d'un article paru sur Centro de medios libres le 15 novembre 2017 : 

No hay comentarios.:

Publicar un comentario