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miércoles, 11 de abril de 2018

Parole des femmes Zapatistes lors de la cloture de la première rencontre des femmes qui luttent


Paroles des femmes zapatistes lors de la clôture de la première rencontre internationale, politique, artistique, sportive et culturelle des femmes qui luttent au caracol zapatiste de la zone Tzotz Choj, 10 mars 2018. 


Bonsoir, bonjour, compañeras et sœurs qui luttent, où que vous vous trouviez. 

Sœurs et compañeras qui nous accompagnez lors de cette première rencontre internationale des femmes qui luttent. 

Nous allons dire quelques mots au nom de nous toutes, les femmes zapatistes des cinq caracoles. 

Nous souhaitons remercier les compañeras de la ville des équipes de soutien, qui nous le savons bien, se sont crevées pour répondre aux mails, aux inscriptions, pour l’organisation du transport et dans l’accommodement des horaires et des espaces des activités. 

Nous souhaitons aussi saluer ici nos compañeras zapatistes qui n’ont pas pu venir ici, à cette rencontre et qui sont restées où elles étaient pour que nous, nous puissions venir. 


Merci également à nos compañeros qui ont dû rester chez nous pour s’occuper de notre famille, de nos animaux, de nos maisons, de nos cartels, de nos champs, et qui ont surveillé au cas où les mauvais gouvernements faisaient quelque chose de nuisible pour la rencontre. 


Mais nos derniers mots sont tout spécialement pour vous, sœurs et compañeras, femmes qui luttent. 

Nous remercions de tout notre humble et simple cœur, avec résistance et rébellion, la participation de vous toutes, femmes qui luttent dans les cinq continents du monde. 

Tant celles qui sont ici, comme celles qui ont vu qui sont attente de ce qui s’est passé ici. 

Nous remercions vos écoutes, vos regards, vos mots, vos ateliers, vos discussions, votre art, vos vidéos, vos musiques, vos poésies, vos histoires, vos théâtres, vos danses et bals, vos peintures, vos choses bizarres qu’on ne savait même ce que c’était, et tout ce que vous nous avez apporté pour que nous connaissions et apprenions de vos luttes. 

Nous le recevons comme un cadeau très courageux dont nous allons prendre soin et que nous allons agrandir, car nous allons l’emmener dans nos communautés et villages pour que davantage de femmes zapatistes partagent avec nous le cadeau que vous nous avez fait. 

Nous le recevons avec respect et tendresse car vous toutes avez fait un grand effort pour voyager depuis vos lieux de lutte, depuis vos temps et manières, depuis vos mondes pour venir à cette rencontre dont nous ignorons toujours si elle s’est bien passée ou non. 

Nous avons vu quelques remarques que vous avez partagées sur la table de critiques aux femmes zapatistes que nous avions mise à l’entrée. Il faut encore que nous les lisions toutes et qu’entre nous toutes nous les analysions. Dans cette boîte, on trouve une lettre qui dit quelque chose, qui selon nous, nous concerne toutes. Une compañera va lire. 
(se lee una carta de las familiares de los ausentes de Ayotzinapa, pidiendo que no se les deje solos, porque el mal gobierno quiere cerrar el caso y dejarlo en el olvido).
(lecture d’une lettre écrite par les proches des absents d’Ayotzinapa qui demande qu’on ne les abandonne pas car le mauvais gouvernement veut classer le cas et faire en sorte qu’il sombre dans l’oubli). 

Nous n’avons pas lues toutes les remarques, mais nous vous assurons notre engagement à corriger ce que vous nous signaler comme mauvais et à améliorer quand vous nous dites que ce n’est pas tout à fait ça. 

Il faut dire, bien sûr, que, jusqu’à maintenant, la grande majorité sont des critiques vis-à-vis des erreurs ou des fautes que nous commettons dans l’organisation. 

Nous vous disons que l’on prendra en compte toutes vos critiques pour que la prochaine fois se soit mieuxs’améliorer la prochaine fois, s’il y a une prochaine fois. Toutes ces critiques, tout comme nos mots que nous avons amenés ces jours-ci. Nous les publierons sur la page de enlace zapatista pour que vous puissiez toutes les voir. 

Mais dans tous les cas, de manière générale, nous voulons savoir ce que vous toutes, vous pensez.


Donc, on vous demande, compañeras et sœurs : 
Est-ce que ça s’est un peu bien passé ? 
Ou est-ce que ça c’est mal passé ? 

Bon, ici nous avons noté que même si vous répondez que ça s’est un peu bien passé ou mal passé, eh bien nous allons vous raconter, sincèrement. Une chose que nous vous demandons c’est que cela reste entre nous, en tant que femmes que nous sommes et qui luttons. C’est-à-dire que vous n’alliez pas le raconter, surtout pas aux hommes. 
Eh bien pour être honnête sœurs et compañeras, c’est très dur car on ne sait pas comment on va faire. 

C’est la première fois qu’en tant que femmes que nous sommes, seules, organisons une rencontre comme celle-ci. 
Et nous l’organisons depuis le bas, c’est-à-dire que ce qu’on a d’abord fait, ça a été des réunions et des discussions dans nos collectifs dans les villages et communautés. Ensuite, dans les régions, puis dans les zones et enfin dans les cinq zones regroupées. 

Et puis vous voyez bien vous-même qu’entre femmes, eh bien ça nous prend tu temps de faire un petit accord, donc encore pire si c’est un accord aussi grand que celui de faire cette rencontre. 

Nous avons mis des mois avant de parvenir à un accord entre nous toutes, car nous voulions le faire avec l’idée que nous devions le faire toutes, collectivement. 


Et puis, ben, il n’y a pas de libre ou de manuel pour ça. 
Et pas moyen de demander aux compañeros car eux non plus ne savent pas comment faire, car, comme on a déjà dit, quelque chose comme ça ne s’était jamais fait avant. 
Donc, eh bien, c’était à nous de trouver la manière de le faire. 


Donc on y pense toute la journée et toute la nuit ; est-ce que donne envie de manger, non. Et on n’a pas sommeil. 
Et on est inquiètes de savoir si ça va bien ou mal se passer. 
On s’inquiète en tant que zapatistes, de fait, mais aussi en tant que femmes.  
Car on vous a invitées. Donc ça relève de notre responsabilité si ça se passe bien ou mal. 

Où vous dormez, où vous mangez, où vous vous lavez, ou vous allez aux toilettes, le son, l’électricité, l’eau. Si vous tombez malade, ce qu’on va vous dire, comment on vous parle, comment on vous écoute et regarde. 

Donc, de tout cœur, nous vous demandons de pardonner les erreurs et fautes que nous avons pu faire. Sûrement la prochaine fois, s’il y en a une, ce que vous critiquez se passera mieux. 

Car nous pensons que le plus important est avant tout que vous soyez un peu bien ici et que vous vous sentiez bien. 

Mais c’est aussi important que nous regardions et écoutions toutes, sinon cela voudrait dire que vous êtes venues en vain jusqu’ici et puis c’est normal que nous écoutions et regardions toutes. Que nous soyons ou non d’accord avec ce que vous dites. 

Bon, un collectif ne suffit pas à organiser tout ça. C’est pour cette raison que nous plus de 2000 femmes zapatistes des cinq caracoles sommes venues. 
Et ça n’a peut-être pas suffit car vous, vous êtes à peu près 5000, même si certaines disent 8000 et d’autres 9000.

Allez savoir combien de femmes qui luttent sont arrivées ces jours ci, mais nous pensons que nous pouvons être d’accord que nous sommes énormément. 
Et on ne pensait pas qu’autant de femmes viendrait car ici c’est loin et sans commodités. 

Si on n’avait su que vous alliez être si nombreuses, nous serions venues encore plus nombreuses les femmes zapatistes. On pourrait ainsi toutes vous prendre dans nos bras, chacune d’entre vous et pouvoir vous dire personnellement ce qu’on vous dit maintenant en collectif. 
Nous viendrions six femmes zapatistes pour chacune d’entre vous : une pichita (c’est comme ça qu’on appelle les bébés qui viennent de naître), une petite-fille, une jeune, une adulte une femme mûre et une femme âgée. 


Toutes femmes, toutes indigènes, toutes pauvres, toutes zapatistes qui te prennent dans leurs bras, car c’est le seul cadeau qu’on puisse te donner en retour. 


Mais quoi qu’il en soit, sœur et compañera, ce qu’on est en train de te dire ici, c’est une femme zapatiste qui te le dit en te prenant dans ses bras et en te disant dans l’oreille, dans ta langue, à ta manière, selon ton temps : 
« Ne te rends pas, ne te vends pas, ne capitule pas ». 
C’est comme, avec ces mots que nous te disons :
« Merci sœur. Merci compañera ». 


Sœurs et compañeras : 
Ce 8 mars, à la fin de notre participation, chacune d’entre nous a allumé une petite lumière. 
Nous l’avons allumé avec une bougie pour qu’elle dure longtemps, car avec une allumette ça s’éteint rapidement et avec un briquet on ne sait jamais, il peut se casser. 


Cette petite lumière est pour toi. 
Emporte-la, sœur et compañera.
Quand tu te sentiras seule.
Quand tu auras peur.


Quand tu sentiras que la lutte, c’est-à-dire, la vie, est très dure, 
Allume-la de nouveau dans ton cœur, dans ta pensée, dans tes tripes. 
Et ne la laisse pas là. 
Amène-la aux disparues. 
Amène-la aux assassinées. 

.
Amène-la aux violées.
Amène-la aux frappées.
Amène-la aux harcelées.


Amène-la aux violentées de quelque manière que ce soit.
Amène-la aux migrantes.
Amène-la aux exploitées.
Amène-la aux mortes.


Amène-la et dis à toutes et chacune d’entre elles qu’elle n’est pas seule, que tu vas lutter pour elle.
Que tu vas lutter pour la vérité et la justice que sa douleur mérite.


Que tu vas lutter pour que la douleur qu’elle porte ne se répète pas chez une autre femme dans m’importe quel monde.
Amène-la et transforme-la en rage, en colère, en décision.
Amène-la et réunis-la avec d’autres lumières.

Amène-la et peut-être qu’ensuite il te viendra à l’idée qu’il n’y aura ni justice ni liberté dans le système capitaliste patriarcal.
Et alors, peut-être qu’on se retrouvera pour mettre le feu au système.


Et peut-être que tu seras à nos côtés pour faire attention que personne n’éteigne ce feu jusqu’à ce qu’il ne reste que des cendres.
Et donc, sœur et compañera, ce jour qui sera nuit, peut-être pourra ton dire avec toi :


“Bon, eh bien maintenant, oui on va commencer à construire le monde que l’on mérite et dont on a besoin ».
Et donc oui, peut-être que l’on comprendra que commence le véritable travail et que maintenant comme qui dirait, on ne fait que s’entrainer, on s’échauffe quoi, pour bien savoir le plus important dont on a besoin ».


Et ce dont on a besoin c’est que jamais aucune femme, quel que soit son monde, quel que soit sa couleur, quel que soit sa taille, quel que soit sa langue, quel que soit sa culture, n’ait peur.
Car ici on sait bien que quand on dit « Ya basta ! » c’est que le chemin commence à peine et qu’il manque toujours ce qu’il manque.


Sœurs et compañeras :
Là, face toutes celles d’entre nous qui sommes ici et celles qui n’y sont pas mis qui sont là avec le cœur et la pensée, nous proposons de nous mettre d’accord pour rester vivantes et continuer à lutter, chacune à sa manière, son temps et son monde.
Vous êtes d’accord ?


Bon, quand nous avons fait cet écrit nous ne savions pas si vous alliez répondre oui ou non, mais je passe à la proposition suivante :
Puisque nous avons vu que nous n’étions pas toutes contre le système capitaliste patriarcal, eh bien nous respectons cela et donc nous proposons de l’étudier et d’en discuter dans nos collectifs, de savoir si c’est vrai que le système qu’on nous impose est le responsable de nos douleurs.

S’il s’avère que c’est bien vrai, eh bien alors, sœurs et compañeras, un autre jour, nous nous mettrons d’accord sur le fait que nous luttons contre le patriarcat capitaliste et contre n’importe quel type de patriarcat.

Et bien sûr, contre n’importe quel patriarcat, peu importe ses idées, peu importe sa couleur ou son drapeau. Car nous pensons qu’il n’y a pas de de bon ou de mauvais patriarcat, mais que tous sont contre nous, femmes que nous sommes.

S’il s’avère que ce n’est pas vrai, de toute façon on se verra pour lutter pour la vie de toutes les femmes et leur liberté et que chacun selon sa pensée et ce qu’elle voit construise son monde comme ça lui semble le meilleur.
Vous êtes d’accord que dans vos mondes et selon vos manières et temps, étudier, analyser, discuter et, si on peut, se mettre d’accord sur le fait de nommer qui sont le ou les responsables de nos douleurs ?


Bon, c’est pareil ici, on ne sait pas si vous êtes d’accord ou non, donc nous passons à la proposition suivante :
On vous propose que l’accord de se réunir de nouveau lors d’une seconde rencontre l’an prochain, mais pas seulement ici en terres zapatistes, mais aussi dans les mondes de chacune d’entre vous, en accord avec vos temps et manières.


C’est-à-dire, que chacune organise des rencontres de femmes qui luttent ou comme vous voulez l’appeler.
Vous êtes d’accord ?

Bon, nous ne savons toujours pas ce que vous avec répondu mais dans tous les cas vous serez ici les bienvenues, sœurs et compañeras.

Mais par contre, on vous demande que vous nous préveniez en avance car c’est difficile que vous nous disiez qu’il y en a 500 qui viennent et qu’en fait vous avez perdu un zéro en chemin car il y en a 5000 qui arrivent ou plus.
Et quand vous viendrez, vous pourrez dire que dans vos mondes vous vous êtes réunies, vous avez discutés et vous vous êtes mises d’accord sur quels que soient les accords que vous avez pris.


C’est-à-dire, que vous arriviez plus grandes dans votre cœur, dans votre pensée et dans votre lutte.
Mais dans tous les cas, vous serez toujours les bienvenues, femmes qui luttent.
Merci de nous avoir écoutées.

Nous allons maintenant clôturer formellement
C’est la commandante Miriam qui a la parole :
Bonsoir compañeras et sœurs :

Merci compañeras, merci sœurs des pays du monde et du Mexique qui avez fait l’effort de venir jusqu’ici dans un tout petit coin du monde.

C’est ainsi que nous avons terminé notre première rencontre internationale politique, artistique, sportive et culturelle des femmes qui luttent.
À 20h36, heure zapatiste, je déclare clôturée notre première rencontre.


Prenez soin de vous et faites un bon voyage.
Depuis le caracol 4 Tourbillon de nos paroles.
Morelia, Chiapas, Mexique. 10 mars 2018 :

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