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sábado, 26 de mayo de 2018

Las Abejas: "nous insistons sur la lutte non violente et pour la paix"


Chiapas - Le groupe "Les semeurs" menace Las Abejas et manipule la vérité pour s'approprier la terre sacrée.

Notre parole face aux agressions que nous vivons à Acteal Maison de la Mémoire et de l'Espérance. NOUS INSISTONS sur une LUTTE NON VIOLENTE et pour la PAIX.
Organisation Société Civile Las Abejas d'Acteal
Terre Sacrée des Martyrs d'Acteal
Municipalité de Chenalhó, Chiapas, Mexique.


14 mai 2018. 
Au Congrès National Indigène
Au Conseil  Indigène de Gouvernement
Aux défenseurs des droits de l'homme
Aux médias nationaux et internationaux
A la société civile nationale et internationale
Sœurs et frères :
Compte tenu de la confusion causée par les actes de violence que nous avons subis dans la nuit du 21 avril au siège de l'Organisation de la Société Civile Las Abejas d'Acteal, par un groupe de personnes armées et que nous avons dénoncé publiquement le 22 avril de cette année, nous donnons aujourd'hui encore une fois notre parole pour éviter toute confusion, comme celle semée par le Conseil Pacifiste des Semeurs de Paix  (ci-après dénommés "Semeurs") et les filles de notre défunt frère Francisco Vázquez Hernández (ci-après filles de Don Francisco).

Nous sommes très désolés que les filles de Don Francisco aient perdu le souvenir du don de terre que leur père a fait le 10 février 1998 à notre Organisation de la Société Civile Las Abejas d'Acteal où elle occupe actuellement la Terre Sacrée des Martyrs d'Acteal, également connue sous les noms de : Site de Conscience et Maison de la Mémoire et de l'Espérance et le siège de notre Organisation.
Ce don, don Francisco l'a fait de façon VOLONTAIRE, SANS CONDITIONS, NI SOUS PRESSION et DÉFINITIVEMENT, comme l'ont confirmé les témoins composés de représentants des survivants du massacre d'Acteal et du conseil d'administration de l'Organisation de la société civile Las Abejas d'Acteal. Notre compañera María Vázquez Gómez, Juan Vázquez Luna et Manuel Vázquez Luna, sœur et enfants de notre frère Alonso Vázquez Gómez, massacré le 22 décembre à Acteal, pour faire un don volontaire d'une autre partie du terrain pour la construction du sanctuaire des martyrs et de l'église, la-dite donation est AVALISÉE PAR UN DOCUMENT et son CROQUIS respectif.
Dans ce document, nous affirmons en toute bonne conscience que notre Organisation Las Abejas d'Acteal, par l'intermédiaire du Conseil d'Administration, N'A COMMIS AUCUNE DÉPOSSESSION de terres comme les filles de Don Francisco l'ont déclaré publiquement. La preuve de son don volontaire est que lorsque Don Francisco est mort, son enterrement était là où les 45 sœurs et frères martyrs d'Acteal sont enterrés, bien que sa mort soit due à une maladie telle que le mentionnent les filles, nous sommes très désolés du départ de Don Francisco, il ne nous a jamais cherché de difficulté quand il était vivant, ses filles ont commencé les problèmes quand notre frère Francisco est mort.
La terre donnée par Francisco Vázquez Hernández et María, Juan et Manuelito Vázquez Luna n'est pas utilisée personnellement, parce que c'est un espace collectif, un lieu communautaire pour la mémoire, pour la dignité de nos martyrs et pour la construction de notre autonomie en tant que peuples originaires.
La Terre Sacrée des Martyrs d'Acteal, Site de la Conscience et Maison de la Mémoire et de l'Espérance, est devenue un espace non seulement pour l'Organisation de la Société Civile Las Abejas d'Acteal, mais aussi pour les femmes et les hommes qui luttent comme nous contre l'impunité et construisent une justice digne et humanisée.
Dans le document public des filles de Don Francisco, et comme dans celui des Semeurs, ils minimisent le sens de l'espace collectif de ce qu'est Acteal comme Terre Sacrée et  comme Maison où la Mémoire est conservée et l'Espérance est jumelée pour construire une Vraie Justice pour le Massacre d'Acteal et la résistance et l'autonomie contre le système capitaliste de la mort.
Nous voulons rappeler aux filles de Don Francisco, aux Semeurs et à tous ceux qui perdent le souvenir de ce qui s'est passé à Acteal et de notre voyage en tant qu'organisation de la société civile, las Abejas d'Acteal, parce qu'ils disent qu'il n'y a plus de personnes déplacées à Acteal et que c'est pourquoi la terre que leur père a donnée doit déjà leur revenir. Acteal n'est pas seulement un espace pour recevoir les frères et sœurs qui ont dû quitter leur communauté à cause de la violence, comme cela s'est produit avec les compañeros de l'organisation qui ont dû quitter l'ejido de Puebla, Chenalhó en 2014. Acteal est un espace où tous les 22 du mois nous commémorons le massacre de 45 frères plus 4 enfants à naître et nous construisons une autre Justice, à partir de la chapelle Lekil.
Cette terre de mémoire et d'espoir est aussi le lieu où se rencontrent toutes les zones de travail que nous avons construites au cours de ces 25 ans de marche, où nous construisons et travaillons notre clinique de santé avec les promoteurs de l'organisation, c'est un lieu de rencontre pour le collectif de nos compañeros artisans Jolob Luch Maya, aussi de la zone de communication qui donne des ateliers à l'organisation, crée et diffuse du matériel pour se souvenir du massacre et répandre notre lutte en tant qu'Abejas ; ici aussi répète le chœur Acteal qui avec son chant transmet un message de lutte et d'espoir ; des répétitions de théâtre sont faites ; des réunions sont tenues avec les coordonnateurs de chaque communauté pour voir les progrès de notre organisation ; les promoteurs de l'éducation se rencontrent pour apporter d'autres apprentissages à nos enfants ; et d'autres activités à partir desquelles nous bâtissons notre organisation et notre autonomie.
De plus, Acteal Tierra Sagrada est un espace où nous nous identifions comme tsotsiles de Chenalhó et cela se manifeste dans les fêtes patronales des 28 et 29 juin. Acteal est le centre de réunions et d'assemblées de notre Organisation, c'est un lieu où des actions pacifiques pour la paix sont décidées et menées à Chenalhó, au Mexique et dans le monde. Acteal est pour nous une force spirituelle et morale pour construire un monde plus humain, plus libre et plus juste. Acteal fait partie du Réseau latino-américain des Sites de Conscience. Notre organisation, Las Abejas d' Acteal, est membre fondateur du Congrès National Indigène.
Comme nous pouvons le voir et si nous pensons avec un cœur calme et avec une mémoire vivante, ce n'est pas n'importe quel endroit, et c'est pourquoi les mauvais gouvernements d'état et fédéral ont cherché par tous les moyens à saisir cet espace, parce qu'ils ont honte qu'à Acteal, tous les 22 du mois, nous dénonçons l'impunité et les multiples violations des droits de l'homme qu'il commet contre le peuple mexicain et parce qu'ici nous construisons notre identité et notre autonomie. Et avec tout cela et plus encore, nous sommes attristés que les filles de Don Francisco et des "Semeurs" veuillent mettre fin à cet espace sacré et comme lieu de résistance et de construction de l'autonomie. Ce qu'ils font, c'est la même chose que le mauvais gouvernement cherche à faire pour faire taire Acteal et effacer la mémoire du massacre d'Acteal.
Au sujet des événements du 21 avril vers 22h45, nous avons entendu des détonations d'armes à feu provenant d'en haut de la route à l'entrée du siège de notre organisation, derrière le mukinal[1] et sur le côté de notre sanctuaire du bord de la route, au moment de ces tirs, ils ont détruit une partie du câblage à notre siège et environ 10 minutes plus tard, les parents des filles de Don Francisco ont détruit la construction que nous faisions sur le bord de la route. Les "Semeurs", les Filles de Don Francisco et le Gouvernement, mentionnent que les fusillades n'ont pas eu lieu dans notre siège social mais à Quextic et Acteal Alto, "nous sommes surpris" que leurs versions soient les mêmes que celles du Gouvernement.
La violence actuelle à Chenalhó est très critique, de nombreuses armes de haut calibre sont vendues et les gens sont armés, c'est la même violence et impunité qui a conduit à ce qui se passe à Aldama et à Chalchihuitán, en se souvenant que les paramilitaires n'ont jamais été désarmés.
Les événements du 21 avril n'ont pas été la seule action armée contre Las Abejas d'Acteal, ces derniers jours, les événements suivants se sont produits :
1- Le 30 avril à 17h30, Javier Luna Pérez et une autre personne nommée Noé (nous ne connaissons pas ses noms de famille), tous les deux de la communauté "Acteal La Reforma", un peu ivres sur le bord de la route, quand est passé un compañero de Las Abejas d'Acteal, ce Noé a dit qu'ils ont des armes de "corne de chèvre" et là il a avoué qu'il a participé à l'agression le 21 avril et que Javier Luna l'a invité, celui-ci est resté silencieux. Javier est le mari d'une des filles de Don Francisco et fait partie du Parti Vert Ecologiste du Mexique (PVEM).
2- Nous n'oublierons pas l'agression directe subie par notre compañera María Guzmán Pérez, qui a été directement menacée chez elle le 25 avril dernier. A 4h05, elle a quitté sa maison pour aller chercher de l'eau à son lavoir, à une distance de 3 mètres l'attendait un homme cagoulé et sans un mot il a pris 3 cartouches dans une rangée, mais, le pistolet ne pouvait pas être armé, ce que le tueur a dit à notre compañera : " maudite sorcière, je ne sais pas comment tu as fait car mon pistolet n'a pas tiré, mais tu ne te sauveras pas, si vous continuez  à construire sur le terrain, vous verrez ce qui va arriver".
Et une autre nouvelle agression, hier soir, le 13 mai, à 22 heures, le jeune Celso Gómez Vázquez, fils de Francisco Gómez Pérez, membre du "Conseil Pacifiste Semeurs de Paix", en état d'ébriété, a jeté une pierre sur le toit de la maison du compañero Victorio Gómez Pérez (représentant des survivants d'Acteal) et María Guzmán Pérez et ensuite à 22h30, ce jeune jeta de nouveau d'autres pierres sur la maison, et avant ces événements, Celsus et ses compañro de la nuit, ce jeune homme jeta de nouveau d'autres pierres sur la maison, et avant ces événements, Celsus et ses compagnons qui étaient rassemblés pour boire de l'alcool à l'entrée de la Terre Sacrée, criaient et disaient : "Traînons Maria hors de sa maison !”
Et nous pouvons continuer avec d'autres preuves et des témoins, car non seulement nous l'avons vu le 22, mais cela a aussi été confirmé par les Brigades d'observation du Frayba.
Le 5 mai dernier, ils ont accroché des couvertures où ils ont interdit l'entrée de personnes "extérieures" à Acteal, nous savons que c'est une forme de provocation, ils disent que la "directive a appelé des gens d'autres communautés à clôturer notre terre avec du fil de fer", en réalité notre Organisation Las Abejas d'Acteal, depuis sa fondation en 1992 a été créée par plusieurs communautés appartenant au peuple croyant de la paroisse de Chenalhó, et 25 ans plus tard notre organisation continue à être conformée par plusieurs communautés, l'Organisation Las Abejas, non seulement c'est la communauté Acteal.
Bien que les "Semeurs" se lavent les mains de non-participantation, en réalité ils sont derrière tout cela, nous le savons parce qu'ils ont accompagné les filles de Don Francisco à la tentative de dialogue que nous, comme les autorités de las Abejas d'Acteal, avons eu avec le Commissariat officiel de Chenalhó, aussi parce que c'est sur la page Facebook des "Semeurs" et leur site web où ils ont mis en ligne le communiqué des filles de Don Francisco.  Comme nous l'avons dit dans notre dénonciation publique du 22 avril, ce n'est pas la première fois que les "semeurs" nous attaquent, parce que leur objectif est de prendre le siège de notre organisation et, comme ils ne pouvaient pas le faire avant parce qu'ils ont tort, ils le font maintenant à cause de la violence, mais en utilisant les filles de Don Francisco. 
Dans notre culture et notre pensée tsotsil quand quelque chose est donné à une autre personne, comme des épis de maïs à une parcelle de terre pour ceux qui en ont besoin, aucun document n'est fait, parce que la parole avait beaucoup plus de force et de crédibilité qu'un papier ou un acte public. Nous avons la parole autant sur le papier qu'en la mémoire.
En tant qu'organisation Las Abejas d' Acteal, nous INSISTONS sur la LUTTE NON VIOLENTE et pour la PAIX, nous croyons que les problèmes peuvent être résolus par le dialogue, mais jusqu'à présent nous avons essayé de le faire, mais comme il y a d'autres intérêts derrière tout cela, c'est pourquoi cela a atteint ce niveau de violence contre nous. NOTRE REACTION NE SERA JAMAIS LA VIOLENCE, nous savons qu'il y a une solution quand nous pensons avec un cœur et un esprit calme et respectueux, c'est le message que nous donnons aux "filles de Don Francisco", nous serons toujours prêts à résoudre ce problème pacifiquement par le dialogue, mais sans permettre aux intérêts des autres de nuire à notre lutte pour la mémoire, la vérité et la construction de l'autonomie.
En ces temps de ténèbres et de violence à Chenalhó et dans de nombreuses régions du Chiapas et du Mexique, nous prions pour qu'il n'y ait plus de douleur, de larmes et de souffrances, parce que ce n'est pas bon ; nous méritons de vivre dans la paix et le respect de la vie.
Depuis Acteal, nous défendons la mémoire et nous sommes convaincus que l'espoir et notre foi ne seront pas écrasés par les mensonges et la violence qui viennent du système capitaliste et du mauvais gouvernement.
CORDIALEMENT
La voix de l'organisation de la société civile Las Abejas d'Acteal.
Pour le conseil d'administration :
Martín Pérez Pérez   Mariano Gómez Ruiz 
Pedro Pérez Pérez    Manuel Pérez K'oxmol
Alonso Ruiz López   Manuel Nuñez Gutiérrez
Pour les représentants des survivants du massacre d'Acteal :
Victorio Gómez Pérez    Domingo Gómez Pérez .
1] Mukinal : espace sacré où sont enterrés nos 45 frères et 4 enfants non encore nés victimes du massacre.
 
traduction carolita du communiqué de Las Abejas paru sur le site Espoir Chiapas le 14 mai 2018 : 


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