Organisation de la société civile Las Abejas de Acteal
Terre sacrée des Martyrs d'Acteal
Municipalité de Chenalhó, Chiapas, Mexique
22 mai 2020.
Au Congrès national indigène
Au Conseil de gouvernement indigène
Aux défenseurs des droits de l'homme
Aux médias libres et alternatifs
Aux médias nationaux et internationaux
A la société civile nationale et internationale
Soeurs et frères :
Dans le contexte de la pandémie de covid-19, nous continuons à insister pour que la mémoire de nos 45 sœurs et frères plus 4 enfants à naître, ne soit jamais mise en quarantaine, notre parole face à l'impunité et à la mort n'est pas réduite au silence par des dissimulations.
Aujourd'hui, 22 mai, nous sommes réunis ici, hommes et femmes membres de Las Abejas de Acteal et survivants du massacre d'Acteal, pour dénoncer l'impunité qui prévaut dans le cas d'Acteal et, tout particulièrement aujourd'hui, nous dénonçons les menaces qui pèsent sur le père Marcelo Pérez Pérez, curé de Simojovel et coordinateur de la pastorale sociale de la province du Chiapas.
Notre organisation pacifique et non-violente exprime sa préoccupation et son rejet absolu de la menace contre le père Marcelo, en lien avec le conseil paroissial de San Antonio de Padoue dans la municipalité de Simojovel et sa famille, faite par téléphone par un membre présumé du "Cartel de la nouvelle génération de Jalisco" le 6 avril dernier, Ce fait a été dénoncé par le Centre des droits de l'homme Fray Bartolomé de Las Casas, le diocèse de San Cristóbal de Las Casas, ainsi que par d'autres organisations, collectifs et individus, et a été porté à la connaissance de plusieurs journaux locaux et nationaux.
La récente menace qui a pesé sur le Fr. Marcelo et sa paroisse, fait partie d'une série de menaces de mort depuis son arrivée dans le village tsotsilien de Simojovel, la raison étant son travail de défense des peuples opprimés et sa dénonciation prophétique des impositions de méga-projets tels que les projets miniers à Chicomuselo, la fracturation du territoire de Zoque, la construction de l'autoroute San Cristóbal-Palenque, le "Tren Maya" ; l'impunité dans le cas de la disparition forcée des 43 jeunes étudiants d'Ayotzinapa et du massacre d'Acteal ; l'accompagnement de la lutte des enseignants du coordinateur national des travailleurs de l'éducation au Chiapas ; l'accompagnement du peuple de Simojovel dans sa dénonciation et son rejet de la vente d'alcool et de drogues. Le travail engagé du père Marcelo auprès des peuples opprimés et des hommes et femmes conscients de la réalité est beaucoup plus vaste que ce que nous pouvons mentionner ici.
Tant la vie, la sécurité et l'intégrité physique et psychologique du père Marcelo que celle du conseil paroissial de San Antonio de Padoue, dans la municipalité de Simojovel, et celle de sa famille nous préoccupent, car le gouvernement de Rutilio Escandón et celui d'Andrés Manuel López Obrador sont plus occupés par leurs stratégies d'imposition de lois que par la protection des défenseurs des droits de l'homme comme dans le cas du père Marcelo. Tout comme les efforts des précédents gouvernements du PRI et du PAN pour imposer des lois et des réformes structurelles créent des écrans de fumée, le gouvernement de López Obrador a profité de la présence du Covid-19 pour donner aux forces armées mexicaines les moyens de travailler dans le domaine de la sécurité publique.
Nous insistons pour que le gouvernement de Lopez Obrador et les autorités compétentes qui sont entre leurs mains garantissent la vie du père Marcelo, celle du conseil paroissial de Simojovel et celle de sa famille, pour qu'ils ne répètent pas la même barbarie que celle commise par le gouvernement d'Ernesto Zedillo Ponce de León et celui de Julio César Ruiz Ferro, lorsque nous avons dénoncé à plusieurs reprises aux autorités compétentes et à l'opinion publique qu'un massacre s'approchait contre des membres de notre Organisation Las Abejas ; Cependant, les trois niveaux de gouvernement de l'époque n'ont pas réussi à empêcher le massacre d'Acteal, mais il est devenu public que l'État mexicain lui-même avait conçu une sale guerre contre les communautés organisées par le biais du Plan de campagne Chiapas 94 ; ce crime d'État reste impuni à ce jour.
Notre question à López Obrador et Rutilio Escandón est la suivante : vont-ils choisir la voie empruntée par le criminel Ernesto Zedillo pour massacrer des enfants, des hommes et des femmes innocents d'Acteal ?
Sœurs et frères de la campagne et de la ville, communicateurs, journalistes et toutes les personnes de bonne volonté qui, comme nous, défendent la vie, luttent pour la liberté et recherchent la vérité, la justice et la paix, exigeons du gouvernement de Lopez Obrador et de Rutilio Escandón qu'il prenne au sérieux notre parole sur le cas du père Marcelo.
Nous savons également que le travail des défenseurs des droits de l'homme au Mexique n'est pas garanti, que le nombre de féminicides a augmenté, que les déplacements forcés se poursuivent et que des milliers de personnes disparues ne rentrent toujours pas chez elles.
La situation des prisonniers en lutte détenus dans les Ceresos 5 et 8 de San Cristóbal de Las Casas et de Comitán Chiapas est scandaleuse. Dans la première prison, 8 prisonniers ont été infectés par le covid-19, transmis par un gardien décédé il y a quelques jours. Où est la responsabilité des autorités pénitentiaires et du gouvernement de Lopez Obrador ? À quoi bon répéter "Reste chez toi" et "Garde tes distances" à chaque fois si ce même gouvernement est irresponsable ?
Tout cela et bien d'autres choses encore se passent pendant la pandémie et au sein du gouvernement des "4 Transformations".
Face à la grave tragédie qui se déroule actuellement au Mexique, en tant qu'organisation pacifique et non violente, ce que nous voulons, c'est qu'il n'y ait plus d'assassinats, plus de massacres, que la vie de chaque être humain soit respectée et que les violations des droits de l'homme cessent.
Nous nous proposons donc de mener les actions que nous jugeons pertinentes et nécessaires pour défendre et protéger la vie de ceux qui travaillent pour la paix et la justice, par exemple nous réalisons des journées de jeûne et de prière pour la vie du Père Marcelo, celle du Conseil Paroissial de Simojovel et de sa famille, ainsi que pour toute la violence au Mexique et du covid-19.
Enfin, nous demandons aux personnes qui veulent faire du mal à leur prochain de se repentir, car personne n'a le droit de prendre la vie de son prochain, notre vie est entre les mains de Dieu le Père-Mère et lui seul peut dire quand notre vie se termine et non une personne qui dépend aussi de Dieu.
Du coeur de la Terre Sacrée d'Acteal, nous envoyons nos prières pour que la Paroisse de Simokhovel, avec son Pasteur, le Père Marcelo, soit protégée par le sang innocent des 45 Martyrs d'Acteal plus les 4 bébés à naître, pour qu'ils aient beaucoup de force dans leur coeur et marchent dans la recherche de la paix, de la justice et de la vérité.
La voix de l'organisation de la société civile Las Abejas de Acteal
Pour le conseil d'administration :
Simón Pedro Pérez López
Hilario Jimenez Perez
Francisco Lopez Santiz
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