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jueves, 30 de junio de 2016

Le conflit de Chenalho entre partis politiques, provoque le déplacement de plusieurs familles Abejas. Retour sur les faits



Déplacé-es Abejas
Après les terribles faits qui se sont déroulés dans la municipalité de Chenalho, se concluant pour le moment avec une fusillade et la mort d'une fillette de 14 ans et d'un homme de 55 ans, ainsi que plusieurs blessés, la Société Civile de Las Abejas lance un appel à la solidarité pour les 81 personnes tzotzils, intégrantes de l'organisation des Abejas, déplacées de leur communauté pour éviter la violence, et se retrouvant ainsi à Acteal, avec quasiment rien pour se loger et se nourrir, en dehors de ce que les autres intégrants de l'organisation ont pu leur apporter modestement.



En effet, les Abejas ont communiqué le 3 juin dernier "cela fait à peine 8 jours, le jeudi 26 mai, les membres de l'organisation de la Société Civile de Las Abejas dans la communauté de la communauté Colonia Puebla se sont déplacés: 14 familles soit un total de 81 personnes, car dans cette communauté il y a eu de nouveau beaucoup de violence et des fusillades. A cause des partis politiques, pour la dispute du pouvoir, sont mortes deux personnes, 3 maisons ont été brûlées et 2 détruites, 3 véhicules ont été détruits et 6 personnes ont été blessées. POur le moment il n'y a pas de condition pour le retour de ces personnes, car il n'a pas été trouvée une solution définitive"

Le conflit de Chenalho, a commencé en avril, après que plusieurs municipalités du Chiapas se soient soulevées pour refuser l'imposition de leur président municipal (maire) par la fraude du parti au pouvoir dans l'état du Chiapas, le dit parti "vert". Pour le moment 12 municipalités se sont d'ores et déjà manifestées avec plus ou moins de succès contre ces fraudes, parfois par la violence comme ce fut le cas à Oxchuc (durant plusieurs semaines, les habitants ont bloqué tous les accès à la ville et ont occupé ou brulé l'intégralité des édifices gouvernementaux), ou par l'organisation du peuple comme ce fut le cas à Tila, où depuis, ce sont des adhérents à la Sexta Zapatiste qui organisent la vie de leur municipalité d'une manière autonome.



Rosa Perez Perez
A Chenalho pour la première fois dans l'histoire de la municipalité le parti du PRI n'a pas été élu, mais ce fut le parti Vert qui est passé, avec à sa tête, pour la première fois également: une femme, Rosa Perez Perez.

Rapidement elle s'est confrontée avec le syndic municipal représenté par Miguel Santiz Alvarez qui demandait 57 millions de pesos à administrer et demandait un salaire de 130 000 pesos par mois. Au refus de la maire, le syndic a donc pris la tête de la contestation, et a commencé à partir du mois d'avril à occupé la mairie de la ville et tout autre bâtiment représentant le gouvernement. Les manifestants bloquaient dès lors la route d'accès à Chenalho.


Le 9 avril, lors d'une assemblée populaire non réprésentative, le peuple élu comme nouveau maire, Miguel Santiz Alvarez, et demande officiellement sa reconnaissance par le gouvernement de l'état du Chiapas. Rosa Perez Perez s'insurge et dénonce une tentative de caciques (leaders) qui ont manipulé le peuple pendant 85 ans, durant le gouvernement du PRI

Le lendemain des centaines de partisans du PRI et du maire autoproclamé descendent dans la capitale du Chiapas et occupent le péage entre la ville de San Cristobal et celle de la capitale du Chiapas Tuxtla Gutierrez, faisant payé (parfois par la force) le double du prix aux voitures passantes. Le 12 avril, des milliers d'opposants à la maire officielle la forcent à signer sa sollicitude de démission pendant une réunion de plus de 10 heures, dans le palais du gouvernement.
prise du Congrès par les partisans du PRI
Les 2000 opposants désoccupent ainsi la mairie en leur main depuis déjà plusieurs jours. Mais le 15 avril le congrès de l'état refuse la démission car celle ci a été faite sous pression. Cette dernière convoque ses partisans devant la mairie, et plusieurs milliers arrivent et se massent devant l'édifice pour reconnaître officiellement Rosa Perez Perez comme maire. Un coup de force qui provoque donc l'ire des partisans du PRI qui décident de descendre de nouveau dans la capitale de l'état montrer leur désaccord devant le congrès. Ils décident donc, de bloquer toutes entrées et sorties de cette institution de l'état du Chiapas. Pendant plus de 5 heures les députés, journalistes et travailleurs sont bloqués dans le congrès avec l'impossibilité de sortir. La police arrive tardivement sur les lieux et de très violents affrontement ont lieu. Plusieurs personnes sont blessées, et d'autres arrêtées arbitrairement, parfois même juste pour être indigène....

Rassemblement des partisans du parti vert, à San Cristobal
Le 28 avril, l'église va servir de médiatrice entre le gouvernement et les adhérents du PRI. Une réunion a donc lieu avec différents représentants du gouvernement, et les différents groupe en conflit, avec pour médiateur le Père Gonzalo Eduarte, qui avait également servi de médiateur durant les accords de San Andrés en 1996. En attendant, les routes d'accès au centre de Chenalho sont de nouveau bloquées. Une réunion est prévu quelques jours plus tard, mais le gouvernement ne s'y présentera pas montrant ainsi le désintérêt total de celui-ci sur les problèmes indigènes. La tension monte, puisque les partisans du parti vert, ont détenu 4 partisans du parti vert, dans une communauté nommée puebla. Le gouvernement envoie une commission pour essayer de dialoguer et libérer ces derniers pour éviter que la situation ne s'envenime.

Le parti vert, et sa maire, continuent de montrer leur force, et le 1er mai, elle annonce que 87 des 105 représentants des communautés de la région, la soutienne pour qu'elle reste présidente de Chenalho, et dénoncent ainsi le non respect des dissidents du PRI. Ces derniers lancent un ultimatum au gouvernement disant que si il n'y a pas de solution, le conflit se terminera par des affrontements directs, la tension est particulièrement vive, et les groupes s'arment de gourdins et machettes. Des témoins zapatistes et abejas préviennent que des armes à feu sont aussi sorties.

Les députés ne se rendent pas à la réunion prévue le 24 mai, ce qui provoque la colère des partisans du PRI qui se sentent « ridiculisés »/

Le jeudi suivant, alors que finalement une réunion se déroule dans la maison de la paroisse de San Cristobal, et alors qu'aucune solution n'est proposée par le gouvernement, un groupe d'une dizaine d'indigènes adhérents au PRI rentrent en plein milieu de la réunion et amènent par la force plusieurs députés, le président du Congrès et le responsable du parti Vert au Chiapas, et les font monter de force dans des voitures pour les emener à Chenalho. Quelques députés arrivent à s'échapper dans la confusion, mais le numéro 2 de l'état du Chiapas, le président du congrès, et le président du parti vert, ainsi que leur chauffeur sont amenés à Chenalho, où ils sont détenu, déshabillé pour etre par la suite vêtu en femme (forme machiste d'humiliation) et le force à négocier face à une foule de milliers de personne. L'armée et la police fédérale essayent de se rendre à Chenalho, mais ils sont arrêtés immédiatement, « si vous faites un pas de plus en direction de chenalho, nous brûlons nos otages avec de l'essence », ces derniers font donc marche arrière. Les négociations tardent toute la nuit, et finalement le président du congrès signe la destitution de la maire, et intronise le nouveau maire. Le lendemain matin un hélicoptère vient les chercher et peuvent ainsi rentrer sur Tuxtla.


Le soir, alors que les membres du pri rentrent chez eux, fiers de leur victoire, dans la communauté de Puebla, les partisans du pri et du parti vert s'affrontent avec pour résultat la mort de deux personnes, plusieurs blessés et la destruction de beaucoup de maisons et de voitures. La mineure Adriana Mendez Gutiérrez reçue une décharge d'arme à feu au front. Elle fut transportée à l’hôpital "de las culturas" où elle est morte. Son père est également décédé par balle. La situation reste tendue à Puebla et dans toute la commune il y a 300 déplacés. Les partisans de Perez Perez vont à Pantelho et les partisans de Miguel Santiz se regroupent dans le bourg. On parle de 100 abejas déplacées. Aux dernières nouvelles, Rosa Perez Perez a fait appel contre la décision du congrès

La situation est donc loin d'être réglée, et à tout moment cela peut dégénérer de nouveau. Il est clair qu'au delà d'une guerre de parti politique, on est aussi dans la volonté de gerer le budget de la mairie, afin d'y trouver ses fins personnelles, les pri-istes furent déçus par la manière de gérer les fonds de la nouvelles maires du parti vert, qui n'avait pas pour habitude de venir donner l'aumône aux indigènes affiliés, c'est à dire à offrir des poulets, ou des parpaings comme ce fut le cas les années précédentes par les anciens maires, qui achètent ainsi le silence et la dignité du peuple. Les zapatistes avaient d'ailleurs écrit un communiqué il y a quelques mois par rapport au clientélisme : « et pendant ce tempslà, dans les communautés des partis politiques »
Déplacés Abejas de la Colonia Puebla
La situation est donc particulièrement tendue à Chenalho, et les partisans du parti vert sont tout à fait prêt à en découdre, la solution imposée par la violence par les adhérents au PRI ne semblent pas du tout définitive. Les tensions sont fortes et les déplacés ne voient pas de possibles retour dans un futur proche. Les Abejas, comme les zapatistes ont reçus plusieurs familles qui vivent dans des conditions réellement précaires, et ne peuvent actuellement pas travailler leur terre ou retourner dans leur communauté pour chercher leurs biens personnels.


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