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domingo, 17 de marzo de 2013

Migrations: Un enjeu au Chiapas

Migrations mexicaines 



L’émigration mexicaine vers les Etats-Unis est devenue un symbole des migrations Nord-Sud : la pauvreté, les inégalités, l’absence de travail décent contraignent chaque année des centaines de milliers de personnes à prendre la route des Etats-Unis, souvent au péril de leur vie. 

La mondialisation néolibérale, en accentuant la concentration des richesses entre les pays et à l’intérieur des pays, a provoqué l’augmentation de ces flux migratoires tout autour du globe. En réaction, les réflexes xénophobes se sont renforcés pays riches, horrifiés par la perspective d’une invasion de leur petit coin de paradis par ces hordes de la misère. Loin de chercher à résoudre les inégalités abyssales qui alimentent cet exode, les gouvernements occidentaux hérissent leurs forteresses. L'immigration clandestine, en particulier, fait actuellement l'objet d'une criminalisation justifiant une surenchère sécuritaire. Au début de l'année 2006, le Sénat américain a voté une loi prévoyant le renforcement des effectifs de la border patrol et l'extension du mur frontalier sur plus de 600 km. Cette décision a provoqué la consternation des Mexicains, qui sont plus de 12 millions à vivre aux Etats-Unis. Au-delà de l'enjeu économique – les renvois d'argent par les migrants installés aux Etats-Unis représentent la 3ème source de devises du pays, dépassant les revenus du tourisme international –, ce sont les conditions de passage des migrants qui sont en jeu ; le renforcement de la sécurité frontalière n'arrête pas les flux illégaux mais les déplace vers les zones désertiques, renforçant ainsi l'activité des passeurs clandestins. Au cours des 10 dernières années, plus de 3000 migrants sont morts lors de la traversée, victimes de déshydratation, d'hypothermie ou de morsures venimeuses. 


Le paradoxe mexicain consiste à être à la fois en situation de victime et de répresseur : en effet, le Mexique n'est pas seulement un pays de départ pour les migrants nationaux, il est aussi une destination et un lieu de passage pour des centaines de milliers de personnes en provenance d'Amérique centrale – et plus rarement d'Amérique du Sud. Durant les décennies 1970 et 1980, le Mexique a accueilli de nombreux réfugiés des conflits armés au Nicaragua, au Salvador et au Guatemala, ainsi que des opposants aux dictatures du cône Sud ; depuis les années 1990, les migrations sont essentiellement économiques, et le Mexique est la zone de transit obligatoire vers l'eldorado américain. Parallèlement, la politique du gouvernement vis-à-vis de l'immigration a pris un virage répressif, et le Mexique s'est converti en poste de garde avancé des Etats-Unis. Ainsi, en 2005, plus de 240 000 migrants illégaux ont été expulsés du territoire mexicain, dont près de 99% sont Centre-américains. De fait, le durcissement de la politique migratoire mexicaine est piloté depuis les 
Etats-Unis. 

Un enjeu au Chiapas 



Le Chiapas, qui devient lui-même de plus en plus un pole d'émigration vers le Nord, est le principal point de passage de ces migrants sans-papiers. 



La majorité passent à l'Ouest, dans la région du Soconusco, qui passe pour la plus riche du Chiapas. Dotée de terres fertiles et de la ville la plus importante de la frontière Sud – Tapachula –, le Soconusco absorbe traditionnellement une main d'oeuvre agricole importante. Toutefois, depuis les années 1990, la chute des prix agricoles (café, banane, cacao, canne à sucre), les limites de l'économie de plantation et les grands projets affectant la région (ALENA, Plan Puebla-Panama) ont provoqué une situation de crise et d'instabilité ; la capacité d'absorption de la région s'en est trouvée réduite, et son rôle de zone de transit renforcée. Les cohortes désordonnées de clandestins qui franchissent chaque jour la frontière se retrouvent dans une situation extrêmement précaire ; partis avec rien ou si peu, ils doivent faire face aux agressions, aux humiliations et aux contrôles. Les violations des droits de l'homme ont augmenté parallèlement au nombre d'arrestations et d'expulsions. 




Face à toutes ces menaces, les migrants clandestins sont démunis. Outre les centres des droits de l'homme, plusieurs auberges les accueillent, et leur offrent le gîte et le couvert pour un repos de quelques jours. Selon 
les dons dont elles bénéficient, elles disposent parfois de médicaments et de quelques vêtements.




L'auberge d'Arriaga




L'auberge d'Arriaga, située au bout d'un chemin, à 4 heures de route au Nord de Tapachula, reste à l’écart ; elle est presque entièrement financée par la paroisse locale. Le père Vazquez y consacre son temps et son argent, et espère pouvoir agrandir le bâtiment. L'auberge a une capacité de 80 personnes, mais en accueille parfois le double tant les candidats sont nombreux. Honduriens, Salvadoriens et Guatémaltèques arrivent ici les vêtements mouillés et les pieds gonflés par la marche. Ils peuvent rester 3 nuits et bénéficier de médicaments basiques, selon les disponibilités. Ils forment des groupes au hasard des rencontres, et discutent de la route à suivre pour éviter les contrôles. A la tombée de la nuit, une réunion les informe des dangers qui les attendent.






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