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La disparition de 43 étudiants de l’école normale rurale (institut de formation des enseignants) d’Ayotzinapa (Guerrero), en septembre 2014 a mis en évidence la crise en matière des Droits de l’Homme au Mexique. Cette situation se caractérise par une extrême violence, de l’insécurité, plus de 15 000 assassinats par an et plus de 24 000 personnes disparues, selon les chiffres du bureau du Premier Ministre, ainsi qu’une impunité et des institutions trop faibles pour régler la situation. Ces derniers mois, le contexte reste similaire, avec malheureusement de nouveaux exemples venant illustrer ces mêmes tendances.
La disparition de 43 étudiants de l’école normale rurale (institut de formation des enseignants) d’Ayotzinapa (Guerrero), en septembre 2014 a mis en évidence la crise en matière des Droits de l’Homme au Mexique. Cette situation se caractérise par une extrême violence, de l’insécurité, plus de 15 000 assassinats par an et plus de 24 000 personnes disparues, selon les chiffres du bureau du Premier Ministre, ainsi qu’une impunité et des institutions trop faibles pour régler la situation. Ces derniers mois, le contexte reste similaire, avec malheureusement de nouveaux exemples venant illustrer ces mêmes tendances.
Fin juin, le département d’Etat des Etats-Unis diffusait son rapport annuel sur la situation des Droits de l’Homme au Mexique pour 2014. Le rapport énonce : “De sérieux problèmes de Droits de l’Homme mettent en cause la police et l’armée pour leur participation à de graves abus comme des exécutions extra-judiciaires, des cas de tortures, de disparitions et de violences physiques”. Le rapport insiste sur“[l’]impunité et la corruption, [qui] continuent d’être un grave problème parmi les forces de sécurité et la justice, en particulier au niveau local et au niveau des états”. Malgré ces conclusions, fortes, des analystes ont critiqué le document ; celui-ci impute en effet la majorité des violations des Droits de l’Homme aux politiques locaux, écartant la responsabilité du gouvernement fédéral. Ils réfutent également la conclusion selon laquelle le gouvernement mexicain “respecte généralement” la liberté d’expression et le droit de manifester. En juillet, le Bureau de Washington sur l’Amérique Latine (WOLA) et sept ONG de Droits de l’Homme ont demandé au gouvernement des Etats-Unis de ne pas verser les fonds liés à l’Initiative Mérida (un traité international de sécurité pour le Mexique et l’Amérique Centrale, impulsé et financé par les USA) : ces organisations considèrent que le gouvernement mexicain ne respecte pas les Droits de l’Homme, une condition préalable à leur obtention selon l’accord.
De nouveaux exemples sont malheureusement venus illustrer les tendances décrites par le rapport états-unien. En juillet, des soldats du 86ème bataillon d’infanterie ont ouvert le feu sur des civils qui manifestaient contre l’arrestation, survenue le jour-même, de Cemeí Verdía Zepeda, commandant de la police communautaire de Santa María Ostula (état de Michoacán). Une douzaine de personnes ont été blessées, et un mineur tué. Des vidéos contredisent la version officielle, qui prétend que les militaires ont dû repousser une attaque des civils. Rappelons que Santa María Ostula, village indigène nahua, a récupéré environ 1300 hectares de son territoire en 2009, pour “les soustraire à l’exploitation minière et au trafic de drogue”. Depuis lors, 32 de ses habitants ont été assassinés et 6 sont portés disparus. En juillet également, des membres du 97ème bataillon d’infanterie ont arrêté sept jeunes de la communauté de Calera (état de Zacatecas), qui ont ensuite été exécutés. Le Ministère de la Défense a déclaré avoir initié une enquête et trouvé des indices de la probable participation de militaires.
Parmi les cas de violences les plus relayés, 5 personnes ont été assassinées en juillet dans le quartier Narvarte de Mexico. Parmi elles, Nadia Vera Pérez et Rubén Espinosa Becerril. Nadia, militante du mouvement étudiant #Yosoy132 et née au Chiapas, avait fui Veracruz, où elle étudiait, à cause justement de son activité politique. Elle disait que si quelque chose lui arrivait, le coupable serait le gouverneur de l’état de Veracruz. Rubén était photoreporter spécialisé dans les mouvements sociaux et militait contre les agressions de journalistes à Veracruz. Il avait lui aussi décidé de déménager en juin, après avoir remarqué que des personnes armées le suivaient et l’avaient pris en photo. Les trois autres personnes assassinées sont des femmes qui n’ont apparemment aucun lien avec le milieu de la contestation sociale. Veracruz est considéré comme l’état le plus dangereux du Mexique pour les journalistes, avec 13 personnes assassinées et trois disparues depuis 2011. Malgré ces chiffres, selon l’hypothèse officielle ces assassinats ne seraient pas liés aux activités politiques des victimes.
Par ailleurs, la seconde évasion de Joaquín “El Chapo Guzmán” démontre une fois de plus la faiblesse des institutions mexicaine face au crime organisé. Ce chef d’un des cartels les plus puissants du Mexique s’est échappé d’une prison de haute sécurité, chose considérée impossible sans la corruption et l’infiltration jusqu’au plus haut niveau des autorités. Enfin, parmi les mauvaises nouvelles et selon des sources officielles, il y a deux millions de personnes pauvres de plus dans le pays depuis le début du mandat d’Enrique Peña Nieto, portant ainsi leur nombre à 55,3 millions.
Malgré ce contexte, le 7 juin avaient lieu des élections pour attribuer 1996 mandats politiques, dont neuf postes de gouverneurs et 500 de députés fédéraux. Le taux de participation a été de 47,72%, les votes nuls représentant 4,76% des suffrages. Le PRI (Parti Révolutionnaire Institutionnel), parti au pouvoir, et son allié le Parti écologiste ont réussi à obtenir 50% des postes de députés en jeu.
Depuis début juin, des membres de la CNTE (Coordination Nationale des Professionnels de l’Education), syndicat enseignant, s’étaient déclarés en grève illimitée dans les états de Chiapas, Oaxaca, Guerrero et Michoacán, ceci afin de réclamer l’annulation de la réforme de l’éducation et la réapparition des 43 étudiants disparus d’Ayotzinapa. Ils ont annoncé qu’ils empêcheraient la réalisation des élections, et plusieurs incidents violents ont effectivement été enregistrés : des bâtiments publics et des bureaux des autorités organisant les élections ont été incendiés. Pour assurer la tenue des élections, des forces fédérales ont été déployées dans les quatre états. Dans nombre d’endroits du pays, outre des faits de violence, l’achat de votes et des pressions exercées pour voter dans un sens ou un autre ont été dénoncés.
Guerrero: le dossier Ayotzinapa piétine
Le 26 de chaque mois, des milliers de personnes manifestent pour la disparition des étudiants d’Ayotzinapa. En mai et juin, leurs familles et amis ont parcouru différents pays d’Europe et d’Amérique pour attirer l’attention sur les événements survenus il y a un an.
En mai, le Groupe Interdisciplinaire d’Experts Indépendants, formés de 5 expert-e-s internationaux nommés par la CIDH (Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme) dans l’affaire Ayotzinapa, a publié son troisième rapport. Il a conclu que la version donnée par le bureau du Procureur de la République n’était pas convaincante et que le cas ne pouvait en aucun cas être considéré comme résolu. En juillet, la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH) a qualifié d’“incomplète”l’enquête en question (voir Dossier). Le groupe suggère, entre autres, l’approfondissement des déclarations de neuf militaires. En juin, la revue Proceso avait révélé que l’un des disparus était un soldat en fonction. Les proches des étudiants ont alors déclaré que cela “démontre seulement la responsabilité des militaires” dans les faits. A ce jour, le Ministère de la Défense n’a toujours pas autorisé le Groupe d’Experts à interroger les membres du 27ème bataillon d’infanterie, qui pourraient être impliqués dans l’affaire.
Défendre les Droits de l’Homme dans l’état de Guerrero reste une activité à haut risque. En août, le Centre des Droits de l’Homme José María Morelos y Pavón a publié un communiqué urgent pour protéger la vie des militants d’Iguala Evelia Bahena García, Diana Carolina Brito Bahena et Félix Rodríguez Navarrete, menacé-e-s de mort depuis qu’ils ont pris la tête d’un mouvement de lutte à Cocula contre l’entreprise minière Media Luna. D’autre part, après 17 mois de réclusion dans la prison fédérale de Tepic et une grève de la faim de 31 jours, Nestora Salgado, commandante de la Police communautaire d’Olinalá, a été transférée au centre de réadaptation sociale pour femmes de Tepepan, à Mexico. Elle a par la suite appris faire l’objet de trois nouveaux chefs d’accusation pour kidnapping, vol et homicide. Son avocat a estimé que le procureur de l’état avaient « gardé ces cartes en main », un signal clair qu’il ne renoncerait pas au procès, malgré les demandes du gouverneur Rogelio Ortega (affilié au PRD, Parti de la Révolution Démocratique).
Les élections ont finalement eu lieu en Guerrero, même si on doutait que les conditions soient réunies pour cela. Le candidat pour l’alliance PRI-PVEM (respectivement parti au pouvoir et parti écologiste), Héctor Astudillo Flores, a obtenu le poste de gouverneur. Au niveau municipal, le PRI a gagné 36 mairies, le PRD 24, le Mouvement Citoyen 7 et le PAN (Parti d’Action Nationale) 4. Le même jour, des policiers fédéraux ont arrêté, sans mandat d’arrêt, huit personnes à Tlapa de Comonfort. L’escalade de tension entre forces de l’ordre et habitants a stoppé quand il a été convenu que les huit personnes arrêtées seraient relâchées et emmenées à Tlapa pour être “échangées” contre 30 policiers fédéraux détenus par la population. Cet accord n’a cependant pas été respecté par d’autres membres de la police fédérale et des militaires, qui sont intervenus pour délivrer les leurs. Le professeur et activiste Antonio Vivar Díaz a trouvé la mort dans cette opération, touché par une balle.
Chiapas: élections dominées par le parti du gouverneur en place
Les élections du 7 juin au Chiapas se sont déroulées dans un contexte tendu en raison des manifestations du corps enseignant les jours précédents. Le secrétaire du gouvernement, Juan Carlos Gómez Aranda, a fait remarquer que la journée s’était déroulée normalement, reconnaissant toutefois que des “incidents” avaient été déclarés, ce qui, selon lui, n’avaient pas mis en péril le processus ni la stabilité sociale. Parmi les “incidents” à déplorer, tous les bureaux de vote n’ont pas pu être mis en place, et 35 urnes et bulletins de vote ont été incendiées à Ocosingo, Chilón, Venustiano Carranza, Comitán, Salto de Agua, Chiapa de Corzo, Huehuetán, et Tuxtla Gutiérrez –fait auxquels les enseignants affirment être étrangers. Selon le réseau des femmes observatrices des élections, des délits (pressions, menaces, chantage aux programmes sociaux et aux services publics, entre autres) ont été reportés dans 90% des bureaux de vote.
L’alliance entre les partis PRI et vert a clairement remporté les élections – à mettre en perspective cependant avec les 46,4% de participation de l’électorat. Ses candidats sont sortis vainqueurs dans les 12 districts que compte l’état, obtenant 69,4% des suffrages exprimés. Le parti écologiste a confirmé son statut de première force politique dans l’état, et le Chiapas a apporté au moins 25% des votes de tout le pays au Parti vert. Morena est arrivé en troisième position, avec environ 6% des votes.
Malgré ces résultats, l’alliance PRI-PVEM est apparue fragilisée. Avant les élections locales du 19 juillet, l’alliance n’a pu être maintenue que dans deux municipalités : Tuxtla Gutiérrez et Tapachula. Ce jour-là, 122 maires et 41 députés locaux devaient être élus. Le bureau du procureur général pour les délits électoraux a reçu plus de 200 plaintes pour des irrégularités survenues dans tout l’état. La plupart des incidents violents ont opposés les deux partis vainqueurs. Ils sont survenus avant, pendant et après les élections, et ont pris différentes formes : routes bloquées par des personnes armées et cagoulées ; blessés par balles ; vol d’urnes ; bulletins de votes et mobilier incendiés ; l’occupation de mairies par des militants dont les candidats n’avaient pas été élus ont également été rapportés. Les alliances entre le Parti écologiste, le PRI, et autres partis proches comme Nouvelle Alliance et le Parti Chiapas Uni ont largement remporté ces élections, tant au niveau municipal qu’au Congrès Local.
Droits de l’Homme : les plaintes se succèdent
En matière d’impunité, l’EZLN (Armée Zapatiste de Libération Nationale) a signalé une nouvelle attaque de “paramilitaires” sur des terres récupérées de la communauté El Rosario, appartenant à la municipalité autonome de San Manuel (municipalité officielle d’Ocosingo). L’EZLN a par la suite dénoncé la libération le 12 août des deux personnes accusées dans l’homicide du professeur Galeano,“malgré le fait qu’eux et leurs complices de la CIOAC1-Historique connaissent leur culpabilité dans l’organisation de ce crime”. Galeano, de son vrai nom José Luis Solís López, a été assassiné en mai 2014 à la Realidad (municipalité de las Margaritas). En août, la Société Civile Las Abejas a elle aussi dénoncé l’impunité, 6 années après que les personnes impliquées dans le massacre d’Acteal aient été libérées (45 femmes et enfants indigènes ont été assassinés le 22 décembre 1997 à Acteal). Las Abejas ont en outre révélé que le Procureur spécial de justice indigène n’a procédé à aucune enquête suite au meurtre de Manuel López Pérez en juillet dernier, apparemment perpétré avec la complicité des autorités de la municipalité de Pantelhó.
En août les 17 familles indigènes tojolabales déplacées de force de Primero de Agosto (municipalité de Las Margaritas), ont déclaré avoir de nouveau été victimes de menaces et de harcèlement, et dénoncé que le gouvernement mexicain, à aucun de ses trois niveaux de pouvoir, ne s’en préoccupe. D’autres familles déplacées, de Banavil (municipalité de Tenejapa) celles-ci, sont temporairement retournées chez elles entre le 3 et le 17 août pour travailler leurs terres, “sans que l’Etat n’assure les conditions minimales de sécurité”, a affirmé le Centre de Droits de l’Homme Fray Bartolomé de Las Casas.
Entre le 14 et le 17 août, les bureaux de SIPAZ (Service International pour la Paix) à San Cristóbal de Las Casas ont été cambriolés par deux fois. De l’argent a été volé (mais une partie laissée, tout comme d’autres objets de valeur), et une note disant “Prends garde guërita” laissée [Note de traduction : dans le langage courant “guëra“, dont guërita est le diminutif, désigne les étrangères, en référence à leur couleur de peau ou de cheveux, claire]. Ni les portes, ni les fenêtres n’ont été forcées.
La mobilisation sociale continue malgré tout
En juin, les proches des disparus d’Ayotzinapa ont rendu visite à des communautés du Congrès National Indigène au Chiapas. En juillet, les communautés appartenant au Congrès et des adhérents à la Sixième Déclaration de la Forêt Lacandone membres de l’EZLN se sont réunis à Cruztón (municipalité de Venustiano Carranza). Les participants se sont prononcés en faveur de l’autonomie et de la défense de la Madre Tierra (Terre Mère). En juillet toujours, l’EZLN a annoncé le second niveau de l’Escuelita (école) zapatiste. Les élèves qui avaient validé le premier niveau ont reçu début août un émail avec les instructions pour réaliser les activités du niveau 2.
Le Pueblo Creyente (Peuple croyant), organisation faisant partie du diocèse de San Cristóbal de Las Casas, s’est mobilisé dans plusieurs régions. En mai, quelques 2000 personnes ont effectué un pèlerinage entre Simojovel et la communauté La Pimienta, où deux enfants sont morts et 29 autres ont été hospitalisés après une campagne de vaccination. Le but était de protester contre les autorités sanitaires et de dénoncer l’offre de compensation de 5000 pesos offerte par l’état aux familles. En juin, environ 2500 membres du Pueblo Creyente de la municipalité voisine d’El Bosque ont réalisé un autre pélerinage. Ils réclamaient que les problèmes rencontrés dans la région soient pris en compte et traités : violence, corruption, trafic de drogue, ainsi que le manque de services publics. En juillet, dans la région de la frontière, la Mission Tojolab’al du Pueblo Creyente a organisé un pèlerinage auquel près de 4000 personnes ont participé. Ils se sont déclarés solidaires des habitants de Simojovel et ont dénoncé les déplacements forcés des familles de Banavil et de Primero de Agosto.
L’état de Oaxaca déclaré “en état d’urgence”
Le contexte politico-social a surtout été marqué par la journée électorale de juin, avec 440 incidents violents rapportés, 92 personnes arrêtées, des blessés, des personnes disparues et un mort. Peu avant la tenue des élections, différentes associations civiles avaient déclaré que Oaxaca était “en état d’urgence”. Des effectifs de la police fédérale, de la gendarmerie nationale et de l’armée ont été dépêchés sur place, au cas où la section 22 du syndicat des enseignants empêcherait les élections. On dénombrait 7000 agents en place jusqu’à la mi-août. Le 18 juillet, les forces de sécurité ont encore été renforcées, après que l’état ait pris le contrôle de l’Institut d’Enseignement Public de l’état (IEEPO), organe précédemment dirigé par la Section 22 de la CNTE. Autre “coup” porté aux enseignants de Oaxaca, le gouvernement fédéral a gelé un de ses comptes ; précisément celui sur lequel ils reçoivent les cotisations des adhérents et les virements du gouvernement de l’état. Raison invoquée : des mouvements suspects auraient été enregistrés.
Des associations de défense des Droits de l’Homme et d’autres formations civiles ont exigé du gouverneur, Gabino Cué Monteagudo, que l’armée et la police se retirent immédiatement, avertissant que leur présence “[mettait] en évidence la politique de criminalisation de la contestation sociale”. Le gouverneur a quant à lui affirmé que la présence des forces de sécurité servait à contenir, et non à réprimer. Le président de la Commission de Coordination Politique (organe de gouvernement de la Chambre des Députés, rassemblant les présidents de chaque groupe parlementaire), Jesús López Rodríguez, a considéré la présence des forces fédérales inutile, la Section 22 ayant annoncé que les enseignants ne perturberaient pas la rentrée des classes. Il a assuré que le gouverneur, en demandant leur intervention, était passé outre l’avis du Congrès local. L’envoi de ces troupes et les patrouilles effectuées dans les rues ont de fait créé un climat d’état de siège.
D’autre part, dans l’Isthme de Tehuantepec, l’Assemblée Populaire du Peuple (APPJ) et des associations civiles ont interposé un recours pour violation du droit à la consultation après que le Ministère de l’énergie ait annoncé la construction du parc éolien de l’entreprise Eólica del Sur dans les communautés de Juchitán et d’El Espinal. Les organisations membres de la mission d’observation de la consultation ont détecté de nombreuses irrégularités : octroi de permis et signature de contrats avant que le consentement ait été obtenu; plus de 30 incidents de sécurité ; 75 demandes d’information restées sans réponse ; absence de traducteurs certifiés; sessions organisées sans prise en compte des traditions des communautés ; et, de façon générale, un contexte d’insécurité, de pression, de violence et de manque de transparence. Elles ont de plus signalé: “C’est la première fois que le gouvernement organise une consultation indigène en se référant à la législation nationale, (…) qui a été modifiée par la Réforme énergétique. Selon les autorités elles-mêmes, la consultation de Juchitán sera le modèle de référence pour les projets réalisés suite à cette réforme. C’est pourquoi les graves violations des Droits de l’Homme relevées durant tout le processus sont de portée nationale”.
Pour ce qui concerne la mobilisation citoyenne, le Front de défense de la colline du Fortín a été créé. Ce mouvement s’oppose à la construction du centre culturel et de conventions de Oaxaca que “le gouvernement de Gabino Cué veut imposer, en dépit du conflit d’intérêt reconnu par le secrétaire du Tourisme, José Zorrilla Diego lui-même, car il en tirera des bénéfices“. Le Front rassemble 55 collectifs, associations civiles, écologistes, ingénieurs, architectes et journalistes. “Assez de constructions énormes, mal conçues et ruineuses. Halte à la destruction des espaces naturels de la ville, halte à l’abus de pouvoir”,scandait le Front en juin, avant que des personnes contraires ne lancent des pétards sur des habitants et des membres du Front. Dans l’attaque, la secrétaire technique du Forum de l’eau de Oaxaca, Rocío Olivera Toro Maya, a été blessée à la jambe gauche et plusieurs participant-e-s ont rapporté des troubles auditifs. Rocío Olivera avait peu auparavant demandé des mesures de protection car elle était suivie et surveillée – mesures qui n’avaient toujours pas été mises en place au moment de l’agression.
Ailleurs dans l’état de Oaxaca, Omar Esparza Zárate, militant social, a dénoncé l’existence d’un groupe armé qui menace de l’assassiner. Omar Esparza est le veuf de Bety Cariño, une femme défendant les Droits de l’Homme décédée avec Jyri Jaakkola en 2010 alors qu’ils participaient à une caravane humanitaire à San Juan Copala. Enfin dans la région des Chimalapas, un affrontement entre des villageois de San Antonio Chimalapa et des habitants de l’état du Chiapas a eu lieu en mai. Deux personnes ont été blessées et quatre autres arrêtées. Les habitants de Santa María Chimalapas ont obtenu en 1967 par décret présidentiel des milliers d’hectares situés à la limite entre les états de Chiapas et de Oaxaca. Cette décision entre en conflit avec des résolutions précédentes et des titres de propriété délivrés auparavant. En juillet, les indigènes zoques de Santa María Chimalapa ont lancé un ultimatum au gouvernement fédéral et à l’état afin qu’ils résolvent immédiatement le problème de l’invasion par le Chiapas du territoire des Chimalapas. En août, deux nouvelles incursions massives ont cependant été rapportées.
- CIOAC : Centrale Indépendante des Ouvriers Agricoles et des Paysans (^^^)
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