miércoles, 31 de julio de 2019

Les Zapatistes face au déploiement militaire le plus important du Mexique.


La garde nationale et les zapatistes. 
Traduction @Romane

Le déploiement militaire en cours est le plus important de l’histoire du pays. Pour le nouveau gouvernement, il est absolument nécessaire. Et pas seulement pour le nouveau gouvernement : pour toute l’oligarchie et ladite « classe politique » constituée par toutes les tendances du spectre électoral. La nouvelle Force Armée a été mise en place avec l’approbation « historique » unanime de tous les groupes parlementaires représentés au Pouvoir Législatif fédéral. Les législatures des 32 Etats de la République ont également donné leur aval immédiat, via lequel le président de la République, Andrés Manuel López Obrador, a décrété la création de la Garde Nationale le 26 mars dernier.


Ce jeudi, de nouveau de manière unanime, les législateurs fédéraux (sénateurs et députés) ont approuvé les lois réglementaires de cette même Garde Nationale. Autrement dit « il y a consensus » entre ceux qui gouvernent et ceux qui leur disputent le pouvoir quand il s’agit de déployer les effectifs militaires sur tout le territoire national. Et il y a un consensus entre les pouvoirs de facto : les chambres de commerce, les consortiums médiatiques, les groupes financiers, et entre autres, la hiérarchie ecclésiastique ont célébré la création de la nouvelle Force et exprimé le souhait que, pour le bien de la nation, elle réussisse dans son combat contre le crime et dans l’instauration de la paix.





Comme nous l’avons dit ici, la réelle confrontation du gouvernement de López Obrador ne se joue pas contre ses adversaires du PAN, du PRI, du PRD, ni contre les hommes d’affaires, les financiers ou les ministres, ou encore les magistrats et les juges du Pouvoir Judiciaire. Cette confrontation existe, mais pour ce qui est fondamental, ils savent se mettre d’accord, comme pour le déploiement militaire dans l’ensemble de la République.


Il faut reconnaître que le combat contre la corruption n’est pas un combat mineur : il générera d’importantes frictions entre des groupes qui ont abusé jusqu’à l’obscénité des ressources publiques. Juste un exemple : comme l’a révélé Contralinea dans la colonne Oficio de Papel, Televisa a reçu sur les 6 dernières années plus de 9 mille millions de pesos [environ 420 000 000 d’euros] officiellement pour la publicité gouvernementale. A cela, il faut rajouter ce qui a été reçu pour les autres « services » rendus au gouvernement d’Enrique Peña Nieto et, le comble, le remboursement de millions de pesos – documenté par Reforma – d’impôts à cette entreprise et à d’autres du même groupe, comme la chaîne de télévision satellite Sky et le club de football professionnel Águilas del América.





Bien sûr le combat contre la corruption est important, mais à lui seul, il ne changera pas la relation entre exploiteurs et exploités. La structure génératrice d’inégalités économiques et sociales restera intacte.


La création de la Garde Nationale fait appel à 12 articles de la Constitution Politique des Etats Unis du Mexique. Soit dit en passant, cette législation promeut le fait de s’armer individuellement au nom du droit à préserver sa sécurité. L’article 10 de la Carta Magna mexicaine explique que : « Les habitants des Etats Unis du Mexique ont le droit de posséder des armes à leur domicile, pour leur sécurité et la légitime défense [...] ».


Dans la nouvelle Constitution et dans les lois réglementaires, on insiste sur le caractère policier et civil de ce nouveau corps. Mais dans les articles transitoires, il reste établi que ces troupes viendront principalement de la Police Militaire et de la Police Navale. Et dans une moindre mesure, de ce qu’il reste de la Police Fédérale. Autrement dit, hier ils étaient militaires et aujourd’hui, rattachés à la Garde Nationale, ils sont civils. Comme si un changement d’uniforme était suffisant pour transformer un militaire en policier. De plus, le « quinto transitorio » autorise le président de la République à disposer de l’Armée Mexicaine, de la Marine, et des Forces Aériennes Mexicaines pour réaliser les tâches de sécurité publique.


Nous parlons d’un déploiement qui a commencé avec 50 mille effectifs et qui à terme atteindra 110 mille. Et, comme a insisté Alfonso Durazo Montaño, secrétaire de la Sécurité et Protection Citoyenne, lors de ce déploiement, les éléments ne reviendront pas à leurs bataillons après avoir réalisé leurs opérations. Ils resteront sur place, pour « récupérer » le territoire national.


Le commandant de la Garde est le Général de brigade Luis Rodríguez Bucio, muni de références d’expert en renseignement et combat contre le narcotrafic. L’état major de la nouvelle Force est complété par un représentant de l’Armée (le général de brigade Xicoténcatl de Azolohua Núñez Márquez), un de la Marine (le contre amiral d’infanterie de Marine, Gabriel García Chávez) et une de la Police Fédérale (la commissaire générale Patricia Rosalinda Trujillo Mariel).


Le reporter José Réyez a révélé dans Contralinea que le déploiement de la Garde Nationale atteindra en 3 ans, 266 coordinations par lesquelles la Nouvelle Force découpera le pays. Parmi elles, 216 seront à la charge de militaires du Secrétariat de la Défense Nationale (Sedena), et 34 à la charge du Secrétariat de la Marine (Semar). Enfin, à peine 16 à la charge de la Police Fédérale.


Parmi les 266 coordinations où s’établira la Garde Nationale, certaines englobent les communautés des municipalités autonomes zapatistes. Cette nouvelle Force, du moins sur la carte, entend s’implanter au cœur du mouvement zapatiste et de l’Ejército Zapatista de Liberación Nacional.


De plus, de l’information ressort quelles coordinations de la Garde Nationale cela sera et qui en sera en charge. Il s’agit de « l’entité Chiapas 1 » avec quatre coordinations régionales. Les casernes seront à San Cristobal des las Casas, dont le « lien militaire » est le colonel d’infanterie Vicente Dimayuga Canales ; Comitán de Domínguez, avec le colonel de cavalerie Carlos Alberto Rojas Martínez; Huehuetán, avec le général de brigade Jaime Contreras Chávez, et Las Margaritas à la charge du colonel d’infanterie Arturo Carrizales Huerta.


L’entité « Chiapas 2 » comptera aussi quatre coordinations dont les « liens militaires » sont le colonel d’infanterie Avigail Vargas Tirado, le lieutenant colonel d’infanterie Edilberto Jasso Godoy, le colonel d’infanterie Rodolfo Díaz Navarro et le colonel d’artillerie Isaac Guzmán Rojas. Les casernes seront respectivement à Ocosingo, Palenque, Pichucalco et Bochil.


Le cercle militaire autour des zapatistes se ressert.


On observe également la création de l’« entité Chiapas 3 » dans le Sud de l’État où il n’y a pas de communautés autonomes zapatistes.









La région d’influence zapatiste aura plus de casernes que d’autres régions avec des indices de violence élevés, bien que ce même document établit que les indices criminels sur les territoires autonomes font partie des plus bas du pays.


López Obrador a insisté sur le fait qu’en tant que gouvernant, il n’était ni de gauche ni de droite, mais libéral. Sa lutte est donc contre les « conservateurs », comme celle du XIXème siècle, quand ces deux grandes factions se disputaient le territoire. Après le triomphe des libéraux, on a assisté à l’instauration d’un gouvernement fort qui a « récupéré » toutes les régions pour l’État libéral.


Probablement, dans la vision de López Obrador, tous les territoires doivent être « récupérés ». Et pas seulement ceux qui sont aux mains de la délinquance, mais aussi ceux peuplés par les communautés anti-système, étrangères à ce pour quoi l’État bourgeois mexicain a de la considération. Apparemment, la guerre au Chiapas n’est pas terminée.


Zósimo Camacho


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