Vu du Mexique:
Prison: Réhabilitation ou école du crime?
(Traduction collective d'une réflexion de la Red Contra La Represion)
Se demander si les prisons répondent à un objectif de réhabilitation et de réintégration des individus au sein de la société perd tout son sens tacite ou même éthique, si nous commençons à analyser l'aspect politico-social des sociétés dominantes actuelles. Pourtant, sans entrer dans de tels arguments, la prison elle-même échoue dans ce qui est son objectif supposé,"l’amélioration des comportements". L'enfermement d'un être humain entre 4 murs, les traitements humiliants, les mesures d'isolement, la torture physique et psychologique, les séparations ,au fins de déstructuration politique, l'éloignement du lieu de résidence des prisonniers... sont autant d' outils du système carcéral actuel, devenus monnaie courante pour beaucoup de prisonniers, et qui montrent clairement que le régime carcéral du système capitaliste est un système punitif qui punit non seulement les détenu(e)s mais aussi leurs familles et proches.
Comme nous avons dit , les centres pénitenciers ne remplissent pas leur mission de réinsertion bien au contraire. La prison génère en effet les comportements délictuels, c'est très certainement la meilleure école du crime.
La lutte des prisonniers continue afin de maintenir si non entièrement , au moins en partie , leurs dignités. Ce faisant ils s'exposent à des à des représailles inévitables: des confrontations directes et quotidiennes avec les gardes, des abus de pouvoir, la perte de "privilèges" et l'application de nouvelles mesures qui allongent la peine de prison.
Si le prisonnier ne prend pas le chemin de la lutte il n 'en souffre pas moins d 'un processus inéluctable de dépersonnalisation, dû en grande partie à l'impossibilité de prendre les décisions les plus basiques ainsi qu'à des traitements humiliants. Les prisons de l'actuel système capitaliste sont un instrument de menace,de gestion de la peur afin de conditionner les comportements sociaux. Il s'agit d'une structure qui permet aux gouvernements de garder les individus et les politiques sous contrôle,sous la menace d'une peur constante. La prison est donc un génocide entre les murs, c'est une machine infernale qui détruit la dignité, l'intégrité, les sentiments et la vie des prisonnier(e)s et de leurs familles.
Ainsi dans les prisons se créent des liens de solidarité inébranlables,des liens qui ne pourraient pas se créer dans d'autres contextes. L'organisation interne des prisonnier(e)s politiques nous démontre qu'il ne s'agit que d'un changement de scenario (avec toute sa dureté) où la lutte continue et s'organise et où les plus "petites" avancés sont des victoires qui rendent plus " libres", car la liberté commence là où la lutte commence .C'est la cas par exemple des camarades de La Voz del Amate et des Solidaires de La Voz del Amate, qui chaque jour luttent infatigablement contre les abus des institutions pénitentiaires et contre le système capitaliste mondial, qui est le précurseur de la politique de la mort et de la répression, leurs témoignages sont un exemple de cela.
Tous ont subis actes de torture au moment de l'arrestation et continuent d'en souffrir sous la forme d'isolement, de traitement humiliants de séparation et d'éloignement. Dans l'état du Chiapas la torture se pratique de manière régulière dans un contexte de mépris et de répression des populations autochtones. L'impunité, due notamment à un système de base patriarcale, a entre autre pour conséquence que les femmes qui sont emprisonnées soient durement affectées psychologiquement par la torture sexuelle, beaucoup d'entre elles ont étés harcelées sexuellement et / ou violées par des gardiens et / ou des membres de la police.
Sur ces cas on peut voir que tous les camarades ont été brutalement battus,le même schéma de torture se repete toujours, la plupart ont été asphyxiés avec des sacs plastique, humiliés et menacés, certains ont été soumis à des chocs électriques. Un autre fait très grave et inquiétant est celui de l'existence de "maisons anonymes", sans aucune insigne officielle, où de nombreux détenus sont enmenés et brutalement torturés. De plus, nous avons constaté des violations systématiques par la police et les fonctionnaires des ministères publics des garanties constitutionnelles où non seulement les camarades n'ont pas accès à un traducteur ou un avocat,mais egalement des cas de menaces,d' insultes et de violences. Les déclarations faites sous la torture et/ou rédigées par la police sont monnaie courante, il n'est pas possible de faire une déclaration libre et volontaire au procureur.
Les camarades souffrent tous de maladies, dues à la mauvaise qualité et au peu de nourriture qu'ils reçoivent,à l'insalubrité des installations penitenciares et de leur mauvais etat pour faire face aux conditions météorologiques, au refus des autorités à l'accés aux soins médicaux, et bien sûr, dans de nombreux cas aux effets de la torture . La camarade Rosa Lopez souffre d'une hernie ombilicale, Alberto Patishtàn d'une cécité qui pourrait être en phase terminale.
Les prisonniers font partie de ces "dommages collatéraux" generés par des politiques économiques et sociales ,dans ce contexte de guerre que nous vivons ils et elles sont, avec les morts et disparus, les plus touchés.
Les raisons pour exiger et forcer la liberation immediate et sans conditions de nos camarades emprisonnés ne manquent pas.
Nous exigeons donc la liberation immédiate des camarades de La Voz del Amate et des solidaires de La Voz del Amate, ainsi que les camarade adhérents à l'Autre Campagne de Mitziton et du camarade de Voces Innocentes, leurs noms et leurs histoires est presenté dans ce document.
Aujourd'hui les prisonniers politiques du Chiapas en grêve de la faim entament leur vingtième journée. La répression est forte, et les pressions contre les prisonniers aussi. La seule compagne en greve de la faim s'est vue menacée qu'on lui retire son fils, les visites sont fortement limitées... Les familles des victimes ont entamé un sitt-ing sur la place de la cathédrale de San Cristobal, ces dernières ont été priées de partir avant le sommet mondial pour un tourisme sauvage, qui attend la venue de plus de 750 tours opérateurs mondiaux, où le président Calderon est attendu pour l’inauguration et où la ville a été intégralement repeinte pour l'occasion.
La situation est particulièrement tendue, mais les prisonniers continuent à lutter pour leur liberté et contre leur emprisonnement injuste. Dimanche une commission des promoteurs de santé abejas s'est solidarisée avec le mouvement en envoyant deux promoteurs à la prison pour évaluer la santé des grévistes qui commencent à montrer quelques signes de faiblesses. Vendredi nous avons appris la libération de deux compagnons en grêve de la communauté de mitziton.
La lutte continue!
Prisonnier politique, Liberté!!