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Sipaz
En février, d'importantes manifestations ont eu lieu à Mexico, cinq mois après la disparition de 43 étudiants de l'école normale rurale d'Ayotzinapa (état de Guerrero). Dans ce cadre, le Procureur général de la République, Jesús Murillo Karam, a présenté sa démission. En mars, c'était au tour de Lía Limón García de quitter le secrétariat des affaires juridiques et des Droits de l'Homme du Ministère de l'Intérieur. Les médias ont dans les deux cas évoqué comme motif probable le dossier Ayotzinapa. En dépit de ces changements, l'image du pays en matière des Droits de l'Homme continue de se dégrader.
Ayotzinapa, 43 disparus
© Patxi Beltzaiz
En mars, le rapporteur spécial des Nations-Unies sur la Torture, Juan E. Méndez, a mentionné lors de la présentation d'un rapport sur le Mexique que « la torture et les mauvais traitements subis entre l'arrestation [d'un suspect] et sa mise à disposition de la justice sont généralisés au Mexique, et surviennent dans un contexte d'impunité ». Le représentant du Mexique devant les organismes internationaux a contesté « nous ne pouvons partager cette observation que la torture est généralisée dans le pays, car cela ne correspond pas à la réalité » Il a ajouté que les déclarations du Rapporteur « ne reflètent pas les efforts importants déployés par le pays pour renforcer juridiquement et dans la pratique une culture de respect des Droits ». Différents autres fonctionnaires mexicains ont remis en question non seulement le rapport, mas aussi le Rapporteur lui-même – ce dernier a toutefois confirmer ses déclarations. Ce n'est pas la première fois que la diplomatie mexicaine montre des réticences face aux observations extérieures en matière de Droits de l'Homme.
En avril, des organisations internationales de Droits de l'Homme ont exprimé leur inquiétude à propos du Mécanisme de protection pour les défenseur(e)s des Droits de l´Homme et les journalistes, qui se trouvait alors « acéphale ». L'absence de direction met encore plus en danger ses bénéficiaires et les personnes qui souhaitent que leur cas soient pris en compte. Les associations se disent également inquiètes du manque d'application du Mécanisme. Ces manquements sont dus, entre autres, à des ressources réduites et inadaptées, au manque de clarté des critères pour bénéficier de son aide, et à l'impunité dans les cas d'agressions de défenseurs et de journalistes. En mai dernier, Sara Irene Herrerías Guerra a été nommée à la tête du cabinet dont dépend le Mécanisme ; elle fut auparavant Procureure en charge de l'attention aux victimes de délits et Procureure de la Justice en charge des délits de violence contre les femmes et de traite des personnes.
En mai toujours, des documents déclassifiés ont été publiés par le journal The Intercept. Un rapport interne du Northcom (le Commandement militaire du Nord des États-Unis) révèle que Washington a suspendu des fonds destinés à l'Armée mexicaine après les exécutions extrajudiciaires perpétrées en juin 2014 à Tlatlaya (état de México). Il aborde également l'affaire d'Ayotzinapa, qui pose « d'alarmantes questions sur le caractère généralisé de la violence des cartels de drogue dans la région et leur niveau de complicité avec le gouvernement ». Le document fait mention de presque 3 milliards de dollars versés par les États-Unis pour la sécurité du Mexique, principalement à travers l'Initiative Mérida, une stratégie anti-drogue inspirée du Plan Colombie. Cette aide s'ajoute à la vente directe d'armes et de matériel militaire au Mexique, principal client latino-américain des États-Unis.
Élections intermédiaires : la désillusion
Un mois avant la tenue des élections intermédiaires, l'INE (Institut Electoral National) a recensé 12 976 "zones d'attention spéciale" en raison de l'insécurité. Mi-mai, le démarrage des campagnes électorales avait entraîné la mort de 7 personnes, et 34 autres avaient été agressées ou menacées. Ces élections remettent en jeu les postes des élus du Congrès fédéral, des députés de 17 états, les 16 mairies d'arrondissements du District Fédéral, neuf gouverneurs et 993 mairies.
Selon des sources journalistiques, le PRI (Parti Révolutionnaire Institutionnel), parti actuellement au pouvoir, est inquiet : les sondages indiquent qu'il pourrait perdre la majorité à la Chambre des Députés. Un de ses alliés, le Panal (Parti Nouvelle Alliance), risque de perdre son accréditation en tant que parti politique. Certaines enquêtes placent le Parti Ecologiste PVEM, son principal allié, à la troisième place ex aequo avec le PRD (Parti de la Révolution Démocratique). Le PVEM, a cependant l'habitude d'entrer très tôt en campagne, afin d'être en bonne place lors des négociations de coalition ; les résultats des sondages pourraient donc être trompeurs.
Notons qu'à l'exception du PRI, les autres partis politiques et des dizaines de milliers de citoyens ont demandé à plusieurs reprises que soit retirée au PVEM son accréditation en tant que parti politique, en raison d'infractions répétées à la loi électorale.
Au milieu de cette effervescence, de nombreux citoyens se demandent non pour qui voter, mais si cela vaut la peine de le faire. L'idée de rendre nuls ou de déchirer les bulletins se répand. Selon une enquête de l'Institut Electoral National, 80% des citoyens ne font pas confiance aux partis politiques, et 64% à l'autorité électorale. Selon le Latinobarómetro 2013, le Mexique est le pays d'Amérique Latine où les gens sont le moins satisfaits du fonctionnement de la démocratie.
Guerrero: violences "localisées"?
43 disparus, manifestation à Chilpancingo, Guerrero
© SIPAZ, archivo
En Guerrero, le lancement des campagnes électorales a été marqué par l'augmentation de la violence. En mai, des hommes armés ont assassiné le candidat du PRI à la mairie de Chilapa. La candidate pour Morena (Mouvement de Renaissance Nationale) avait annoncé peu de temps auparavant qu'elle retirait sa candidature pour des raisons de sécurité. En avril, le Panal (Parti Nouvelle Alliance) a rapporté l'assassinat de quatre de ses membres au retour d'un meeting électoral. En avril également, le candidat gouverneur pour le Mouvement Citoyen, Luis Walton Aburto, a suspendu son voyage dans la zone de la Montagne, après que son cortège ait été stoppé à Chilapa par un groupe d'hommes armés. En mars, la candidate du PRD à la mairie d'Ahuacuotzingo avait été retrouvée morte près des lieux où elle avait été enlevée par des personnes armées. Les autorités considèrent pour l'instant ces violences comme étant « localisées » et que les conditions sont réunies pour que les élections aient lieu.
Au début du mois de mai, le Centre des Droits de l'Homme de la Montagne Tlachinollan a alerté que « [le crime organisé] a plongé ses racines dans les organes mêmes du gouvernement, c'est une partie inhérente à l'exercice du pouvoir et de la politique. (...) Les autorités ont fermé les yeux et refusé d'intervenir face à la violence que nous subissons et qui trouble les élections. Elles ont préféré reporter leur attention sur les organisations sociales qui se sont positionnées ouvertement contre la tenue des élections ; ces dernières ont d'ailleurs été discréditées pour cela. »
En lien avec l'affaire d'Ayotzinapa et diverses revendications sociales, les manifestations se sont radicalisées avec l'augmentation de la répression. A Acapulco, en février, un enseignant est décédé dans les affrontements entre la police fédérale et la Coordination des enseignants de l'état de Guerrero (CETEG), qui envisage de boycotter les élections. Des femmes membres de la CETEG ont en outre confirmé les abus sexuels commis par des policiers sur une enseignante.
Manifestation des enseignants de la CETEG, Chilpancingo, Guerrero
© SIPAZ, archivo
L'enquête sur Ayotzinapa continue d'être au centre des réclamations. En mars, la famille de Julio César Mondragón, l'étudiant assassiné et démembré, a rejeté les conclusions du bureau du Procureur de la République, qui pointent comme responsable la police d'Iguala. Ils ont expliqué « ils veulent classer le crime par le biais d'une action médiatique et bâclée». Ils ont dénoncé que l'affaire était traitée comme un homicide lié au crime organisé « et non pour ce qu'elle est : une exécution extrajudiciaire associée à des actes de torture ».
Le premier rapport du Groupe interdisciplinaire d'experts indépendants, créé par la Commission Interaméricaine des Droits de l'Homme (CIDH), et venu au Mexique pour travailler sur le dossier, a conclu que la disparition des étudiants normalistes est un crime de lèse-humanité. Le Groupe demande, entre autres, une copie du dossier de l'enquête détenu par le bureau du Procureur, la requalification des faits en disparition forcée, ainsi que l'exploration d'autres pistes d'investigations.
En avril et mai, le père d'un étudiant de l'école normale, un normaliste et un membre de Tlachinollan ont effectué un voyage en Europe. Tlachinollan a précisé que « le but est, entre autres, d'appuyer la demande des parents d'enquêter sur la responsabilité de l'armée mexicaine et la police fédérale dans la disparition des 43 étudiants de l'école normale d'Ayotzinapa, ainsi que de mettre en évidence la responsabilité des gouvernements européens dans les atteintes graves aux droits des étudiants disparus ».
On note peu d'avancées dans d'autres affaires. En mars, Marco Antonio Suástegui, porte-parole du Conseil des ejidos et communautés opposés au barrage de La Parota (Cecop), incarcéré depuis juin 2014 dans une prison fédérale à Tepic (Nayarit), a réintégré une prison de Guerrero. Son épouse a signalé qu'il est en mauvaise santé, après neuf mois et demi sans soins médicaux, alors qu'il avait été torturé. Tlachinollan a dénoncé que « le gouvernement de l'état s'est acharné, sans que rien ne le justifie, à retarder le transfert de Marco Antonio, (...) une preuve évidente du manque de volonté politique et de l'utilisation arbitraire de la justice par le gouvernement de l'état, avec comme unique objectif de continuer à criminaliser les défenseurs des Droits de l'Homme ».
En mai, la coordinatrice de la Police Communautaire d'Olinalá, Nestora Salgado, prisonnière depuis 2013, a entamé une grève de la faim face à l'absence d'avancée dans son procès. Le gouverneur Rogelio Ortega Martínez a dit avoir redemandé au procureur de l'état d'envisager l'arrêt de la procédure pénale. Il a également déclaré qu'il allait dans le sens de l'amnistie du MPG (Mouvement Populaire de Guerrero). Une semaine plus tard, deux autres détenus de la CRAC-PC (Coordination Régionale des Autorités Communautaires-Police Communautaire) ont commencé une grève de la faim en solidarité avec Nestora.
Chiapas: Rafale de propagande électorale... et de plaintes de la société civile
Pélerinage Via Crucis du Peuple Croyant de Simojovel, mars 2015
© SIPAZ
En avril, le nom du successeur d'Eduardo Ramírez, secrétaire du gouvernement de l'état, a été annoncé. C'est donc le PRIste Juan Carlos Gómez Aranda qui le remplace. Ce dernier, en tant que membre fondateur de la COCOPA (Commission pour la Concorde et la la Réconciliation), avait pris part aux pourparlers avec l'EZLN (Armée Zapatiste de Libération Nationale). Aucune explication n'a été donnée quant à la raison de ce remplacement, même si les rumeurs pointent les différends entre le parti écologiste PVEM et le PRI, au sein d'un gouvernement fondé sur l'alliance entre ces deux partis. Les rumeurs indiquent également que Ramírez Aguilar aurait démissionné après une réunion du gouverneur Manuel Velasco avec le Premier Ministre, Osorio Chong. Les élections auront lieu dans un contexte de propagande importante, avec budget alloué considérable, mais la victoire du PVEM est assez prévisible.
En parallèle, les plaintes de la part d'acteurs sociaux se sont multipliées, sans écho dans les campagnes électorales, qui proposent peu de réponses à leurs demandes. En février, la possibilité de reprise des activités minières a suscité de l'inquiétude : une lettre signée par un représentant du Bureau mexicain de géologie et de l'entreprise Geoquímica y Perforación SA de CV (Géochimie et Forage), avait été adressée au curé de Simojovel. Les auteurs du courrier lui demandaient d'intercéder en leur faveur auprès des communautés « pour accéder à leurs territoires, communaux ou privés » où, d'ici trois mois, « une cartographie géologique de la région doit être réalisée ». Le processus toucherait 20 municipalités des Hauts Plateaux et du Nord du Chiapas.
En février, Antonia López Méndez, une enfant de Banavil (municipalité de Tenejapa) a été enterrée. Sa famille a pu l'inhumer dans sa communauté, accompagnée par une caravane d'organisations, d'autorités et de policiers. Ce dispositif a été mis en place pour assurer la sécurité de cette famille, qui fait partie des 4 qui vivent déplacées depuis décembre 2011, soit au total 13 personnes.
Dans le cadre de la Journée internationale pour les droits des femmes, en mars, près de 200 femmes et quelques hommes ont défilé à San Cristóbal de Las Casas pour l'égalité en droits et pour mettre fin à la violence contre les femmes. La formation du "Mouvement en Défense de la Terre, du Territoire, et pour la Participation et la Reconnaissance des Femmes dans les décisions" a été annoncée, « dans un contexte de pillage et de destruction des ressources naturelles, et de violence généralisée de l'État, qui s'exerce à travers des politiques néolibérales et les violences liées au genre ».
En mars, l'arrivée du pèlerinage du Pueblo Creyente (Peuple Croyant) de Simojovel a eu lieu à Tuxtla Gutiérrez. L'évènement est né d'une série de revendications, dont la cessation de la violence et de la narcopolitique subies depuis deux ans dans cette région. Les autorités ont fermé les yeux sur la situation, alors que les menaces contre le curé, Marcelo Pérez Pérez, et les membres actifs de la paroisse s'accentuent.
Déplacé(e)s de Poblado Primero de Agosto, municipalité de Las Margaritas, mai 2015
© SIPAZ
En mars également, le Centre des Droits de l'Homme Fray Bartolomé de Las Casas (CDHFBC) a dénoncé les nouvelles menaces et agressions à l'encontre des habitants de Poblado Primero de Agosto (municipalité de Las Margaritas). Un mois après leur déplacement forcé entraîné par des membres de la CIOAC-H (Organisation Centrale Indépendante Ouvrière Agricole - Historique), les familles de l'ethnie tojolabale « restent vulnérables, et sous la menace de nouvelles agressions ». Le Centre Fray Bartolomé de Las Casas a affirmé que « le gouvernement de Manuel Velasco n'a pas assumé sa responsabilité, ni rempli les engagements pris face aux familles. Au contraire, il protège les membres de la CIOAC-H, preuve en est que toutes les plaintes déposées pour les agressions commises sont restées impunies ». Au bouclage de ce journal, la situation n'était pas résolue.
En mai, après la vaccination de 52 enfants de communautés indigènes de Simojovel, 29 d'entre eux ont été victimes de complications et ont été hospitalisés. Deux en sont morts et six sont dans un état grave. Les associations civiles ont appelé les autorités impliquées à déterminer les fautes et sanctionner les responsables, ainsi qu'à apporter le soutien nécessaire aux familles, et leur garantir l'accès à la justice. Elles ont exprimé leur « inquiétude pour la situation de la petite enfance dans l'état (...). Les données du CONEVAL (Conseil national d'évaluation de la politique de développement social) indiquent qu'en 2012, 74,7% de la population du Chiapas vivaient dans la pauvreté, et 24,9% signalaient un manque d'accès aux services de santé ».
EZLN: entre agressions et actions
Séminaire "La pensée critique face à l'hydre zapatiste", mai 2015
© SIPAZ
En février et mai, il a été signalé que des personnes armées menaçaient et harcelaient des habitants d'El Rosario et Nuevo Paraíso, deux communautés appartenant au Caracol de la Garrucha (municipalité d'Ocosingo). En mars, le Comité de Bon Gouvernement (Junta de Buen Gobierno) zapatiste de La Realidad a dénoncé le harcèlement subi de la part de l'Armée mexicaine. En avril, le site internet d'Enlace Zapatista a subi une cyber-attaque.
Le 2 mai, dans le caracol d'Oventik, l'EZLN a rendu hommage au philosophe Luis Villoro Toranzo, décédé en mars 2014, et à José Luis Solís López, le professeur Galeano, assassiné en mai 2014 à La Realidad (municipalité de Margaritas). L'accent a été mis sur la nécessité de poursuivre les luttes menées par les compagnons disparus. Du 3 au 9 mai, le Séminaire
"la pensée critique face à l'hydre capitaliste" a eu lieu à San Cristóbal de Las Casas. Plus de 1500 personnes, venues du Mexique et de l'étranger, y ont participé. En clôture de l'événement le sous-commandant insurgé Moisés a déclaré :
« compañeras et compañeros, allez avec beaucoup de matière à penser, à imaginer. Allez et parlez avec nos compagnons d'ailleurs, puisqu'en d'autres temps, nous devrons chercher d'autres façons de travailler ».(voir article).
Oaxaca: impunité et agressions des défenseur-e-s
Isthme de Tehuantepec © SIPAZ
Le premier cas de violence lié aux élections à venir est survenu dans l'état de Oaxaca : un candidat du PRD aspirant député fédéral a été assassiné alors qu'il voyageait en zone triqui. En mai, la Section 22 de la CNTE (Coordination Nationale des Enseignants) a annoncé que ses sit-in auraient désormais lieu devant les sièges locaux de l'INE (Institut Electoral National) et les comités de districts pour empêcher la tenue des élections. La position de la CNTE fait suite au conflit entretenu par les autorités depuis le vote de la réforme de l'éducation en 2013. De manière générale, on attend une faible participation dans les urnes.
La situation en matière de Droits de l'Homme reste critique, même en dehors du contexte électoral. En avril, un échange d'expériences sur les consultations préalables aux projets d'infrastructures et de développement s'est tenu à Oaxaca. Il a été pointé que « l'Etat mexicain est en train de lancer une série de consultations qui ne respectent pas les standards internationaux en la matière ; au contraire, elles ont lieu dans un climat de harcèlement à l'encontre des défenseur(e)s communautaires qui s'opposent à ces projets ». L'Assemblée Populaire du Peuple Juchitèque et des associations civiles ont mené une mission civile d'observation des processus. Ils dénoncent 20 incidents de sécurité affectant ses participants depuis le début de la consultation organisée à Juchitán, auxquels de multiples vices de procédure s'ajoutent. En lien avec la même consultation, des indigènes de Juchitán ont présenté en avril une demande de protection pour violation de leurs Droits. Ils ont qualifié de « simulation » le processus de consultation, bien que le comité d'organisation le présente comme un « modèle » dans la mise en œuvre de projets découlant de la réforme énergétique.
Pour protester contre l'impunité, une manifestation pacifique a eu lieu près de l'entreprise minière Cuzcatlán à San José del Progreso. Trois ans après l'assassinat de Bernardo Vásquez Sánchez, porte-parole de la Coordination des Peuples Unis de la Vallée d'Ocotlán, les participants ont exigé que la responsabilité intellectuelle de ce crime soit établie. « La justice n'a toujours pas été rendue pour les personnes agressées et assassinées. Au contraire, l'entreprise Fortuna Silver Mines a annoncé son expansion. Cette situation est condamnable, car les autorités n'ont porté aucune attention à cette affaire, qui a considérablement affecté les Droits de la communauté », a déclaré une proche de la victime.
En avril, cela fera 5 ans que Bety Cariño et Jyri Jaakkola (finlandais), défenseurs des Droits de l'Homme, ont été tués par balles lors d'une caravane humanitaire à San Juan Copala, zone triqui de l'état de Oaxaca. L'ANAD (Association Nationale des Avocats pour la Démocratie) a signalé que, malgré les 14 mandats d'arrêts émis contre les coupables présumés, l'un d'entre eux est décédé et trois seulement ont été arrêtés. L'association a dénoncé la « politique de simulation en ce qui concerne ces arrestations, parce qu'elles n'ont lieu que lorsque des pressions sont exercées ou lors de la visite d'eurodéputés (qui suivent le dossier) ou de la famille de Jyri ». L'ANAD dénonce également les menaces contre deux femmes parmi les principaux témoins de l'affaire, ce qui les a amenées à demander l'asile politique en Europe.
En avril également, les membres de la Commission de la vérité de Oaxaca (formée en novembre 2014 pour enquêter sur les violations des Droits commises lors du conflit de 2006) ont annoncé avoir reçu des menaces une dizaine de fois, ce pour quoi ils sont aujourd'hui sous mesures de protection. Alejandro Solalinde, membre de la Commission, a déclaré « nous pensons que les attaques contre la Commission vont être de plus en plus nombreuses, afin de la soumettre à une pression toujours plus importante ». Ceux et celles qui constituent cette commission ont déclaré que les travaux prendront fin en 2016, avec le changement de gouvernement dans l'état.