Communiqué des Abejas à 20 ans de l'organisation, à 15 ans du massacre!
Frères et Soeurs,
Nos ancêtres mayas nous content
selon le Pohpol Vuh, que les jumeaux aux noms de Hunapu et Ixbalanque ont
décidé de lutter contre les seigneurs de Xibalba (inframonde/ le mal et le
mauvais), pour terminer avec toute la violence, l'injustice et la mort dont
souffrait nos ancêtres de cette époque. Dans la lutte les jumeaux ont triomphé
et avec force et savoir ils ont vaincu l'obscurité et la mort, et donc ont fait
naitre la vie, la paix, l'amour, la justice et la tranquillité. Aujourd'hui,
nous "Les Abejas" les gardiens de la mémoire et l'espoir de toujours,
nous continuons avec ce digne exemple et continuer cette lutte de défense de la
vie.
Nous disons ceci, car il y a deux
décennies, nous, hommes et femmes tsotziles, nous nous fatiguons de l'oubli, de
la répression et de l'oppression et donc nous commençons une lutte active pour
la défense des droits de l'homme, pour le respect et la reconnaissance des
peuples que nous sommes. Déjà que la forme de vie qu'ils nous ont imposé depuis
en haut, il y a plus de 500 ans nous étouffe,
absorbe notre sang et extermine notre existence humaine. Et ce modèle de
vie c'est le système capitaliste et maintenant il est la cause de tous les maux
qui existe aujourd'hui.
Bien avant, dans notre monde,
tout était obscur, fragilisé, nous étions et vivions dans un scénario où il n'y
a pas de sortie, ni d'option face à l'oubli et à la mort. Mais donc, malgré
toute l'obscurité, une lumière illumina notre chemin, une pensée s'est
développée dans notre tête, une énergie a surgit de nos cœurs, et vite tout se concrétisa
en une force et une idée. Il est donc apparu dans notre esprit que nous
naissions libre, qu'il y avait de l'espérance, qu'il y avait des alternatives
face au système de mort. Qu'il est possible de vivre et de continuer à vivre
d'une manière différente, vivre en équilibre avec tout et tous, comme nous
l'avaient dit nos ancêtres, les tous premiers. Donc nous, ceux qui n'existaient
pas, les assassinés, les expulsés, les reniés, nous avons laissé à coté notre
peur, et nous avons commencé à lutter pour ce que nous sommes, pour ce que nous
voulons et pour ce à quoi nous croyons, et nous avons affronté le système de
mort (le capitalisme) luttant de manière pacifique. Et c'est pour cela, quand
ils enfermèrent injustement à 5 de nos frère de la communauté de Tzajalch'en, mais
nous n'avons pas laissé faire, et nous avons organisé un pèlerinage pour exiger
leur liberté immédiate, et de cette manière est donc né le mouvement social, Société
Civile pacifique "Las Abejas", le 10 décembre 1992, avec pour mission
la défense des droits de l'homme, le respect et la reconnaissance des peuples originaires.
Depuis le début, nous, hommes et femmes Las Abejas nous avons défini une
posture très claire, celle d'être pacifiste, et avec une méthode de lutte non
violente active.
Cependant, dans la route pour la
défense des droits de l'homme et pour la reconnaissance nous avons uniquement
rencontré plus de violence, plus de mort, plus de guerre, plus d'extermination,
et plus d'oubli. C'est dire que les seigneurs de Xibablba (le mauvais
gouvernement) a créé et développé des stratégies de mort et d'extermination et
dans un contexte de contre insurrection dessiné par l'Etat Mexicain, dans leur
dit "plan de campagne Chiapas 94", dans le laps de temps qui comprend
1995-1997., ils ont militarisé nos communauté et municipalités. Ensuite avec la
militarisation se sont formés les groupes paramilitaires, qui sont sortis de
nos communautés priistes et cardeniste de la municipalité officielle de
Chenalho. Ils furent armés et entrainés par la police de Sécurité Publique de l'Etat
du Chiapas, de l'Armée Mexicaine et financés par le gouvernement Fédéral. Plus
tard, les paramilitaires provenant de différentes communautés de Chenalho nous
ont massacré le 22 décembre 1997, avec l'idée de semer la peur et la terreur
dans notre mouvement social, et jusqu'à toutes les organisations anti
systémiques qui dénonçaient les injustices et les violations aux droits de
l'homme. Dans ce dit massacre 45 frères et sœurs sont morts parmi eux 21
femmes, 4 d'entre elles enceintes, 15 enfants, et 9 hommes, plus de 25 blessés.
La mort de nos frères est arrivée avec l'un des principes les plus difficiles
de notre organisation qui est de "défendre la vie, et ne pas la retirer,
et si nécessaire, la donner".
Le délit qu'ils ont commis, était
d'organiser une journée de jeûne et de prière pour qu'il y ait la Paix, la
Justice, la dignité, et que cesse la violence faite par les paramilitaires. On
demandait uniquement ça, seulement la paix pour nos peuples et pour le monde,
mais les gouvernements de cette époque comme Ernesto Zedillo Ponce de Leon,
président de la république, Julio Cesar Ruiz Ferro, gouverneur de l'état du
Chiapas, Mario Renan Castillo, le général de la VII région militaire et de la
guerre couverte contre les Zapatistes, Miguel Angel Godinez Bravo, Ex ministre
de la défense Nationale, Emilio Chuayffet, ex ministre du gouvernement et le
président municipal de Chenalho Jacinto Arias Cruz, le voyait comme mauvais
pour la société. Même Ernesto Zedillo Ponce de Leon argumenta à la télévision face à la nation mexicaine,
que le massacre d'Actéal n'est pas un crime d'état, mais un conflit
intercommunautaire, et cyniquement s'est risqué à nous nommer de sauvages,
violents et irrationnels. C'est pour cela que nous, hommes et femmes, en toute
dignité nous demandons à la patrie "Qui sont les sauvages, les irrationnels
et les violents? Serait-ce ceux d'en haut qui donne et ont donné leur vie pour
faire naitre la paix, l'amour, la justice et l'espoir? Nous savons que non!
Zedillo nous a appelé ainsi par peur, parce que le travail que nous faisions,
il l'a vu comme une menace contre son empire, car nos armes qui sont: notre parole
et nos rêves, sont des armes fortes, il n'existe aucun moyen de les détenir.
Aujourd'hui à 15 ans du massacre
d'Acteal, le gouvernement continue de nier que c'est un crime d'état, et loin
de faire un enquête en profondeur, il continue avec sa stratégie de contre insurrection
pour menacer notre organisation "Las Abejas" et aux survivants, pour
créer des conflits et/ou division dans les communautés, et organisations qui
luttent. Cette attitude gouvernementale a balayé la vraie justice et la
reconnaissance de la vérité sur les faits du massacre. De plus ce climat a
favorisé à grande ampleur la réactivation des paramilitaires de Chenalho. Un
exemple nous en avons: à 23.30 le 11 décembre de ce mois, dans la Communauté Colonia
Puebla de la municipalité de Chenalho Lorenzo Gomez Gomez a été surpris à
porter un pistolet de calibre 410, c'est un intégrant du PRI et paramilitaire avec
des antécédents pénaux pour ces actes dans le massacre d'Acteal. Après en avoir
été informé, nous exigeons des autorités de Chenalho qu'ils réalisent une enquête
de fond, sur le cas, qu'ils ont refusé, en justifiant qu'ils ne pouvaient intervenir
ni rompre avec les prises de décision de la propre communauté
Ainsi donc, cette chaîne de
manipulation et d'ingouvernabilité et de corruption continue. Car cela fait
trois sexennat, mais aucun gouvernement n'a eu la volonté de dicter une
solution sur le cas Acteal, toutes ces années qui sont passées ils se sont
uniquement employés à créer des conditions d'oubli, d'impunité et d'injustice.
En conséquence, en ce jour, il existe des conditions de répétition des faits,
nous mentirions si nous disions qu'à Acteal, il ne se répétera pas un crime
d'état, de lèse-majesté qui est resté impuni. Les auteurs matériels et
intellectuels jouissent d'une totale liberté. Il n'y a pas de justice, il n'y a
pas de vérité, il n'y a pas de vie, seulement des morts et de la violence
Donc nous demandons, toutes ces
années de lutte et de résistance que nous avons faites ont-elles servis à
quelque chose??? Ca à contribuer à quelque chose ce travail partagé? Ca a
apporté quelque chose cet effort quotidien que nous faisons dans nos communautés?
Nous disons que si!!! Que peut être nous n'avons pas pu transformer complètement le monde, car la violence continue, la mort et le mécontentement fleurissent
partout, parce que les mauvais gouvernements continuent de violer les droits de
l'homme, jour et nuit, mais nous confirmons que nous, si nous avons changé,
nous nous sommes transformés comme personnes, comme communauté, comme peuple
comme organisation et nation que nous sommes. C'est parce que à 20 ans des "Abejas"
nous ne sommes plus comme avant. Nous ne marchons plus courbés. Nous ne sommes
plus soumis face à un pouvoir et face au mauvais gouvernement fédéral, et de
l'état. Nous ne croyons plus dans les institutions gouvernementales.
Nous ne croyons plus en rien de
la part des partis politiques. Nous nous sommes fait plus fort, fort comme des
personnes qui ont décidé de prendre leur destin en main, tout comme nos frères
zapatistes notre lutte a parlé en Tsotzil, tzeltal, Mam, Tojolabal, Chol,
Quiche, Castillan, Anglais, Français, Norvégien entre autres.
Aujourd'hui en plus, nous avons
levé les yeux pour voir de loin, et nous avons augmenté notre voix pour être
écouter, il n'y a plus de peur dans nos cœurs, car nous ne sommes plus trompés,
maintenant nous nous défendons parce que nous avons appris à nous défendre. C'est
tout cela que nous avons appris et réussit avec le temps, c'est que nous
permettra lutter avec dignité et transformer le monde et la société jusqu'à
arriver ce monde que nous voulons. Parce que cette année, des temps difficiles
nous attendent. Depuis le 1* décembre 2012 Enrique Pena Nieto, malgré nombre de
protestation est le nouveau président du Mexique, mais du Mexique néolibéral y
capitaliste. Un président au service des riches et des puissants qui veulent
s'approprier notre vrai Mexique. Un président de Televisa, Tv Azteca. Nous
voulons dire ceci, parque pour nous ce sera un président comme un acteur d'une
série télé, que son rôle sera celui d'une marionnette manœuvrée par les
puissants politiques et des entreprises.
L'une des promesses de Pena Nieto
dans sa campagne électorale est de continuer avec la main dure, et il n'a pas
attendu un jour après avoir pris le pouvoir. Et sa promesse il l'a tenu, réprimer
et emprisonné les manifestants du District Fédéral à Guadalajara, contre son
imposition. L'attitude de ce monsieur ne nous surprend pas, car il a un tout
petit cœur, et il est très mauvais, le peuple du Mexique ne l'a pas oublié et
ne l'oubliera pas, quand Pena Nieto était le gouverneur de l'état de Mexico,
qu'il réprimait et emprisonnait les compagn-e-on-s de San Salvador Atenco et
quand leur police viola les femmes. Ce crime reste impuni.
"Combien de crimes commettra
Pena Nieto durant son Sexennat? Combien de sang du peuple mexicain coulera par
ordre de sa mafia politique et économique?" Les politiques penseraient ils
que nous avons la mémoire courte? Le cabinet d’Enrique Pena Nieto est composé
de professionnels en saccage de patrimoine nationaux et pour enfumer les peuples
et organisations dissident.
De plus Emilio Chuayffet Chemor,
qui aujourd'hui est ministre de l'éducation publique. Nous lui demandons
"Qu'allez-vous faire dans l'éducation publique? Serait-ce enseigner aux
filles et garçons comment enfumer? Nous n'oublions pas que Chuayffet était
Ministre du Gouvernement quand s'est déroulé le massacre d'ACteal, et il savait
ce qui allait se passer et il n'a pas évité le massacre. Dans une interview
avec Carmern Aristegui, Chuayffet assuma et dit: "Acteal sera une
empreinte indélébile de ma carrière politique" Mais nous, les Abejas et
survivants d'Acteal nous lui disons que le sang des femmes et des garçons et
filles innocentes d'Acteal, le jugera pour toujours. Emilio Chuayfet Chemor
ministre de l'éducation est l'un des auteurs intellectuels impunis du massacre
d'Acteal.
Nous continuons à déclarer que la
demande contre Ernesto Zedillo Ponce de Leon dans la cour du Connecticut, n'a
pas été faite par les survivants d'Actéal, pour être de caractère civil, ce
sont des gens qui veulent juste de l'argent. Notre postur est claire et notre
exigence de justice contre Zedillo est de l'amener face à un juge et qu'il
réponde pénalement pour sa responsabilité dans le cas d'Acteal. Bien qu'il ait
trouvé l'immunité de la part du gouvernement des Etats Unis, cela ne veut pas
dire qu'il est libre, car son immunité n'est pas universelle. Il ira ou il ira,
son crime, le sang d'acteal, lui réclameront des comptes et sa conscience ne le
laissera pas vivre en paix pour être l'auteur intellectuel principal.
Bien que Manuel Velasco Cuello,
dans sa prise de pouvoir a salué les mouvements sociaux, et spécialement nos
frères zapatistes cela ne signifie pas qu'il va respecter les peuples
indigènes, ou qu'il va ratifier les accords de San Andrés déjà signé le 16
février 1996, entre les représentants du gouvernement et la délégation
zapatiste. Nous savons que quand il mentionne le nom des organisations et
mouvements sociaux c'est juste pour qu'il puisse maintenir un faux discours et
pouvoir dire que son gouvernement sera démocratique, inclusif et pluriel. Car
un acte ainsi a déjà été fait par Pablo Salazar Mendiguchia et Juan Sabines Guerrero
et l'unique chose qu'ils ont fait était d'administrer les conflits inter-communautaires avec pour origines la stratégie de contre insurrection
qu'implémentait le gouvernement
Mexicain contre le soulèvement zapatiste.
Bien que la situation actuelle
des droits de l'homme au Mexique couplée avec l'oubli, et l'impunité dans le
massacre, nous hommes et femmes des Abejas nous allons continuer à construire
une autre justice, car en elle il y a des possibilités, de là nait la vie. Nous
vivrons en construisant, en vivant selon
la forme que nous a enseigner nos anciens, en construisant un rêve que nous
avons qui est un monde juste et nécessaire, où l'on vit en liberté avec un équilibre
avec tout, et ou l'amour la justice la paix la dignité la démocratie règnent,
et la loi de chaque jour. Car comme nous l'avions dit en cette année 2012, ce
n'est pas la fin du monde comme le disent les médias et le gouvernement,
seulement la fin d'un processus de transition, la fermeture d'un cycle de violence,
d'obscurité et de mort, il commence une nouvelle étape de lumière, qui donne la
vie, dans un scénario de liberté justice paix solidarité et fraternité. C'est
pour cela qu’en ces 20 ans de lutte nous vous invitons à nous rejoindre tous
hommes et femmes conscient et à ceux qui ne sont pas, nous vous invitons tous,
étudiants, maitres, artistes, intellectuels à lutter ensemble, à marcher sous
la même bannière, à marcher avec nous dans la résistance, dans la construction
de l'autonomie, du bien vivre, car cette lutte et la construction de
l'autonomie n'a pas de fin, c'est la vie, c'est l'air qui se respire de manière
constante ça se vie et se construit chaque jour.
Pour cela, nous exigeons:
* Justice aux auteurs matériels
et intellectuels du massacre
* Liberté immédiate et
inconditionnel à Alberto Patishtan et aux autres prisonniers politique.
* Respect à la construction de
notre autonomie et de la libre détermination.
Vive les peuples organisés
Vive la lutte pour la paix,
justice et dignité
Vive la paix, vive la mémoire,
Vive "Las Abejas"