miércoles, 18 de mayo de 2016

Livret de la petite ecole: Les 3 niveaux du gouvernement, Le Zapatisme par les Zapatistes



Les trois niveaux de gouvernement Rosalínda (Ex-membre du Conseil de Bon Gouvernement. MAREZ San Juan Apóstol Cancuc)

Dans notre zone, nous avons trois niveaux différents d'autorités autonomes.

Au premier niveau se trouvent les agents et commissaires autonomes présents dans chaque communauté zapatiste, ce sont les autorités directes de la communauté.


Au deuxième niveau se trouvent les autorités autonomes de la commune, ce sont elles qui contrôlent et surveillent les communautés faisant partie de leur commune autonome.

Au troisième niveau se trouve le Conseil de Bon Gouvernement, qui est responsable des deux autres instances du gouvernement et qui gouverne toute la zone. Mais l'autorité la plus élevée ce sont les villages.

Dans la zone de Los Altos de Chiapas, nous avons les domaines de travail suivants :

1 - Dans notre zone nous avons notre Système de Santé Autonome Zapatiste (SEAZ). Nous avons une clinique centrale, onze micro-cliniques, quarante maisons de santé qui comptent leur propre coordination générale, formée de neuf personnes. Nous comptons des promoteurs et promotrices de santé ; au départ davantage de personnes s’étaient formées mais plusieurs ont abandonné leur poste de travail et seulement 30 % sont restées pour continuer leur travail.

2 - Nous comptons avec notre propre Système d’Éducation Rebelle Autonome Zapatiste de Libération Nationale zone de Los Altos de Chiapas (SERAZ-LN-ZACH), avec sa coordination générale formée de quatorze personnes, 496 promoteurs et promotrices d’éducation, 1 57 écoles primaires autonomes et une école secondaire (ESRAZ). Dans toute la zone, il y a 4886 élèves.


3 - Nous avons aussi notre propre domaine d'agroécologie autonome, avec sa coordination générale formée de six personnes. Il y a 278 promoteurs et promotrices dans les huit centres de formation de la zone, bien qu'il y ait des compañeros qui n'assument pas leurs responsabilités.




4 - Nous comptons nos propres Radios Communautaires (RC) avec leur coordination générale formée de dix personnes et 52 locuteurs et locutrices pour les trois radios qui existent dans la zone.

5 - Il y a aussi la coopérative d’artisanat « Femmes pour la Dignité », avec sa direction et ses représentantes locales, et le collectif d'artisanat « Femmes de la Résistance » avec ses coordinatrices.

6 - Nous avons une société coopérative de café : Yaxil Xojobal, avec son équipe de direction formée de neuf personnes, et ses représentants locaux. Il existait auparavant une autre coopérative de café, Mut Vitz, mais elle a disparu en raison de problèmes de mauvaise gestion et de corruption de la part de l'équipe de responsables.

C'est de cette façon-là que dans notre zone, nous organisons les différents domaines de travail ainsi que les gouvernements autonomes. Tout ceci est une manière de répondre aux attaques du mauvais gouvernement et de nous en défendre. Dans ces domaines de travail, nous constatons que nous avons certaines difficultés pour gouverner nos villages et pour gérer les différents domaines. Ce n’est pas parce que nous ne voulons pas faire correctement notre travail, non, mais en raison du manque de préparation et d’expérience. Nous savons parfaitement que, nous qui formons le Conseil de Bon Gouvernement, les autorités locales, nous sommes de simples bases d'appui, nous avons encore beaucoup de choses à apprendre et à comprendre. Ce n'est pas que les travaux ne peuvent pas se faire, car même si c'est difficile, nous croyons que nous pouvons le faire. Mais c'est dur.

Questions 

Vous avez dit qu'il y avait au départ plus de compañeros travaillant dans le domaine de la santé, mais que maintenant il en reste seulement 30 %. Comment les compañeros ont-ils abandonné leur travail ? Est-ce qu'ils sont sortis de l'organisation ou ont-ils seulement abandonné le travail ?

Certains ont abandonné leur poste de travail, d'autres sont sortis de l'organisation, de telle sorte que nous ne pouvons rien y faire, une fois que le compañero a abandonné son travail, nous ne pouvons rien lui dire.

À propos du choix des autorités, pour les Conseils Autonomes ou bien pour les Conseils de Bon Gouvernement, de quelle façon sont-elles nommées ?

Les autorités sont choisies, au départ, par les communautés. Quand elles ont été nommées, elles se rendent à la commune. Là elles se regroupent, femmes et hommes, et c'est là que sont nommées les autorités municipales.

Le choix des autorités commence donc au niveau du village, dans la communauté. Chaque village choisit ses candidats à l'élection pour les autorités municipales, une liste est ainsi faite avec tous les candidats et celle-ci est présentée à la commune. Une assemblée générale est convoquée, avec les hommes et les femmes, pour présenter les candidats dans le chef-lieu de la commune. Là même s'il y a beaucoup de candidats le peuple désigne ceux qui lui conviennent le mieux en tant qu'autorités. Une fois élus, ils occupent leurs charges respectives.

À la fin de cette élection, on fait la liste de l'ensemble des membres du conseil municipal, et dans cette équipe deux compañeras et deux compañeros sont choisis et envoyés au Conseil de Bon Gouvernement pour couvrir leur tour à cet autre niveau de travail, le niveau du Conseil de Bon Gouvernement. Les autres membres de l’équipe restent dans la commune pour couvrir leur tour durant leur mandat. C'est ainsi que les choses sont gérées dans la zone.

Si une commune a par exemple trente communautés, les trente communautés assistent à l’assemblée générale, ou comment ça se passe ? 

Oui, c'est comme ça, mais il n'y a pas 1 00% des habitants de chaque village qui viennent, parfois seul 70 ou 80 % des habitants sont présents. Mais la commune a un recensement, et si la majorité est présente alors on procède à l'élection des autorités. La commune de San Juan de la Libertad choisit de cette façon ses autorités, mais ce n'est pas comme ça dans toutes les communes, chacune a sa manière de faire. Elles ne désignent pas toutes leurs autorités de la même façon. À San Andrés Sakamchen de los Pobres ils ont une autre façon de faire à travers leurs assemblées, parce qu'il y a deux autorités, celles qui sont traditionnelles et celles dites « constitutionnelles ». À San Juan Apóstol Cancuc aussi ils ont une autre façon de désigner leurs autorités.

Ces autorités constitutionnelles sont-elles des autorités oficielles ?

Non, c'est nous, à l’intérieur de l'organisation, qui les appelons encore ainsi, mais elles ne sont pas officielles. Nous les appelons comme ça, c'est tout. Les autorités « constitutionnelles » sont élues par une assemblée générale : celle-ci désigne un conseiller, un administrateur, un premier régisseur et deux juges. Ils sont élus par cette assemblée générale composée de toutes les bases d'appui. Ces cinq autorités décident ensemble des personnes qu'ils souhaitent pour les aider dans leur travail. Ils nomment ainsi des régisseurs, des suppléants aussi. C'est ainsi que ça se passe dans chaque village, c'est-à-dire que les cinq autorités se réunissent avec les agents de chaque village, ces derniers ont le nom d'une personne de chaque village qui doit prendre une fonction, mais on ne sait pas encore quelle fonction elle va occuper, une fois en assemblé les autorités vont lui attribuer une fonction : premier régisseur, deuxième régisseur ou de troisième régisseur ou bien suppléant. C'est organisé un peu de cette façon à San Andrés.

Ces autorités travaillent-elles aussi en collectifou chacun fait-il son travail de son côté ?

Les compañeros qui ont des charges telles que conseiller et premier régisseur font le travail collectivement, personne ne dit : « je suis conseiller, alors je vais commander ». Avec les officiels du mauvais gouvernement, c'est comme ça que ça se passe, mais dans notre organisation, non. Nos autorités travaillent en collectif, et même quelqu'un qui est suppléant peut participer aussi.

 Vous avez parlé de conseils municipaux et d'autorités constitutionnelles, mais un doute persiste : pourquoi les avez-vous appelées ainsi ? Pour moi, les autorités « constitutionnelles » sont celles du mauvais gouvernement. 

Avant, quand l'organisation n'existait pas, les communes officielles étaient ainsi formées ; mais ensuite nous, dans l’organisation, nous avons nommé notre propre autorité. Mais nous n'avons pas encore modifié ce nom, nous continuons à les appeler ainsi, mais elles ne sont pas officielles.

Quel fonctionnement ont les autorités traditionnelles et comment interagissent-elles avec celles que vous appelez constitutionnelles ?  


Les autorités constitutionnelles sont appelées ainsi, mais lorsqu'elles sont élues, c'est le conseil municipal qui convoque les agents municipaux des 31 communautés. Alors les agents municipaux, c'est-à- dire le conseil municipal, convoquent toujours une réunion extraordinaire pour que les bases d'appui, les compañeras et les compañeros participent à l'élection des nouveaux membres du conseil autonome. Quand chaque communauté et chaque endroit nomment leur représentant, ils désignent en fait une personne qui se rendra à la commune et c'est là que sont alors désignées les personnes qui seront conseillers. L'ordre du jour est établi en réunion ordinaire et envoyé au chef-lieu.

Avant, les autorités dites constitutionnelles, comme disent les compañeros, étaient formées par le conseiller, l'administrateur, le premier régisseur, les régisseurs. Toutes étaient appelées autorités « constitutionnelles ». Il y a aussi des autorités traditionnelles qui s'occupent de la culture, qui s'occupent de désigner les responsables des fêtes traditionnelles. Ce sont celles qui sont appelées autorités « traditionnelles ». C'est cette année que cette idée a changé , les compañeros et compañeras de chaque communauté ont nommé leurs autorités dans toute la commune, et donc l'élection se fait normalement au chef du lieu.

C'est toujours comme ça, mais quand les compañeros de chaque communauté nomment une personne ils l'envoient à la commune et une fois là-bas, les personnes nommées se présentent, et là est élue la personne qui va être conseiller ainsi que les membres des autorités, ceux que nous appelons l'administrateur communal, le premier régisseur. Ces autorités travaillent ensemble et non de manière séparée. Pour la charge de juge il y a deux juges communaux, un suppléant et la personne à charge ; eux  s'occupent de résoudre les problèmes qui existent dans chaque communauté. Ce qui ne peut se résoudre au niveau de la communauté est transmis à la commune.

C'est ainsi que les autorités sont formées, mais cette idée vient tout juste de changer. Parmi tous ceux qui en sont capables, la commune cherche un conseiller qui peut exercer ces fonctions, mais comme je vous l'ai dit, il y a toujours des problèmes, des erreurs au chef-lieu de San Andrés, mais ils se règlent comme dans chaque commune.

 S’il y a une fête traditionnelle au village, est-ce qu'il y a un lien entre les autorités traditionnelles et constitutionnelles, est-ce qu'elles se mettent d'accord pour l'organisation de la fête ?

Les Conseils autonomes, avec leurs membres respectifs, s'organisent pour voir comment faire leur travail et les autorités traditionnelles, comme nous les appelons, se chargent de chercher les personnes responsables de l'organisation des fêtes traditionnelles. Il y a des maires, un gouverneur et des régisseurs, ils se chargent de chercher les personnes qu'ils veulent pour être les sergents. Ce sont des fêtes traditionnelles, c'est de ça dont se chargent les autorités traditionnelles. Par contre, les autorités que nous appelons constitutionnelles, le conseiller et les régisseurs, ne savent pas très bien comment s'organise une fête traditionnelle. C'est pour cette raison qu'il y a des autorités traditionnelles qui s'en occupent, parce qu’il y a une façon particulière de parler, une façon de penser, une façon de prier et les autorités traditionnelles savent bien comment cela se fait. Par contre les conseillers ne le savent pas, comme moi je ne le sais pas non plus, mais les autorités traditionnelles le savent. Elles s'en chargent, parce qu'elles savent bien comment s'exprimer et comment parler.

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