sábado, 7 de mayo de 2016

Livret de la Petite Ecole: L'histoire du gouvernement Autonome . Le Zapatisme par les zapatistes

Histoire du gouvernement autonome 
Lorena (Promotrice des trois domaines. MAREZ San Pedro de Michoacán)



Avant 1 994, à l'époque de la clandestinité, avec certains compañeros et compañeras, nous travaillions et nous participions depuis un certain temps déjà aux travaux collectifs. Mais en ce temps-là personne ne pensait que c'était déjà de l'autonomie. Nous, les promoteurs et promotrices de santé, nous participions, travaillions déjà à cela. Les compañeros ont construit une clinique qui s'appelait Pox. Elle a été construite collectivement. Mais en ce temps-là, c'était clandestin, personne ne savait comment faire ce type de travail, comment on devait participer. Mais le travail a été fait, nous avons participé à la construction de cette clinique. C'est comme cela que nous avons travaillé, personne n'imaginait ni ne pensait que cela deviendrait ce que c'est devenu aujourd’hui.




 Lorsque nous avons déclaré la guerre en 1 994, nous avons continué à travailler. Nous avons redoublé d'effort pour pouvoir continuer à travailler et participer dans les différents espaces, là où nous étions organisés. Nous nous sommes soutenus pour voir de quelle façon nous pouvions faire le travail. Mais comme nous étions en guerre, nous avons perdu petit à petit les autorités de la communauté, les autorités locales, les agents de la communauté. Dans les communautés c'était la pagaille.

Les responsables savaient comment nous travaillions auparavant et se sont rendu compte que nous avions perdu l'organisation que nous avions avant la guerre. Ils ont vu que nous ne pouvions pas continuer ainsi. Ils ont pris en charge la gestion des personnes de la société civile qui venaient nous aider, parce que dans les communautés et les villages, nous n'avions aucune idée de la manière de les gérer. C'est pour cela qu'ils se sont chargés de ce travail. Mais ils ont vu que ce n'était pas à eux de le faire. C'est alors qu'ils nous ont dit de mieux nous organiser pour voir nous-mêmes comment nous devions travailler.



Les responsables ont cherché d'autres compañeros pour essayer de résoudre ce problème : devoir s’acquitter de tâches qui ne leur incombaient pas directement. Ils ont convoqué le peuple et ils ont parlé de tout ce qu'ils effectuaient, mais qu’ils n’avaient pas à faire. Ils ont parlé des travaux qu'ils devaient prendre en charge parce que c'était la pagaille dans les villages. Ils ont cherché une manière de travailler. Ces compañeros ont débattu, ils se sont rendu compte de la nécessité de former des groupes, de nous organiser. C'est à cette époque qu'ont été créées les 38 communes autonomes, en décembre 1 994. À partir de là, les travaux ont été gérés par les autorités locales et municipales. Celles-ci ont un mandat pour gérer le village, pour mieux l'organiser, pour améliorer le travail, pour trouver la meilleure façon d'avancer.

Les autorités ont constaté que nous pouvions faire ces tâches nous-mêmes et c'est ainsi que maintenant nous pouvons parler d'autonomie. À travers notre résistance nous réalisons que nous pouvons nous obliger nous-mêmes à faire avancer les travaux. Avant nous n'avancions pas et maintenant, grâce au chemin parcouru par nos communautés, nous nous rendons compte que nous pouvons avancer.

Doroteo (Ex-membre de Conseil du Bon Gouvernement. MAREZ Libertad de los Pueblos Mayas) 


J'ai participé aux travaux sur l'autonomie avant la formation des Conseils de Bon gouvernement. En effet, là-bas dans notre zone, les communes autonomes se sont regroupées et nous avons créé une direction associative des communes, à laquelle nous participions. Plus tard les Conseils de Bon gouvernement ont été créés et j'ai fait partie de la première équipe du Conseil de Bon Gouvernement de ma zone. Nous allons 7 donc un peu vous raconter l'histoire, telle qu'on s'en souvient, de nos premiers pas sur le chemin de l'autonomie jusqu'à maintenant.

Avant 1 994 différents travaux avaient déjà été lancés, que nous continuons aujourd'hui. Même si ce n'était pas grand-chose à l'époque, ils ont servi de base à ce que nous faisons aujourd'hui. En 1 994, avec la guerre, la confusion s'est installée dans les villages, tant au niveau civil qu'au niveau des structures des autorités civiles, des commissaires et des agents municipaux. Cependant les problèmes et les questions à résoudre persistaient, et il y avait toujours de nouveaux problèmes et besoins civils, mais il n'y avait personne pour les gérer ni pour les résoudre.

Ces tâches ont donc été prises en charge par les responsables militaires et politiques qui les ont gérées pendant un temps. Mais ensuite ils se sont rendu compte que cela ne faisait pas partie de leur fonction. Donc on a recommencé à organiser les autorités locales, les commissaires et les agents des villages zapatistes. Alors les nouvelles autorités locales ont commencé à prendre en charge les affaires de justice et à voir comment résoudre les besoins civils tels que la santé et l'éducation, entre autres.

Quelques mois plus tard, suite à l'initiative des compañeros responsables politiques et militaires, les villages se sont regroupés. C'est ainsi que nous arrivons en décembre 1 994 avec l'annonce de la création de 38 communes autonomes. Ici dans notre zone, quatre communes autonomes ont été formées. L'une d'entre elles est San Pedro de Michoacán qui, à l'époque, avait pour chef-lieu municipal Guadalupe Tepeyac. La suivante fut Tierra y Libertad avec pour chef-lieu une communauté qui s'appelle Amparo Aguatinta. Puis ce fut Libertad de los Pueblos Mayas avec pour chef-lieu Santa Rosa el Copan et enfin General Emiliano Zapata avec pour chef-lieu Amador Hernández. C'est alors que l'on a commencé à aborder de façon plus formelle les questions civiles, et que s'est formé le gouvernement autonome.

Tout cela a pu naître parce que les villages, avant la création des communes autonomes, se sont déclarés en résistance et ont réalisé qu'il y avait beaucoup de problèmes à résoudre, et c'est pour cela qu'ils ont perçu la nécessité de regrouper les villages en régions et de former nos communes. Ainsi naquit le Gouvernement Autonome zapatiste. Tout cela s'est fait en fonction des capacités et des possibilités à notre portée dans les villages. Nous pouvons citer un exemple : la commune de San Pedro de Michoacán n'avait pas de mairie comme les trois autres. Cette commune a alors utilisé une annexe de l’hôpital de la sécurité sociale (IMSS) qui se trouvait dans cette communauté. À cette époque la commune Tierra y Libertad utilisait comme mairie une maison abandonnée par des personnes que l'on appelait les aforadores et qui avaient je ne sais quelles activités. Dans la commune Libertad de los Pueblos Mayas, ils ont utilisé l'école du village comme mairie et à General Emiliano Zapata un local, une maison abandonnée. C'est ainsi que les travaux d'autonomie dans la zone ont débuté, selon les possibilités des villages et les capacités des compañeros. Personne ne s'y était préparé mais, nécessité oblige, nous avons dû le faire. C'est ainsi que le temps passa et que nous avons travaillé dans la région. Puis, avec la déclaration de guerre et la déclaration des villages en résistance, les frères solidaires de plusieurs pays et de plusieurs États de notre pays ont commencé à arriver dans nos communautés.

Malheureusement notre région est très isolée, en ce temps-là peu de villages et de régions étaient accessibles. Les personnes solidaires connaissaient certains villages plus que d'autres, et elles ont commencé à se concentrer sur les villages qu'elles connaissaient le mieux, les soutenant tant au niveau économique, qu'au niveau de certains travaux. À l’inverse, dans les autres villages plus éloignés, ils ne savaient pas s'il y avait ou non ce type d'aide et si celle-ci arrivait.

 Les compañeros responsables politiques et militaires se sont rendu compte qu'il y avait un déséquilibre entre les villages, c’est-à-dire que ce n’était pas juste. Ils se sont rendu compte que l'aide et le soutien des travaux qui s'organisaient dans chaque commune n’étaient pas bien répartis. C'est ainsi que de leur propre initiative, les conseils municipaux se sont réunis et ont commencé à faire leurs assemblées 8 pour comprendre la situation de chaque commune : quel type d'aides elles recevaient et quel type des travaux étaient en train de se réaliser pour renforcer encore plus la résistance.

 Vers 1 997 beaucoup de réunions ont commencé à avoir lieu. Après plusieurs réunions, l’assemblée des conseils municipaux a été nommée Association des Communes Autonomes. Le travail a été fait pendant des mois et des années, organisé de cette façon. À l’époque de l'association des communes, les tâches et les travaux concernant la santé, l’éducation et la commercialisation des produits se sont mis en place. À cette même époque un entrepôt pour stocker divers produits a été construit dans un hameau appelé Veracruz, afin de soutenir les travailleurs à temps plein de l’hôpital de San José del Río, commune de San Pedro de Michoacán. Ce sont ces travaux et ces initiatives qui ont été décidés lors des réunions de l'Association des Communes. Au début de 2002, les compañeros de l'Association des Communes ont décidé de nommer un groupe de compañeros qui se chargerait de coordonner les travaux de santé, d’éducation et de la commercialisation des produits. Sept compañeros et une compañera ont été nommés responsables de la coordination de ces travaux. Ce groupe de huit compañeros a été appelé Direction de l'Association des Communes Autonomes. Ainsi nous avons travaillé, de la même façon que dans les communes, avec les moyens dont disposaient les villages.

 Et nous avons travaillé ainsi jusqu’en 2003, avec la formation des Conseils de Bon Gouvernement. Nous sommes arrivés à la création des Conseils de Bon Gouvernement. Mais dans notre zone nous ne savions pas si les membres de la direction de l'association allaient devenir un jour des autorités ou s'ils allaient devenir membres du gouvernement. En 2003, avec la création des Conseils de Bon Gouvernement, le peuple et l'Association des Communes décident que ces huit compañeros, membres de la Direction de l'Assemblée des communes deviennent des autorités du Conseil du Bon Gouvernement. Ces huit compañeros ont pris leurs fonctions pendant la première période du Conseil du Bon Gouvernement de 2003 à 2006, avec les moyens dont le peuple disposait. Le Conseil de Bon Gouvernement n'avait pas de local adéquat.



Quelques jours avant que les Conseils de Bon Gouvernement ne se fassent connaître publiquement, les villages ont construit en urgence un local pour le Conseil de Bon Gouvernement, ainsi qu'un local pour chaque commune autonome, au centre du caracol. Des bureaux ont été construits avec les matériaux dont les villages disposaient à ce moment-là : des planches de bois déjà utilisées, des tôles usées, c'est ainsi que tout a commencé. Les bureaux ont été finis en moins d'une semaine. En août 2003 les Conseils de Bon Gouvernement ont été annoncés publiquement.

Après que les Conseils de Bon Gouvernement ont été annoncés publiquement, les villages se sont réunis avec fierté, parce qu’ils avaient créé une instance de plus du gouvernement autonome. Et par une grande célébration, une fête, ils ont installé formellement le nouveau gouvernement autonome en remettant les bureaux aux nouvelles autorités. Ce n’était pas grand-chose mais le village a remis au Conseil de Bon Gouvernement une table et deux chaises, c’était ça leurs meubles, ainsi qu'un local un peu plus petit que celui que nous occupons actuellement. C'est dans ces conditions-là que nous avons commencé. Quelques jours plus tard, quelqu’un a donné une très vieille machine à écrire et avec celle-ci nous avons commencé à travailler. Nous avons reçu le local vide et c’est comme ça que nous avons commencé. Des propositions de travail ont émergé et peu à peu nous avons aménagé cet espace.

 Une fois le gouvernement formellement installé, l'une des premières tâches a été d'organiser les domaines de travail. Ils l’ont été conformément aux nécessités des villages. Ici, dans la zone, neuf domaines de travail ont été définis au départ, portant sur la santé, l'éducation, le commerce, la circulation, l'administration, les questions agraires, la justice, les droits de l'homme et les brigadistes.

Ces domaines ont été placés sous la responsabilité de huit compañeros, qui ont dû s'organiser également pour s'occuper du travail continu dans le bureau. Des groupes de deux compañeros ont été constitués et devaient se relayer tous les quinze jours, mais cela n'a pas duré. Au bout de deux relais, nous nous sommes rendu compte que cela ne fonctionnait pas. Deux compañeros ne pouvaient pas assurer toutes les tâches, deux compañeros ne suffisaient pas pour s'occuper de huit ou neuf domaines de travail. Nous avons donc été obligés de former deux équipes de quatre compañeros. Chaque équipe travaillait pendant quinze jours et était relayée ensuite, et chaque membre de l’équipe s’occupait de deux domaines de travail. C'est ainsi que nous avons travaillé jusqu'à la fin de cette période.

 Telles ont été certaines des premières tâches du Conseil de Bon Gouvernement, bien que nous ayons eu aussi à assurer des tâches supplémentaires en tant qu'autorités et membres du gouvernement. Mais ensuite, comme nous travaillions dans le bureau et que les gens le savaient, beaucoup de compañeros et de non-compañeros s’adressaient à nous pour différents sujets et pour différentes choses.



Nous avons dû faire un travail d'avocat, comme dans le système où on prend un avocat pour résoudre ses affaires. Nous avons dû faire les avocats, nous devions conseiller différentes personnes, les compañeros, quand ils avaient un problème à régler ou qu’ils avaient besoin qu’on leur donne des idées. Nous nous occupions aussi nous-mêmes du travail de secrétariat, car si tu résous une affaire il faut faire les documents. Toutes ces tâches nous incombaient.

Environ un mois après le commencement de nos fonctions en tant que Conseil de Bon Gouvernement, un problème s'est présenté avec une organisation qui s'appelle la CIOAC : ils ont séquestré un de nos compañeros et emporté un camion. Nous devions dénoncer ces faits, mais nous ne savions pas exactement comment nous y prendre pour écrire la dénonciation. Les membres du Conseil de Bon Gouvernement et les Conseils Municipaux l’ont finalement rédigée en équipe, en associant les paroles des uns et des autres, chacun apportait sa parole. Cela nous a demandé un peu d'efforts, mais nous avons réussi.

Nous faisions différents travaux. Nous étions secrétaires, cuisiniers, balayeurs parce que nous devions faire le ménage de notre bureau et partout dans notre lieu de travail. Nous n'avions personne d'autre spécialisé dans ces tâches et nous continuons de procéder ainsi jusqu'à aujourd’hui.

 Alors que nous étions déjà en fonctionnement, les villages et les communes ont commencé à réfléchir sur la manière de soutenir ce groupe de compañeros, puisqu’ils sont des permanents dans leur travail. Ils se sont organisés, et les villages ont décidé d'apporter une coopération de dix pesos chacun, dix pesos par participant de la zone, afin de donner aux compañeros un appui de trente pesos quotidiens chacun pendant leur tour.

Nous avons travaillé ainsi pendant quelques mois. Chaque compañero qui couvrait son tour devait recevoir ses trente pesos quotidiens, c'était les accords des villages. Cependant, quelques mois plus tard, l'un des responsables militaires et politiques nous a expliqué les avantages et les inconvénients d'un appui de ce type. Après avoir analysé ces avantages et inconvénients. En tant qu'équipe du Conseil de Bon Gouvernement nous avons donc décidé de suspendre ce genre d'appui, et le peuple a été informé des raisons pour lesquelles nous avons pris cette décision.

 Ce n'était pas un chemin viable, il ne fallait pas s’habituer à travailler de cette façon. Une fois le peuple informé, chaque village, chaque région, chaque commune a réfléchi à un autre type d'appui. Certains ont été aidés de telle manière, d’autres de telle autre, mais plus aucun avec de l'argent. Depuis lors et jusqu'à maintenant, il n'y a plus eu d'appui sous forme monétaire. Nous nous sommes rendu compte que l'argent ne peut pas permettre le travail de l'autonomie, ou le travail du gouvernement autonome.

Ici, personne ne travaille pour de l'argent. En échange de leur travail, certains reçoivent de leur village des grains de base, d’autres différentes formes d’aide, selon les accords du village, mais jamais d’argent. C’est ainsi que nous avons travaillé dans le Conseil de Bon Gouvernement pendant ces neuf années. La conscience et le désir de servir notre peuple sont plus forts : c’est cela, et non pas l’argent, qui fait que tout fonctionne.

Nous avons continué de travailler ainsi et, au bout d’un an de cette première période de fonctionnement du Conseil de Bon Gouvernement, le peuple a été consulté pour discuter des changements d'autorités. En effet, nous nous sommes rendu compte que quand notre équipe a eu fini sa tâche et qu’une nouvelle équipe a dû arriver pour la remplacer, entièrement composée de nouveaux compañeros, nous étions tenus de les conseiller, sur la base de notre expérience.

Une initiative a donc été lancée avec les villages pour que, un an avant le changement d’équipe, au moins un compañero soit nommé par chaque commune pour s’initier au travail à nos côtés. L’idée était que, à notre départ, il reste et puisse conseiller les nouveaux compañeros. C'est encore comme cela que nous travaillons aujourd’hui. Ici, l’équipe des autorités n'est pas renouvelée en entier ; les uns sortent et d'autres restent. C'est ainsi que nous travaillons.

Questions

 Je n'ai pas bien compris ce que vous avez dit à propos des aides que les villages proposent aux délégués du Conseil de Bon Gouvernement, mais je veux surtout savoir comment vous vous organisez au niveau de la zone, c’est-à-dire du Caracol I.

 Différents types d'aide ont été donnés depuis. Quelques compañeros aidaient les délégués dans leur travail. Les accords pris par les villages dans ce domaine ont été différents. S'il faut aider le compañero délégué du Conseil de Bon Gouvernement pendant les quinze jours que dure son mandat, alors quinze compañeros partent travailler dans son champ, ou s'il faut l'aider avec un mi-temps, on lui donnait une disponibilité sept ou huit jours, et les huit autres jours il devait les consacrer au service du village. D'autres délégués étaient aidés à travers la fourniture de grains, de maïs et de haricots. Il faut vous dire aussi que quelques compañeros n'ont reçu aucune aide de leurs villages car ceux-ci ne sont parvenus à aucun accord. Mais les délégués n'ont pas abandonné leurs travaux, ils ont continué.


C'est le village du compañero qui lui donne l'aide ou c'est la zone ?

 Il n'y a pas eu d'aide au niveau de la zone. Les villages se sont organisés, certains au niveau municipal, mais depuis lors et jusqu'à maintenant, il n'y a pas eu d'aide au niveau de la zone.

Combien de temps dure chaque période du Conseil de Bon Gouvernement ? 

Trois ans, nous avons fait comme cela. En ce qui concerne l’actuel Conseil de Bon Gouvernement , il y a quatre équipes de compañeros et chacun y travaille pendant une période de trois ans.

  Est-il arrivé que les compañeros se découragent et laissent tomber leur mandat ?

Oui, c'est déjà arrivé, il y a des compañeros qui se découragent pour différentes raisons et s'en vont. Certains disent : « je m'en vais pour cette raison », ou expliquent pourquoi, d'autres abandonnent leur travail sans même nous prévenir et ils ne reviennent pas. Nous sommes alors obligés d'informer leurs villages, qui doivent nommer d'autres compañeros pour les remplacer, pour ne pas laisser leurs places vides.

Le Conseil de Bon Gouvernement est-il séparé du Conseil Autonome ?

Oui, c'est ainsi, il y a une équipe qui s'occupe des travaux du Conseil de Bon Gouvernement, et les Conseils Municipaux Autonomes sont à part.

Dès la mise en place du Conseil de Bon Gouvernement, les compañeras ont-elles participé comme membres du Conseil de Bon Gouvernement ou cela s'est-il fait quelques années plus tard ? Comment les compañeras ont-elles pris des fonctions au Conseil de Bon Gouvernement ?

Dès le départ, il y a eu une compañera dans le Conseil de Bon Gouvernement parce qu’elle avait fait partie de l'Association des Communes Autonomes ; comme l’équipe de direction de l'Association des Communes est devenue le Conseil de Bon Gouvernement, la compañera est passée membre du Conseil de Bon Gouvernement. Et pendant toute cette première période elle y a travaillé. Pendant la deuxième période il y a eu davantage de compañeras car il fallait alors travailler dans les villages, conscientiser les autres femmes pour qu’elles participent, et ainsi tout a continué. Pendant la deuxième période il y a eu six compañeras. En ce moment il y en a douze. Et c'est ainsi, avec beaucoup de sacrifice et d'effort, que les compañeras participent.

Comment sont élues les compañeras ? Est-ce qu'elles s’élisent entre elles ? Ou sont-elles élues par les compañeras et les compañeros ? Comment sont élues les compañeras ?

Il y a un accord par commune sur l'élection des compañeras. Chaque commune doit contribuer avec une ou deux compañeras provenant des villages, selon l'accord local. Dans la commune, ils se mettent d'accord pour savoir quelle compañera doit faire le travail. Il y a un tour, on voit quel village n'a pas contribué au Conseil de Bon Gouvernement, c'est alors à son tour d'y apporter un membre qui peut être un compañero ou une compañera.

 Pour élire une compañera, l’élection ne se fait pas uniquement entre femmes, les hommes y participent aussi. Hommes et femmes se réunissent en assemblée et tous les participants élisent la compañera. C'est ainsi que les villages travaillent. Chaque village, chacun son tour, doit élire une autorité parmi ses membres pour faire le travail.

Combien y a-t-il de membres dans le Conseil de Bon Gouvernement ? 

Dans le premier Conseil de Bon Gouvernement il y en avait huit, dans la deuxième douze, et dans le Conseil actuel vingt-quatre. Il faut mentionner que les membres du Conseil de Bon Gouvernement se relaient, chacun son tour tant dans les villages que dans les communes, car une équipe du Conseil de Bon Gouvernement sort pour être remplacée par une nouvelle. Actuellement, avec la nouvelle élection qui a eu lieu il y a deux ou trois mois, cela a changé, on a constaté des dysfonctionnements. C’est pourquoi, cette fois-ci, c’est au niveau de la zone qu’un accord a été trouvé pour que des compañeros connus pour leur engagement dans le travail et leur expérience prennent leurs fonctions pour la période suivante.

Combien de communes le Conseil de Bon Gouvernement englobe-t-il ? 

Dans notre zone il y a quatre communes autonomes.

Comment les membres du Conseil de Bon Gouvernement se déplacent-ils jusqu'à leur Caracol ? 
S'il y a des moyens de transport, ils les utilisent, sinon ils marchent. Leur déplacement est pris en charge grâce au peu de ressources dont le Conseil de Bon Gouvernement dispose. Les délégués ne sont aidés financièrement que pour le transport. Si le voyage coûte vingt pesos, ils reçoivent vingt pesos pour l'aller et vingt pesos pour le retour.

Comment est prise en charge la nourriture des membres du Conseil de Bon Gouvernement ? 

De même, ils s'approvisionnent avec ce dont le Conseil de Bon Gouvernement dispose. Au départ, pendant la première période du Conseil de Bon Gouvernement, chaque compañero devait apporter lui même ses tostadas, mais uniquement ses tostadas. Après, dans les périodes qui ont suivi, cette façon de procéder a peu à peu changé, et maintenant tout se fait avec les ressources dont le Conseil de Bon Gouvernement dispose.

Quand les délégués doivent sortir, d'autres restent à leur place. Il s'agit d’une même équipe, ou comment cela se passe ? 

Non, au début, on était huit membres et deux années plus tard au début de la troisième année, quatre nouveaux membres se sont incorporés. Les huit premiers qui étaient là dès 2003 sont sortis en 2006, mais ceux qui sont rentrés en 2005 ont dû sortir en 2008 et ensuite quatre autres ont été nommés. C'est ainsi que nous avons continué à procéder, tel un petit escalier. Quand de nouvelles autorités arrivent, il n'y a pas que des nouveaux puisque ceux qui ont plus d’expérience restent un peu avec eux.

Nous nous sommes rendu compte que le problème, quand une équipe reste jusqu'à la fin de ses trois ans - la durée du mandat - au sein du Conseil de Bon Gouvernement, c’est que les nouveaux arrivants n'ont aucune idée de la manière dont le travail doit se faire. C’est pourquoi, avant le départ de l’équipe en fonction, nous avons fait en sorte que le nouveau groupe commence à travailler avec les anciens un an avant le départ de ces derniers. Les nouveaux apprennent ainsi à travailler et ceux qui ont déjà accompli leur période de trois ans sortent sans contrainte. L'idée est la suivante : celui qui est entré un an avant, a acquis plus ou moins d'expérience et il peut la transmettre aux autres. Et actuellement c'est ainsi que nous continuons à travailler, pour qu'il reste un peu d'expérience dans la nouvelle équipe.

Nous avons compris que quand il y a une assemblée générale de zone, l'autorité suprême c'est l'assemblée, à ce moment précis. Mais quand celle-ci est finie, après deux ou trois jours, le mandat revient au Conseil de Bon Gouvernement. Cependant quand il y a des urgences, tel un ouragan par exemple, le Conseil de Bon Gouvernement peut-il décider seul de ce qu’il faut faire, ou bien, doit-il convoquer une assemblée extraordinaire ? Avez-vous un plan d’urgence ? 

À vrai dire, il n'y a aucun plan d'urgence, mais quand il y a ce genre de problèmes, c’est le Conseil de Bon Gouvernement qui décide quoi faire. Peut-être certains principes peuvent-ils être violés, mais ce n'est pas avec de mauvaises intentions, il ne s'agit pas de remplacer la volonté du peuple : le Conseil de Bon Gouvernement décide car il s'agit bien de cas d'urgence. Mais comme nous avons aussi à portée de main les conseils municipaux autonomes, une réunion d'urgence peut se faire entre les conseils autonomes qui sont tout près dans les bureaux du Caracol et du Conseil de Bon Gouvernement et là se prennent des décisions immédiates et rapides.

Par exemple, nous, qui avons été les tout premiers à avoir fait partie du Conseil de Bon gouvernement, nous avons eu un problème avec l'ouragan Stan, sur la côte. Que s’est-il passé ? Quand c'est arrivé, le jour d’après, il nous a été demandé de faire quelque chose mais à ce moment-là nous ne pouvions pas convoquer une réunion extraordinaire car nos compañeros habitent loin, dans des lieux reculés. Alors nous avons dû faire une réunion entre le Conseil de Bon Gouvernement et les Conseils Municipaux Autonomes pour apporter un peu d'aide aux compañeros sinistrés. L'aide devait se faire avec les ressources dont le Conseil de Bon Gouvernement disposait à ce moment. Le jour d’après, nous avons reçu plus d'informations et une équipe du Conseil de Bon Gouvernement s'est déplacée avec un camion de vivres pour les compañeros sinistrés. De même, des réunions extraordinaires ont été convoquées pour voir de quelle façon les villages pouvaient apporter de l'aide selon leurs moyens, par le biais de l'envoi de maïs, de haricots, de tostadas et autres.

 À cette occasion, le Conseil de Bon Gouvernement a réfléchi à la façon dont il pouvait aider les compañeros sinistrés avec les moyens dont il disposait, puis les villages ont été informés de ce qui avait été fait. Ensuite les villages ont coopéré avec du maïs, des haricots. Plus tard l'aide est arrivée d'autres pays solidaires et des compañeros solidaires du Mexique. C'est ainsi que l'aide est arrivée peu à peu. Les gens ont reçu plus d’aide alimentaire, de l’aide aussi pour la reconstruction de leurs logements et pour d'autres besoins. Cependant il n’existe pas de plan d'urgence fait par le peuple, nous agissons de cette façon, nous avons les conseils municipaux à portée de main et nous nous mettons d'accord avec eux pour résoudre ces problèmes à tout moment.

 Les moyens pour la construction de l'entrepôt ont-ils été apportés par le biais du travail collectif ou par une donation ? Quel type de travail a été fait et comment a-t-il avancé ?

À cette époque, quand l’entrepôt a été construit, il y avait un déséquilibre entre les communes autonomes : les communes qui existaient déjà comptaient avec un fonds, d'autres n'en avaient pas, certaines avaient des projets, d'autres non, certaines recevaient des dons, d'autres pas. Alors il y a eu des plaintes. Une réunion de l'Association des Communes a eu lieu et là nous avons découvert la situation. Nous avons creusé pour voir clairement dans quelle situation nous étions, dans la zone. À cette époque l’hôpital San José del Río existait déjà ; or, dans l’hôpital les compañeros ne rendaient pas de comptes, il n'y avait pas de contrôle, même leur commune ne savait pas s'ils recevaient des dons ou pas.

Quand les autorités ont été mises en place dans les quatre communes, les autorités de l'Association des Communes ont pris la fonction d'autorité générale. Elles ont dû convoquer ceux qui avaient du travail dans la zone. Elles ont convoqué les compañeros de l’hôpital pour qu'ils rendent des comptes, leur ont demandé comment les dons avaient été dépensés tout au long de ces années de travail ; elles leur ont demandé les comptes, combien d’argent il restait à ce moment-là, et s'il en restait ce qu’ils projetaient d’en faire.

À vrai dire, il n'y avait pas de plan pour savoir comment utiliser les dons, ils étaient dépensés dans la nourriture. L’Association des Communes a décidé de ne pas continuer à procéder ainsi, il a été décidé que tout ces dons appartenaient à tous. À cette époque, quarante mille pesos étaient gardés, ils étaient en train de pourrir, comme on dit. Or les compas de l'Association des Communes ont vu qu’il existait un entrepôt à l'abandon qui appartenait au gouvernement fédéral.

Ils ont dit : « Maintenant il est à nous. Et nous devons l’aménager avec des produits divers et les vendre en gros et au détail. »

Les compas ont alors trouvé un accord : « Nous allons prendre cet argent, mais ce n'est pas pour dilapider le capital de ces quarante mille pesos, nous allons les investir et les gains reviendront à l’hôpital pour qu'il continue à fonctionner. Désormais, avec tout ce que nous gagnerons nous aiderons ceux qui gèrent l’hôpital mais dorénavant en rendant compte des dépenses. » Et c’en fut ainsi. Il s’agissait d'argent qui dormait, de dons de nos frères solidaires, c’est pourquoi nous devions inventer quelque chose pour qu’il ne reste pas à l'abandon. Les fonds ont été destinés à acquitter les frais du personnel permanent de l'hôpital de San José del Río; dans d'autres thématiques comme celle de la commercialisation, ils vont nous parler du nombre d’entrepôts existants à l'heure actuelle, mais le résultat obtenu le fut grâce au premier entrepôt.

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