Elles occupent un camp militaire pour la journée de la femme
au Chiapas
Les femmes Abejas du Chiapas, après une manifestation,
occupent le camp militaire de Majomut, pour la journée internationale de la
Femme, le 8 mars
La journée de la femme au Chiapas est toujours particulière
(on se rappelle que les zapatistes dès 1994, inscrivirent dans leur loi
révolutionnaire les droits de la femme). Chaque année les femmes en résistance
de la Société Civile Las Abejas se rassemblent, depuis 1992 revendiquant leur
droit et la construction de leur autonomie.
Des centaines de femmes s'étaient donc rassemblées pour un pèlerinage
face à la Municipalité Autonome Zapatiste de Polho, jusqu'à la communauté,
siège de l'organisation, Abejas.
Dans leur chemin les femmes se sont arrêtées devant le Camp
Militaire de Majomut pour commencer à l'occuper avec des cris et slogans comme
'Chiapas Chiapas n'est pas un camp, dehors l'armée!"
Soudain une femme quitta les barbelés qui protégeaient les
quelques soldats présents. En très peu de temps, les femmes entrèrent et
occupèrent le campement militaire, les soldats n'arrivaient pas à empêcher
l'arrivée de tant de femmes, et malgré l'arrivée de renfort d'autres soldats,
ils ne purent rien faire.
Les femmes ont donc envahit le camp militaire durant près
d'une heure, en criant et lisant leur communiqué antimilitariste. Les soldats
s'armèrent et s'équipèrent, entrant dans leur camion, armes en main. Mais tant
de femmes pacifistes et déterminées criant contre eux, la présence de
journalistes et d'internationaux les ont laissé sur le carreau sans pouvoir
agir.
Les femmes ont terminé l'occupation par une prière.
Ensuite, elles ont continué la marche jusqu'à la communauté
d'Acteal, où se sont rassemblés les membres de l'organisation Abejas, et les
médias libres pour témoigner de la volonté des femmes d'être plus respectées,
plus impliquées dans le processus politique. Les femmes ont également dénoncé
la présence des bars dans la municipalité.
Voici le communiqué des femmes:
A toutes les organisations Sociales et POlitiques
Aux médias indépendants,
A la Société Civile,
A l'Autre Campagne,
A l'opinion publique,
8 Mars, journée internationale des femmes
Soeurs et frères,
Bienvenue dans ce centre cérémoniel des martyr-e-s d'Acteal,
nous vous remercions toutes pour votre participation à cette marche pour la
journée internationale des femmes.
Le 8 mars nous célébrons la journée des femmes, en souvenir
des femmes qui furent calcinées pour défendre ce qui était leur, leur travail.
Jusqu'à aujourd'hui nous ne les oublions pas, car nous ne sommes pas
respectées, nous vivons dans beaucoup de violence, on ne reconnait toujours pas
nos droits d'être libre, de prendre nos décisions, de vivre tranquille.
Comme ces femmes assassinées pour lutter, comme femmes de la
Société Civiles Las Abejas nous nous rappelons de nos martyres, femmes
enceintes, jeunes et filles qui, au troisième jour de leur jeun et prière, ont
été massacrées. Nous ne nous fatiguons pas d'exiger la justice, car le
gouvernement ne nous écoute pas et ne tient pas sa parole, il libère les
paramilitaires qui ont assassiné nos sœurs, nous continuons à exiger la
justice.
Aux gouvernements nous leur demandons le respect pour les
femmes, nous voulons être écoutée car chaque fois, toujours plus, ils tuent nos familles et nos communautés. Des
milliers de familles cherchent leurs disparus et d'autres milliers enterrent
leurs morts. Nous sommes des milliers à souffrir des problèmes de l'alcoolisme
qui apporte des problèmes familiaux, des viols sexuels, des coups et la
maltraitance. Nous ne voulons plus des entreprises de Coca Cola, ni de
Sabritas (ndla: marque de Chips) dans nos terres, nous ne voulons plus des
cantines scolaires car elles créent beaucoup de déchets et de dénutrition,
mauvaise santé et pollution des rivières et sources d'eau. C'est une autre
manière de nous tuer lentement, à des familles entières.
Nous voulons que les hommes, papas, époux, frères,
gouvernants, riches et puissants nous comprennent, nous avons besoin qu'ils
nous respectent et nous prennent en compte car nous sommes libres de nous
exprimer, car nous pouvons comme femmes changer notre forme d'être et nous
pouvons prendre des décisions, et cela; nous le disons à tout le monde, car
avec la violence nous n'en pouvons plus. Nous unissons nos forces avec les
femmes pour exprimer tous nos ressentis, nous voulons qu'ils nous laissent
libre, car comme femmes nous pouvons nous mettre dans la politique, prendre des
décisions, car nous aussi nous savons nous organiser.
Nous disons aux hommes qu'ils aient confiance en nous,
qu'ils reconnaissent nos droits, et aux jeunes de ne pas suivre les pas de leur
père, qu'ils ne maltraitent pas à leurs sœurs, qu'ils ne boivent pas d'alcool,
ce n'est pas bien, ça ne fait que blesser leur femme, leurs filles, il vaut
mieux qu'ils ouvrent des chemins entre toutes et tous, en enlaçant nos mains
pour protéger notre terre mère.
Nous voulons inviter toutes les femmes qui sont toujours
dans leur maison avec peur, d'ouvrir leurs cœurs, ouvrir nos yeux pour
commencer à sortir, aller aux réunions, ouvrir leur yeux, connaitre leurs
droits et donner leur parole. Les femmes nous sommes très forte, donnez
l'opportunité à leurs filles d'aller de l'avant, aux jeunes qui jouissent déjà
de cette opportunité de profiter, de leurs droits. Nous demandons à toutes les
femmes jeunes, majeures, filles qu'elles se révèlent car nous sommes fortes,
nous avons des mains, de l'intelligence, des capacités, il ne faut pas avoir
peur, entre toutes nous avons la force!
De plus nous leur disons de ne pas se laisser tromper par le
mauvais gouvernement, qu'elles luttent pour la recherche de la paix, justice,
et dignité, qu'elles n'aient pas peur, elles ne sont pas seules, ensemble nous
continueront à avancer, comme notre Jtotik (évêque) Samuel, qui n'a jamais eu
peur de dire la vérité, nous continuerons à suivre cette exemple dans notre
démarche.
Nous remercions les hommes d'avoir ouvert leur cœur, et
d'avoir accompagné la lutte des femmes, spécialement tous ceux de la Société
Civile Las Abejas qui aujourd'hui préparent le repas pour nous tout-e-s.
ASSEZ D’ASSASSINER NOS FILLES, SOEURS, ET FRERES!!
NOUS EXIGEONS LA JUSTICE, LA DIGNITE POUR NOS PEUPLES ET LE
MONDE!
Femmes de la Société Civile Las Abejas d'Acteal
DISCOURS DES FEMMES FACE AU CAMP MILITAIRE
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8 mars, journée internationale de la femme
Nous sommes face au camp militaire au croisement de majomut,
et voici nos paroles:
Nous les femmes, sommes beaucoup affectées par la présence
des militaires dans nos communautés, et village, ils nous manquent de respect,
vous nous sifflez, coupez nos arbres et plantez de la marijuana dans nos terres
et ce n'est pas bon pour nous enfants.
Quand nous apprenons qu'ils ont libéré les paramilitaires
nous, les femmes, ça nous dérange, ça blesse nos cœurs, car le gouvernement les
déclare innocent, ils rentrent heureux dans leur maison avec leur famille, et
nous nous trouvons dans une grande préoccupation et avons peur, et nous nous
souvenons de tous ceux et toutes celles qui moururent.
De plus les libérés reçoivent beaucoup d'argent de la part
du gouvernement, ce sont de grands alliés, mais nous ne nous fatiguerons pas de
dire la vérité parce que nous avons vu de nos propres yeux ce qu'il s'est passé
et nous ne disons pas de mensonges, nous voulons la justice et éviter que cela se reproduise dans nos communautés
ce qu'il s'est passé en 1997.
Toutes nos martyres nous diraient de ne pas avoir peur de
dire la vérité car ce que fait le gouvernement c'est seulement des tromperies!
Que l'armée dégage de nos communautés!
Chiapas Chiapas n'est pas un camp, dehors l'armée!
Dehors l'armée du Chiapas!
Respect aux femmes du Chiapas et du Monde!
Femmes de la Société Civile Las Abejas de Acteal.
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