MEXIQUE - LANCEMENT OFFICIEL DES CAMPAGNES ÉLECTORALES 2012 DANS UN CONTEXTE D'« URGENCE NATIONALE »
Photo : “Calderon, écoute : Le sang versé ne sera pas négocié”, manifestations en © zapateando.wordpress.com
Ces campagnes se donnent dans un contexte que plusieurs acteurs sociaux en sont venus à caractériser comme d'«urgence nationale». En mars, près de 70 organisations de 26 états mexicains et plus de 100 personnalités ont lancé une « Proclamation pour sauver la Nation », qui appelle à unir les efforts de la société pour exiger la paix durant cette période électorale. Ils ont dénoncé que « (l)es institutions de l'État sont immergées dans des processus de profonde décomposition et décadence du fait de la corruption existante, et en raison de la pénétration du crime organisé à tous les niveaux et dans tous les domaines d'intervention du gouvernement. » Ils ont également mis en garde: «Nous sommes face au risque sérieux que les concurrents dans la course à la succession présidentielle assument la continuité et s'engagent à maintenir une stratégie qui est pourtant à l'origine d'une catastrophe humanitaire. » De manière réitérée, le Mouvement pour la Paix avec Justice et Dignité (MPJD), convoqué par le poète et journaliste Javier Sicilia l'année dernière, a également averti que la violence générée par le crime organisé de même que la stratégie gouvernementale contre celui-ci non seulement n'a pas diminué mais est qu'elle est au contraire en augmentation, tandis que l'impunité persiste dans la majorité des cas. On estime que depuis le début de cette stratégie au moins 50 mille personnes ont été tuées en un peu plus de 5 ans.
Avancées de la part des pouvoirs exécutif et législatifs: mieux vaut tard que jamais
Tout au long du mois d'avril, différents accords et projets de loi ont été adoptés, un bon nombre d'entre eux revêtant une importance significative en ce qui concerne les droits humains et au cœur de demandes sociales réitérées au cours des dernières années. En avril, le président Felipe Calderón a informé qu'un accord venait d'être passé entre la police, les forces armées et organes chargés de la procuration de la justice quant à l'utilisation légitime de la force ainsi que quant à la chaîne de traçabilité et de conservation des preuves. Selon le président lui-même, ces réformes étaient une réponse aux recommandations nationales et internationales en matière de droits de l'homme. En dépit du contenu des dites recommandations, Calderón a déclaré que les forces de sécurité « ont désormais une base légale beaucoup plus solide pour poursuivre leurs travaux comme ils l'ont toujours fait : en respectant la loi et les droits des personnes ».
Photo : Propagande en faveur d'Enrique Peña Nieto © SIPAZ
Des réformes approuvées dans un contexte de multiples signalements quant au non-respect des droits humains au Mexique
Les accords et lois passés par le gouvernement et le Congrès mexicains se sont donnés dans un contexte où des signalements quant au non-respect des droits humains au Mexique continuaient à se multiplier. Le 6 mars par exemple, l'un d'entre eux fut la présentation du deuxième rapport sur la situation des défenseur(e)s des droits humains dans les Amériques publié par la Commission Interaméricaine des Droits Humains (CIDH). Dans le cas du Mexique, la Commission informa que 61 défenseur(e)s y furent assassiné(e)s entre 2006 et 2010, et que la responsabilité d'un bon nombre de menaces ou d'attaques contre ce secteur de la population retombait sur des agents de sécurité de l'État lui-même.
Photo : Propagande en faveur de Josefina Vázquez Mota
© SIPAZ
© SIPAZ
En mai, plusieurs médias ont informé que les États-Unis pourraient congeler 15% des fonds destinés à financer l'Initiative Mérida, un accord de sécurité passé en 2008 entre les USA et le Mexique en faveur du combat contre le crime organisé au Mexique. Ces fonds sont conditionnés au respect des droits humains au Mexique. Le 10 mai, la sous-secrétaire du Ministère américain des Affaires étrangères pour les thèmes sécurité civile, droits humains et démocratie, Kathleen Fitzpatrick a avancé que, bien que le Mexique ait réalisé des progrès considérables en particulier en matière législative, «il reste encore beaucoup à faire pour que ces lois soient effectivement appliquées». Elle a également souligné que « (l)'impunité reste l'un des principaux obstacles pour le système judiciaire mexicain, dont la capacité à rendre justice reste encore limitée ».
Chiapas: Mobilisations sociales dans un contexte électoral de multiples retournements de veste
Au Chiapas, les élections du 1er juillet prochain ne seront pas uniquement présidentielles mais aussi étatiques et municipales, une multiplicité de postes à couvrir à l'origine d'apparentes ruptures politiques et de retournements de veste de divers candidats. Plusieurs partis politiques et non pas uniquement celui qui l'a porté au pouvoir ont fortement remis en question l'ingérence directe de l'actuel gouverneur, Juan Sabines Guerrero, dans le cadre de ces nominations. Dans les retournements de veste qui contribuent à la confusion, on peut citer la candidate au poste de gouverneur pour le PRD, le Parti travailliste et le Mouvement des citoyens, Maria Elena Orantes, qui a démissionné du PRI à peine en janvier dernier. Un autre exemple est Yassir Vázquez, qui avait démissionné de son poste de maire de Tuxtla Gutierrez pour se présenter comme candidat au poste de gouverneur pour le PRD: un jour considéré comme le favori de Sabines (qui gouverne actuellement pour le PRD), il était nommé le lendemain secrétaire général du Parti Vert Écologiste (PVEM) au Chiapas.
Photo : Plusieurs mois avant les élections, le PVEM a
commencé à peindre des maisons en vert © SIPAZ
commencé à peindre des maisons en vert © SIPAZ
Dans ce contexte, diverses organisations sociales ont cherché à repositionner leurs demandes en organisant forums, manifestations, sit-in ou dénonciations publiques. Par exemple, depuis mars, le Front National pour le Socialisme (FNLS) a commencé un sit-in pour un temps indéterminé à San Cristobal de Las Casas. Le 14 avril, et pendant près de trois semaines avant d'obtenir la réouverture d'une table de négociation avec le gouvernement de l'état, plusieurs autres organisations ont également réalisé un sit-in à San Cristobal parmi lesquelles l'Organisation Paysanne Emiliano Zapata-Région Carranza (OCEZ-RC), l'Organisation Prolétarienne Emiliano Zapata (OPEZ-MLN) et la Confédération Paysanne et Populaire de la (COCYP), entre autres. Leurs revendications incluaient diverses demandes agraires et la libération de prisonniers. Le facteur "prisonniers" comme monnaie d'échange dans le cadre de négociations a été mis en évidence dans le cas de l'arrestation du dirigeant de l'OPEZ-MLN, Caralampio Gómez Hernández. Il a été arrêté en avril alors qu'il sortait d'une table de négociations avec le secrétaire de l'état du gouvernement du Chiapas, Noe Castañón. Son fils déclara que Castañón lui affirma alors que Gómez Hernández serait libéré si l'OPEZ-MLN levait auparavant le sit-in que l'organisation maintenait à ce moment-là à Tuxtla Gutierrez.
Photo : Conférence de presse sur le cas
Patishtán, 14 mai 2012 © SIPAZ
Patishtán, 14 mai 2012 © SIPAZ
Un autre problème dont la présence médiatique au cours des derniers mois est le thème des féminicides. Les 7 et 8 mars, le Tribunal Permanent des Peuples (TPP), Chapitre Chiapas, a tenu sa première audience à San Cristóbal où furent abordés des cas de violence de genre et féminicides. Le 14 mai, environ 1200 mille personnes manifestèrent à San Cristóbal et plus d'une centaine d'autres à Tuxtla Gutierrez, une manifestation simultanée contre le féminicide et la violence contre les femmes au Chiapas. À San Cristóbal, la manifestation passa par le fractionnement Sonora, quartier où, en avril, a été retrouvé le cadavre de Itzel Janet Méndez Pérez de 17 ans. Son corps présentait des signes d'avoir été violée.
Photo : Manifestation contre les féminicides et
en mémoire d'Itzel Méndez Pérez à San Cristóbal © SIPAZ
http://www.sipaz.org/fini_fra.htm
en mémoire d'Itzel Méndez Pérez à San Cristóbal © SIPAZ
http://www.sipaz.org/fini_fra.htm
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