Mouvement
des Migrants Mésoaméricains
Mouvement des Migrants Mésoaméricains et quelques histoires de migrants
Par Mario Martínez
Le Mouvement des Migrants Mésoaméricains (MMM) fut fondé par Martha
Sanchez Soler et son époux José Jacques y Medina qui dut quitter le pays et
demander l’asile politique après avoir été persécuté suite à sa participation à
la lutte étudiante de 1968. En plus de Martha et de José Jacques, ce mouvement
est également composé de Rubén Figueroa et Elvira Arellano, militants de la
lutte pour la défense des migrants.
L’objectif du MMM est de rendre visible le problème de l’insécurité et
le manque de protection que connaissent les migrants, notamment dans le domaine
des droits humains, lorsqu’ils transitent par le Mexique. Il a établi des liens
étroits avec les défenseurs des migrants que sont le Père Solatinde, directeur
de l’auberge du migrant "Hermanos en el Camino"[1],
le Frère Tomás González, directeur de "La 72"[2],
Foyer-Refuge pour les personnes migrantes, le Père Heyman Vázquez, directeur de
la maison du migrant "Hogar de la Misericordia"[3],
le Père Pantoja, directeur de l'auberge "Belen Posada del Migrante"[4],
Las Patronas[5] et l'évêque Raúl Vera.
Durant ses années d'existence, le mouvement a organisé des événements
destinés à donner une visibilité aux problèmes que rencontrent les migrants qui
transitent par le Mexique, tels que "Toma la Bestia", "Paso a
paso hacia la Paz", "El viacrucis del migrante", "Los
migrantes somos 132", "La Caravana de Madres Centroamericanas en
Busca de sus Hijos", "Toma la migra"[6]
ainsi que divers forums de discussions.
Une des dernières actions menée par le MMM est la deuxième Caravane de
mères de migrants disparus pendant leur transit au Mexique intitulée
"Libérer l'espérance"; dans le but de retrouver leurs enfants, les
mères parcoururent le pays entre le 15 octobre et le 3 novembre 2012. Un des cas
de disparition évoqué au cours de cette action est celui de Martha, une
nicaraguayenne recherchant sa sœur qui quitta son pays voici 23 ans.
Quelques histoires de l'émigration
Le département de Chinandega se trouve au nord du Nicaragua, à la
frontière du Honduras. Chinandega est un des départements nicaraguayens qui
présente le taux le plus élevé d'émigration. Enfants, jeunes et femmes quittent
leur région pour trouver du travail. La destination principale est les
Etats-Unis, mais pour atteindre ce pays, ils doivent traverser trois
frontières, celles du Honduras, du Guatemala et du Mexique; cette dernière est
la plus difficile et la plus dangereuse à passer.
Blanca, une femme née à Chinandega, quitta sa maison à 16 ans, laissant
derrière elle ses frères et sœurs ainsi que ses parents, avec l'espoir
d'améliorer sa situation financière et de pouvoir ainsi aider sa famille. En
premier lieu, elle arriva à Managua où elle travailla comme nourrice. Plusieurs
années plus tard, la famille pour laquelle elle travaillait décida de quitter
le Nicaragua à cause des problèmes économiques et de l'insécurité qui régnait à
cette époque. Par la suite, Blanca vécu quelques années au Honduras, puis, à 23
ans, alla au Mexique où elle se maria et fonda une famille.
Martha a emprunté le même chemin que sa sœur Blanca avec le vain espoir de
pouvoir la trouver à Mexico City. Martha est une des 12 mères nicaraguayennes
qui quittèrent la Maison du Migrant "Service Jésuite pour les
Migrants" (SJM) située dans le département de Chinandega (Nicaragua) à 4
heures du matin du 12 octobre 2012. Quand elle entendit parler de la Caravane
des mères, elle n'hésita pas un instant avant de la rejoindre. Sa sœur et ses
filles la soutinrent. Seule sa fille cadette, "la plus tendre"
dit-elle, dû rester toute triste à la maison en sachant que sa maman allait
être partie durant 24 jours. Munie seulement d'un sac en plastique où elle
avait placé une heure auparavant des photos de ses petits-enfants, de ses
filles et de sa mère, Martha monta dans le bus qui la transporta au
port-frontière "El Ceibo", situé entre le Guatemala et le Mexique, où
l'attendait le Mouvement des Migrants Mésoaméricains.
Durant les quatre premiers jours de trajet de la caravane, Martha, très
émue, ne cesse de parler de ses souvenirs et des expériences vécues avec sa sœur
lorsqu'elles étaient petites : "Blanca et moi étions inséparables;
une fois, Blanca sorti pour recevoir mon petit ami, et le fâcha de fait exprès;
elle voulait en fait qu'il soit fâché avec moi et il faut reconnaître qu'ils
nous confondaient tout le temps. Quand je tombai enceinte, Blanca ressentit les
symptômes de ma grossesse, on était toujours ensemble. Avant, nous parlions tout
le temps au téléphone. Quand mon père était mourant, Blanca lui parlait et lui
chantait des chansons, elle lui donnait courage, mais lui ne pouvait pas s'en
rendre compte, il était déjà agonisant". Après la mort de son père, Martha
explique que Blanca a dû entrer dans une dépression profonde, elle ne donna
plus signe de vie. Maintenant, sa mère est convalescente, de sa blessure du
cœur et de problèmes de reins, c'est pourquoi Martha espère revenir au
Nicaragua avec Blanca et se promener avec elle dans les rues de Chinandega aux
côtés de leur mère, comme elles le faisaient lorsqu'elles étaient petites.
[2] Ce foyer a été nommé "La 72" en référence à la découverte,
en 2010, de 72 cadavres de migrants dans une fosse commune située dans un ranch
du village de San Fernando, Etat de Tamaulipas (Mexique)
[3] Foyer de la miséricorde
[4] Auberge du migrant de Belen
[5] Groupe de
femmes de Guadalupe, Etat de Veracruz (Mexique), qui donnent quotidiennement à
boire et à manger aux migrants qui voyagent sur des trains de marchandises qui
roulent en direction des Etats-Unis
[6] "Prends
la bête (train de marchandise utilisé par les migrants pour leur voyage)",
"Pas à pas vers la paix", "Le chemin de croix du migrant",
"Nous, les migrants, sommes les 132 (en référence au mouvement estudiantin
mexicain «Yo soy 132»", "La caravane des mères centroaméricaines à la recherche de
leurs enfants", "Prends la migra (police mexicaine de
l'immigration)"
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