Les femmes
organisées de l'Organisation de la Société civile des Abejas
d'Acteal ont annoncé la semaine dernière une marche pour la journée
du 8 mars, journée internationale pour le droit des Femmes.
Chaque année les
compañeras luttent pour organiser cet événement pour revendiquer
leur droit mais aussi pour raconter les avancées qu'elles ont
effectuées pour s'émanciper du machisme qui reste particulièrement
présent dans ces zones.
Cette année, elles
ont annoncé une marche depuis une communauté des Hauteurs de la
municipalité indigène de Chenalho, pour arriver ensuite massivement
dans cette même municipalité. Non seulement marcheront les femmes,
non seulement marcheront les Abejas, mais cet évènement est ouvert,
et rassemblera des compañeras et compañeros de divers
municipalités, organisations, ou collectifs du Chiapas.
Le slogan qu'elles
ont proposé pour convoquer cette marche pour 2016, était d'unir
leurs forces et "pour défendre notre Terre Mère, nos Racines,
comme peuple originaire, comme organisations, et comme Société
Civile".
Chaque année, les
actions du 8 mars, rassemblent de plus en plus de personnes qui
sortent pour manifester dans les rues, pour informer d'autres femmes
et pour leur permettre d'ouvrir les yeux et les coeurs sur la
situation de la femme. Ces actions permettent aussi de sensibiliser
et d'ouvrir le débat sur le machisme au sein de l'organisation. Les
hommes d'ailleurs, participent toujours aux marches et crient avec
les compañeras les mêmes slogans avec le même entrain "Ca Se
Voit, Ca se Sent, Les femmes sont Présentes!" "Les femmes
qui se taisent, Jamais ne seront écoutées"...
Après des années
de lutte, les premiers résultats commencent à se voir. Les femmes
participent de plus en plus dans les différentes aires de travail de
leur organisation. La Coopérative artisanale Jolob Luch Maya, qui
rassemble près de 70 compañeras, et l'ouverture de leur boutique
dans la ville de San Cristobal de Las Casas, leur a permis d'obtenir
une source de revenu et ainsi une participation à l'économie
familiale, mais il faut aussi signaler les efforts depuis plus de 5
ans des femmes pour s'organiser et créer une caisse solidaire
d'épargne. Plus de cent femmes participent à ce projet, qui permet
la gestion de projet collectifs (épicerie solidaire, achat de
bovins...), de prêt à taux très avantageux, voir même sans
intérêt pour tous les problèmes de santé, pour partager
l'actualité, et leurs avancées comme femmes...
Ces marches et le
travail des compañeras ont permis la participation des femmes dans
d'autres aires autonomes de l'organisation, comme c'est le cas dans
l'aire de santé, qui compte depuis dorénavant deux années sur la
présence de nouvelles promotrices de santé.
Les choses changent
et de nombreux compañeros admettent que les compañeras sont les
plus avancées, ce qui coïncide avec le communiqué des Sous
Commandant Galeano et Moisés: "Et les Communautés Zapatistes?"
"celles qui sont le plus avancées dans les collectifs de
production et de commerce, ce sont les compañeras"
Mais il manque
encore beaucoup à faire. Si la participation des compañeras dans
les aires se fait petit à petit, si les compañeras commencent à
pouvoir sortir de leur maison pour participer aux réunions ou
ateliers, si de plus en plus de compañeras administrent des projets,
le chemin est encore long pour généraliser leur participation, et
elles ne peuvent toujours pas accéder au charges d'autorités, ou de
représentantes. Il reste encore beaucoup à faire, cela prendra son
temps, et les compañeras le savent.
Leurs droits, comme
n'importe quelles femmes indigènes sont en effet très limités.
L'alccol, le pox (eau de vie), continuent d'être un grand problème
dans les communautés, et ce sont les femmes les premières à
souffrir de cela, la violence contre elles n'est toujours pas
éradiquée. De nombreux hommes ne laissent pas leur femmes sortir de
la maison ou de leur communauté pour participer dans les différentes
aires ou travaux de l'organisation. La sécurité des compañeras
n'est pas toujours garantie et les alcooliques, tout comme les
paramilitaires restent une menace permanente pour elles.
Ce 8 mars, la marche
se fera dans la municipalité de Chenalho, c'est la première fois
qu'elles sortent des montagnes pour arriver en ville, et
probablement, ainsi, connaitre de nouvelles problématiques
En 2012 les
compañeras avaient occupé le camp militaire de Majomut, et sans
peur, elles avaient expliqué aux soldats qu'elles ne les voulaient
plus dans leurs communautés et sur leurs terres, et les avaient
alors invité à partir.
En 2013, les
compañeras de l'organisation des Abejas avaient effectué un
pélérinage de plusieurs heures jusqu'à arriver dans la terre
sacrée d'Acteal et lire leur communiqué:
"Nous les
femmes de Chenalho, nous invitons les compañeras: n'ayez pas peur à
dire la vérité, à dénoncer la maltraitance du gouvernement qui
créér plus d'aide assistencialistes dans les communautés qui
rendent aveugles les gens avec leur mensonge et termine avec nos
forces pour éviter des manifestations contre les mauvais actes du
gouvernement".
En 2014, les femmes
avaient dénoncé: "historiquement les femmes, nous avons été
traité comme des objets, comme inférieures. Cette mentalité
discriminante et machiste, nous a dévié de nos vrais droits comme
femmes. L'un des droits qui nous a été refusé, c'est le droit à
la terre. Aujourd'hui nous disons qu'il faut changer cette vieille
coutume, que seul l'homme peut hériter des terres. Aux papas et
hommes, reconnaissez aux femmes leurs droit à la terre et que nous
sommes égales que vous."
En 2015, les
Compañeras courageuses, après avoir été rassemblées dans la
municipalité autonome de Polho, sont arrivées dans le camp
militaire de Majomut pour dresser le drapeau blanc de la Paix, avec
la motivation des cris de leurs compañeros et compañeras!
"Travailler
comme soldat, ce n'est pas bien, vous ne faites que violenter les
femmes et la nature, en plus il y a certaines femmes qui ont des
enfants avec vous, si vous voulez vraiment vivre et partager avec vos
enfants, vous pouvez chercher un autre travail, où la violence ou la
mort n'est pas requise".
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