Communiqué du
collectif El Cambuche de Toulouse
Ce dimanche 2 octobre
2016, un camarade à été arrêté à Toulouse lors d'une
projection-débat organisée par le collectif El Cambuche.
L'initiative s'inscrivait dans la semaine mondiale de solidarité
avec les familles des 43 étudiants disparus d'Ayotzinapa au Mexique,
deux ans après leur enlèvement.
La projection a eu lieu
dans la cour intérieure d'une maison d'habitation collective, le
Kapilo, située au centre ville de Toulouse. Le collectif des
habitant-e-s a porté avec nous cette initiative. Nous étions une
quarantaine de personnes réunies depuis la fin d'après-midi pour
débattre ensemble et témoigner de notre solidarité avec la lutte
des parents des disparus mexicains.
Ce qui s'est passé
ensuite : En plein milieu de la projection, peu avant 22 h,
trois agents de la police municipale ont fait irruption dans les
lieux invoquant un appel d'un riverain se plaignant de nuisances
sonores. Par respect du voisinage nous avions déjà baissé le son
au cours de la projection. Nous l'avons à nouveau baissé sur le
moment. Après avoir signalé aux policiers que le volume avait été
baissé, les habitants du lieu leur ont demandé de sortir, évoquant
le caractère privé du lieu dans lequel ils s'étaient introduit. A
ce moment-là, le ton des agents est monté, mettant en question le
droit des personnes et plus particulièrement celui des habitants à
occuper les lieux.
Désormais, il n'était
plus question de nuisances sonores. Les agents municipaux se sont mis
à exiger des habitants une preuve légale de leur droit à demeurer
dans les lieux, cherchant également à intimider des personnes en
particulier, en leur adressant des remarques provocatrices et
menaçantes. Ils ont par ailleurs appelé des renforts.
Il a été finalement
obtenu que la police sorte du bâtiment et qu'un document relatif à
la situation légale de l'occupation des lieux soit présenté au
porche d'entrée. Au moment de présenter le document, les agents ont
tenté de l'arracher des mains de la personne qui le tenait. Dans ce
moment d’incompréhensible tension, les renforts de la police
municipale arrivés devant l'immeuble ont fait usage de gaz
lacrymogène contre toutes les personnes présentes dans l'entrée,
de manière frontale et massive,
plongeant la cour intérieure ainsi que tout le voisinage dans un
insoutenable nuage de gaz. Plusieurs personnes ont été attrapées
et tirées vers l'extérieur de l'immeuble par les policiers. En
l'espace de quelques secondes, la scène a débouché dehors sur
l'interpellation par la force de notre camarade qui avait essayé
avec d'autres de gérer cette situation absurde. Il a été
violemment plaqué au sol, frappé et embarqué au commissariat.
Il nous a été
impossible d'obtenir la moindre nouvelle de lui jusqu'à mardi matin.
Les circonstances de sa garde-à-vue restent totalement obscures
étant donné qu'aucune personne proche ni avocat n'a été contacté.
Mardi matin il a été présenté au juge dans le cadre d'une
comparution immédiate en présence d'un avocat commis d'office. Il a
refusé de comparaître, souhaitant préparer sa défense.
Les chefs
d'inculpation : outrage, rébellion et violence à personnes
dépositaires de l'autorité publique.
A la surprise générale
le juge a prononcé un mandat de dépôt à la maison d'arrêt de
Seysses jusqu'à la date de son procès le 18 octobre, invoquant le
risque qu'il "réitère" le délit reproché.
Notre camarade se
trouve, à l'heure actuelle, en prison.
Le
collectif El Cambuche, organisateur de la soirée, est un collectif
de diffusion de documentaires engagés sur les luttes sociales et
politiques d'Amérique latine. Nous proposons régulièrement des
projections dans différents lieux, avec un public très divers. Nous
étions réunis pour dénoncer les violences de l’État mexicain
commis contre sa propre population et pour participer à un élan de
solidarité avec les familles des disparus d'Ayotzinapa, partagée en
cette période par de nombreuses organisations à travers le monde.
Nous exprimons notre
totale indignation face à cette violation manifeste de notre droit à
nous réunir dans un espace à caractère privé, là, où bon il
nous semble, et dénonçons avec détermination l'intrusion de la
police municipale dans notre soirée. Nous dénonçons l'emploi de
gaz lacrymogène contre les personnes réunis dans les lieux,
l'emploi totalement inapproprié de la force et le déchaînement de
violence policière dont nous avons été la cible ce soir là à
Toulouse.
Nous sommes très
inquiets de la continuelle dégradation de l'état de nos droits
fondamentaux qui se constate actuellement en France.
Nous exigeons la
libération immédiate de notre camarade et l'abandon de toutes les
charges qui pèsent sur lui.
Nous demandons
également à toutes les personnes qui étaient présentes de se
manifester le plus rapidement possible auprès de notre collectif
pour témoigner dans le cadre de la défense judiciaire de notre
camarade de ce qu'ils ont vu ce dimanche soir.
Le collectif El
Cambuche
contact :
cambuche@riseup.net
contact téléphone :
06.52.65.72.21
- à diffuser dans
vos réseaux -
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