miércoles, 20 de mayo de 2015

Sup Moisés: Vote ou ne vote pas, organise-toi!

Vote ou ne vote pas, organise-toi!

Photos: ValK
Traduction Collective
 Mise en Page: Le sⒶp
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SUR LES ÉLECTIONS : S’ORGANISER.
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Avril 2015.


Aux compagnes-compagnons de la Sexta:

À celles et ceux en train de lire parce que ça les intéresse sans être de la Sexta :

Ces jours-ci, comme évidemment à chaque fois qu’il y a ce qu’ils appellent « processus électoral », nous entendons et nous voyons qu’ils ressortent que l’EZLN appelle à l’abstention, c’est à dire que l’EZLN dit qu’il ne faut pas voter. Ils disent ça et d’autres bêtises encore, ceux qui par paresse ont la grosse tête, qui n’étudient même pas l’histoire, ni même ne cherchent. Et ce jusqu’à faire des livres d’histoire et des biographies et se faire payer pour ces livres. C’est à dire qu’ils se font payer pour dire des mensonges. Comme les politiques.

Bien sûr, vous savez que ne nous intéressent pas, nous, ces choses que font ceux d’en-haut pour essayer de convaincre les gens d’en-bas qu’ils tiennent compte d’elles et eux.

Comme zapatistes que nos sommes nous n’appelons pas à ne pas voter, pas plus qu’à voter. Comme zapatistes que nous sommes, ce que nous faisons, chacun comme il peut, c’est de dire aux gens de s’organiser, pour lutter, pour obtenir ce dont ils ont besoin.

Nous, comme beaucoup d’autres parmi les peuples originaires de ces terres, nous connaissons déjà les manières des partis politiques, et c’est une mauvaise histoire de mauvaises personnes.

Une histoire qui pour nous comme zapatistes que nous sommes, est maintenant une histoire passée.

Je crois que c’est le défunt Tata Juan Chávez Alonso qui a dit que les partis partagent les peuples, les divisent, les font s’affronter, se battre jusqu’entre familiers.

Et c’est bien ce que nous voyons de temps à autre sur ces terres.

Vous savez que dans plusieurs communautés où nous sommes, eh bien il y des gens qui ne sont pas zapatistes, et qui restent ainsi sans s’organiser, vivant mal et attendant que le mauvais gouvernement leur donne leur aumône pour en tirer quelques photos montrant que le gouvernement est bon.

Alors nous voyons que, à chaque fois qu’il y a des élections, certains se mettent en rouge, d’autres en bleu, d’autres en vert, d’autres en jaune, d’autres décolorés, et voilà. Et ils se disputent entre eux, parfois même entre membre d’une même famille ils se battent. Pourquoi ils se disputent ? Eh bien pour voir qui va les commander, à qui ils vont obéir, qui va leur donner des ordres. Et ils pensent que si telle couleur gagne, eh bien ceux qui ont soutenu cette couleur vont recevoir plus d’aumône. Et alors nous voyons qu’ils disent qu’ils sont très conscients et sûrs d’être partisans, et parfois même ils se tuent entre eux pour une satanée couleur. Car c’est le même qui commande aujourd’hui qui veut la place, parfois il est revêtu de rouge, ou de bleu, ou de vert, ou de jaune, ou il prend une nouvelle couleur. Et ils disent qu’ils sont du peuple et qu’il faut les soutenir. Mais ils ne sont pas du peuple, ce sont les mêmes gouvernants qui un jour sont députés locaux, d’autres sont syndics, d’autres sont permanents d’un parti, qui sont maintenant maires et c’est comme ça qu’ils passent d’un siège à l’autre, et passent également d’une couleur à l’autre. Ce sont les mêmes, les mêmes noms, c’est la famille, les fils, les petits-fils, les oncles, les neveux, les parents, les beaux-frères, les fiancés, les amants, les amis des mêmes enfoirés et foireux de toujours. Et ils disent toujours les mêmes mots : ils disent qu’ils vont sauver le peuple, que désormais ils vont bien se comporter, qu’ils ne vont plus voler autant, qu’ils vont aider les défavorisés, qu’ils vont les sortir de la pauvreté.

Bon, eh bien alors ils dépensent leurs petits sous, qui bien sûr ne sont pas à eux mais qu’ils tirent des impôts. Mais ces foireux et fumiers ne les dépensent pas à aider ou à soutenir les défavorisés. Non. Ils les dépensent à mettre leurs placards et leurs photos sur leurs propagandes électorales, dans les pubs des radios et télévisions commerciales, dans leurs journaux et revues payantes, et ils apparaissent même au ciné.

Enfin bon, ceux qui dans les communautés sont très partisans en temps d’élection et très conscients de la couleur qu’ils portent, lorsque a gagné qui a gagné, tous prennent cette couleur, parce qu’ils pensent qu’ainsi ils leur donneront un petit cadeau.

Par exemple, maintenant ils vont leur donner leur télévision. Bon, comme zapatistes que nous sommes, nous disons qu’ils leur donne une boîte à merde, parce que cette télévision va leur apporter un paquet de merde.

Mais si avant ils leur donnaient ou ne leur donnait paspleinement, maintenant ils ne donnent et ne donneront rien.

S’ils leur donnaient, eh bien c’était pour les rendre paresseux. Ils ont même oublié comment travailler la terre. Ils sont juste là, attendant qu’arrive la paye du gouvernement pour la dépenser en boisson. Et ils sont là dans leurs maisons, se moquant denous parce que nous allons cultiver, et eux ne font qu’attendre que rentre la femme, la fille, pour l’envoyer chercher les provisions, le soutien du gouvernement.

Ainsi, jusqu’à ce que cela n’arrive plus. Ils ne les préviennent pas, ça ne sort pas dans les médias à gages, personne ne vient leur dire qu’ils sont leurs sauveurs. Simplement il n’y a plus de soutien. Et ce frère, cette sœur se rend compte qu’il, qu’elle n’a plus rien, qu’il n’y a plus rien pour la boisson, mais pas plus pour le maïs, les haricots, le savon, les culottes. Et donc, hé bien, il doit retourner cultiver le champ qu’il avait abandonné, couvert de mauvaises herbes à ne plus pouvoir y marcher. Et comme il a oublié le travail, alors ses mains se couvrent d’ampoules et hop il ne peut même plus tenir la machette. Comme s’ils l’avaient transformé en inutile qui ne vivait que d’aumônes et non de travail.

Et ça, ça se passe maintenant. Ça ne sort pas dans les informations des mauvais gouvernements. Au contraire, ils disent que oui, beaucoup de soutien. Mais dans les villages plus rien n’arrive. Où donc est l’argent que le mauvais gouvernement dit donner pour la campagne d’aumônes pour la faim ? Enfin bon, on sait que là-haut ils leur ont déjà dit qu’il allait y avoir moins d’argent et qu’ensuite il n’y en aurait plus. Vous croyez que si le paysan est maintenant habitué à l’aumône et a oublié de travailler, celui d’en-haut, qui lui apportait son soutien, il travaille ? Hé bien non, celui d’en-haut aussi est habitué à recevoir gratuitement. Il ne sait pas vivre honorablement en travaillant, mais il ne sait que vivre en ayant un poste dans le gouvernement.

Enfin bon, il arrive comme ça qu’il y a moins d’argent, puis que plus rien n’arrive. Tout reste en haut. Un peu pour le gouverneur, et puis pour le juge, et le policier, et le député, et le maire, et le syndic, et le leader paysan et ensuite pour la famille du partisan hé bien il n’arrive rien.

Mais avant ça arrivait, mais ça n’arrive plus. « Qu’est-ce qui se passe ? », demande le partisan. Et il pense que cette couleur ne sert plus, et il essaye une autre couleur. Et c’est pareil. Dans les assemblées de partisans ils se mettent en colère, ils cirent, ils s’accusent entre eux, s’appellent traîtres, vendus, corrompus. Et il s’agit de ça, ceux qui crient et ceux sur qui on crie sont bien des traîtres, des vendus et des corrompus.

Et donc, comme on dit, la base des partisans, hé bien, se désespère, s’angoisse, est en peine. Il n’y a plus de moqueries parce que dans nos maisons zapatistes il y du maïs, il y a des haricots, il y a des légumes, il y a un peu d’argent pour les médicaments, les vêtements. Et du travail collectif on sort de quoi nous soutenir entre nous en cas de besoin. Il y a l’école, il y a la clinique. Ce n’est pas que le gouvernement vienne nous aider. C’est que nous-mêmes nous nous aidons entre compagnons zapatistes et avec les compañeroas de la Sexta.

Alors vient le frère partisan tout triste et il nous demande ce qu’il fait, cet idiot.

Bon, hé bien sachez ce qu’on répond :

Nous ne lui disons pas de changer de parti pour un autre qui maintenant semble le moins pire.

Nous ne lui disons pas de voter.

Nous ne lui disons pas de s’enrôler comme zapatiste, parce que nous savons bien, par notre histoire, que tout le monde n’a pas la force de cœur pour être zapatiste.

Nous ne nous moquons pas de lui.

Nous lui disons tout simplement de s’organiser.

« Et ensuite, qu’est-ce que je fais ? », nous demande-t-il.

Et nous lui disons alors : « Là tu verras toi-même quoi faire, ce qui vient dans ton cœur, dans ta tête, et que personne ne vienne te dire quoi faire ».

Et il nous dit : « c’est que la situation est vraiment terrible ».

Et nous, nous ne lui racontons pas de mensonges, nous ne lui faisons pas de grands baratins, ni discours. Nous ne lui disons que la vérité :

« Ça va être pire ».
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Nous savons bien que ça se passe comme ça.

Mais, en tant que zapatistes aussi, nous sommes conscients qu’il y a toujours des gens qui, dans d’autres parties de la ville et de la campagne, tombent ainsi dans ce truc de partisans.

Et puis bon, ça semble très attirant ces trucs de partisans, parce que là-bas on gagne de l’argent sans travailler, sans galérer pour gagner quelques centavos et avoir quelque chose de digne pour manger, s’habiller, se soigner.

Et puis ce que font ceux d’en-haut c’est de tromper les gens. C’est ça leur travail, ils en vivent.

Et nous voyons bien que oui, il y a des gens pour croire que oui, maintenant la situation va s’améliorer, que ce dirigeant-là, oui, il va résoudre le problème, que oui il va bien se comporter, qu’il ne vas pas beaucoup voler, qu’il ne transigera qu’un peu, qu’il faut essayer.

Alors nous, nous disons que ce sont les pièces de petites histoires qui vont passer. Qu’ils doivent de leurs yeux se rendre compte que ce n’est pas quelqu’un qui résoudra le problème, mais que nous devons le résoudre nous-même, comme collectifs organisés.

Les solutions viennent du peuple, pas des leaders, ni des partisans.

Et ce n’est pas que nous le disions parce que ça sonne bien. C’est parce que nous l’avons déjà vu dans la réalité, c’est parce que nous le faisons déjà.

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Il se peut qu’il y a longtemps, certains partisans de gauche, avant qu’ils ne s’institutionnalisent, aient cherché à créer une conscience dans le peuple. C’est pas qu’ils cherchaient le Pouvoir par les élections, mais à bouger le peuple pour qu’il s’organise, et lutte, et change le système. Pas seulement le gouvernement. Tout, tout le système.

Pourquoi est-ce que je dis partisans de la gauche institutionnelle ? Hé bien, parce que nous savons qu’il y a des partis de gauche qui ne sont pas dans les magouilles d’en-haut, qu’ils ont leur manière, mais qu’ils ne se vendent pas, ne se rendent pas, ni ne changent leur idée qu’il faut en finir avec le système capitaliste. Et parce que nous savons, et nous comme femmes et hommes zapatistes nous ne l’oublions pas, que l’histoire de la lutte d’en-bas s’est aussi été écrite avec leur sang.

Mais la paye c’est la paye et en-haut c’est en-haut. Et les partisans de la gauche institutionnelle ont changé d’idée et maintenant c’est chercher le poste pour l’argent. Aussi simple que ça : l’argent. C’est-à-dire la paye.

Ou bien vous croyez que créer une conscience se fait en méprisant, en humiliant, en réprimandant les gens d’en-bas ? En leur disant qu’ils sont des bouffeurs de tortas qui ne pensent pas ? Qu’ils sont ignorants ?

Vous croyez que se crée une conscience s’ils demandent leur vote aux gens et en même temps les insultent en leur disant qu’ils sont des crétins qui se vendent pour une télévision ?

Vous croyez qu’ils créent une conscience si, quand tu leur dis« écoute, toi, partisan de gauche, ce foireux ou enfoiré, dont tu dis qu’il est l’espoir, il a déjà porté une autre couleur et c’est un rat », ils te répondent que tu es vendu au peña nieto?

Vous croyez qu’ils créent une conscience s’ils disent des mensonges aux gens, que les zapatistes nous disons qu’il ne faut pas voter ; simplement parce qu’ils voient que peut-être ils ne les feront pas signer leur registre, c’est-à-dire pour plus de paye, et ils cherchent juste un prétexte et quelqu’un à accuser ?

Vous croyez qu’ils créent une conscience si ce sont toujours les mêmes, ceux qui avant été jaunes, ou rouges, ou verts, ou bleus ?

Vous croyez qu’ils créent une conscience s’ils disent que ne doivent pas voter ceux qui n’ont pas fait d’études et qui sont pauvres parce qu’ils sont des ignorants qui ne votent que pour le PRI ?

Si le Velasco du Chiapas donne des baffes avec la main, ces partisans donnent des baffes avec leur racisme mal dissimulé.

Regardez, la seule conscience qu’ils créent, ces partisans, c’est qu’en plus d’être orgueilleux, ce sont des imbéciles.

Qu’est-ce qu’ils croient ?

Qu’après avoir reçu insultes, mensonges et réprimandes, les gens d’en-bas vont courir se mettre à genoux devant leur couleur, voter pour eux et les prier de les sauver ?

Ce que nous disons en tant que zapatistes : c’est la preuve que pour être politicien partisan d’en-haut il faut être un crétin ou une crapule ou un criminel, ou les trois à la fois.
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Nous, femmes et hommes zapatistes, disons qu’il ne faut pas craindre que le peuple commande. C’est le plus sain et sensé. Parce que le peuple lui-même fera les changements dont il a vraiment besoin. Et ainsi seulement existera un nouveau système pour gouverner.

Ce n’est pas que nous ne comprenions pas ce que veut dire élire ou élection. Nous, femmes et hommes, les zapatistes, avons un autre calendrier et géographie de comment faire des élections en territoires rebelle, avec résistance.

Nous l’avons déjà le nôtre en tant que peuples qui élisent vraiment, et il n’y a pas de millions dépensés et encore moins de tonnes de déchets plastiques, de bâches avec leurs photos de voleurs et de criminels.

Bien sûr ça ne fait qu’à peine 20 ans que nous avançons en élisant nos autorités autonomes, avec une véritable démocratie. Avec ça nous avons avancé, avec la Liberté que nous avons conquise et avec l’autre Justice du peuple organisé. Où s’impliquent les milliers de femmes et d’hommes afin d’élire. Où toutes et tous trouvent un accord et s’organisent pour surveiller que soit accompli le mandat des peuples. Où les peuples s’organisent pour voir ce que seront les tâches des autorités.

C’est-à-dire comment le peuple commande son gouvernement.

Les peuples s’organisent en assemblées, où ils commencent par donner leurs avis et de là commencent à venir des propositions et ils les étudient les propositions, leurs avantages et inconvénients, et ils analysent quelles sont les meilleures. Et avant de décider ils les rapportent à tous les peuples pour leur approbation et retour à l’assemblée pour la prise de décision selon la majorité des décisions des peuples.

Voilà la vie zapatiste dans les peuples. C’est une culture de vérité.

Il vous semble que c’est très lent ? C’est pour ça que nous disons que c’est selon notre calendrier.

Il vous semble que c’est parce que nous sommes des peuples originaires ? C’est pour ça que nous disons que c’est selon notre géographie.

Il est certain que nous avons connu bien des erreurs, beaucoup de failles. Il est certains que nous en connaîtrons d’autres.

Mais ce sont nos failles.

Nous, femmes et hommes, les commettons. Nous, femmes et hommes, les payons.

Pas comme chez les partisans dont les dirigeants faillissent et en plus font payer, et ceux d’en-bas sont ceux qui payent.

C’est pour ça qu’en ce qui concerne les élections à venir au mois de juin, ça ne nous fait ni chaud ni froid.

Nous n’appelons ni à voter, ni n’appelons à ne pas voter. Ça ne nous intéresse pas.

Plus encore, ça ne nous inquiète même pas.

Nous, femmes et hommes zapatistes, ce qui nous intéresse c’est d’en savoir plus sur comment nous résistons et affrontons les multiples visages du système capitaliste qui nous exploite, nous réprime, nous méprise et nous vole.

Parce que ce n’est pas seulement d’un bord et d’une façon que le capitalisme opprime. Il opprime si femme. Il opprime si employé. Il opprime si ouvrier. Il opprime si paysan. Il opprime si jeune. Il opprime si enfant. Il opprime si professeur. Il opprime si étudiant. Il opprime si artiste. Il opprime si tu penses. Il opprime si tu es humain, ou plante, ou eau, ou terre, ou air, ou animal.

Peu importe combien il le parfume et le lave, le système capitaliste « dégoulinant de sang et de saleté par tous ses pores, de la tête aux pieds » (à vous de trouver qui l’a décrit ainsi et où).

Donc notre idée ne sert pas à promouvoir le vote.

Pas plus qu’à promouvoir l’abstention ou le vote blanc.

Notre pensée ne sert pas à donner des recettes de comment faire face au problème du capitalisme.

Ce n’est pas non plus pour imposer notre pensée à d’autres.

Le séminaire sert à voir différents visages du système capitaliste, pour essayer de comprendre s’il a de nouvelles façons de nous attaquer ou si ce sont les mêmes façons qu’avant.

Si d’autres pensées nous intéressent c’est pour voir si c’est bien certain ce que nous voyons venir, une crise économique énorme qui va s’ajouter à d’autres maux et va faire beaucoup de mal à toutes et tous, de tous et toutes parts, dans tout le monde.

Si alors il est certain que ça vient, ou que ça y est, hé bien il faut penser s’il est utile de faire la même chose que ce qui s’est fait avant.

Nous pensons que nous devons nous obliger à penser, à analyser, à réfléchir, à critiquer, à chercher notre propre pas, notre propre manière, dans nos lieux et en nos temps.

Maintenant je vous demande à vous qui lisez ceci : que vous votiez ou que vous ne votiez pas, ça vous fait mal de penser comment va le monde dans lequel nous vivons, de l’analyser, de le comprendre ? Penser de façon critique vous empêche de voter ou de vous abstenir ? Ça vous aide ou pas pour vous organiser ?

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Complément des élections :

Seulement pour que ce soit bien clair et que vous ne vous laissiez pas tromper sur ce que nous disons ou ne disons pas.

Nous comprenons qu’il y a ceux qui croient qu’ils vont pouvoir changer le système en votant aux élections.

Nous disons, nous, que c’est terrible parce que c’est le même Commandeur qui organise les élections, lui qui dit qui est candidat, lui qui dit comment voter et quand et où, lui qui dit qui a gagné, lui qui l’annonce et lui qui dit si ça a été réglo ou pas.

Mais bon, il y a des gens qui pensent que oui. C’est bien, nous, nous ne disons pas non, mais nous ne disons pas non plus oui.

Donc, votez pour une couleur ou un décoloré, ou ne votez pas, ce que nous, femmes et hommes, nous disons c’est qu’il faut s’organiser et prendre en mains celui qui gouverne et l’obliger à obéir au peuple.

Si vous pensez ne pas aller voter, nous, femmes et hommes, nous ne disons pas que c’est bien, nous ne disons pas non plus que c’est mal. Nous disons seulement que nous croyons que ça ne suffit pas, qu’il faut s’organiser. Et bien sûr, que vous vous prépariez parce qu’on va vous rejeter la faute des misères de la gauche partisane institutionnelle.

Si vous pensez aller voter et que vous savez pour qui vous aller voter, hé bien pareil, nous ne nous prononçons pas si c’est bien ou mal. Ce que nous disons bien sûr c’est de vous préparer parce que vous allez être très en colère à cause des pièges et des fraudes qu’ils vont faire. Parce qu’ils sont experts en tromperies ceux qui sont au Pouvoir. Parce que ce qui va arriver a été décidé par ceux d’en-haut.

Nous savons aussi qu’il y a des leaders qui trompent les gens. Ils leur disent qu’il n’y a que deux voies pour changer le système : ou la lutte électorale ou la lutte armée.

Ceux-là disent ça parce qu’ils sont ignorants ou voyous, ou les deux à la fois.

D’abord, eux ne luttent pas pour changer le système, ni pour prendre le Pouvoir, mais pour être gouvernant. Ce n’est pas la même chose. Ils disent que maintenant qu’ils sont au gouvernement, de là ils vont faire de bonnes choses, mais ils prennent garde de laisser clairement entendre qu’ils ne changeront pas le système, mais qu’ils vont seulement enlever ce qui est mauvais.

Peut-être qu’il serait bon qu’ils étudient un peu et apprennent qu’être au gouvernement ce n’est pas avoir le Pouvoir.

On voit qu’ils ne savent pas non plus que s’ils enlèvent le mauvais du capitalisme, il n’y aura plus de capitalisme. Et je vais vous dire pourquoi : parce que le capitalisme c’est l’exploitation de l’homme par l’homme, de beaucoup par quelques-uns. Même en ajoutant les femmes aussi, ça ne change pas. Même en ajoutant les Autres aussi, ça ne change pas. Ça continue d’être le système où quelques-un-e-s s’enrichissent sur le travail des autres. Et ils sont peu les autres d’en-haut, et ils sont nombreux les autres d’en-bas. Si ces partisans disent que ça c’est bon et qu’il n’y a qu’à surveiller qu’ils ne dépassent pas les bornes, c’est bien, qu’ils le disent comme ça.

Mais pour arriver au gouvernement il n’y a pas seulement deux voies comme ils le disent (la voie armée et la voie électorale). Ils oublient que gouverner peut aussi s’acheter (ou ont-ils déjà oublié comment le Peña Nieto est arrivé au gouvernement?). Et ce n’est pas tout, peut-être ne savent-ils pas qu’on peut commander sans être au gouvernement.

Si ces gens disent qu’on ne peut qu’avec les armes ou par les élections, la seule chose qu’ils disent c’est qu’ils ne connaissent pas l’histoire, qu’ils n’ont pas bien étudié, qu’ils n’ont pas d’imagination, et qu’ils ne sont que quelques voyous.

Il suffirait qu’ils regardent un peu vers le bas. Mais ils se sont tordus le cou à tant regarder vers le haut.

C’est pourquoi nous, hommes et femmes, les zapatistes, nous ne nous fatiguons pas de dire, organisez-vous, organisons-nous, chacun en son lieu, luttons pour nous organiser, travaillons à nous organiser, pensons à commencer à nous organiser et rencontrons-nous afin d’unir nos organisations pour un Monde où les peuples commandent et ou le gouvernement obéit.

En résumé : comme nous l’avons dit avant, comme nous le disons maintenant : vote ou ne vote pas, organise-toi.

Et bon, nous, femmes et hommes, zapatistes, nous pensons qu’il faut avoir une bonne pensée pour s’organiser. C’est-à-dire qu’on a besoin de la théorie, la pensée critique.

Avec la pensée critique nous analysons les modes de l’ennemi, qui nous opprime, nous exploite, nous réprime, nous méprise, nous vole.

Mais aussi avec la pensée critique nous voyons comment est notre chemin, comment sont nos pas.

C’est pourquoi nous lançons un appel à toute la Sexta pour qu’ils fassent des réunions de réflexion, d’analyses, de comment ils voient leur monde, leur lutte, leur histoire.

Nous les appelons à faire leur propre pépinière et à partager avec nous ce que là-bas ils sèment.

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Nous, comme femmes et hommes zapatistes, nous allons continuer comme nous nous gouvernons déjà, avec le peuple qui commande et le gouvernement qui obéit.

Comme le disent les compagnons et compagnes zapatistes : Hay lum tujbil vitil ayotik. Ça veut dire : nous sommes bien comme nous sommes.

Un autre : Nunca ya kikitaybajtic bitilon zapatista. Ça veut dire : nous ne cesserons jamais d’être zapatistes.

Encore un : Jatoj kalal yax chamon te yax voon sok viil zapatista. Ça veut dire : Jusqu’à la mort et même là encore je porterai mon nom d’être zapatiste.

Depuis les montagnes du sud-est mexicain.

Au nom de toute l’EZLN, des hommes, des femmes des enfants et des anciens de l’Armée Zapatiste de Libération Nationale.

Sous-commandant Insurgé Moisés.

Mexique, Avril-Mai 2015.

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