Il est nécessaire de nous unir – Le CIG à Roberto Barrios
reportage de Radio Zapatista
samedi 28 octobre 2017
Il est nécessaire de nous unir – Le CIG à Roberto Barrios
article de Radio Zapatista -> http://radiozapatista.org/?p=23360
traduction 7NubS
La nuit était tombée sur la jungle, et le murmure de la rivière Bascán disputait aux criquets le premier rôle au sein de l’orchestre nocturne d’insectes et autres bestioles. Une double file de zapatistes, attendant en silence, s’étendait de l’entrée du caracol de Roberto Barrios jusqu’au pont enjambant la rivière. C’est alors que résonnèrent les feux d’artifice annonçant l’arrivée de la caravane du Conseil Indigène de Gouvernement et de sa porte-parole, Marichuy.
Un comité d’accueil féminin patientait à l’entrée pour la recevoir sous une pluie de pétales de fleurs et aux senteurs d’encens du copal. C’est ainsi que Marichuy, accompagnée de deux femmes âgées et de deux petites filles, symboles du chemin parcouru et du nouveau chemin à parcourir, parcoururent le long chemin en
direction du caracol. « Maria de Jesús, ne te vends pas ! Maria de Jesús, ne te rends pas ! Maria de Jesús, ne capitules pas ! Maria de Jesús, tu n’es pas seule ! Avec qui es-tu ? Avec le peuple ! », criaient deux jeunes femmes à ses côtés, tandis que les zapatistes répétaient en cœur les slogans tout en criant des hourras. Un accueil très différent des précédents. Simple mais chargé de sens.
Le caracol se remplit alors de bases de soutien zapatistes, et sur l’estrade, après les paroles de bienvenue du Conseil de Bon Gouvernement, la douleur se fit présente aux côtés de la résistance.
Tout comme dans les autres caracoles, Marichuy céda tout d’abord la parole à quatre conseillères du Conseil Indigène de Gouvernement. La conseillère de Mezcala, Jalisco, expliqua que dans sa région, de grands complexes touristiques et des lotissements résidentiels sont en cours de construction, dans ce qui est devenu aujourd’hui l’une des plus importantes colonies états-uniennes du pays. La conseillère de Tilapan, région Zongolica de Veracruz, parla de la présence du crime organisé, de la disparition forcée des jeunes et de la peur de les dénoncer que ressent la population. La conseillère de la Sierra Chontal, Oaxaca, dénonça les projets d’extraction minière qui détruisent le territoire. Et la conseillère de San Sebastián Bachajón, Chiapas, parla de la spoliation de la terre et de sa défense, qui leur a coûté la vie de deux des leurs.
Face à cela dirent-ils, l’union et l’organisation sont les seules choses qui leur ont permis de se maintenir en résistance. La conseillère de Mezcala par exemple, expliqua que ce qu’il les maintient debout c’est le fait que, malgré tout, ils continuent à avoir un gouvernement traditionnel et que leurs terres restent communales.
Ici, tout comme dans les autres endroits visités par la caravane, l’emphase a été mise sur l’importance de l’union et de l’effort collectif. C’est cette collectivité qui a construit les espaces dans lesquels ces évènements sont réalisés, non seulement en termes de main d’œuvre, mais aussi en termes de fonds économiques, obtenus avec beaucoup d’efforts grâce aux coopératives de chaque zone. C’est cette communauté organisée qui est visible dans chaque cérémonie d’accueil, dans chaque évènement. C’est cette union qui permet aux peuples originaires de défendre la terre-mère, source d’alimentation et de vie, un thème répété par les femmes présentes, qui, au final, sont celles qui protègent et reproduisent la vie. Et c’est également cette union qui donne des forces pour rester debout au milieu du désespoir.
« Je me meurs à petit feu », témoigna de son côté une des mères des 43 étudiants disparus de la normale d’Ayotzinapa. Dès que tu te lèves, quand tu déjeunes, quand tu travailles, tout le temps, il y a cette douleur de ne pas savoir où est ton fils. Une douleur qui, bien que répétée continuellement à travers tout le pays par les mères et pères des 43 disparus, reste indicible. Etre ici entre tant de gens attentionnés, dit-elle, est tellement important. Elle expliqua que la nuit précédente, elle s’était sentit extrêmement mal, désespérée, et qu’une compañera l’avait réconforté en lui disant qu’il fallait continuer à lutter et qu’ils n’étaient pas seuls. Et tout de suite les voix résonnèrent dans tout le caracol : « Vous n’êtes pas seuls ! ».
« Cela, c’est la réalité, c’est ce qui se passe au Mexique », commenta Marichuy. « Mais les peuples indigènes, nous avons dit que nous ne sommes pas d’accord. Nous avons dit que nous allons aller dans les différentes communautés indigènes du Mexique pour leur dire ce que nous pensons, pour leur dire et pour écouter si eux aussi pensent comme nous, qu’il est nécessaire de nous unir, de créer une grande force entre les travailleurs de la campagne et de la ville pour se débarrasser de ce système capitaliste. »
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