A Palenque, la place centrale s’est remplie de paysans des villages indigènes voisins et d’habitants locaux, protégés par un cordon de bases de soutien zapatistes entourant toute la place, afin de recevoir le Conseil Indigène de Gouvernement et sa porte-parole Marichuy. Palenque est au centre de grandes infrastructures touristiques qui profitent de l’héritage des peuples mayas. Bars, restaurants, hôtels, boutiques et agences de voyage abondent sur la rue conduisant à la place principale. Mais à Palenque, passe aussi le train surnommé « La Bête », la Bestia, qui transporte chaque jour des centaines de migrants en route vers les Etats-Unis. Palenque est devenu un lieu de contrastes et un symbole du monde dans lequel on vit. La conquête des peuples mayas il y a plus de cinq siècles ; la spoliation croissante des peuples mayas actuels ; la folklorisation et la marchandisation des cultures mayas ; et le déplacement forcé de millions de personnes.
Les conseillères du CIG, Marichuy et le commandement général de l’EZLN rendirent cette réalité présente au travers de leurs paroles. La conseillère de Chapultenango, Chiapas, parla des conséquences de la spoliation dûe à l’extraction minière, aux hydrocarbures, à la privatisation du volcan Chichonal pour des intérêts touristiques, et de la migration des jeunes. La conseillère du Nayarit mentionna la mauvaise administration de l’énergie électrique et du pétrole mexicain. La conseillère de Santa María Ostula raconta l’histoire de sa communauté afin de récupérer ses terres et les défendre du crime organisé et de l’Etat, de la répression qu’ils ont subis depuis 2008, de l’organisation des auto-défenses et de la complicité de l’armée mexicaine avec les narcos. Les mères et pères des 43 étudiants disparus d’Ayotzinapa dénoncèrent l’impunité et, de nouveau, la complicité de l’Etat avec le crime organisé.
Le commandement général de l’EZLN, par la voix d’une compañera puis de la commandante Amada, parla de la migration et des femmes, de l’impunité dans les affaires, entre autres, d’Atenco, d’Acteal, de la crèche ABC, des féminicides à Ciudad Juárez, des mineurs enterrés à Coahuila, des disparus d’Ayotzinapa.
Face à cela, il y a l’alternative de l’auto-gouvernement. « Pourquoi un petit nombre de personnes, de paresseux, d’idiots, de bêtes fourbes, de vauriens viennent nous diriger si nous sommes des milliers et des millions de mexicains travailleurs de la campagne et de la ville ? demanda la commandante Amada. Une membre du Conseil Indigène de Bon Gouvernement de Roberto Barrios expliqua le fonctionnement de l’auto-gouvernement zapatiste et les tâches effectuées dans les domaines de la santé, de l’éducation, de la justice, de la production. « Il est possible de nous auto-gouverner nous-mêmes, là où le peuple dirige et le gouvernement obéit », conclua-t-elle.
Le processus n’a pas été facile, comme l’a mis en évidence la dénonciation faite par Marichuy au nom du Conseil Indigène de Gouvernement sur les différentes manières dont l’Institut National Electoral tente d’empêcher son enregistrement en tant que candidate à la Présidence. Mais « comme c’est de coutume pour les peuples, capituler n’est pas envisageable », dit-elle, avant d’annoncer qu’ils redoubleraient d’efforts pour collecter les presque un million de signatures exigées par l’INE.
A la fin de l’évènement, la caravane prit le départ en direction de San Cristóbal de Las Casas, où la tournée du CIG en territoire zapatiste doit se terminer, dans le caracol d’Oventic. Et suivra ce qui s’ensuivra…
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