domingo, 18 de agosto de 2019

Face à la dite gauche institutionnelle de AMLO, les Zapatistes (ré)apparaissent.

Après une série de communiqués du SupGaleano, le Sous Commandant Moisés a publié un nouveau communiqué de l'EZLN sur Enlace Zapatista, le 17 aout, "Y rompimos el Cerco".






Cette série de communiqué entre en pleine désillusion de la population mexicaine suite à l'élection de celui qui représentait tant d'espoir dans la lutte contre la corruption et pour mettre fin à la guerre contre le Narcotraffic: Andrés Manuel Lopez Obrador.

En effet, les féminicides tout comme les crimes liés aux narcos n'ont pas diminué, et la militarisation du pays avec le déploiement de milliers d'hommes de la Garde Nationale, semble plus répondre à des intérêts stratégiques qu'à une véritable volonté de mettre fin aux crimes Narcos. La plupart des forces militaires sont déployées en territoire indigènes plutôt qu'en territoire Narco. Il faut aussi souligner que le président du Mexique AMLO, n'a pour cesse de lancer des mégas projets en terre indigène, comme le projet touristique du "Train Maya" le projet de zone spéciale économique de l'isthme... Enfin, AMLO a très rapidement plié face aux injonctions de son homologue Donald Trump face aux migrants. Il a ainsi criminalisé nombre de migrants et de défenseurs des droits de l'homme, militarisé la frontière sud, et déporté de nombreu/x/ses/ migrantes.

C'est donc dans ce contexte que le Sous Commandant Galeano a lancé une série de communiqué: "les zapatistes (re) apparaissent". Ces derniers ont été la bête noire du président AMLO qui n'a eu pour cesse de les provoquer (cérémonie indienne au Chiapas pour demander la bénédiction de la construction du Train Maya, discours pacificateur en plein territoire zapatiste, militarisation des zones zapatistes...).




Après de nombreuses analyses dans les précédents communiqués de Galeano, Le Sous Commandant Moisés, lui, commence son communiqué critiquant AMLO " L'arrivée du nouveau gouvernement nous a dupé. Nous savons que le Dirigeant n'a pas d'autre Patrie que l'argent". "Le Dirigeant construit des murs, des frontières et des sièges pour essayer de maîtriser ce qu'ils disent être le mauvais exemple. Mais ils ne peuvent pas le faire, car la dignité, la rage, la rébellion ne peut pas se contenir ni s'enfermer".


Le Sous Commandant Moisés annonce donc dans ce communiqué historique la création de nouveaux caracoles (lire: les caracoles dans l'organisation zapatiste) "après 15 années de travail politique et d'organisation", et de Municipalité autonomes. Il annonce aussi la création de Centres de Résistances Autonomes et de Rébellion Zapatiste.



Il justifie cette "croissance exponentielle" à deux choses:

1/ "l'un des plus important, c'est le travail politique d'organisation et l'exemple des femmes, hommes, enfants et anciens, bases d'appui zapatistes. Des compañeras de tous les âges se sont mobilisées avec d'autres soeurs avec ou sans organisation. Les jeunes zapatistes, sans abandonner leurs goûts et leur désirs, ont appris des sciences et des arts, et ils ont ainsi infectés à de plus en plus de jeunes. La majorité de cette jeunesse, principalement des femmes, assument des charges et les mélangent de leur créativité, esprit et intelligence. C'est ainsi que nous pouvons dire, sans peine et avec fierté, que les femmes zapatistes non seulement vont de l'avant mais elles marquent le chemin et ne se perdent pas."

2/ l'autre étant "La politique gouvernementale destructrice de la communauté et de la nature, principalement celle de l'actuel gouvernement auto nommée "Quatrième Transformation". Les communautés traditionnellement adhérentes aux partis politiques ont été blessées par le mépris, le racisme et la voracité du gouvernement actuel, et sont passés à la rébellion ouverte ou cachée. Ceux qui pensaient qu'avec une politique contre-insurrectionnelle d’aumône, qu' ils diviseraient le zapatisme et achèteraient la loyauté des non zapatistes, encourageant la confrontation et la démotivation, ont donné les arguments qu'il manquait pour convaincre ces frères et soeurs qu'il est justement important de défendre la terre et la nature".

Le Sous Commandant précise alors que la stratégie du gouvernement de folkloriser les indigènes d'en faire des pièces de musée, a finalement eut l'effet contraire:

"Les originaires nous sommes vivants et rebelles et résistants, et le contremaître prétend réhabiliter ses caporaux en mettant un avocat qui une fois a été indigènes, et qui fait tout pour effacer ses traits indigènes".



Moisés précise que ce qui a été rendu public "a été le fruit d'un large processus de réflexion et de recherches. Des milliers d'assemblées communautaires zapatistes, dans les montagnes du sud-est mexicains, ont pensé et cherché les chemins, les modes, les temps. Défiant le mépris du puissant qui nous étiquette d'ignorant et d'idiot, nous avons utilisé l'intelligence, la connaissance et l'imagination". (Lire et télécharger: Depuis plus de 25 ans, l'EZLN construit son autonomie).

Après avoir présenté la liste des nouveaux Caracoles, il invite la Sexta, autres réseaux militants et "personnes honnêtes" à venir ensemble avec les peuples zapatistes "participer à la construction des CRAREZ, avec du matériel, du soutien économique, ou alors juste avec un marteau et des clous...". Ils rendront publique et expliqueront dans un futur communiqué comment venir et aider.

Il invite le CNI-CIG (Lire: Qu'est ce que le CNI) à connaitre le travail effectuer, et à partager les souffrances et coups reçus pour organiser dans un caracole "quelque-chose qui pourrait s'appeler "Forum En Défense du Territoire et de la Terre Mère" pour le mois d'octobre 2019.

Il invite la Sexta et les réseau à débuter "l' analyse et la discussion pour la formation d'un Réseau International de Résistance et Rébellion (...) basé dans l'indépendance et l'autonomie de celles et ceux qui la forme, renonçant explicitement à hégémoniser et homogéniser, dans lequel la solidarité et le soutien mutuel soient inconditionnels, où l'on partage les expériences bonnes ou mauvaises de lutte de chacun et où l'on travaille la diffusion des histoires d'en bas à gauche". Pour cela les zapatistes annoncent des réunions bilatérales avec les groupes collectifs et organisations qui travaillent dans leur géographie. "Nous ne ferons pas de grandes réunions".



Enfin pour toutes celles et ceux qui font de l'art des sciences et de la pensée critique leur vocation et vie, ils seront invités à des rencontres, fêtes, échanges... Ainsi de nouveaux Comparte et festival de Cinéma sont annoncés, des comparte spécifiques à chaque art. (théâtre, danse, arts plastiques...)

Dans un pays où les disparitions, et assassinats sont beaucoup trop banalisés, où les prisonniers sont torturés ou détenus arbitrairement, ils annoncent une rencontre de familles d'assassinéEs, DisparuEs et enferméEs, avec pour seul objectif de "se connaitre entre nous et échanger non seulement nos douleurs mais aussi et par dessus tout nos expériences". (lire: Ayotzinapa Crime d'état)

Les compañeras zapatistes convoqueront une nouvelle Rencontre de Femmes qui luttent, le premier avait déjà rassemblé près de 7 000 femmes du monde, et ils proposent aussi de recevoir une autre rencontre entre les "autres" (lgbti).

Ils annoncent aussi l'organisation d'une rencontre entre groupes, collectifs, et organisations de défenses de Droits de l'Homme.

Enfin le communiqué termine avec ces paroles:

"Nous sommes ici. Nous sommes les Zapatistes. Pour que vous puissiez nous voir nous nous sommes couvert le visage, pour que vous puissiez nous nommer, nous avons nié nos noms, nous avons parié sur le présent pour avoir un futur et pour vivre nous sommes morts. Nous sommes zapatistes, majoritairement indigènes de racines mayas et nous ne nous vendons pas, nous ne nous rendons pas.

Nous sommes rébellion et résistance. Nous sommes l'un des nombreux marteaux qui détruiront les murs, l'un des nombreux vents qui balaieront la terre, et l'une des nombreuses graines qui feront naître d'autres mondes.

Nous sommes l'EZLN, l'Armée Zapatiste de Libération Nationale".

Avec ce communiqué, les Zapatistes montrent qu'ils sont encore vivant.e.s et encore plus nombreux.ses et mieux organisé.e.s. Ils montrent le fruit d'un travail de plusieurs années et deviennent ainsi la première force d'opposition face au président AMLO. Ce sont eux, les premiers à avoir critiqué cette gauche institutionnelle, les premiers à construire une alternative, une autonomie, à défendre les droits des peuples premiers sans jamais chercher le pouvoir. Ces nouvelles initiatives restent fidèles à l'esprit d'ouverture de l'EZLN, il s'agit dorénavant de répondre à ces appels et de participer à la construction de ces autres mondes avec eux. (Lire: Un autre monde existe déjà)

Plus d'infos sur l'EZLN: ici



No hay comentarios.:

Publicar un comentario