Mexique – des perceptions et des contrastes
En décembre, le président Andrés Manuel López Obrador (AMLO) a délivré un message célébrant sa première année de mandat. Il a souligné que sur les 100 engagements qu’il a pris lors de sa campagne, il en a déjà accompli 89.
Il a énuméré un certain nombre d’actions telles que la réduction des vols de carburant, la création de 648.000 nouveaux emplois, une augmentation de 16% du salaire minimum, une inflation annuelle de 3%, la stabilité du peso par rapport au dollar, la couverture des programmes gouvernementaux (au moins un programme d’aide sociale touche la moitié des ménages mexicains et 95% des ménages appartenant aux peuples indigènes). Sur la question de la sécurité, il a exprimé qu’ “entre 2006 et 2018, les dirigeants politiques ont tenté de résoudre l’insécurité et la violence criminelle par des actions militaires et policières, sans s’attaquer à la racine du problème”, une stratégie qui a laissé un “effrayant bilan” de morts, de disparitions et une crise générale des droits de l’homme.
Certains médias nationaux et internationaux ont toutefois critiqué l’administration d’AMLO face au manque de croissance économique au cours de cette première année, ainsi que pour son incapacité à réduire la violence quand il y a eu plus de 28.000 morts violentes entre janvier et octobre. Le gouvernement lui-même reconnaît également qu’au cours de la première année de gouvernement, 9.164 personnes ont été portées disparues, dont seulement 43% ont été retrouvées ; il y aurait donc 61.637 personnes disparues dans le pays (les données de 11 bureaux de procureurs étatiques doivent encore être intégrées).
Crise des droits de l’homme : “Quand les mots ne suffisent pas”
En novembre, Amnesty International (AI) a présenté le rapport “Quand les mots ne suffisent pas” dans lequel elle fait le point sur les droits de l’homme après le changement de gouvernement. “Le gouvernement du président López Obrador s’est montré disposé à avancer partiellement sur certaines initiatives, notamment sur la question des disparitions dans le pays. Cependant, (…) on ne saurait observer de changements substantiels dans la vie de millions de personnes qui sont confrontées à une crise très grave des droits de l’homme qui dure depuis plus d’une décennie. Le niveau très élevé de violence contre le droit à la vie, la torture qui est encore très répandue, les taux alarmants de violence contre les femmes et une stratégie de sécurité militarisée plus présente que jamais, sont autant de preuves de la réalité tragique”, a déclaré Erika Guevara Rosas, directrice du programme Amériques d’Amnesty International. AI a déclaré qu’elle voyait “une incohérence abyssale entre ce que le gouvernement dit et ce qu’il fait ensuite. Il promet une attention plus humaine face à la migration et aux personnes ayant besoin d’une protection internationale, mais envoie la Garde nationale à leur poursuite et les arrête. Il dit qu’il protégera les défenseurs des droits de l’homme et les journalistes, mais il les discrédite publiquement”, a ajouté Guevara Rosas. AI a conclu que “le gouvernement doit cesser de blâmer les administrations passées et accepter plutôt la responsabilité de ce qui se passe maintenant pour chercher des solutions pour régler les dettes importantes en cours.”
Dans une évaluation similaire en janvier, le Réseau national des organisations civiles des droits de l’homme “Tous les droits pour tous” (Red TdT) a également déclaré que “les bonnes intentions ne garantissent pas la consolidation d’un modèle, adéquat, d’application de la justice (…) La remise en cause de l’importance de l’autonomie et de l’indépendance pour une justice plus efficace et plus rapide nous semble préoccupante”, a-t-il souligné.
Autre sujet controversé, en novembre, le bureau mexicain du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (ONU-DH) a souligné l’importance qu’il y a à garantir l’indépendance et l’autonomie de la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH) après l’élection de Rosario Piedra Ibarra à la présidence de cet organisme, bien que les partis politiques d’opposition ainsi que les groupes de défense des droits de l’homme et les victimes avaient demandé qu’elle ne prenne pas ses fonctions, en raison d’allégations d’incohérences et de fraudes présumées dans le processus électoral. En décembre, un juge a admis le recours du sénateur indépendant Emilio Álvarez Icaza contre les défauts enregistrés dans le processus, alors que l’une des conditions pour entrer en fonction est de “ne pas occuper, ni avoir occupé, un poste de direction nationale ou d’État dans un parti politique au cours de l’année précédant sa nomination”. Il a été confirmé que Piedra Ibarra était conseillère nationale du Mouvement de Régénération Nationale (Morena, le parti au pouvoir) jusqu’en novembre dernier. Bien que ce soit le premier recours en justice qui ait abouti, ce n’est pas la première plainte liée à cette nomination.
En février, Frontline Defenders (FLD) a indiqué que le Mexique était le quatrième pays le plus dangereux en ce qui concerne la défense des droits de l’homme. C’est aussi le pays le plus dangereux pour les défenseurs de l’environnement et les opposants aux projets politiques d’envergure. Le réseau TdT voit un lien entre la violence contre les défenseurs et les politiques gouvernementales : “il y a une nette emprise [du Président] sur la réalisation de ses projets. Le Train Maya (…), la raffinerie de Dos Bocas, Tabasco, et l’aéroport de Santa Lucia sont les projets phares de cette période de six ans et tous trois sont imposés aux communautés, tous trois font l’objet de recours en justice, avec de grands mouvements d’opposition. Actuellement, une politique d’extraction se poursuit, où le développement économique est basé sur la dépossession du peuple”.
Projets politiques d’envergure et droits des peuples indigènes : des visions qui s’affrontent
En décembre, terminait la consultation indigène concernant le Train Maya et, selon les autorités, 93.000 participants ont voté pour (7.500 participants contre). La ONU-DH a déclaré que ce processus “n’a pas respecté toutes les normes internationales”. En ce qui concerne les limites des informations données au cours du processus, elle “a noté que sa convocation, le protocole et les informations présentées ne faisaient référence qu’aux avantages possibles du projet et non aux impacts négatifs qu’il pourrait causer”.
La ONU DH a également noté “qu’en conséquence de la manière dont le projet a été présenté (…), les populations des communautés ont exprimé leur accord avec le projet comme un moyen d’attirer l’attention sur leurs besoins fondamentaux (…), une logique qui affecte le caractère libre de la consultation”. Elle s’est également inquiétée de l’adéquation culturelle du processus, alors que “la décision de qui consulter, où consulter et quand consulter est établie unilatéralement par les autorités”. Elle a déploré la faible participation et la faible représentation des femmes, ainsi que le fait que “la plupart de ceux qui ont participé étaient des autorités municipales et des élus, laissant de côté les autres groupes et individus qui font partie des communautés”. Elle a également souligné que les assemblées informatives et consultatives visaient à “établir des accords avec les communautés eu égard à leur participation, à la réalisation et à la distribution des bénéfices, ce qui pourrait impliquer que le projet soit réalisé indépendamment du résultat de la consultation”.
Des communautés indigènes appartenant aux peuples Maya et Ch’ol de la péninsule, installées à Xpujil, Calakmul, Campeche, membres du Conseil régional indigène et populaire de Xpujil (CRIPX), ont rapporté qu’en janvier, le pouvoir judiciaire de la Fédération leur avait accordé une suspension provisoire de la mise en œuvre du projet. Le Fonatur a indiqué qu’aucune des institutions correspondantes n’en avait été officiellement informée.
Sans surprise, des discussions ont été engagées pour présenter une réforme de la loi fédérale concernant les recours en justice, “pour éviter (…) de freiner des travaux publics”. Selon la revue Proceso, certains législateurs considèrent que “l’actuel gouvernement fédéral a promu dès le début des projets importants, qui ont été arrêtés en raison des suspensions accordées à travers le recours en justice, causant des préjudices au progrès économique et social”.
CHIAPAS : le gouverneur fait état de progrès, les OSC signalent des revers
En décembre, le gouverneur Rutilio Escandón Cadenas (Morena) a présenté son premier rapport gouvernemental en soulignant qu’ “au Chiapas, l’État de droit prévaut” et que “nous sommes un gouvernement qui privilégie le dialogue permanent avec tous les secteurs sociaux et il y a accès à la justice pour tous”. Il a assuré que “l’ostentation des dirigeants est terminée”. Il a soutenu que l’un des progrès est que “plus de 32.000 hectares ont été sauvés récemment, y compris des propriétés privées et des réserves naturelles protégées. Il a déclaré que la criminalité a diminué et que l’impunité a pris fin.”Plusieurs médias ont cependant publié des évaluations critiques sur les performances du gouvernement d’Escandón Cadenas. En termes de criminalité, l’Observatoire citoyen du Chiapas (OCCH) a souligné que Tuxtla Gutiérrez, San Cristóbal de las Casas et Tapachula ont enregistré des crimes importants avec des taux supérieurs à la moyenne nationale en 2019. Ces médias ont souligné qu’au cours de cette période, 6 des 24 défenseurs des droits de l’homme assassinés au Mexique ont été tués au Chiapas. Ils ont également souligné que l’état est l’une des dix principales autorités identifiées dans le rapport de suivi des recommandations de la CNDH. En novembre, plusieurs organisations de la société civile avaient constaté que depuis le début de l’année, 166 morts violentes de femmes avaient été enregistrées, dont seulement 76 étaient classées comme féminicides.
Opposition aux projets politiques d’envergure : parallèles avec le contexte national
En décembre, des membres de plusieurs paroisses et du secteur des droits de l’homme du diocèse de San Cristóbal de Las Casas ont remis une lettre de sept mille signatures aux agences des Nations unies pour exprimer leur désaccord, parce qu’ils n’ont pas été consultés sur la réalisation des projets politiques d’envergure, tels que le Train Maya et l’autoroute San Cristóbal-Palenque. Ils ont indiqué : “notre mécontentement a été ignoré et la destruction de nos territoires continue. En simulant une consultation, l’État entend nous dépouiller de notre culture, de nos traditions et de nos coutumes, nous diviser afin de parvenir à l’extermination des peuples autochtones”.En février, dans une lettre pastorale, l’évêque du diocèse de San Cristóbal de las Casas, Rodrigo Aguilar Martínez, a déclaré qu’au Chiapas il y a des projets politiques d’envergure qui affectent les peuples indigènes. Il s’est demandé : “comment faire en sorte qu’ils ne se traduisent pas par des bénéfices énormes pour les uns et des privations pour les autres, comment intégrer dans le développement – toujours avec des critères humains et écologiques – les populations les plus défavorisées ?”. Aguilar Martínez a déclaré que “la dépossession est également présente à travers la perte des racines culturelles causée par le racisme et la discrimination, et les politiques gouvernementales qui ne tiennent pas compte de la parole des peuples autochtones”. Il a exprimé que le projet de sécurité nationale “peut être très bien pensé et planifié, mais les instances intermédiaires et surtout finales provoquent souvent la dépossession des territoires, qui se fait par le biais de diverses stratégies telles que le déplacement forcé, les menaces et la tromperie dans l’achat des terres, la pression avec les programmes sociaux, la coercition par des lois qui favorisent les puissants, et la violence qui se produit par le biais de la police fédérale, étatique et municipale, de l’armée, de la marine et de la garde nationale, ainsi que par des groupes violents, paramilitaires ou de narcotrafiquants”.
Autres préoccupations en matière de droits de l’homme
En décembre, le Centre des droits de l’homme Fray Bartolomé de las Casas (Frayba) a annoncé qu’il avait déposé un recours en justice pour la “libération du survivant de la torture, victime de violations de la loi et actuellement en détention arbitraire, Juan de la Cruz”. Il a déposé le recours parce qu’en 2016, il y avait une recommandation de remise en liberté pour peine avec sursis émise par le Conseil de réconciliation. En outre, il a dénoncé le harcèlement dont sont victimes son personnel et les membres du Collectif des parents de prisonniers en lutte “qui ont reçu des menaces de mort, des surveillances, des harcèlements et des intimidations en novembre et jusqu’à présent en décembre, dans le cadre de la lutte pour la liberté des prisonniers des peuples indigènes, en particulier Juan de la Cruz Ruiz”. Face à ces menaces, Frayba a déclaré “qu’une réponse adéquate de protection n’a pas été obtenue de la part de l’État mexicain (…) minimisant la situation de risque que nous estimons provenir des agents de l’État lui-même”. De la Cruz a été libéré quelques semaines plus tard.
En décembre, deux centres des droits de l’homme ont indiqué un nouveau déplacement forcé d’une communauté dans la municipalité de Chilón. Ils ont noté que 65 personnes ont été déplacées de San Antonio Patbaxil et que “ce même groupe d’agresseurs a déplacé la population de la communauté de Carmen San José” en 2018. Ils ont dénoncé que les personnes déplacées des deux communautés “sont dans des communautés voisines, dans la capitale municipale et dispersées dans les montagnes, la plupart du temps sans nourriture ni abri, entourées par le groupe civil armé qui empêche leur retour en toute sécurité”. Ils ont souligné que trois autres communautés risquent aussi d’être déplacées.
Combo pour la Vie : décembre de résistance et de rébellion
Le mois de décembre a été marqué par de multiples activités de la part de l’Armée Zapatiste de Libération Nationale (EZLN) et du “Combo pour la vie : décembre de résistance et de rébellion”. Cet événement incluait la deuxième édition du Festival du film de Puy Ta Cuxlejaltic, le premier Festival de danse “Danse un autre monde”, le Forum pour la défense du territoire et de la Terre Mère en coordination avec le Congrès National Indigène (CNI), la deuxième rencontre internationale des femmes en lutte et la célébration du 26e anniversaire du début de la “guerre contre l’oubli”.
Au milieu de ces activités, la 4e Assemblée nationale du Congrès national indigène (CNI) et le Conseil de gouvernement indigène (CIG) ont déclaré que “le mauvais gouvernement mise sur le démantèlement des tissus communautaires, en fomentant des conflits internes qui entachent les communautés de violence, entre ceux qui défendent la vie et ceux qui ont décidé d’y mettre un prix, même au prix de la vente des générations futures pour les bénéfices de millions de dollars de quelques corrompus, qui sont au service des groupes armés du crime organisé.” Ils ont affirmé que “nos peuples, nations et tribus continueront à prendre soin et à défendre les graines de la résistance et de la rébellion au milieu de la mort”.
Lors de l’événement commémorant leur soulèvement armé, l’EZLN a souligné : “Ils disent qu’il n’y a plus de zapatistes. Qu’il reste très peu d’entre nous dans la résistance et la rébellion. (…) Et chaque année, les patrons se félicitent en disant que les rébellions indigènes sont terminées. (…). Mais chaque année (…) nous nous montrons et crions : nous voilà !”.
OAXACA : la terre et le territoire au centre de nombreuses luttes
En janvier, en réponse à la mise en place du corridor transisthmique dans l’isthme de Tehuantepec, l’Union des communautés indigènes de la zone nord de l’isthme (Ucizoni) a déposé une plainte auprès de la CNDH dénonçant que “les exercices de « consultation » (…) ont été réalisés sans respecter les normes minimales établies.” Elle a exigé qu’une nouvelle consultation soit menée conformément à la Convention 169 de l’Organisation Internationale du Travail (OIT). De leur côté, les différentes municipalités de l’Isthme ont demandé au Ministère de l’Environnement et des Ressources naturelles (Semarnat) de mener une consultation publique pour évaluer l’impact environnemental de l’extension du chemin de fer entre Salina Cruz, Oaxaca, et Coatzacoalcos, Veracruz, l’un des points central de la proposition de corridor. En février, Víctor Manuel Toledo, directeur du Semarnat, a reconnu que les consultations “n’étaient pas techniquement adéquates” mais “légitimes” et que “les projets aboutiront” (voir Dossier).
Dans d’autres processus visant à stopper les projets économiques d’envergure, en février, le collectif “Pas d’exploitation minière, pour un avenir pour tous” a rapporté que la Semarnat avait refusé l’autorisation de l’étude d’impact environnemental (EIE) du projet San José II, de la compagnie minière Cuzcatlán, une filiale de la société canadienne Fortuna Silver Mines. Il considère qu’il s’agit d’une victoire partielle puisque la Semarnat a recommandé à la société de présenter un nouvel AMI.
Il a affirmé que : “Fortuna Silver Mines n’a pas l’autorisation des assemblées communautaires dans les vallées centrales de Oaxaca, (…) nous n’accorderons aucun permis municipal ou agraire à aucune compagnie minière”. Toujours en février, les autorités de la municipalité zapotèque de Capulálpam de Méndez ont annoncé qu’elles avaient gagné un recours en justice contre la société minière canadienne Continuum Resources LTD et la société minière mexicaine Minera Natividad y Anexas, une fois de plus pour manque de consultation.
Pendant ce temps, les agressions contre les défenseurs des droits de l’homme continuent d’être constantes. En décembre, les membres du Comité pour la défense des droits des indigènes (Codedi) ont annoncé des activités de protestation pour exiger la libération de Fredy García, qui a été arrêté en novembre dernier. L’Observatoire international pour la protection des défenseurs des droits de l’homme considère que sa détention s’inscrit dans “un ensemble d’attaques systématiques contre le CODEDI au cours des 21 derniers mois, dont cinq meurtres, deux tentatives de meurtre, six détentions arbitraires, trois incidents d’effractions et de vols, ainsi que des menaces permanentes et la militarisation de la zone où se trouve le centre de formation du CODEDI”.
Enfin, selon les statistiques du Secrétariat exécutif du Système national de sécurité publique (SESNSP) de janvier à novembre 2019, 132 meurtres de femmes ont été commis au Oaxaca alors que “seulement 27 décès font l’objet d’une enquête en tant que féminicides”. La violence de genre a atteint des municipalités qui n’avaient pas été prises en compte dans l’alerte contre la violence de genre, qui ne comprend que 42 municipalités sur les 500 que compte l’état. L’Observatoire Citoyen National sur le Féminicide (OCNF) a affirmé que “plus d’un an après la déclaration, les résultats sont presque nuls, et au contraire, le problème du féminicide est aggravé par l’augmentation des disparitions de femmes, de filles et d’adolescentes”. En outre, 1.562 crimes sexuels ont été signalés en 2019 (seulement 502 dossiers d’enquête).
GUERRERO : un panorama tragique
En janvier, les parents des 43 élèves de l’école normale d’Ayotzinapa disparus en 2014 et le gouvernement fédéral ont accepté la réinstallation du Groupe interdisciplinaire d’experts indépendants (GIEI) dans l’enquête sur cette affaire. Le sous-secrétaire aux droits de l’homme, Alejandro Encinas, a reconnu qu’un an après la création de la Commission Vérité et Justice dans cette affaire, l’une des plus emblématiques du pays, il n’y a pas de “résultats tangibles”. Un mois plus tôt, à l’école d’Ayotzinapa, les parents d’étudiants qui ont perdu la vie dans d’autres événements depuis 2011 ont annoncé la formation du Comité des Autres oubliés qui cherchera à obtenir justice pour leurs affaires.Dans les quelques avancées, en décembre, le chef de cabinet de la municipalité de Moreno, Tlapa de Comonfort, Marco Antonio García Morales, a été arrêté pour sa participation présumée à la disparition et au meurtre du militant Arnulfo Cerón Soriano, chef du Front Populaire de la Montagne (FPM) en octobre. Il est l’une des personnes que Cerón Soriano lui-même avait accusée de corruption et de liens avec le crime organisé ; et qu’il avait rendue responsable de ce qui pourrait lui arriver.
Ces derniers mois, les affrontements entre groupes criminels ont provoqué de nouveaux déplacements forcés dans la Sierra. Selon le Centre des droits de l’homme José María Morelos y Pavón, quelque 6.500 personnes ont été déplacées de force dans l’état. Le journal Milenio a rapporté qu’il y a 9.000 personnes supplémentaires qui risquent d’être déplacées dans la même zone en raison de conflits entre les gangs criminels.
Fin décembre, un incident qui reflète le désespoir de la population déplacée s’est produit lorsqu’ “un convoi avec des militaires de la Garde nationale, de l’armée mexicaine et de l’Unité des forces spéciales de la police de l’Etat s’est rendu à la communauté d’El Naranjo”, générant “des attentes chez les familles déplacées” qui se trouvent à Chichihualco et qui pensaient que leur arrivée serait une occasion de leur permettre de retourner chez eux. En partant, les troupes fédérales ont trouvé “une centaine de personnes déplacées (…) qui ont bloqué la route”. Tlachinollan a rapporté que les soldats “ont non seulement attaqué des personnes âgées, mais aussi des défenseurs des droits de l’homme et des journalistes. Le directeur du Centre Morelos, Manuel Olivares, a été arrêté pour avoir donné la parole aux personnes déplacées et a été dépouillé de son téléphone portable, de son matériel informatique et des documents liés à l’affaire. Son véhicule a été endommagé. Le défenseur Teodomira Rosales a été battu et mis à terre par une femme officière de police. Les militaires se sont précipités sur les journalistes pour les empêcher d’enregistrer leurs méfaits”.
En janvier également, l’assassinat de 10 musiciens à Chilapa et l’incorporation par la Coordination Régionale des Autorités Communautaires – Peuples Fondateurs (CRAC-PF), d’adolescents mineurs à la police communautaire ont rendu la situation d’insécurité à nouveau visible. L’incorporation de ces enfants (pour la plupart des orphelins à cause de la violence) qui effectuaient des mouvements tactiques de combat a généré de multiples réactions. Le Réseau pour les droits des enfants au Mexique (Redim) a considéré cette intégration comme un “acte désespéré” pour attirer l’attention de l’État. Il a exhorté les autorités à “répondre aux appels des citoyens et des organisations de défense des droits de l’homme pour mettre en place une stratégie nationale visant à mettre fin à la violence armée contre les enfants et les adolescents”.
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