Ce jour au Centre des Droits Humains Miguel Agustin Pro Juarez s’est tenue une conférence de presse pour répondre à l’information débitée par le Procureur Général de la République (PGR), au sujet de l’enquête concernant les normaliens victimes de disparition forcée les 26 et 27 septembre.
Ci-dessous nous présentons le communiqué officiel contenant la position qu’ont fait connaître les pères et mères de familles des étudiants et du Comité Étudiant d’Ayotzinapa face à l’information rendue publique peu avant par le PGR :
AVEC UNE HÂTE POLITIQUE LE PGR PRÉTEND CLORE L’ENQUÊTE SUR LES FAITS
Face aux déclarations du Procureur Général de la République aujourd’hui, les proches des 43 disparus nous affirmons :
1. Que nous exprimons notre rejet de la manière dont le Gouvernement Fédéral a informé prioritairement les médias de communication avant les victimes à propos des avancées de l’affaire. Il faut rappeler que le président de la République a signé une note par laquelle il s’engageait à informer les proches avant les médias afin d’éviter la revictimisation, ce qui n’a pas été le cas et qui s’est accentué ces dernières semaines.
2. Que l’information rendue publique aujourd’hui, nous, les porches, ne la connaissions pas à fond, que l’engagement n’a pas été tenu de nous fournir des copies de tous les agissements réalisées dans les dossiers consignés, bien que cela aussi ait fait partie d’un engagement assumé par le président de la République Enrique Peña Nieto.
3. Que l’enquête ne peut être déclarée close à propos de la disparition forcée des étudiants de la Normale Rurale Raúl Isidro Burgos d’Ayotzinapa, sachant que :
a) L’enquête ne peut être déclarée close car il n’existe aucune entière certitude scientifique sur ce qui s’est passé dans la décharge de Cocula. Le PGR fait savoir aujourd’hui que son hypothèse se base sur différents rapports de chimie, biologie et d’autres. Sachant qu’il est bien connu que les procureurs mexicains sont des spécialistes pour fabriquer des délits et reconnaissant que des scientifiques reconnus ont exprimé des doutes sur cette hypothèse, nous ne pouvons accepter ces résultats tant que n’auront pas été réalisé ces mêmes expertises par des experts indépendants des plus qualifiés. En ce sens, nous réaffirmons notre confiance en l’Équipe Argentine d’anthropologie légale et nous exigeons que tous les obstacles soient levés pour qu’ils puissent accomplir leur tâche dans les meilleures conditions.
b) L’enquête ne peut être déclarée close parce que la déclaration de Felipe Rodríguez Salgado, contrairement à ce que dit le Procureur, n’est pas déterminante pour éclaircir ce qui s’est passé à Cocula tel qu’accepté lors de cette même conférence, cette personne n’ayant pas déclaré être resté sur les lieux durant tout le temps qu’ont supposément duré les faits.
c) L’enquête ne peut être déclarée close parce que l’information rendue publique par le Procureur dépend bien trop de dépositions effectuées devant le ministère public, par des personnes ayant facilement pu être contraintes, tout le monde sait qu’au Mexique la torture est récurrente. À ce sujet, il a été rendu publique l’information sur la possible torture de certains inculpés sans que jusqu’à maintenant la Commission Nationale des Droits Humains ne soit intervenu pour éclaircir ces dénonciations.
d) L’enquête ne peut être déclarée close parce que le Procureur ni aujourd’hui ni en aucune autre conférence n’a éclairci comment il explique dans sa théorie sur le cas, le sanglant homicide de Julio César Mondragón, dont le jeune corps écorché fut retrouvé tout près du lieux où ont eu lieux les faits. Comment explique monsieur Murillo ce fait jusqu’à présent non éclairci ?
e) L’enquête ne peut être déclarée close parce que l’État mexicain, à quatre mois des faits, s’est montré incapable d’arrêter ceux qui selon sa théorie seraient responsables. Le Gouvernement Fédéral n’a pu arrêter le principal responsable de la police corrompue d’Iguala, Felipe Flores Velázquez, ni son complice et subalterne Francisco Salgado Valladares. Pas plus qu’il n’a été capable d’arrêter Gildardo Astudillo, alias le Cabo Gil, personnage auquel le propre PGR donne une grande importance dans sa version des faits. Ainsi que sont toujours en fuite onze des quinze personnes qui selon le procureur étaient à Cocula, comme le leader des Guerreros Unidos, Ángel Casarrubias Salgado El mochomo. Avec tant de fugitifs, comment le Procureur prétend-il clore l’enquête ?
f) L’enquête ne peut être déclarée close parce que le Procureur n’est pas parvenu à initier la moindre procédure pénale pour le délit de disparition forcée de personnes, sachant que c’est la forme juridique adéquate pour cerner les faits connu qui comme tout le Mexique l’a exprimé, c’est l’état qui a fait disparaître nos enfants. Tant que les procès ne seront pas traités dans les formes légales pertinentes, le cas ne peut être clos.
g) L’enquête ne peut être déclarée close parce que dans le même rapport où se trouvent les déclarations du supposé sicaire de Cocula, se trouvent aussi en plus les déclarations d’autres sicaires d’Iguala ayant avoué avoir attenté à la vie de nos fils non pas à Cocula mais à Pueblo Viejo et Cerro la Parota. Comment monsieur Murillo explique-t-il que dans un même rapport existent des aveux qui s’opposent et se contredisent entre elles ?
h) L’enquête ne peut être déclarée close parce que contrairement à ce qui a été dit lors de la conférence aujourd’hui, il n’y a de certitude que pour la mort d’un seul des étudiants disparus. Cette certitude n’implique pas la certitude de la mort des autres ni celle sur le lieux où ça aurait pu se dérouler. En ce sens, c’est une erreur juridique de parler de poursuites pour homicide, quand en réalité à nouveau ce devrait être pour séquestration avec la circonstance aggravante de privation de la vie, ce qui techniquement implique une grande différence.
i) L’enquête ne peut être déclarée close parce que la responsabilité de l’armée n’a pas été recherchée, bien que contrairement à ce qu’a affirmé le Procureur, il existe des indices de sa complicité avec la délinquance organisée, le Policer Salvador Bravo Bárcenas a affirmé devant le Ministère Public que l’Armée savait depuis 2013 que les Guerreros Unidos contrôlaient la police de Cocula, raison pour laquelle les Forces Armées n’ont pas enquêté sur ces présumés délinquants mais qu’elles leur offrirent plutôt leur protection.
j) L’enquête ne peut être déclarée close parce que n’a même pas commencé le dénouement des responsabilités au sujet de la corruption politique qu’ont révélé les faits du 26 septembre. Reste encore à enquêter sur d’autres maires, comme celui de Cocula, ainsi que sur d’autres autorités du gouvernement du Guerrero.
Face au manque de justice et de vérité au Mexique, nous, les proches, irons devant les instances internationales. Ainsi, rapidement une de nos délégations ira devant le Comité sur la Disparition Forcée des Nations Unies dénoncer ce qui se passe au Mexique.
De la même manière, nous n’oublions pas que la Commission Inter-américaine des Droits Humains a désigné un groupe d’experts qui devrait rapidement commencé à faire leur vérification technique sur l’enquête réalisée par le Mexique ; cette révision est indispensable car nous savons qu’ils trouveront de multiples irrégularités.
Au peuple du Mexique nous demandons qu’il ne nous laisse pas seuls et qu’il comprenne notre lutte. Face à un Gouvernement Fédéral qui est pressé de clore le cas Ayotzinapa, nous réaffirmons notre droit à douter des autorités qui ont l’une ou l’autre fois fabriqué des dossiers pour se sortir de crises qui révèle son inefficacité. Nous exigeons également le respect de notre dignité, le temps des victimes n’est pas le temps des politiques.
Aujourd’hui, lors de sa conférence le PGR a affirmé que la disparition de nos enfants était « un fait atypique ». Mais dans notre parcours durant ces quatre mois, nous avons constaté que la disparition forcée est aujourd’hui au Mexique une réalité généralisée à travers tout le pays. Le Procureur ment lorsqu’il affirme que la disparition de jeunes et les narco-gouvernements sont atypiques, au contraire c’est aujourd’hui le visage meurtri de notre Nation. Jusqu’à la fin de l’an dernier, le propre Registre National des Personnes Disparues comptait 26 000 personnes ; il s’agit de familles comme les nôtres, traversées par la douleur et l’incertitude. C’est pourquoi, nous continuerons de lutter pour la justice et la vérité jusqu’à ce que nous ayons des certitudes entières sur l’enlèvement de nos enfants et jusqu’à ce que nous transformions le Mexique pour qu’aucune famille n’ait à revivre ce que nous vivons.
Vivant ils les ont pris, vivant nous les voulons !
Vive Ayotzinapa !
Traduction x PortaPlumas
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