Après une fantastique manifestation dans les rues de Paris, en passant par des lieux symboliques des violences policières de la capitale, où plusieurs centaines de personnes ont répondu à l'appel lancé par un collectif de collectifs, les proches des 43 disparus par la police municipale de Iguala ont put lancer plusieurs discours sous les cris des manifestants "Vivants vous les avez emmenez, Vivant nous les voulons!"
En effet, le 26 septembre, cela fait déjà plus de 7 mois, alors que des étudiants de l'école normale rurale d'Ayotzinapa se rendaient à une manifestation, la police municipale arrêta le convoi et s'ensuit une violence d'état malheureusement trop courante au Mexique. Les policiers font 6 victimes, une cinquantaine d'étudiants arrivent à s'échapper, et 43 autres disparaissent!
Rapidement on apprendra que la police a "donné" ces étudiants aux groupes organisés, les cartels des narcotrafiquants, en l’occurrence Guerrero Unido. Et depuis cette date, le pays tout entier les cherche. Le pays s'est enflammé, toutes les villes se sont mobilisées pour essayer de les retrouver et exiger de l'état la fin de leur complaisance avec les narcos. Le maire de la ville, le gouverneur de l'état, de nombreux policiers ont été démis de leur fonction, mais rien n'y fait, les 43 étudiants restent disparus.
La justice Mexicaine a bien essayé de faire taire le mouvement qui prenait trop d'ampleur au niveau national en faisant croire que ces derniers avaient été brûlés dans une déchetterie, avec des restes calcinés à l'appui, mais une équipe de médecins argentines, dépêchées sur place a nié cette version disant que les restes ne correspondait pas aux ADN des familles.
Plusieurs caravanes ont parcouru le monde pour faire savoir ce qu'il en était, pour dénoncer ce crime d'état, et pour exiger le retour en vie des 43 étudiants disparus. L'une est partie au Canada, l'autre aux Etats-Unis et la dernière en Europe, passant par les capitales Scandinaves, l'Allemagne, l'Italie, La Suisse et l'Espagne. Du 2 au 4 mai la délégation de l'eurocaravane est arrivée à Paris.
La marche du 3 mai a tout de même réussit à rassembler beaucoup de monde.A chaque halte de la délégation, on raconte l'histoire de l'un des 43 disparus. Durant cette manifestation, des parallèles ont pu être fait avec les violences policières et les crimes d'état. Depuis Belleville jusque Gambetta, les noms de Lamine Dieng, Rémi Fraisse, Ali Ziri, Amine Bentounsi ont aussi été évoqués, tous victimes des violences d'état, mais cette fois-ci de l'état Français.
Lundi 4 mai, dans un agenda particulièrement chargé, les Compas avaient convoqué à une conférence de presse des médias libres. Les médias libres et seulement eux, car après une présentation exhaustive des personnes présentes, et la présence de médias commerciaux, les compas ont précisé pourquoi ils ne voulaient que des médias libres autour d'eux. Adaptant également leur discours autour des personnes présentes.
Durant la conférence de presse le responsable du centre des droits de l'homme de Tlachinollan, Eleucadio Ortega Carlos, père de l'un des disparus et Omar Garcia, l'un des rescapés du massacre, annoncent directement la couleur "nous somme venue que pour la Société Civile, car la demande de réapparition en vie des 43 étudiants reste actuelle, nous venons dénoncer aussi une grave crise des droits de l'homme au Mexique, et c'est une responsabilité à assumer face aux états.".
"Nous sommes venus pour que l'on puisse faire pression au gouvernement mexicain, car celui-ci nous trompe. On dit que nos enfants sont morts et ont été massacrés" rajoute le père de l'un des disparus, avec une digne rage dans sa voix. Ce paysan, producteur de café ne montre que très peu son émotion, le discours est clair et précis, il explique que depuis la disparition de son enfant il ne travaille plus et en fait que lutter: "NON! les 43 ne sont pas morts ils sont séquestrés. C'est une stratégie du gouvernement qui veut en finir avec les école normale rurale, nous ne croyons pas en la version du gouvernement (...) nous sommes au cœur de la lutte jusqu'à retrouver les 43, ils nous envoient la police, l'armée, la gendarmerie, nous ce que nous voulons c'est que sorte l'armée de nos terres, et retrouver nos 43 enfants!".
Omar Garcia, un des étudiants présents la nuit du 26 au 27 septembre 2014, qui a réussit à s'échapper refuse de donner son témoignage! Il n 'est pas là pour ça, on trouvera sur internet suffisamment de détails et d'interview sur cette fameuse nuit. Il vient remercier les médias libres présent d'avoir relayer l'information autour de ce qu'il s'est passée à Iguala, dans le Guerrero, et dans tout le pays depuis cette date. "Les grands médias eux sont partis, car il n'y a plus de sang à photographier". Il se lance alors dans une diabtribe contre les médias commerciaux qui sont "trop puissants" et "nous stigmatisent". Il suggère d'ailleurs de lancer un grand réseau international de médias libres pour prendre plus de force! Le temps des critiques est passé, il faut commencer à s'organiser.
En parallèle au Chiapas, le Sous Commandant de l'EZLN, Moisés, reprenait lors de l'hommage aux compas Villoro et Galeano, plus ou moins le même discours dans le caracol d'oventik face à des milliers de personnes: "On arrête pas de s'organiser, car on a besoin de l'organisation pour la construction [de l'autonomie]et s'organiser pour surveiller ce qui est déjà construit, et ainsi vont les choses, celles où il faut être organiser. Pour que le peuple prenne en main son auto-gouvernement par lui même, cela requiert de l'organisation".
Omar insiste "nous avons demandé aux collectifs de créer un réseau de collectifs solidaires tout comme les médias libres, notre mouvement est facteur d'union, nous croyons dans ce réseau", "nous avons rencontrés plusieurs collectifs en lutte dans les lieux que nous avons visité, et nous avons vu par exemple un mouvement d'occupation en Italie, quand la police arrive pour en déloger un, tout de suite les autres arrivent pour lutter, mais ce n'est pas toujours comme ça, parfois ils se mettent en compétition".
Il est vrai que le mouvement né depuis les disparitions forcées a permis au pays tout entier de se souder et d'organiser ensemble des mégasmarches et de grandes protestations. Etudiants, parents et simples citoyen-ne-s se retrouvaient ensemble sous la même bannière pour exiger le retour en vie des 43. Et en Europe, c'est la même, jamais autant de collectifs nationaux et internationaux n'avaient réussi à si bien se coordonner pour pouvoir les recevoir, mettant de côté leurs divisions, pour construire ensemble cette eurocaravane.
Par la suite, l'un des responsables du centre des droits de l'homme reprend la parole "Ce que nous voulons de vous? une véritable transmission, ceci n'est pas une simple conférence nous voulons quelque chose de plus autour de ça. Les médias libres sont aussi des médias militants nous parlons donc entre companeros. Au Mexique en plus des 43 étudiants disparus, on parle de 150 000 morts en 10 ans, plus de 23 000 disparus durant cette guerre contre les narcos."
"L'une de nos demandes c'est la garantie de non répétition des disparitions forcées, mais aussi le respect des droits de l'homme, c'est pour ça qu'on vient chercher un soutien international" précise-t-il."La brutalité policière arrive aussi en France, nous parlons des mêmes luttes!! Aussi contre le dépouillement de nos terres, tant en Palestine, qu'au Mexique".
Enfin, avant de partir pour Saragosse, les compas ont demandé de faire pression sur le gouvernement Français pour que François Hollande retire son invitation honorifique à Enrique Pena Nieto, le 14 juillet durant le défilé Français, pour couronner la collaboration des ministères de l'intérieur des deux pays spécialistes historiques de diffusion interarmées des techniques de contre-insurrection. "Ça ferait de la France un état complice" ajoute-t-il.
Signez la pétition
Signez la pétition
Le soir, à Saint Ouen, dans la maison basque une autre rencontre a été organisée avec la présence de centaine de personne. Plusieurs vidéos furent visionnées et un débat fut lancé autour des disparitions forcées, des meurtres de la police et des crimes d'état avec pour question récurrente: "Comment lutter et quelles solidarités face aux violences de l'état".
Cette venue redonne de l'espoir et de la force à celles et ceux qui luttent, et cette venue, bien qu'éclair, a permis aussi de se rendre compte que nous ne sommes pas seuls, que du Mexique à la France les violences de l'état pour protéger son système et son monde restent les mêmes avec une ampleur variable.
No hay comentarios.:
Publicar un comentario