Communiqué du conseil populaire de Tixtla (31 mai)
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Aux organismes des droits humains
Aux organisations sociales et aux collectifs
Aux médias
Au peuple en général
Peuple du Guerrero et peuple de Mexico, nous tenons á dénoncer
publiquement le harcèlement que les gouvernements fédéral et de l’Etat du
Guerrero exercent contre les parents d’Ayotzinapa, contre les jeunes de la
normale, contre les instituteurs et contre les citoyens mobilisés afin
d’exiger la présentation en vie des 43 jeunes victimes de disparition
forcée de la part de l’Etat.
Une persécution qui s’est accentué durant les dernières semaines, à
travers l’infiltration d’agents ministériels en civil afin de surveiller
et d’intimider les gens mobilisés contre les échéances électorales,
l’envoi de convois de militaires et de troupes de la marine afin de
patrouiller et d’intimider le peuple. Ces stratégies d’intimidation, de
persécution et de harcèlement contre les citoyens mobilisés se sont
renforcés après la déclaration faite par les parents des 43 disparus
affirmant qu’au Guerrero il n’y aura pas d’élections, tout
particulièrement a Tixtla, car c’est la municipalité ou se trouve l’école
normale d’Ayotzinapa.
La posture de REJET DES ELECTIONS reste ferme, car les évènements du 26 et
27 septembre 2014 sont un crime de lèse-humanité, parce que la collusion
du narcotrafic avec le gouvernement est évidente, que la collaboration et
la complicité entre la force publique, ses patrouilles et leurs armes est
prouvée et reconnue par toutes les investigations; parce que nous exigeons
que soit juge politiquement l’ex-gouverneur du Guerrero Ángel Aguirre
Rivero, le maire d’Iguala José Luis Abarca Velázquez et María de los
Ángeles Pineda Villa, et eviter ainsi que soit diluée leur responsabilité
dans les faits survenus. La dignité du peuple ne permettra pas que soient
installées les urnes électorales, car nous font défaut 43 étudiants de la
normale, parce que la justice n’a pas été rendue pour les personnes
assassinées, parce que nous avons des prisonniers politiques, parce qu’il
n y a pas de démocratie, parce qu’aucun parti politique nous représente et
parce que c’est l’Institut National Electoral, au travers des élections,
qui a mis au pouvoir des candidats politiques lies au narcotrafic.
En raison de ce qui a été dit précédemment, le peuple de Tixtla a maintenu
l’occupation de la présidence municipale, empêchant son organisation et
son fonctionnement, car cette structure imposée par le système des partis
nous a seulement apporte la misère, la spoliation de nos biens,
l’endettement de la municipalité, le souillage du palais municipal et du
lieu de naissance de Vincente Guerrero, l’insécurité, les extorsions, les
enlèvements, les prisonniers politiques et les disparitions forcées. Forts
du soutien du peuple organisé et du ras-le-bol devant le saccage de nos
biens, nous décidons de nous prononcer en faveur de processus alternatifs
par lesquels le peuple puisse décider de sa forme de gouvernement, pour le
bien de nos communautés et contre l’écrasement des droits humains.
Nous portons a votre connaissance le fait que depuis le mois d’avril de
cette année des assemblées populaires se sont mises en place en faveur de
la construction du Conseil Municipal Populaire en tant que forme de
gouvernement; nous avons réalisé une diffusion constante au sein des
communautés et des quartiers afin de dénoncer la farce électorale, avec
l’intention de construire un gouvernement légitime du peuple, sans
l’intervention du système électoral et des partis politiques, sans
l’intromission d’aucun politicien, en ne comptant que sur la voix des
femmes et des hommes travailleurs; un gouvernement dans lequel nos
représentants seraient élus durant des assemblées populaires, organe de
décision suprême de nos communautés et de nos quartiers, a main levée et
sans carte d’électeur, afin d’éviter le gaspillage économique des
campagnes électorales, qui ne font que laisser le peuple dans la misère.
Sans doute aucun, ces espaces autonomes représentent une menace pour les
intérêts privés, partidaires et gouvernementaux qui, au travers de la
répression, prétendent faire disparaitre les tentatives d’organisation de
la population en chemin vers l’autonomie.
Sur le chemin de l'autodétermination, s’est déroulée le 30 mai de cette
année la 5e Assemblée Populaire de Tixtla au sein des installations de
l’auditorium municipal, avec la représentation des parents des 43
disparus, le comité étudiant d’Ayotzinapa, la FECSUM (Fédération des
Etudiants Paysans Socialistes Unis du Mexique), le FUNPEG (Front Uni des
ecoles Normales Publiques de l'Etat du Guerrero), le corps professoral de
Tixtla, la commission élargie de la CETEG (Centrale des Travailleurs de
l’Education de l’Etat du Guerrero), des commerçants, des paysans, des
employés des transports, la police communautaire, le MPG (Mouvement
Populaire du Guerrero) de Chilpancingo [capitale de l’Etat], des
représentants des quartiers, des universitaires le Front des Artistes pour
Ayotzinapa, le Front oriental et des citoyens de Tixtla, approuvant en
Assemblée les résolutions suivantes:
1. la formation d’une direction collective base sur la représentation des
organisations présentes, afin de coordonner les actions émanées de
l’Assemblée
2. l’installation de l’assemblée permanente, qui sessionera
quotidiennement jusqu’ au 8 juin 2015
3. la prise pour centre d’opérations des installations occupées par
l’auditorium municipal
4. l’installation d’un campement dans le palais municipal, avec les
organisations sociales et le peuple en général.
5. La convocation d’observateurs et de visiteurs protecteurs des Droits
Humains afin de suivre les actions en cours du 1er au 7 juin.
6. La convocation des medias libres afin d’assurer la couverture des
activités qui auront lieu durant la dernière semaine du boycott électoral.
7. L’accueil des caravanes des collectifs d’Oaxaca, du Guanajuato et de la
FECSUM qui viendront renforcer le campement.
8. La mise en place d’une radio communautaire et la recherche des espaces
radio et télévisés au sein de la municipalité afin d’informer les citoyens
au sujet des actions en cours du 1er au 7 juin de cette année.
9. La réalisation d’activités culturelles dans différents lieux de la
ville durant la semaine de boycott électoral.
10. La mise en place de caravanes dans les communautés, colonies et
quartiers afin de se débarrasser des déchets électoraux, et afin
d’informer la citoyenneté au sujet des Conseils Municipaux Populaires.
11. Participer à l'invitation faite par le comité pour la libération de
Nestora Salgado afin d’assister à la conférence de presse pour les
disparus et les prisonniers politiques le 1er juin à midi dans les
installations du CENCOS au DF.
Face à ces actions mises en place afin d’éviter les élections a Tixtla,
les trois niveaux de gouvernement entremis avec les partis politiques
mettent en place la répression et affutent leurs griffes contre la
légitime décision du peuple. Face à ces menaces nous portons le gouverneur
intérimaire Rogelio Ortega Martinez responsable des menaces et des
suggestions d’emploi de la forcé répressive contre ceux qui s’opposent aux
échéances électorales tout en laissant entrevoir leurs intérêts
partidaires; ainsi que David Martínez Valadez ex Syndic et Procureur de
la mairie défunte, qui a porté des menaces publiques le 4 mai dernier par
le biais du quotidien Diario Guerrero.
Ce sont eux les responsables des menaces contre la citoyenneté mobilisée
et de la répression contre le peuple, de toute agression physique et
psychologique contre n’importe lequel de nos compañeros mobilisés ainsi
que de leurs familles. Nous désignons et portons aussi tous les partis
politiques et leurs candidats pour responsables, car ils ont semé la
confrontation au sein du peuple au travers de leurs campagnes politiques
dans une tentative de provocation aux fins de déstabilisation sociale:
nous signalons identiquement l’Institut National Electoral et tous ses
membres pour la provocation de la citoyenneté au travers de la
militarisation des remises de bulletins électoraux dans le Guerrero; ainsi
que les medias de désinformation payes par l’Etat, et toutes les personnes
agissant à leur propre compte.
Nous dénonçons les stratégies médiatiques et la force répressive utilisée
par les trois niveaux du gouvernement afin d’écraser ce digne mouvement et
mettre en place la farce électorale; nous savons que le gouvernement
fasciste continue à utiliser comme moyen de contrôle le massacre, la
disparition forcée, les assassinats politiques, la torture et
l’incarcération des lutteurs sociaux. Raison pour laquelle nous faisons
connaitre les faits de répression suivants, qui constituent un clair
avertissement de l’Etat face à la résistance du peuple durant les
échéances électorales:
1. La répression et l’expulsion des instituteurs le 24 février dernier á
l’aéroport d’Acapulco, Guerrero, durant laquelle un instituteur retraité a
perdu la vie aux mains des forces fédérales, des femmes ont été violées,
106 personnes détenues et des centaines de professeurs violemment frappes
de manière sauvage.
2. La détention arbitraire de 3 pères de famille des 43 disparus le 20
mai dernier au péage autoroutier du Morelos, utilisée comme moyen de
distraction contre le mouvement afin de faire rentrer à cette même date
les bulletins électoraux dans le Guerrero sous la vigilance des forces
armées.
3. Le harcèlement des agents du ministère contre les jeunes d Ayotzinapa
lorsqu’ ils sont détenus de manière arbitraire.
4. La persécution et le harcèlement de la Force fédérale ayant eu lieu
durant l’après-midi du 29 mai de cette année contre les parents et les
jeunes d Ayotzinapa alors que se déroulait un meeting et qu’était retirée
la propagande électorale, en face du marché municipal de Chilpancingo.
5. Les menaces et le harcèlement durant leur détention de 7 jeunes des
écoles normales appartenant à la FUNPEG, étudiant a l’école normale
“Rafael Ramirez”, de la part des forces policières de l’Etat du Guerrero
dans la ville de Chilpancingo, durant le milieu de journée du 30 mai.
6. La répression exercée avec des gaz lacrymogènes et du gaza u poivre
contre les compañeros instituteurs de la CETEG le 30 mai là où se situe
leur campement, sur la place du zocalo de Chilpancingo.
Face à ces menaces, nous lançons un appel aux visiteurs et observateurs
des droits des organismes des droits de l’homme afin de réaliser un suivi
des activités qui auront lieu du 1er au 7 juin et que les autorités
compétentes soient sollicitées et que les mesures de prévention
nécessaires soient prises afin d’éviter la commission de faits ou de
réclamations irréparables, ou la production de dommages difficilement
réparables pour les victimes. Ainsi que des brigades civiles
d’observation de la part des collectifs et des organisations afin de
couvrir les actions réalisées durant cette semaine précèdent les échéances
électorales au Guerrero.
De la part des politiciens, nous exigeons qu’ils respectent la décision du
peuple et les douleurs des parents des disparus.
Au Guerrero et á Tixtla il ne peut pas y avoir d’élections parce qu’il n’y
a pas de justice, parce qu’aucun parti politique ne nous représente, et
que leurs campagnes politiques électorales démontrent leur indifférence
face á ce crime de lèse humanité.
Nous avertissons les 3 niveaux de gouvernement que nous ne permettrons pas
la militarisation de notre municipalité, qu’ils cessent de provoquer le
peuple en imposant leurs urnes électorales par la présence des forces
répressives, qu’ils respectent la décision des citoyens de ne pas vouloir
des élections, qu’ils comprennent que les gens dignes de Tixtla se sont
soulevés contre la partitocratie. On ne veut plus de ces parasites qui
nous spolient de nos biens et qui nous laissent dans la misère, nous
voulons que les ressources arrivent aux communautés, et qu’il n’y ait pas
besoin de réaliser des manifestations pour qu’il y ait des travaux publics
et du développement social; comme citoyens et comme communautés organisées
nous avons le droit d’administrer nos ressources en accord avec la loi
701, tout comme nous avons le droit de nous organiser et de manifester
contre l’oligarchie qui gouverne ce pays, et ne pas permettre qu’ elle
continue a le saccager.
Nous ne voulons pas d’un autre massacre, nous ne voulons pas d’autres
morts au Guerrero. Nous ne cherchons pas la confrontation avec les forces
répressives, nous voulons simplement que soient respectées la décision du
peuple digne, du peuple organisé. Nous ne voulons pas d’un autre Tlatlaya
[22 personnes exécutées par l’armée dans l’Etat du Guerrero le 30 juin
2014 trois mois avant Ayotzinapa], d’un autre Tanhuato (Michoacán)
[dernier massacre en date: 42 soi-disant narcos exécutes par la police au
Michoacán ce 22 mai 2015…idem aussi le 6 janvier dernier contre les
auto-défenses rebelles a Apatzingan, Michoacán: 16 morts], cas ou des
armes ont été disposées après coup auprès des manifestants.
Nous rejetons énergiquement les stratégies orchestrées par l’Etat en vue
de permettre l’entrée des groupes criminels à Tixtla afin de justifier la
militarisation de la zone.
Militaires, forces de la marine, fédéraux, agents de police ministériels,
flics municipaux hors de Tixtla!
Marre que vous imposiez votre pseudo-démocratie avec la forcé militaire!
Nous ne voulons pas d’un autre massacre!
Nous ne permettrons pas l’installation des urnes!
Que la farce électorale sorte d’ici!
Que le mauvais gouvernement s’en aille!
Il n’y aura pas d’élections à Tixtla!
NOUS EXIGEONS:
La présentation en vie des 43 disparus!
Le jugement politique d’Aguirre Rivero, Abarca Velázquez et Pineda Villa!
La punition des auteurs intellectuels, matériels et des coupables de
non-intervention!
Parce qu’en vie ils les ont emportés, c’est vivants que nous voulons les
retrouver!
¡Ayotzi vive, la lucha sigue!
Tixtla de Guerrero, Guerrero, 31 mai 2015
“Ici ou le peuple commande, le gouvernement obéit”
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source :
http://regeneracionradio.org/
trad 7nubS
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