Chiapas
- Roberto Pacienca et la torture de l'état : "Ces dommages
laissent des traces"
Centre
des Droits de l'homme Fray Bartolomé de Las Casas, AC
San
Cristóbal de Las Casas, Chiapas, México.
Le 28 novembre 2016
Trad@Carolita
Bulletin
de presse N° 24
Roberto Paciencia libre
Le 24 novembre 2016, à
17h30 environ, Roberto Paciencia Cruz, a obtenu l'
acquittement dicté par le Juge William Hernandez
Ovando, le Juge de la branche pénale du
District de San Cristóbal de Las Casas, Chiapas.
Roberto
Paciencia, membre du peuple tsotsil, paysan, originaire de la
communauté de Majompepentic, de la municipalité de Chenalhó,
Chiapas; victime de Torture, de Cruels Traitements Inhumains et(ou)
Dégradants, de Privation Arbitraire de la Liberté et de Violations
de la Procédure régulière, a été trois ans et presque quatre
mois emprisonné injustement au Centre d'Etat de Réinsertion Sociale
pour les Condamnés n° 05 (CERSS N. 05), depuis le 10 août 2013.
Pendant
une conférence de presse réalisée le 28 novembre 2016, dans la
ville de San Cristóbal de Las Casas, Chiapas, Roberto Paciencia a
témoigné de la Privation Arbitraire de Liberté et d'autres
violations des droits de l'homme à son
encontre :
« Je
veux vous parler un peu de ma détention du 7 août :
Je conduisais une voiture, je
suis allé à la municipalité de Pantelhó, quand je revenais je me
suis trouvé devant une patrouille de policiers
de l'état du
Chiapas. Je me suis approché et ils me disent : vos papiers
s'il vous plaît. Et ils ont dit : c'est ce monsieur. Ils m'ont
emmené à la prison municipale de Pantelhó, là je suis resté
trois heures, les minutes passaient et ils m'ont dit qu'ils allaient
m'emmener, ils m'ont attaché les mains et quand j'ai vu qu'ils
n'allaient pas à Chenalhó, qu'ils prennaient un autre chemin qui va
à San Juan Cancuc, j'ai demandé "Où m'emmenez-vous ?"
Ainsi
nous arrivons à San Cristobál. Ici ils m'ont attaché les pieds
avec quelques chaînes. Ils portaient des
revolvers, ainsi ils m'ont emmené à Tuxtla. Dans la FECDO
ils ont commencé à me torturer. Là je suis resté trois jours et
trois nuits sans pouvoir faire un appel, sans pouvoir dire à ma
famille où j'étais.
Ils
m'ont arrêté sans ordre d'arrestation.
L'emprisonnement
injuste a affecté le projet de vie de Roberto Paciencia et de sa
famille : Sous la protection de l'État mexicain des dommages
ont été perpétrés sur sa santé avec comme conséquence la
Torture effectuée par des policiers et la mauvaise attention
médicale dans le CERSS N°05; les pertes matérielles de ses
biens familiaux pour l'entretien de ses trois filles et fils
abandonnés; des impacts psychosociaux; la rupture avec sa vie
communautaire tsotsil. En plus d'affronter la stigmatisation depuis
la répression du système de la prison.
Ces dommages laissent des
marques à ceux qui les ont vécus.
« J'ai
perdu ma famille, ils ont vendu mon petit peu de terrain que j'avais
pour m'en sortir, ils ont cherché un avocat qui a seulement volé la
paie de la vente de
mon petit terrain. Le temps que j'ai été emprisonné ma
famille a beaucoup souffert, ils ont été très seuls, qui sait
comment ils ont fait pour survivre. Quand je suis revenu récemment,
je suis allée rendre visite à ma compagne , faute de
ressources jusqu'à présent je ne sais rien d'elle ».
« Une
autre conséquence sont les lunettes que je dois utiliser comme
résultat de la torture pendant laquelle ils m'ont frappé sur la
tête et je ne vois plus de loin, je ne distingue pas. »
Le
centre des Droits de l'homme Fray Bartolomé de Las Casas a documenté
la Torture, la Privation Arbitraire de La Liberté, les Risques sur
l'Intégrité et la Sécurité Personnelle des différents centres de
réclusion du Chiapas. Le cas de Roberto Paciencia a été documenté
par des experts indépendants depuis décembre 2015, avec celui
de 12 autres personnes, des hommes et des femmes victimes de Torture,
chacun de leurs témoignages est la même histoire de violations
systématiques et structurelles des droits de l'homme, comme cela est
décrit dans le Rapport La Torture Mécanisme de Terreur :
La
Torture comme méthode récurrente révèle un système corrompu et
éloigné de la garantie de protection et de sécurité juridique.
Bien
que les gouvernements fédéraux et d'état du Chiapas réalisent et
fassent de la publicité pour des réformes législatives, des
politiques publiques et ratifient leur engagement dans des instances
internationales, la réalité dépasse les limites. La Torture se
cache, est tolérée, permise et exercée par ceux qui ont la
responsabilité de l'administration de la justice, depuis les
structures de gouvernement les violations des droits de l'homme sont
la norme (1).
Par
conséquent ce Centre de Droits de l'homme condamne l'usage
systématique de la Torture réalisée dans des institutions comme
Fiscalía
Especializada Contra la Delincuencia Organizada
(FECDO) et réitère que l'État mexicain est responsable des actes
et omission quand des fonctionnaires coupables ne sont pas
sanctionnés, maintenant ainsi l'impunité.
Le Frayba
exige que l'on enquête d'une manière impartiale, efficace et
immédiate sur la Torture perpétrée par des policiers contre
Roberto Paciencia Cruz, et rappelle à l'État mexicain son devoir de
promouvoir et de protéger les droits de l'homme et la liberté
fondamentale universellement reconnue dans les Traités
Internationaux (2).
La
liberté de Roberto Paciencia est le fruit de sa voix constante
dénonçant les violations des droits de l'homme contre des personnes
indigènes injustement emprisonnées, en affrontant la corruption et
les mauvaises conditions carcérales, sans alimentation ni de soins
adéquats; l'accompagnement persistant de sa famille et la solidarité
d'organisations indépendantes qui ont maintenu l'exigence de liberté
à l'intérieur et en dehors des murs de la prison imposée par le
système actuel qui devrait rechercher la justice.
(1) La Tortura como
mecanismo de terror. Junio de 2014. Disponible
en:
http://www.frayba.org.mx/archivo/boletines/140625_infome_tortura_frayba.pdf
(2)
Centro de Derechos Humanos Fray Bartolomé de Las Casas A.C.: Juez
dictaminará sentencia a Roberto Paciencia Cruz. 10 de noviembre de
2016. Disponible en:
http://www.frayba.org.mx/archivo/boletines/161110_boletin_22_roberto_paciencia.pdf
Fuente: http://www.frayba.org.mx
traduction carolita
d'un article paru sur le site Espoir Chiapas le 30 novembre 2016 :
No hay comentarios.:
Publicar un comentario