Le dimanche 9 juillet, à plus d'un mois du tragique assassinat du Compañero de la communauté de Cruzton, Venustiano Carranza, Chiapas: Rodrigo Guadalupe Huet par un groupe de choque de la communauté voisine Nuevo Guadalupe Victoria, s'est organisé une caravane pacifique et de solidarité.
La caravane était composée de différentEs intégrantEs de collectifs, Centres de droit de l'Homme, organisations intégrantes ou non du Congrès National Indigène ainsi que de plusieurs personnes adhérentes à la Sixième déclaration de la forêt Lacandon de l'EZLN.
Une dizaine de véhicule se sont donc rassemblés dans la ville de San Cristobal de las casas pour se rendre au petit matin et se réunir dans la municipalité de Teopisca, Chiapas, avec d'autres intégrants de l'organisation Semilla Digna. Plusieurs peuples se sont joints à cette caravane comme c'est le cas des Abejas d'Acteal (CNI), San Francisco Teopisca et Candelaria el Alto (Semilla Digna et CNI), la colonie 5 de marzo (CNI).
Plusieurs collectifs nationaux et internationaux ont accompagné la caravane pour montrer leur solidarité et donner un message clair aux compañer@s de Cruzton (CNI): Vous n'êtes pas seulEs. Le centre des droits de l'homme Frayba, le Centre des droits de la femme du Chiapas, et les suédois du SWEFOR intégraient également la caravane. Etaient présents également les médias libres, dans leur grande majorité du Chiapas.
Après deux heures de route, les drapeaux de Paix des Abejas, flottaient, et après une heure de piste, le contingent a du terminer le reste de la route dans les chemins entourés de maïs, la caravane a ainsi pu arriver vers 11h30 du matin.
Là, les compañer@s de la communauté de Cruzton, mais aussi de la communauté voisine de Nueva Libertad, ont donné la bienvenue avec une banderolle et des slogans: "Ca se voit, Ca se sent, La caravane est présente!" "Guadalupe Vit! La lutte Continue"! Au total se trouvaient plus de cent personnes de ces deux communautés pour recevoir la caravane.
Le groupe s'est ensuite dirigé jusqu'à la communauté, tout en continuant d'hurler leur consigne pour rappeler que les frères et soeurs de Cruzton n'étaient pas seuls, et que la répression ne mettra pas fin à la lutte. Pour la première fois depuis la constitution du Conseil Indigène de Gouvernement, des communautés et des peuples du CNI du Chiapas, apportaient un soutien à une autre communauté du CNI, avec une caravane d'à peu près cent personnes.
Les petites ruelles de la communauté résonnaient grâce aux cris des intégrants "Vive le CNI" "Vive notre Candidate" "Si guadalupe était vivant, Il marcherait avec nous!", en réponse les habitants de Cruzton répondaient: "Cruzton se soulève, la lutte avance, Semilla Digna est en marche!".
La cérémonie commençant, avec le compañero Alexis comme modérateur, il a pu dire avec beaucoup d'émotion des mots de bienvenus: "Notre communauté est votre communauté! Nous sommes toujours là et nous serons toujours là!", ensuite le compañero a donné la parole au père de Guadalupe. Face à une telle démonstration de solidarité, le compañero fortement ému, avait du mal à terminer ses phrases, la gorge serrée.
Le père de Lupe, un peu faible, et avec une voix tremblante a lu une carte pour remercier les visiteurs d'être présents. "Nous savons que nous ne sommes pas seuls, il n'y a pas eu de justice pour la mort de mon fils, jusqu'à aujourd'hui il n'y a pas eu de justice. Il n'a rien été fait contre ses tirs, les assassins sont le groupe de Nuevo Guadalupe Victoria, et nous ne voulons pas que les choses restent comme ça, nous voulons que la loi s'applique contre eux", a-t-il déclaré en larme.
L'épouse de Lupe, est restée avec 5 enfants en bas âge, mais c'est avec dureté qu'elle a pris la parole pour remercier les comp@s présents et pour rappeler un peu les faits qui ont conduit à la mort de son mari et contextualiser. Le 15.04.2015 le cimetière avait été envahit, en 2016 ils interdisaient l'accès au cimetière pour les habitants de Cruzton, en novembre les compas de Cruzton ont mis des barbelés tout autour du cimetières pour se le réapproprier, mais en février 2017, tout a été volé, et enfin le 10 mai, lorsque quelques familles décidèrent d'aller visiter leur mort au cimetière, ilcelui ci était profanné, des croix brisées, d'autres brûlées, et des tags sur les tombes. La veuve explique ainsi que la communauté avait donc pris un accord, il sagissait de protéger le cimetière de manière permanente "car nos ancêtres méritent le respect", a-t-elle argumenté. Et elle a expliqué que le 22 mai à 4h30 du matin "ils nous ont tendu une embuscade pour tous nous tuer, et ça a duré une heure, et c'est là que mon mari a reçu une balle". Elle a ensuite terminé son discours en demandant de l'aide pour que justice soit faite. "Le gouvernement n'a rien fait" a-t-elle dénoncé.
Ensuite, c'est Vianey Lopez qui a pris la parole poru elle les envahisseurs et assassins "n'ont pas de droits sur nos terres, le gouvernement protège les assassins, il sait très bien qui ils sont et n'a rien fait", elle a terminé en demandant de l'aide pour que justice se fasse.
La compañera Angelina Roberta Lopez Hidalgo a, à son tour, remercié pour le soutien de cette caravane en disant que "maitenant le gouvernement voit que nous ne sommes pas seulEs". Si ceux de Nuevo Guadalupe Victoria disent que ce ne sont pas eux, alors ils vont devoir nous trouver les responsables a précisé la compañera de Cruzton. "Nous avons le droit d'avoir notre cimetière, ce sont nos ancêtres qui ont travailler cette terre et ils gissent ici maintenant". Pour elle le groupe de choque "tirent la pierre et cachent la main". Enfin, elle a exigé Justice!
Manuel de la communauté Nueva Libertad a pris a son tour la parole pour parler dans sa langue natale, le tzotzil, et elle a dénoncé que maintenant dans sa communauté, le gouvernement veut les tuer de soif, car ils n'ont plus accès à l'eau depuis que le groupe de choque a pris possession de la source d'eau.
Le Compañero Santiago de la communauté de Nueva Libertad a parler tout d'abord en Tzotzil pour les nombreux frères et soeurs tzotzils présents dans l'assemblée, et ensuite en espagnol. Il a raconter qu'il était avec le groupe qui surveillait le cimétière au moment des faits, que pour lui il n'y avait plus grand chose à faire d'autre que de prier, il ne voulait pas fuir car de là ils leur auraient tirer dessus, il pensait que si ils restaient sur place, le groupe de choque sera obliger de venir jusqu'à eux, et de là ils auraient leurs poings pour se défendre. Il a dénoncer les stratégies du groupe de Nuevo Guadalupe Victoria qui viennent, s'approprient un terrain, l'utilisent peu de temps et le vendent.
Angelina de Nuevo libertad a clarifié le fait qu'aujourd'hui ils souffrent, non seulement pour la privation de leur cimetière mais aussi pour la privation de leur source d'eau . Le 16.06 la compañera raconte, qu'ils ont été menacés si ils luttaient avec ceux de Cruzton, mais ils y sont allés. Les conséquences ne se sont pas faites attendre puisqu'on leur a volé peu de temps après toutes les canalisations et maitnenant ils n'ont plus accès à leur source d'eau. La communauté compte 177 habitants, "ils veulent nous tuer, il n'y a plus une goutte d'eau, ni de pluie en ces moments, nous avons besoin d'eau mais nous n'en avons pas". Elle a enfin exigé la justice pour le compa lupe dénonçant que les assassins ont oublié qu'il avait des enfants. Face à cet émouvant soutien du CNI, la compañera a ajouté "nous devons nous unir pour que quand il y a un problème il y ait justice plus vite, et que nos enfants puis grandir sans avoir peur, en paix".
Vianney Perez de la comunauté de Cruzton, a exigé la justice pour Guadalupe et à assurer que la lutte continuera "et encore plus qu'avant!".
Depuis Cruzton, le compañero Alejandro, a fait un historique de ce que furent ces terres, en réalité depuis le début du siècle ses grands parents travaillaient la terre dans une finca aux ordres d'un grand propriétaire terrien, son père était servant de ce propriétaire, qui au bout de quelques années leur a donné ce lopin de terre. Depuis le groupe de Nuevo Gudalupe Victoria leur a repris d'abord 20 hectares puis 4 etc.... "c'est de là que nous sommes originaires pour défendre nos droit parfois il faut perdre la vie, ou la liberté, mais maintenant nous voyons que nous ne sommes pas seuls, nous voulons que justice soit faite".
Dans les derniers discours se trouvait celui de l'ancien du village, le sage, devenu aveugle, il a appelé les visiteurs et les habitants de la communauté d'accepter de prendre le temps, et que petit à petit, les luttes porteront leurs fruits.
No hay comentarios.:
Publicar un comentario