Des intellectuels, des universitaires et des organisations sociales et politiques signent « Défendons la vie au Rojava au temps du Covid-19 », un appel lancé depuis la ville de Mexico par le Comité de solidarité avec le Kurdistan-CDMX dans le cadre de la Journée globale pour la Vie "Le confinement ne me fait pas taire" (#ElEncierroNoMeCalla).
[Vidéo: https://youtu.be/747bomOXgLA]
Aujourd'hui, nous nous exprimons face à la contagion de Covid-19 dans le nord de la Syrie, un risque déclenché par le système capitaliste, raciste et patriarcal. Depuis notre solidarité dans le continent que nous habitons, en portant une attention vers le Moyen-Orient et le Kurdistan et simultanément vers le Mexique, l'Argentine, le Venezuela, la Colombie, le Honduras, le Guatemala, le Chili, la Bolivie, l'Équateur, le Brésil, le Paraguay et toute l'Amérique centrale, nous assumons l'urgence du Covid-19 en termes de migrations transnationales dans le contexte de la guerre, de la militarisation et de la spoliation. Nous voyons les effets de la pandémie se manifester par l'augmentation de la contagion des déplacements forcés, les meurtres des personnes défenseures du territoire, des prisonnier.e.s politiques, des réfugié.e.s créés par la guerre et les coups d'État. Alors que depuis le Mexique, nous défions l'isolement imposé par le Covid-19 en trouvant des manières alternatives afin de poursuivre nos activités organisationnelles et en créant des réseaux de soutien mutuel et de solidarité, nous déclarons ce qui suit :
- Nous dénonçons qu'Abdullah Öcalan, philosophe anticapitaliste et révolutionnaire, critique du socialisme réel, ait passé ce 4 avril son 71ème anniversaire dans la prison de sécurité maximale de l'île-prison d'Imrali, après 21 ans d'incarcération suite à son enlèvement au mépris des conventions internationales relatives aux droits de l'homme. Aujourd'hui plus que jamais, reconnaissant le rôle clé qu'Abdullah Öcalan a joué et continue de jouer dans la recherche d'une solution pacifique à la question kurde, nous exigeons sa liberté ainsi que celle de tou.te.s les prisonnier.e.s politiques en Turquie.
- Dans un contexte de plus de 900 000 personnes déplacées et des millions de morts par la guerre, nous dénonçons l'invasion turque au Rojava-Kurdistan et le rôle de la Turquie dictatoriale dans le contrôle des flux migratoires, comme nous l'avons vu à la frontière turco-syrienne et gréco-turque. Dans le cadre d'une grave escalade nationaliste de fermeture des frontières, nous sommes confrontés à une situation qui condamne à mort quiconque fuit la guerre en cours en raison de l'absence d'eau, de la faim ou de la contagion de Covid-19.
- Nous dénonçons que, face à l'appel de cessez-le-feu dans le nord de la Syrie de la part de l'ONU, accepté par les unités d'autodéfense confédérées des Forces démocratiques syriennes ainsi que par les YPG (Unités de protection du peuple) et les YPJ (Unités de protection de la femme), la Turquie continue de bombarder les villages du Rojava. Alors qu'un Tribunal international contre les crimes de l'État islamique est en cours de création au sein de l'Administration autonome du Nord et de l'Est de la Syrie, les attaques incessantes de la Turquie, en complicité avec l'Union européenne et d'autres organisations internationales, entraînent la réorganisation de l'État islamique en tant que force de déstabilisation du Moyen-Orient et de danger pour le monde. À cet égard, nous demandons instamment un cessez-le-feu au Rojava, au Nord et à l'Est de la Syrie.
- Nous condamnons la crise sanitaire provoquée par les bombardements et les coupures d'eau de la Turquie au Rojava et l'irresponsabilité de la part des différents États et organisations multilatérales telles que l'ONU et l'OMS, qui agissent pour la préservation de l'économie dominante en dépit de la vie. Au contraire, nous prenons pour exemple les processus autonomes et communautaires qui, du Mexique au Rojava, nous ont montré que l'organisation économique doit être basée sur le bénéfice des personnes et de la société, et doit réorienter autant que possible les objectifs productifs afin de garantir l'approvisionnement en matériaux et en biens nécessaires pour faire face à la situation de crise sociale, écologique et économique qui existait déjà avant le Covid-19.
- Nous apprécions la volonté de paix parmi toutes les identités politiques régionales et reconnaissons l'auto-organisation communautaire, écologique et pacifique des différents peuples au sein de l'Administration autonome du Nord et l'Est de la Syrie ainsi que leur perspective du Confédéralisme démocratique comme alternative interculturelle d'organisation sociale pour sortir de la domination de la vie de la modernité capitaliste et de la mentalité patriarcale. Cette alternative est basée sur la démocratie directe et place la défense de la planète comme axe premier dans le respect de la Terre-Mère. De même, nous le considérons comme l'un des seuls moyens démocratiques de sortir du conflit généré au Moyen-Orient par une guerre mondiale de pouvoir.
- Nous appelons à repenser, depuis des contextes politiques et sociaux alternatifs au système dominant, et à prendre en compte la trajectoire des peuples originaires, du Rojava jusqu'au Mexique, d'Amérique centrale et du Sud, des stratégies de mise en œuvre d'une santé communautaire basées avant tout sur l'autonomie, la prévention sociale et l'éducation au-delà des mesures étatiques répressives et centralisatrices. Nous devons plus que jamais mettre au centre, en dehors de l'urbanisation individualiste et de l'industrialisme, la pratique du « retour à la Terre, à la Nature », en prenant soin de la planète. Au Rojava, dans une phase historique de résistance à la guerre, même dans une situation de pandémie mondiale, la priorité est donnée à la repopulation des villages ruraux, au reboisement, à la culture diversifiée et à d'autres activités de travail communautaire ainsi qu'à la réflexion sur la signification des mots "auto-défense", "santé" et "communauté". Cet exemple nous convoque partout dans le monde au renforcement systématique et créatif de la solidarité dans le domaine de l'autonomie gouvernementale, de la santé, de l'autodéfense et des réseaux économiques autogérés.
Comme l'autonomie zapatiste, la révolution du Rojava a créé un tournant dans le cours historique, nous montrant toujours la possibilité d'une solution alternative à ce qui est censé être imposé par la division. C'est pourquoi, à ce stade, les paroles des communautés autonomes du Chiapas résonnent avec nous, et nous invitent à « ne pas perdre le contact humain, mais à changer temporairement les façons de faire pour nous reconnaître en tant que compañeras, compañeros, compañeroas, sœurs, frères, hermanoas ».
Agissant face à cette contingence, renforçant nos liens face à l'attaque capitaliste et patriarcale des bombardements de l’État turc au Rojava, les personnes et les organisations signant cette déclaration, nous réitérons notre solidarité avec la lutte des femmes kurdes et des autres peuples du nord de la Syrie. Parce qu'aujourd'hui et toujours, défendre le Rojava, c'est défendre la vie, la nature et l'humanité !
Vive la révolution au Rojava !
Vive la résistance des peuples du monde !
Contacts :
Courriel: kurdistan_mx@riseup.net / kurdistansolidaridadmx@gmail.com
Fb: Comité de solidarité pour le Kurdistan - CDMX
[Vidéo: https://youtu.be/747bomOXgLA]
Aujourd'hui, nous nous exprimons face à la contagion de Covid-19 dans le nord de la Syrie, un risque déclenché par le système capitaliste, raciste et patriarcal. Depuis notre solidarité dans le continent que nous habitons, en portant une attention vers le Moyen-Orient et le Kurdistan et simultanément vers le Mexique, l'Argentine, le Venezuela, la Colombie, le Honduras, le Guatemala, le Chili, la Bolivie, l'Équateur, le Brésil, le Paraguay et toute l'Amérique centrale, nous assumons l'urgence du Covid-19 en termes de migrations transnationales dans le contexte de la guerre, de la militarisation et de la spoliation. Nous voyons les effets de la pandémie se manifester par l'augmentation de la contagion des déplacements forcés, les meurtres des personnes défenseures du territoire, des prisonnier.e.s politiques, des réfugié.e.s créés par la guerre et les coups d'État. Alors que depuis le Mexique, nous défions l'isolement imposé par le Covid-19 en trouvant des manières alternatives afin de poursuivre nos activités organisationnelles et en créant des réseaux de soutien mutuel et de solidarité, nous déclarons ce qui suit :
- Nous dénonçons qu'Abdullah Öcalan, philosophe anticapitaliste et révolutionnaire, critique du socialisme réel, ait passé ce 4 avril son 71ème anniversaire dans la prison de sécurité maximale de l'île-prison d'Imrali, après 21 ans d'incarcération suite à son enlèvement au mépris des conventions internationales relatives aux droits de l'homme. Aujourd'hui plus que jamais, reconnaissant le rôle clé qu'Abdullah Öcalan a joué et continue de jouer dans la recherche d'une solution pacifique à la question kurde, nous exigeons sa liberté ainsi que celle de tou.te.s les prisonnier.e.s politiques en Turquie.
- Dans un contexte de plus de 900 000 personnes déplacées et des millions de morts par la guerre, nous dénonçons l'invasion turque au Rojava-Kurdistan et le rôle de la Turquie dictatoriale dans le contrôle des flux migratoires, comme nous l'avons vu à la frontière turco-syrienne et gréco-turque. Dans le cadre d'une grave escalade nationaliste de fermeture des frontières, nous sommes confrontés à une situation qui condamne à mort quiconque fuit la guerre en cours en raison de l'absence d'eau, de la faim ou de la contagion de Covid-19.
- Nous dénonçons que, face à l'appel de cessez-le-feu dans le nord de la Syrie de la part de l'ONU, accepté par les unités d'autodéfense confédérées des Forces démocratiques syriennes ainsi que par les YPG (Unités de protection du peuple) et les YPJ (Unités de protection de la femme), la Turquie continue de bombarder les villages du Rojava. Alors qu'un Tribunal international contre les crimes de l'État islamique est en cours de création au sein de l'Administration autonome du Nord et de l'Est de la Syrie, les attaques incessantes de la Turquie, en complicité avec l'Union européenne et d'autres organisations internationales, entraînent la réorganisation de l'État islamique en tant que force de déstabilisation du Moyen-Orient et de danger pour le monde. À cet égard, nous demandons instamment un cessez-le-feu au Rojava, au Nord et à l'Est de la Syrie.
- Nous condamnons la crise sanitaire provoquée par les bombardements et les coupures d'eau de la Turquie au Rojava et l'irresponsabilité de la part des différents États et organisations multilatérales telles que l'ONU et l'OMS, qui agissent pour la préservation de l'économie dominante en dépit de la vie. Au contraire, nous prenons pour exemple les processus autonomes et communautaires qui, du Mexique au Rojava, nous ont montré que l'organisation économique doit être basée sur le bénéfice des personnes et de la société, et doit réorienter autant que possible les objectifs productifs afin de garantir l'approvisionnement en matériaux et en biens nécessaires pour faire face à la situation de crise sociale, écologique et économique qui existait déjà avant le Covid-19.
- Nous apprécions la volonté de paix parmi toutes les identités politiques régionales et reconnaissons l'auto-organisation communautaire, écologique et pacifique des différents peuples au sein de l'Administration autonome du Nord et l'Est de la Syrie ainsi que leur perspective du Confédéralisme démocratique comme alternative interculturelle d'organisation sociale pour sortir de la domination de la vie de la modernité capitaliste et de la mentalité patriarcale. Cette alternative est basée sur la démocratie directe et place la défense de la planète comme axe premier dans le respect de la Terre-Mère. De même, nous le considérons comme l'un des seuls moyens démocratiques de sortir du conflit généré au Moyen-Orient par une guerre mondiale de pouvoir.
- Nous appelons à repenser, depuis des contextes politiques et sociaux alternatifs au système dominant, et à prendre en compte la trajectoire des peuples originaires, du Rojava jusqu'au Mexique, d'Amérique centrale et du Sud, des stratégies de mise en œuvre d'une santé communautaire basées avant tout sur l'autonomie, la prévention sociale et l'éducation au-delà des mesures étatiques répressives et centralisatrices. Nous devons plus que jamais mettre au centre, en dehors de l'urbanisation individualiste et de l'industrialisme, la pratique du « retour à la Terre, à la Nature », en prenant soin de la planète. Au Rojava, dans une phase historique de résistance à la guerre, même dans une situation de pandémie mondiale, la priorité est donnée à la repopulation des villages ruraux, au reboisement, à la culture diversifiée et à d'autres activités de travail communautaire ainsi qu'à la réflexion sur la signification des mots "auto-défense", "santé" et "communauté". Cet exemple nous convoque partout dans le monde au renforcement systématique et créatif de la solidarité dans le domaine de l'autonomie gouvernementale, de la santé, de l'autodéfense et des réseaux économiques autogérés.
Comme l'autonomie zapatiste, la révolution du Rojava a créé un tournant dans le cours historique, nous montrant toujours la possibilité d'une solution alternative à ce qui est censé être imposé par la division. C'est pourquoi, à ce stade, les paroles des communautés autonomes du Chiapas résonnent avec nous, et nous invitent à « ne pas perdre le contact humain, mais à changer temporairement les façons de faire pour nous reconnaître en tant que compañeras, compañeros, compañeroas, sœurs, frères, hermanoas ».
Agissant face à cette contingence, renforçant nos liens face à l'attaque capitaliste et patriarcale des bombardements de l’État turc au Rojava, les personnes et les organisations signant cette déclaration, nous réitérons notre solidarité avec la lutte des femmes kurdes et des autres peuples du nord de la Syrie. Parce qu'aujourd'hui et toujours, défendre le Rojava, c'est défendre la vie, la nature et l'humanité !
Vive la révolution au Rojava !
Vive la résistance des peuples du monde !
Contacts :
Courriel: kurdistan_mx@riseup.net / kurdistansolidaridadmx@gmail.com
Fb: Comité de solidarité pour le Kurdistan - CDMX
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