Le Chiapas est un état délaissé au niveau de l’éducation. En 2005, 92,5% des enfants se rendent à l’école primaire, mais seulement 76% au niveau secondaire soit le plus mauvais et le troisième plus mauvais résultat du Mexique. Avec la santé, l’éducation était donc un des deux axes sur lequel lez zapatistes ont décidé de s’investir le plus. Il faut dire que c’est un domaine où les populations indigènes ont eu le plus à souffrir de discriminations.
En premier lieu figurait l’absence de l’apprentissage des langues indigènes dans la plupart des écoles. En effet, si le Mexique possède plus de cinquante langues indigènes, dont douze pour le Chiapas, la constitution ne reconnaît que l’espagnol comme langue nationale. Les écoles zapatistes s’attachent donc à transmettre ces différentes langues que sont le tzeltal, le tsotsil, le tojolabal ou encore le zoque. Le Chiapas est en effet une région où plus de 25 % des habitants parlent une langue indigène. Sur ce point les zapatistes ce que la constitution mexicaine leur garantit puisqu’elle reconnaît aux indigènes l’autonomie pour « préserver et enrichir ses langues, ses connaissances ainsi que tous les éléments qui constituent sa culture et son identité ».
Il s’agit avant tout de prendre en main leur propre système d’éducation tant celui que leur proposait le gouvernement ne permettait pas de bonnes conditions d’apprentissage aux enfants. A Morelia, on rappelle que « les professeurs étaient souvent ivres quand ils venaient dispenser leurs cours ». On rappelle ainsi qu’il n’était pas rare que les professeurs tapent les enfants. Selon eux, la seule chose qui les intéressait c’était de recevoir leur salaire à la fin du mois sans se préoccuper de ce que l’enfant apprenait réellement. Les indigènes sortaient donc de l’école primaire avec un retard sur les autres enfants.
Le premier tort résultant de cet enseignement plus que parcimonieux était une mauvaise connaissance de la langue espagnole. D’ailleurs dans chaque caracol, on s’excuse souvent auprès des étrangers de ne pas parler très bien l’espagnol. Mais, tiennent-ils à rappeler à Roberto Barrios, « ce n’est pas de notre faute. Nous n’avons pas reçu une bonne éducation. Nous ne voulons pas que nos enfants revivent la même chose. » Et les femmes étaient bien souvent les premières victimes de cet enseignement laxiste. Ce sont elles qui aujourd’hui ont le plus de mal à maîtriser l’espagnol. Plusieurs d’entre elles sont persuadées qu’on a pu abuser d’elles quand elles devaient vendre leurs produits à des intermédiaires en raison de leur faible maîtrise de la langue.
Aujourd’hui on porte une réelle attention à l’élève et on ne passe jamais à l’exercice suivant si un enfant n’a pas compris. On a même mis au point une brochure pour les promoteurs et promotrices d’éducation. On y explique par exemple qu’il faut laisser l’enfant régler un problème à sa manière s’il n’y arrive pas avec celle du professeur. Il leur est surtout demandé de noter quelles sont les méthodes qui marchent ou pas afin de faire valoir leur expérience à leurs collègues.
Pendant les cours de sciences naturelles on étudie les plantes et leurs vertus médicinales, on y apprend le Tsotsil, on reprend « Clandestino » de Manu Chao le soir durant le cours d’éducation artistique, les cours d’humanisme offre une version du monde et de son Histoire différente de celle des livres. Un promoteur témoigne : « Les mouvements sociaux n’intéressent pas le gouvernement. Nos promoteurs apprennent aux enfants la vraie situation en parlant des riches comme des pauvres ».
L’éducation sert donc avant tout à retrouver une dignité pour pouvoir prendre sa vie en main, alors qu’avant, elle n’était presque que source d’humiliation. Cette éducation, en totale rupture avec celle du gouvernement, s’avère donc être une des bases essentielles du projet zapatiste qui permet à chacun de prendre conscience de l’intérêt du processus d’autonomie.
Liens:
Intégrer l'école Zapatiste pour suivre des cours d'Espagnol ou de Tzotzil.
Le Cideci l'université de la terre, et réflexion de J. Bashet sur l'autre Education.
Thèse de B.Baronnet : "autonomia y educacion indigena"
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Thèse de B.Baronnet : "autonomia y educacion indigena"
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Moi ossi jsuis pour l'ecol gratuite!!!! y fo juste convincre les profs de bossé gratos et de construire l'es ecoles avant, avec d'la récup.
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