lunes, 29 de enero de 2018

Las Abejas dénoncent les féminicides et rejettent fermement la loi de sécurité intérieure



Organisation de la société civile Las Abejas de Acteal
Terre sacrée des martyrs d'Acteal
Municipalité de Chenalhó, Chiapas, Mexique.
Le 22 janvier 2018

Au Congrès National Indigène
Au Conseil Indigène de Gouvernement
Aux défenseurs des droits humains
Aux médias nationaux et internationaux
A la société civile nationale et internationale
Sœurs et frères:

Depuis Acteal nous répudions l'exécution de la compañera Guadalupe Campanur Tapia de Cherán, Michoacán, dont le corps a été retrouvé dans les environs de Chilchota le mardi 16 janvier de cette année. La compañera Guadalupe Campanur, fondatrice du corps des gardes de Cherán, était active dans la lutte pour la sécurité, la justice et la reconstruction du territoire communal de 2011 jusqu'au jour de son assassinat. En tant que peuple tsotsil, survivants du massacre d'Acteal et membres d'une organisation pacifique, nous sommes solidaires de la famille de la compañera Guadalupe et de la communauté indigène P'urhépecha de Cherán. Sœurs et frères recevez nos étreintes.

Nous voulons que vous sachiez que cela nous donne beaucoup de tristesse et d'indignation non seulement pour le féminicide de la compañera Guadalupe, mais aussi pour les innombrables féminicides de femmes dans diverses parties de notre Mexique. Aujourd'hui nous appelons à organiser et défendre la vie, notre terre mère.
Nous ne nous lasserons pas de crier: tuer les femmes, c'est détruire le SEMENCE de la VIE.

Dans le Massacre d'Acteal non seulement ils ont tué plus de femmes que d'hommes, mais elles ont été assassinées sauvagement et quatre d'entre elles enceintes dont leurs bébés ont été extraits, est un message de féminicide et d'extermination de nos peuples, aux membres de Las Abejas de Acteal pour défendre les droits de l'homme, la Terre Mère et la Vie. Les féminicides qui sont entrés avec voracité au début de cette année sont une manifestation claire de la guerre de contre-insurrection conçue par l'État mexicain contre les peuples qui luttent et résistent à l'extermination, contre la destruction de leurs territoires. Grâce à ces politiques, le mauvais gouvernement et les sociétés transnationales tentent d'arrêter notre digne lutte, mais ils ne réussiront pas.

Les récentes exécutions, menaces et agressions contre des hommes et des femmes qui défendent leur terre et leur territoire sont aggravées par l'incursion militaire perpétrée le 9 janvier à l'Ejido Amador Hernandez dans la zone de la selva de Chiapas, où des avions militaires de l'armée de l'air et de la marine mexicaines ont survolé cette communauté sous prétexte de "chercher un avion privé qui s'était écrasé dans cette zone", ceci n'est rien de plus qu'une grande menace sur nos peuples indigènes.
Il est clair que cette bizarre incursion militaire, dénoncée par les membres du Congrès National Indigène de la région Selva Tseltal, n'est rien de plus que la mise en œuvre de la "Loi de Sécurité Intérieure", une loi anticonstitutionnelle qui donne à l'armée mexicaine le pouvoir de continuer à commettre de graves violations des droits de l'homme "légalement" et à réprimer les peuples qui s'occupent de la Mère Terre, dans ce cas, c’est le peuple Tseltal vivant avec Montes Azules, une terre convoitée par les sociétés transnationales qui pillent et détruisent la biodiversité et la vie en général.
Face à cette vague de violence alimentée par les trois niveaux de mauvais gouvernement et les sociétés transnationales, nous croyons que pour mettre fin à cette atrocité, il faut que les peuples continuent de s'organiser comme nous l'avons fait depuis le nord, le sud, l'est et l'ouest de notre Mexique, que nous continuions à nous organiser, que nous nous protégions tous les uns les autres, que nous nous protégions des féminicides, de la torture, des déplacements et des disparitions forcées.
Chers sœurs et frères, nous sommes vraiment blessés et outrés au fond de nous-mêmes par tout ce que le mauvais gouvernement criminel et les partis politiques nous font subir. Ne permettons plus qu'une autre compañera de n'importe quel coin du Mexique soit tuée, qu'il n’y ait plus de lutteurs sociaux, d'étudiants, d'enseignants tués.
YA BASTA tant de douleur et d'affronts! Que nous font subir les gouvernements riches, puissants et mauvais. ¡YA BASTA!

Depuis cette Terre Sacrée, teintée du sang innocent de 45 hommes et femmes plus 4 à naître le 22 décembre 1997, nous demandons à la Terre Mère de nous embrasser et de nous mettre dans son ombre pour que les meurtriers, les narco-paramilitaires et la "Loi de Sécurité Intérieure" ne nous assassinent plus et ne nous massacrent plus.
Nous nous rappelons que ce 24 janvier est le septième anniversaire du départ de notre grand frère Jcanan Lum (Jtotik Samuel Ruiz García) et nous reconnaissons sa marche à côté de notre Organisation de la Société Civile Las Abejas de Acteal, lui grâce à qui, nous avons compris que la pauvreté, les maladies guérissables ne sont pas des mandats de Dieu. Il a partagé avec nous, à travers la réflexion de la Parole de Dieu, que là où il y a l'injustice et la guerre, nous devons nous organiser pour les transformer en paix dans la justice et la dignité.
Jtotik Samuel où que vous soyez, continuez à nous écouter, à nous regarder et à marcher avec nous spirituellement et moralement. Demandez à Papa-Mama Dieu, ainsi qu'aux 45 martyrs d'Acteal et à nos quatre petits frères, d'arrêter cet enfer qui est en train de nous exterminer.
Priez avec nous tous pour que le pouvoir et l'argent des mauvais gouvernements criminels, des partis politiques, des riches et des puissants du monde tombent comme des édifices bâtis sur le sable. Exigez avec nous que les responsables intellectuels de la stratégie anti-insurrectionnelle reçoivent leur punition même s'ils jouissent de l'impunité comme le général Mario Renán Castillo Fernández, mais de la justice divine il n'échappera pas.

Jtotik Samuel recevez toujours une embrassade chaleureuse d'Acteal, Maison de la Mémoire et de l'Espoir.

CORDIALEMENT

La Voix de l’Organisation de la Société Civile Las Abejas de Acteal.

Pour la Table Directive :

Martín Pérez Pérez Mariano Gómez Ruiz
Pedro Pérez Pérez Manuel Pérez K’oxmol

Alonso Ruiz López Manuel Nuñez Gutiérrez

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